Joseph Stevens
Joseph Stevens, né le 26 novembre 1816 et mort le 2 août 1892, est un peintre animalier et un graveur belge.
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Décès |
(à 75 ans) Bruxelles |
Nom de naissance |
Joseph Édouard Stevens |
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Peintre, graveur |
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Mécène | |
Fratrie |
Alfred Stevens Arthur Stevens (d) |
Il est principalement connu pour ses peintures dont le sujet principal est le chien. Il s'agit notamment de portraits de chiens, de chiens interagissant entre eux ou avec leurs maîtres et des marchés aux chiens. Après avoir dépeint des scènes sentimentales à la manière des romantiques, son art a évolué vers un rendu plus réaliste des chiens vivant dans la rue ou travaillant pour des artistes ambulants. Ces efforts lui ont valu l'admiration du peintre réaliste français Courbet. Il fut un pionnier du réalisme dans l'art belge. Il a également peint des singeries, des scènes où des singes se livrent à des activités humaines et quelques marines de sa main sont également connues.
Parcours
modifierEdouard Joseph Léopold Stevens, né le 26 novembre 1816 à Bruxelles est le fils du marchand de tableaux bruxellois Jean François Léopold Stevens (Bruxelles 1791 - Saint-Josse-ten-Noode 1837)[1], et de Catherine Victoire Dufoy qui s'étaient mariés à Bruxelles[2] en 1816. Celle-ci était la fille de Henri Joseph Dufoy, limonadier, né à Engreux en 1762, époux de Catherine ou Marie Catherine Molding, née[3] vers 1769, propriétaire, Place Royale à Bruxelles, du Café de l'Amitié, un café, c'est-à-dire un lieu où l'on consommait du café[4], du thé et des gâteaux[5], établissement très réputé et de haut niveau dans la capitale, fréquenté par de nombreuses personnalités. Veuve, Catherine Dufoy s'était remariée à Charles Deleuter, journaliste et critique d'art réputé dans L'Observateur[6], et vivra à Paris où elle est morte en 1875.
Joseph Stevens est le frère aîné du peintre Alfred Stevens (Bruxelles 1823 - Paris 1906) et du critique d'art Arthur Stevens (Bruxelles 1825 - Heist 1890).
Il épouse à Saint-Josse-ten-Noode[7] en 1845 Marie Graham, née en 1817 à Cavan, en Irlande.
Joseph Stevens fréquente en dilettante l'Académie des beaux-arts de Bruxelles et suit les cours de Louis Robbe et surtout d'Eugène Verboeckhoven.
Partiellement autodidacte, il complète sa formation à Paris, mais sans s'inscrire dans une école. Stevens fréquente l'atelier d'Alexandre-Gabriel Decamps, ainsi que des peintres de l'École de Barbizon, le « Groupe du Restaurant du Havre » où se retrouvent Thomas Couture, Eugène Isabey, Théodore Rousseau et d'autres.
Il expose au Salon à Bruxelles dès 1842. Il est récompensé par une médaille de vermeil pour Les Mendiants ou Bruxelles le matin au Salon de Bruxelles de 1848[8].
En 1852, il rejoint ses deux frères à Paris où il vit durant quelques années, entre les mondanités de la Cour impériale (il fréquente le jardin des Tuileries) et la bohème des cafés.
Au Salon de 1852 il obtient pour Un métier de chien, une médaille de 2e classe dans la catégorie « animaux », confirmée par nouvelle médaille de 2e classe à l'exposition universelle de 1855. Il y traite un sujet à la mode depuis 1830, mais lui donne le format de la peinture d'histoire et une dimension sociale dans l'esprit des sujets réalistes de la Deuxième République[9].
Il exécute de nombreux dessins de chevaux au bois de Boulogne qu'il expose à Amsterdam en 1854, puis à Dijon en 1858. Il croise Charles Baudelaire qu'il retrouve à Bruxelles en 1864. Le poète lui dédie Les Bons Chiens (avant-dernière œuvre, qui précède Épilogue, du recueil Petits poèmes en prose). Il décrit dans le catalogue de la collection Crabbe le tableau de Joseph Stevens qu'il mentionne dans Les Bons Chiens ; OC II, 963[10]. Le chien est le sujet de prédilection du peintre[11]. Joseph Stevens retourne définitivement vivre à Bruxelles en 1869.
Le roi Léopold II, entre autres, achète ses tableaux.
En dépit (ou à cause) de son succès, il sombre en partie dans l'alcool vers la fin de sa vie.
Ernest Meissonier fit son portrait et une rue de la ville de Bruxelles, reliant le quartier des Marolles à celui du Sablon, porte son nom.
Œuvre
modifierJoseph Stevens est principalement le peintre de toiles mettant en scène des animaux domestiques (chiens, singes, chevaux) parfois dans des situations curieuses, voire décalées, et très éloignées du romantisme. Ce réalisme, dont il est l'un des pionniers, lui vaut dès les années 1850 l'intérêt de la critique et d'intellectuels, notamment français (outre Charles Baudelaire, Léon Cladel[12]).
L'on trouve notamment ses tableaux dans les musées suivants :
- musée royal des beaux-arts d'Anvers ;
- musée des Beaux-Arts de Tournai ;
- Musées royaux des beaux-arts de Belgique ;
- Collection Belfius ;
- Musée des beaux-arts de Gand ;
- Musée des beaux-arts de Marseille : À la porte ;
- Musée d'Orsay : Le Supplice de Tantale ;
- Kunstmuseum aan zee d'Ostende ;
- Musée des beaux-arts de Rouen : Un métier de chien dit aussi Souvenir des rues de Bruxelles, 1852, huile sur toile, 201 × 321 cm[13].
Honneurs
modifierJoseph Stevens est :
- Chevalier de l'ordre de Léopold (Belgique, )[14].
- Officier de l'ordre de Léopold ()[15].
Notes et références
modifier- Jean Francois Leopold Stevens, né à Bruxelles, est mort âgé de 46 ans, quatre mois et six jours le 19 octobre 1837 à huit heures à Saint-Josse-ten-Noode, dans une maison de santé. Il résidait à Saint-Josse-ten-Noode, où il était marchand de tableaux et d'antiquités. Son père était Guillaume Jean Francois Stevens et sa mère était Susanne Van Hove. Son épouse, Catherine Victoire Dufoy résidait à Saint-Josse-ten-Noode.
- Bruxelles, acte de mariage n° 35 du 1er février 1816. Mairie de Bruxelles, premier Arrondissement et Chef-lieu du Département de la Dyle. Du premier jour du mois de février l’an dix huit cent seize à onze heures. Acte de Mariage de Jean François Leopold Stevens né en cette ville l’an dix sept cent quatre vingt onze, le quatorze juin, domicilié rue de l’Escalier fils mineur de Guillaume Jean François Stevens juge de paix domicilié à Puers et Susanne Van Hove conjoints, d’une part ; et de Catherine Victoire Dufoij née en la dite ville l’an dix sept cent quatre vingt dix sept, le dix sept juin, domiciliée au caffé de l’Amitié place royale chez ses parens fille mineure de henri joseph Dufoy, limonadier, et de Catherine Molding conjoints d’autre part. Les préliminaires sont : les publications faites au dit Puers les vingt un et vingt huit du mois dernier sans opposition, l’acte de publication de Mariage faite en cette ville par moi, Officier de l’Etat-Civil, aux mêmes époques, et affiché aux termes de la Loi, sans qu’il soit survenu d’opposition ; lecture faite du chapitre Vi de la Loi du 11 mars 1803, des Actes de Naissance des Epoux et autres pièces, le tout en forme. Lesdits Epoux ont déclaré prendre en Mariage, l’un Catherine Victoire Dufoy l’autre Jean François Leopold Stevens, en présence des deux Pères, de Charles Joseph Dupuis, âgé de soixante et un ans, rentier, domicilié rue de la Magdeleine et de Pierre Joseph Baudewyns agé de soixante cinq ans instituteur rue de l’Etoile, après quoi, moi, Baron Louis Devos chevalier Officier de l’Etat-Civil, soussigné, ai prononcé, au nom de la Loi, que lesdits époux sont unis en Mariage, et j’ai signé. Lecture faite du présent Acte avec les parties et les témoins(signé) Baron Devos, Stevens, Dufoy, P.J. Baudewyns, h j Dufoy, GJF Stevens juge de paix.
- Antoine Massin, Bruxelles, Qui est qui en 1812 : Molding Marie Catherine, âgée de 43 ans, épouse Dufoy Henry Joseph, domiciliée Section 7, Place Royale, 1124, née à ** Bizen (Biesen ou Biezen), réside à Bruxelles depuis 1777.
- Le mot café, ne désignait pas à l'époque un cabaret ou débit de boissons. En allemand "ein Café" ou "ein Kaffeehaus" a gardé ce sens et ne se confond pas avec "eine Kneipe", un cabaret. C'est le cas également des fameux cafés de Vienne, inscrits à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel autrichien en 2011, qui ont conservé le sens original du mot. Voir aussi : M. Prosper Poitevin (1805-1884), Nouveau dictionnaire universel de la langue française", Paris, 1869, tome premier, p. 376 : "Café : établissement public où l'on va prendre du café".
- Ce qu'on nomme de nos jours un "salon de thé".
- Henri Hymans, L'art au XVIIe et au XIXe siècle dans les Pays-Bas. Notes sur des primitifs. Volume IV, Editeur M. Hayez, Imprimeur de l'Académie royale de Belgique, Bruxelles, rue de Louvain 112, 1921, p. 184 : Pour l'heure, on ne pouvait que lire encore dans une des principales feuilles bruxelloises, L'Observateur, et sous la signature d'un des critiques les plus réputés, proche parent de Stevens, Charles Deleuter : « Le « vrai », comme le comprennent ces peintres qui se croient des artistes, le vrai, c'est la perte de l'art ! »
- Saint-Josse-ten-Noode, acte de mariage n° 130 du 3 décembre 1845. Edouard Joseph Léopold Stevens, né le 26 novembre 1816 à Bruxelles, résidant à Saint-Josse-ten-Noode, artiste-peintre, est le fils de Jean François Léopold Stevens, mort le 19 octobre 1837 à Saint-Josse-ten-Noode, et de Catherine Victoire Dufoy, âgée de 46 ans, résidant à Bruxelles, sans profession, remariée au sieur Charles Deleuter, homme de lettres. Marie Graham, née le 7 avril 1817 à Cavan, en Irlande, résidant à Saint-Josse-ten-Noode, sans profession, est la fille de François Graham, mort le 6 juin 1830 à Cavan, et de Rose Brumgold, morte le 30 octobre 1836 à Cavan. Les témoins étaient Louis Jules Amédée Talma, 49 ans, résidant à Bruxelles, docteur en médecine, Alphonse Mosselman, 27 ans, résidant à Forest, rentier, Charles Deleuter, beau-père du marié, 34 ans, résidant à Bruxelles, homme de lettres, Alfred Stevens, frère du marié, 22 ans, résidant à Bruxelles, artiste-peintre. A l'occasion de leur mariage, les mariés légitiment Marie Amélie Graham, née le 28 novembre 1841 à Bruxelles.
- J.G.A. Luthereau, Revue de l'exposition des beaux-arts, Bruxelles, Imprimerie photographique, , 215 p. (lire en ligne), p. 196.
- Anne Pingeot et Robert Hooze, Paris-Bruxelles, Bruxelles-Paris, Réunion des Musées Nationaux, , 539 p. (ISBN 2-7118-3526-X), p. 157
- Aurélia Cervoni et Andréa Schellino, Baudelaire Le Spleen de Paris, [Flammarion], , "Commentaire des poèmes - Les Bons Chiens" p.234
- Robert L. Delevoy, « Les Stevens » sur le site de l’Encyclopædia Universalis en ligne. Consulté le 26 février 2015.
- Léon Cladel s'inspire de tableaux de Stevens pour écrire Léon Cladel et sa kyrielle de chiens (1885).
- « Un métier de chien », sur Notice Joconde (consulté le )
- Rédaction, « Exposition nationale des beaux-arts », L'Indépendance belge, no 307, , p. 1-2 (lire en ligne, consulté le ).
- Rédaction, « Exposition nationale des beaux-arts », Écho du Parlement, no 524, , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
Annexes
modifierBibliographie
modifier- (en) P. & V. Berko, Dictionary of Belgian painters born between 1750 & 1875, Laconti, 1981.
- Ernest Verlant, Dictionnaire des artistes belges de 1830 à 1970, Bruxelles, Arto, 1978.
- Gustave Vanzype, Les frères Stevens, Bruxelles, Nouvelle Société d'édition, 1936
- Paul Fierens, Joseph Stevens, Éditions des cahiers de Belgique, 1931.
- Philippe Roberts-Jones, Du réalisme au surréalisme : La peinture en Belgique de Joseph Stevens à Paul Delvaux, Cahier du Gram - Université libre de Bruxelles, 1994.
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :