Jumart

animal imaginaire issu du croisement d'un bovidé et d'un équidé

Le jumart[1],[2] (autres graphies : joumar[3], joumart[4] ou jumard[5]), mâle ou femelle, était, selon une croyance répandue au XVIIIe siècle[3],[6], un hybride issu de l'âne ou de l'étalon avec une vache ou d'un taureau avec une ânesse ou une jument. On a également employé les noms bif[7] et baf[8] pour désigner, respectivement, l'hybride de l'étalon et de la vache ou du taureau et de la jument.

La représentation d'un jumart en 1776

Un jour du calendrier républicain (le 15 Messidor) était consacré au jumart[9].

Contrairement aux apparences, l'étymologie du mot ne se rapporterait pas au mot « jument », mais au provençal jumere, lui-même issu du grec χι ́μαιρα, qui signifie « chimère » [10].

À la fin du XVIIIe siècle, Bonnet[11] et Spallanzani[12] soutenaient son existence, mais Buffon[13],[5] émettait des doutes. Un siècle plus tard, Littré jugeait cet accouplement « très problématique »[14]. Les zoologistes ont définitivement rejeté son existence à la fin du XIXe siècle[6]. Le professeur christophe Degueurce voit en eux des bardeaux mal conformés[15].

Description

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En 1755, les jumarts étaient décrits de la sorte :

« Les joumars mâle et femelle sont […] monstrueux, puisqu'ils proviennent du taureau et de la jument ou de l'ânesse, ou de l'âne et de la vache ; [les joumars] n'engendrent point leurs semblables, quoiqu'ils aient en apparence tout ce qu'il faut pour cela. […] Le joumart est un petit animal un peu plus grand qu'un âne, mais excessivement fort, la tête ressemble assez à celle du taureau, ayant le front très large et le bout du nez gros, de façon que quand on le voit en face, on croirait que c'est un taureau sans cornes ; les joumars sont communs en Dauphiné, on ne s'en sert que pour porter des fardeaux[4]. »

— François Alexandre de Garsault, Le nouveau parfait maréchal

Notes et références

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  1. Pierre-Joseph Buc'hoz (ill. Jacques de Sève), Histoire générale des animaux, des végétaux et des minéraux qui se trouvent dans le royaume, représentés en gravure…, (lire en ligne), p. 27

    « LE JUMART. C'est une bête de charge, qui provient de l'accouplement du Taureau avec l'Ânesse, ou la Jument, et de celui du Cheval ou de l'Âne avec la Vache. »

  2. Antoine de Rivarol, Dictionnaire classique de la langue française, avec des exemples tirés des meilleurs auteurs français et des notes puisées dans les manuscrits de Rivarol ; ouvrage renfermant 60 000 mots ; publié et mis en ordre par quatre professeurs d’Université, Paris, Brunot-Labbé, , 2e éd. (1re éd. 1827) (lire en ligne), p. 115

    « JUMART, s. m. Produit d'un taureau avec une jument, une ânesse ; d'un cheval, d'un âne avec une vache. »

  3. a et b « À la recherche des joumars », sur L'attelage français (consulté le ).
  4. a et b François Alexandre de Garsault, Le nouveau parfait maréchal : la connoissance générale et universelle du cheval, divisé en sept traités, vol. 2 : Du Haras, Paris, Ganeau, , 3e éd., 641 p. (lire en ligne), chap. 7 (« De la Monte, pour faire des Mulets & des Joumars »), p. 83
  5. a et b « Tératologie : anomalies et monstres simples », sur Musée de l’École Vétérinaire d'Alfort (consulté le ).
  6. a et b André Suchetet, « La fable des jumarts », Mémoires de la société zoologique de France, Paris, Société zoologique de France, vol. 1890 « tome III »,‎ , p. 1–30 (ISSN 0750-747X, lire en ligne) :

    « Tout nous amène donc à nier l'existence des Jumarts, comme produits du Bos et de l'Equus […] La science éclairée proteste aujourd'hui contre l'existence de tous ces hybrides impossibles que l'on admettait dans les trois derniers siècles. »

  7. Antoine de Rivarol, Dictionnaire classique de la langue française, avec des exemples tirés des meilleurs auteurs français et des notes puisées dans les manuscrits de Rivarol ; ouvrage renfermant 60 000 mots ; publié et mis en ordre par quatre professeurs d’Université, Paris, Brunot-Labbé, , 2e éd. (1re éd. 1827) (lire en ligne), p. 115

    « BIF, s. m. Jumar du cheval et de la vache. »

  8. Antoine de Rivarol, Dictionnaire classique de la langue française, avec des exemples tirés des meilleurs auteurs français et des notes puisées dans les manuscrits de Rivarol ; ouvrage renfermant 60 000 mots ; publié et mis en ordre par quatre professeurs d’Université, Paris, Brunot-Labbé, , 2e éd. (1re éd. 1827) (lire en ligne), p. 115

    « BAF, s. m. Jumar du taureau et de la jument. »

  9. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 28.
  10. « JUMART : Définition de JUMART », sur cnrtl.fr (consulté le ).
  11. Charles Bonnet, Œuvres d'histoire naturelle et de philosophie, t. 6 : Corps organisés, Neuchâtel, Samuel Fauche, (lire en ligne), partie 2, chap. CCCXXXIII (« Principes généraux ſur la fécondation »), p. 348–353

    « On distingue trois ſortes de Jumarts. La premiere provient du Taureau & de la Jument ; la ſeconde, de l'Ane & de la Vache ; la troisieme, du Taureau & de l'Anesse. »

    L'auteur répond aux doutes de Buffon par la production d'une lettre de Claude Bourgelat relatant la dissection d'une hypothétique jumarre issue d'un taureau et d'une mère indéterminée.
  12. Lazzaro Spallanzani (trad. Jean Sénebier), Expériences pour servir à l'histoire de la génération des animaux et des plantes, Genêve, B. Chirol, (lire en ligne), « CLXXI », p. 219

    « Les dernières obſervations faites par un célèbre Naturaliſte françois ne laiſſent aucun doute ſur la naiſſance des Jumarts, produits par l'accouplement de l'Ane & de la Vache, ou du Taureau avec l'Aneſſe & la Jument, quoique M. de Buffon l'ait formellement niée. »

    Le « célèbre naturaliste français » auquel il est fait référence est Charles Bonnet (op. cit.).
  13. Georges-Louis Leclerc de Buffon, Œuvres complètes de Buffon, avec les suppléments (lire en ligne)

    « J'ai fait venir un de ces jumarts du Dauphiné… j'ai reconnu tant par l'inspection des parties extérieures que par la dissection des parties intérieures, que ces jumarts n'étaient que des bardeaux, c'est-à-dire des mulets provenant du cheval et de l'ânesse »

  14. Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, Paris, Hachette, 1873–1877, 2e éd. (1re éd. 1863) (lire en ligne)

    « JUMART (ju-mar) s. m. Nom donné au produit de l'accouplement très problématique soit du taureau et de la jument ou d'une ânesse, soit d'un âne et d'une vache. »

  15. Une énigme zoologique, le jumart

Articles connexes

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