Judith (Livre de Judith)
Judith est un personnage biblique, héroïne du peuple juif. Son nom dérive de l'hébreu (יְהוּדִית "loué" ou "juif", Yəhudit), et est la forme féminine du nom de Judas.
Judith décapitant Holopherne, entre 1611 et 1612,
musée de Capodimonte, Naples
Conjoint |
Manasseh (d) |
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Les exploits de Judith sont relatés dans le livre du même nom qui fait partie des textes deutérocanoniques, c'est-à-dire exclu du canon de la religion juive (et donc considéré comme apocryphe par les Églises protestantes), mais accepté comme canonique par les Églises catholique et orthodoxe.
Dante Alighieri la mentionne dans les âmes bénies du chant XXXII du Paradis, avec Sarah et Rebecca.
Histoire biblique
modifierLe livre dit que Judith, une jolie veuve juive, a libéré la ville de Béthulie qui était assiégée par les Assyriens du roi Nabuchodonosor. Alors que les anciens de la cité souhaitent livrer Béthulie si le Dieu d'Israël n'intervient pas, Judith décide d'agir. Accompagnée de sa servante, elle se pare de ses plus beaux atours et se rend dans le camp de Holopherne, le général des assyriens. Subjugué par sa beauté, il l'invite à son banquet puis dans sa tente ; le voyant ivre, Judith fait appel à Dieu pour qu'il lui donne la force d'agir, et coupe la tête du général avec une épée. Elle retourne ensuite à Béthulie, avec sa servante qui transporte la tête coupée. La vue de la tête de l'ennemi redonne du courage aux Juifs, qui mettent en fuite les Assyriens, pris de panique sans leur chef.
L'historicité de ce personnage biblique est très douteuse, de même que la description historique des événements donnée par le même Livre de Judith qui — selon les exégètes de l'École biblique et archéologique française (les éditeurs de la Bible de Jérusalem), en accord avec d'autres érudits chrétiens[1] — « se caractérise par une indifférence totale envers l'histoire et la géographie »[2]. Par exemple, Holopherne est un nom d'origine perse[Nota 1] et Nabuchodonosor, qui aurait régné à Ninive sur les Assyriens , régna en réalité entre 605-562 av. J.-C. sur les Babyloniens et à son époque Ninive avait déjà été détruite (en 612 av. J.-C.) de son père Nabopolassar ; de plus, le retour de l'exil babylonien — qui n'aura lieu que sous Cyrus le Grand en 538 av. JC. — est décrit comme ayant déjà eu lieu[Nota 2]. Même la ville de Betulia — au centre du récit — malgré les détails topographiques et bien qu'elle soit présentée comme une ville en position stratégique pour contrôler l'accès à la Judée, est inexistante[Nota 3] et le trajet effectué par l'armée d'Holopherne est un « "défi" à la géographie » de la région, qui était évidemment inconnue de l'auteur du texte[3].
Dans l'art
modifierLe personnage de Judith est récurrent dans l'iconographie à partir du Moyen Âge, comme une héroïne féminine qui triomphe de l'arrogance de l'envahisseur par la séduction et la violence.
- Cycle de Judith, quatorze enluminures tirées du manuscrit des Histoires tirées de l'Ancien Testament, réalisé de manière anonyme en 1350 à Saint-Quentin. Le manuscrit est conservé à la Bibliothèque nationale de France sous la cote ms. Fr. 1753. Il s'agit du plus grand cycle du Livre de Judith réalisé dans un manuscrit français du XIVe siècle[4].
- Cycle de Judith, quatre enluminures tirées du manuscrit de la Bible historiale n°10 B 23 (folio 264v-268v), réalisées par Hennequin de Bruges en 1372. Manuscrit conservé à La Haye au musée Meermanno.
- Judith et Holopherne, sculpture en bronze de Donatello, 1452-1453, conservée à Florence, Palazzo Vecchio.
- Le Retour de Judith à Béthulie, tableau de Sandro Botticelli, vers 1472, conservé à Florence, galerie des Offices.
- Judith tenant la tête d'Holopherne, peinture d'Andrea Mantegna, 1495, conservée à Washington, National Gallery of Art.
- Judith avec la tête d'Holopherne, tableau d'Andrea Mantegna, 1495, conservé à Dublin, National Gallery of Ireland.
- Judith avec la tête d'Holopherne, tableau d'Andrea Mantegna, 1495-1500, conservé à Montréal, Musée des beaux-arts de Montréal.
- Judith, tableau de Giorgione, vers 1504, conservé à Saint-Pétersbourg, Ermitage.
- Justice ou Judith, fresque du Titien, vers 1508, conservée à Venise, Ca' d'Oro.
- Judith et Holopherne, fresque de Michelangelo Buonarroti, 1508, sur la voûte de la chapelle Sixtine.
- Judith et sa servante avec la tête d'Holopherne, tableau du Corrège, vers 1510, Strasbourg, musée des Beaux-Arts.
- Judith peinte par Palma il Vecchio, 1525-1528, Florence, galerie des Offices.
- Judith et Holopherne, peinture du Caravage, 1599, conservée à Rome, Galerie nationale d'art ancien du palais Barberini (Palazzo Barberini).
- Judith avec la tête d'Holopherne, peinture de Cristofano Allori, vers 1612, conservée à Florence, Galerie Palatine.
- Judith décapitant Holopherne, peinture d'Artemisia Gentileschi, 1612-1613, conservée à Naples, Musée de Capodimonte.
- Judith et sa servante, peinture d'Artemisia Gentileschi, 1618-1619, conservée à Florence, Galerie Palatine.
- Judith décapitant Holopherne, tableau d'Artemisia Gentileschi, vers 1620, conservé à Florence, galerie des Offices.
- Judith et sa servante avec la tête d'Holopherne, peinture d'Artemisia Gentileschi, vers 1623-1625, conservée à Detroit, Institute of Arts.
- Portrait de femme en Judith, tableau d'Agostino Carracci, 1590-1595, conservé dans une collection privée.
- Triomphe de Judith, fresque de Luca Giordano, 1703-1704, conservée à Naples, Certosa di San Martino, Chapelle du Trésor.
- Judith et Holopherne, tableau de Gustav Klimt, 1901, conservé à Vienne, Österreichische Galerie Belvedere.
Images
modifierItalie
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Lavinia Fontana, Judith avec la tête d'Holopherne, seconde moitié du XVIe siècle.
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Michelangelo Merisi da Caravaggio, Judith décapite Holopherne, vers 1598-1599, Rome, Galerie nationale d'art ancien.
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Artemisia Gentileschi, Judith avec sa servante, 1610-20 (au plus tard 1620 : travail antérieur à Judith décapitant Holopherne), Florence, Galerie Palatine au palais Pitti.
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Jan de Bray, Judith et Holopherne, 1659.
France, Flandre, Allemagne et Pays-Bas
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Statue représentant Judith, conservée à Albi, cathédrale Sainte-Cécile.
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Konrat Meit, Judith avec la tête d'Holopherne, vers 1525, albâtre.
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Lucas Cranach l'Ancien, Judith à table avec Holopherne, vers 1530, château de Friedenstein, Allemagne.
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Lucas Cranach l'Ancien, Judith à la tête d'Holopherne, troisième décennie du XVIe siècle, San Francisco, California Palace of the Legion of Honor.
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Lucas Cranach l'Ancien, Judith à la tête d'Holopherne, troisième décennie du XVIe siècle, Stuttgart, Staatsgalerie.
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Judith et Holopherne, Chronique de Nuremberg, 1493.
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Lucas Cranach l'Ancien, Judith avec la tête d'Holopherne, vers 1530.
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Jacques Callot, Judith à la tête d'Holopherne, XVIIe siècle.
- Federico Della Valle, Judit (« Judith »), tragédie, 1627
- Judith et Holopherne, film de 1909 réalisé par Louis Feuillade
- Judith de Béthulie, film de 1914 de D. W. Griffith
- Judith, opéra d'Alexandre Serov (1863)
- Giuditta, opéra d'Achille Peri
Notes et références
modifierNotes
modifier- Les exégètes de la Bible TOB interconfessionnelle observent que « le général qui commande les troupes d’invasion, Holopherne, et son eunuque Bagoa portent des noms persans rapportés dans des textes extrabibliques qui racontent une campagne d'Artaxerxès III (359-338) », Bibbia TOB, Elle Di Ci Leumann, 1997, p. 1846-1847 (ISBN 88-01-10612-2).
- Même les exégètes de l'interconfessionnelle Bible TOB constatent que « le récit présente plusieurs difficultés historiques. Nabuchodonosor, roi de Babylone selon l’histoire, apparaît dans notre livre comme roi de Ninive, ville qui avait été vaincue en 612 par les armées coalisées de son père, Nabopolassar, et des Mèdes. Selon le livre de Judith, lui, le vainqueur et le destructeur de Jérusalem, lance ses forces dans une expédition où elles sont mises en déroute et massacrées par les Israélites qui ne sont revenus de captivité que depuis peu (Gdt4, 3; 5, 19), tandis que, selon l’histoire, c'est lui-même qui a déporté les habitants de Jérusalem », Bibbia TOB, Elle Di Ci Leumann, 1997, p. 1846-1847 (ISBN 88-01-10612-2).
- Anche gli studiosi della Bibbia Edizioni Paoline, concordemente a quelli della Bibbia TOB e del "Nuovo Grande Commentario Biblico", confermano che "i luoghi attraversati dall'esercito di Oloferne in marcia verso l’Occidente e la stessa località di Betulia, epicentro dell’azione militare, sono immaginari" (La Bibbia, Edizioni Paoline, 1991, p. 614 (ISBN 88-215-1068-9). Cfr anche: Bibbia TOB, Elle Di Ci Leumann, 1997, p. 1846 (ISBN 88-01-10612-2) ; Raymond E. Brown, Joseph A. Fitzmyer, Roland E. Murphy, Nuovo Grande Commentario Biblico, Queriniana, 2002, p. 749 (ISBN 88-399-0054-3).).
Références
modifier- Cfr ad esempio gli studiosi dell'interconfessionale Bibbia TOB, del cattolico "Nuovo Grande Commentario Biblico", della Bibbia Edizioni Paoline, Bibbia TOB, Elle Di Ci Leumann, 1997, pp. 1846-1847 (ISBN 88-01-10612-2) ; Raymond E. Brown, Joseph A. Fitzmyer, Roland E. Murphy, Nuovo Grande Commentario Biblico, Queriniana, 2002, pp. 746-749 (ISBN 88-399-0054-3) ; La Bibbia, Edizioni Paoline, 1991, pp. 614-615, 617-618 (ISBN 88-215-1068-9).
- Bibbia di Gerusalemme, EDB, 2011, p. 919-923 (ISBN 978-88-10-82031-5).
- Bibbia di Gerusalemme, EDB, 2011, p. 919-923, 947, 950-951 (ISBN 978-88-10-82031-5).
- « Consultation », sur archivesetmanuscrits.bnf.fr (consulté le )
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressource relative à la bande dessinée :
- (en) Comic Vine
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :