Kim Young-sam

homme politique sud-coréen

Kim Young-sam (/kim jʌŋ.sam//ki.mjʌŋ.sam/), né le à Geoje dans le Gyeongsang du Sud et mort le à Séoul (Corée du Sud)[1], est un homme d'État sud-coréen. Il a été président de la République du au .

Kim Young-sam
김영삼
Illustration.
Portrait officiel de Kim Young-sam, 1993.
Fonctions
Président de la république de Corée

(5 ans)
Élection 18 décembre 1992
Premier ministre Hwang In Sung
Lee Hoi Chang
Lee Yung Duk
Lee Hong Koo
Lee Soo Sung
Goh Kun
Prédécesseur Roh Tae-woo
Successeur Kim Dae-jung
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Geoje (Corée japonaise)
Date de décès (à 87 ans)
Lieu de décès Séoul (Corée du Sud)
Nationalité sud-coréenne
Parti politique Parti démocrate de la réunification
Parti démocrate libéral
Conjoint Son Myung-soon
Diplômé de université nationale de Séoul
Religion Presbytérianisme

Signature de Kim Young-sam김영삼

Kim Young-sam
Présidents de la république de Corée

Kim Young-sam
Hangeul 김영삼
Hanja 金泳三
Romanisation révisée Gim Yeongsam
McCune-Reischauer Kim Yŏngsam

Biographie

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Ancien opposant à Park Chung-hee, qui voulut le faire assassiner[2], il devient le premier président civil après les élections de décembre 1992 et succède au général Roh Tae-woo, qui avait soutenu son élection.

Présidence

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La présidence de Kim Young-sam (1993–1998) est marquée par une volonté de modernisation de la Corée du Sud. Elle s'incarne dans différents événements comme l'Exposition spécialisée de 1993 organisée à Daejeon et la visite le , du président François Mitterrand qui conduit à un accord, en , aux termes duquel la France vend la technologie du TGV français pour construire la ligne SéoulBusan. Sa présidence est marquée par une série de vastes réformes économiques visant à assouplir les réglementations nationales et le code du travail, à favoriser les investissements étrangers, à réformer les chaebols et à promouvoir la concurrence.

Campagne anti-corruption

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Il lance une vague de réformes anti-corruption[3]. Le gouvernement de Kim Young-sam exige des responsables gouvernementaux et militaires qu'ils publient leurs états financiers et introduit le système de transactions financières sous « nom réel » dans tout le pays[4], ce qui rend difficile l'ouverture de comptes bancaires sous de faux noms, précipitant la démission de plusieurs officiers de haut rang et membres du cabinet. Cette mesure rend également difficile pour les chaebols d'obtenir les faveurs du gouvernement en envoyant de l'argent à des politiciens et des fonctionnaires sous de faux noms et anonymes. Ainsi, ces pratiques sont considérablement limitées[5]. Il fait arrêter ses deux prédécesseurs à la présidence, Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo, et les inculpe pour corruption, trahison et pour leur rôle dans des coups d'État militaires, bien qu'ils sont graciés vers la fin de son mandat sur les conseils du président élu Kim Dae-jung[3].

Son administration poursuit également les chefs de chaebols qui ont payé des pots-de-vin à Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo, les plus éminents étant Lee Kun-hee du Groupe Samsung et Kim Woo-choong de Daewoo. Ils sont poursuivis, bien que la peine de Lee ait été suspendue et que Kim n'ait pas purgé sa peine. Kim Young-sam purge également les généraux à vocation politique de la clique Hanahoe, à laquelle appartenaient Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo. Cette clique continuait à être profondément impliquée dans l'élaboration des politiques. Ainsi, Hanahoe est démantelée et la dépolitisation de l'armée commence sous la présidence de Kim Young-sam[4].

Kim Young-sam accorde également l'amnistie à 41 000 prisonniers politiques, juste après son entrée en fonction en mars 1993 et annule les condamnations pénales des manifestants pro-démocratie qui avaient été arrêtés lors du soulèvement de Gwangju, au lendemain du coup d'État de 1980[6],[5]. Cependant, la campagne anti-corruption de Kim Young-sam est mise à mal après que son fils soit arrêté pour corruption et évasion fiscale en lien avec le scandale Hanbo.

Économie

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Kim Young-sam se montre critique à l'égard de l'influence des chaebols sur la société sud-coréenne au début des années 1990 et il croit fermement en une déréglementation qui donnerait un pouvoir considérable aux « petites et moyennes entreprises ». Pendant son mandat présidentiel, il considére le monopole des chaebols sur l'importation de certaines ressources ou produits et/ou sur certains marchés où ils sont de « grandes entreprises » comme des éléments dépassés de l'époque précédant sa présidence et renforcés par les politiques laxistes des gouvernements antérieurs[7].

En plus de mettre un frein aux pratiques de corruption des chaebols, Kim Young-sam les encourage à devenir plus petits et davantage compétitifs pour réussir dans l'économie mondiale, contrairement au modèle de croissance économique dirigé par l'État lors des décennies précédentes. Les chaebols ont été critiqués à l'époque pour leur inefficacité et leur manque de spécialisation[8]. Kim Young-sam publie un « Plan de 100 jours pour la nouvelle économie », destinée à réduire l'inflation et à éliminer la corruption des entreprises. Un autre plan quinquennal est également mis en œuvre, pour encourager les investissements étrangers dans le cadre d'une stratégie d'internationalisation et de libéralisation économique. En 1996, le PNB par habitant dépasse les 10 000 dollars[9].

Crise économique asiatique

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La fin de sa présidence est marquée par la crise économique asiatique. La monnaie coréenne, le won, se déprécie de 96,5 % par rapport au dollar américain entre et , et le PIB plonge de 7 % en 1998[10]. Le 22 novembre 1997, dans un discours télévisé à la nation, Kim Young-sam s'excuse et a appel la nation à se serrer la ceinture. Il accuse les entreprises d'avoir trop emprunté, les travailleurs d'avoir exigé des salaires trop élevés et admet que son gouvernement n'a pas mis en œuvre de réformes fortes de son propre chef en raison de la pression de groupes d'intérêts particuliers[11].

Le 3 décembre 1997, le Fonds monétaire international (FMI) accepte de fournir 58,4 milliards de dollars américains à titre de plan de sauvetage[12]. En échange, la Corée du Sud est obligée de prendre des mesures de restructuration[13]. En outre, le gouvernement sud-coréen lance un programme de réforme du secteur financier. Dans le cadre de ce programme, 787 institutions financières insolvables sont fermées ou fusionnées jusqu'en juin 2003[14].

Scandales et catastrophes

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La présidence de Kim Young-sam est cependant marquée par des scandales et des catastrophes :

  • en , l'effondrement du grand magasin Sampoong cause cinq cents morts ;
  • la faillite du conglomérat Hanbo Steel, dans laquelle est impliqué le fils de Kim Young-sam, est un signe précurseur de la crise financière sud-coréenne de 1997 ;
  • la restriction des libertés syndicales, résultant de la loi du , entraîne d'importantes manifestations, alors que le procès pour corruption des deux généraux qui ont été les prédécesseurs de Kim, Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo, est perçue comme une manœuvre de diversion[15],[16].

Distinctions

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Bibliographie

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  • André Fabre, Histoire de la Corée, Langues Mondes / L'Asiathèque, 2000, pp. 344-346.

Notes et références

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  1. (en) 박한나, « Ex-President Kim dies at 87 - The Korea Herald », sur koreaherald.com, The Korea Herald,‎ (consulté le ).
  2. Kim Young-sam, l’un des pères de la démocratie en Corée du Sud, est mort à 87 ans, Le Monde, 23 novembre 2015
  3. a et b Hyung-Jin Kim, « Kim Young Sam: South Korean president ended years of military rule », The Independent et Bloomberg News,‎ (lire en ligne)
  4. a et b Song Sang-ho, « Ex-President Kim dies at 87 », The Korea Herald,‎ (lire en ligne)
  5. a et b Kihl Young Whan, Transforming Korean Politics: Democracy, Reform, and Culture, M. E. Sharpe, , p. 102–142.
  6. « Thousands in Korea Are Given Amnesty By New President », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  7. A Handbook of Korea, Service coréen de la culture et de l'information, , p. 373–374, 376–377.
  8. Cameron W. Barr, « Korean Reform Efforts Give Chaebol Strength », The Christian Science Monitor,‎ (lire en ligne)
  9. (en) « Commanding Heights: South Korea », sur Public Broadcasting Service (consulté le )
  10. « CADTM - Corée du Sud : le miracle démasqué », sur www.cadtm.org
  11. Lee Keumhyun, « Leader Tells S. Koreans to tighten their belts », The Washington Post,‎ (lire en ligne)
  12. Kim Kihwan, « The 1997–98 Korean Financial Crisis: Causes, Policy Response, and Lessons. », Séminaire du Fonds monétaire international et du gouvernement de Singapour,‎ 10–11 juillet 2006 (lire en ligne)
  13. Lim Sunghack, « Foreign Capital Entry in the Domestic Banking Market of Korea: Bitter Medicine or Poison », Korean Political Science Review, vol. 39, no. 4,‎
  14. Hahm Joon-Ho, « The Resurgence of Banking Institutions in Post-crisis Korea », Journal of Contemporary Asia, vol. 35, no. 3,‎
  15. Laurent Carroué, Comment la Corée du Sud s'est transformée en "dragon", Manière de voir, , p. 60-61
  16. « Corée du Sud : une crise sociale sans précédent », Le monde diplomatique,
  17. (en) Honorary Doctorates,Prize and Awards, Waseda University, consulté sur www.waseda.jp, le 19 septembre 2012

Liens externes

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