Joseph Sec

bourgeois français, jacobin et pénitent gris d'Aix-en-Provence

Joseph Sec (Cadenet, 1716 - Aix-en-Provence, 1794) était un bourgeois, un jacobin et un pénitent gris[1] d'Aix-en-Provence. Il exerçait la profession de maître menuisier et de marchand de bois[2].

Monument de Joseph Sec
Mausolée Joseph Sec
Monument Joseph Sec, vu depuis l'avenue Pasteur.
Présentation
Destination initiale
Privée
Destination actuelle
Service communal d'hygiène et de santé
Construction
Propriétaire
Ville d'Aix-en-Provence
Patrimonialité
Localisation
Pays
Division administrative
Département
Commune
Adresse
8, avenue Pasteur
Coordonnées
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Il est resté célèbre pour avoir réalisé en 1792 au n° 8 de l'avenue Pasteur un imposant monument allégorique, connu également sous le nom de mausolée Joseph Sec, dédié à la municipalité de la ville « observatrice de la loi ». Ce monument est classé au titre de monument historique par arrêté du [3].

Biographie

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Les débuts

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Joseph Sec naît à Cadenet le [4] de Philippe Sec, ménager, et d'Élisabeth Bosse, dans une famille semble-t-il de classe moyenne, voire cossue[5]. Le père possède alors une douzaine d'hectares en propriété[6]. Le frère de Joseph, Jean Sec, sera nommé troisième consul, sa sœur, Élisabeth Sec, devient religieuse au couvent du Bon-Pasteur à Aix.

C'est dans ce contexte que, à 17 ans, Joseph Sec devient apprenti-menuisier le auprès de Claude Routier[5], un sculpteur de retables. Le , à l'âge de 26 ans, il résilie son contrat et devient maître menuisier le 4 février de la même année. On ne peut dire s'il fit le tour de France en tant que maître nouvellement nommé, mais l'hypothèse est très vraisemblable. Il devient ensuite marchand de bois de construction[7]. Sa fortune va venir de sa construction d'une partie de quartier dans le nord de la ville d'Aix, faisant de lui un réel promoteur.

Sa mort

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À sa mort, survenue à Aix-en-Provence le (5 ventôse an II)[8] à l'âge de 78 ans, Joseph Sec laisse une fortune estimable, consistant en plus de 115 000 livres et 17 maisons et immeubles à Aix[5].

Le monument de Joseph Sec

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Comme le rappelle Michel Vovelle, professeur à l'université de Paris I, Institut d'histoire de la révolution française, « le décor sculpté et figuré de son monument se présente comme un hymne à la loi, et au droit nouveau. Une soixantaine de motifs, empruntés à l'héritage de l'Ancien et du Nouveau testament, comme à la symbolique maçonnique puis à celle de la république française, nous introduisent, lorsqu'on en décrypte le sens, à l'univers mental à base de syncrétisme religieux d'un initié, qui identifie sa propre aventure, et son ascension, à celle de l'humanité, depuis la chute originelle, jusqu'à sa régénération »[9].

En 1792, il achève ce monument cénotaphe non loin de l'hôpital Saint-Jacques, classé monument historique en 1969[10]. D'architecture révolutionnaire, le monument, connu aujourd'hui sous le nom de monument Joseph-Sec ou mausolée Joseph-Sec, emprunte des éléments décoratifs à la Bible, au Nouveau Testament et à la symbolique maçonnique. Il est probable que Sec ait fait appel à un professionnel pour le seconder, Barthélémy Chardigny, vraisemblablement l'auteur de plusieurs bas-reliefs[2].

Le monument principal

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L'édifice pyramidal est dominé par la statue casquée de la Loi sous les traits de Thémis, déesse du Droit et de la Justice. Sur le piédestal de Thémis est représenté le profil de Louis XVI.

Côté rue

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La façade principale du monument présente la statue de Moïse tenant les tables de la loi, encadrée par les allégories de l'Afrique, symbole de l'esclavage, et de l'Europe, symbole de la liberté[11]. Quatre cartouches complètent le frontispice.

Sont gravés les textes suivants :

  • VENEZ HABITANTS DE LA TERRE / NATIONS ÉCOUTEZ LA LOI
(cartouche supérieur)
  • VOUS AIMEREZ LE SEIGNEUR VOTRE DIEU ET LE PROCHAIN
(tables de la loi de Moïse)
  • SORTI D'UN CRUEL ESCLAVAGE
    JE N'AI D'AUTRE MAÎTRE QUE MOI
    MAIS DE MA LIBERTÉ JE NE VEUX FAIRE USAGE
    QUE POUR OBÉIR À LA LOI
(cartouche du piédestal de l'Afrique)
  • L'AN IVME DE LA LIBERTÈ[12] 1792 LE 26 FEVRIER MONUMENT DEDIE A LA MUNICIPALITE DE LA VILLE OBSERVATRICE DE LA LOI PAR JOSEPH SEC
(cartouche de la dédicace)
  • FIDÈLE OBSERVATEUR DE CES LOIS ADMIRABLES
    QU'UN DIEU LUI-MÊME A DAIGNÉ NOUS DICTER
    CHAQUE JOUR À MES YEUX ELLES SONT PLUS AIMABLES
    ET JE MOURRAI PLUTÔT QUE DE M'EN ÉCARTER
(cartouche du piédestal de l'Europe)

Côté jardin

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Une statue de Saint Jean Baptiste est disposée symétriquement à celle de Moïse.

Ce genre de monument est extrêmement rare en France du fait des dégradations post-révolutionnaires, auxquelles il a échappé[7]. Paul Mariéton indique qu'on pouvait y voir, encore à son époque (1894), un plâtre peint représentant un homme grandeur nature, nu, ayant au front une cicatrice sanglante. Sculpté par Chastel[13], il aurait été déposé là par Joseph Sec en mémoire d'un ouvrier tué par une pierre alors qu'il travaillait au mausolée[14].

Le jardin et sa galerie de statues

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Le jardin comporte sept statues d’environ 2,30 m de hauteur, à demi abritées dans des niches. Elles représentent des personnages de l'Ancien Testament : quatre personnages masculins, tous ancêtres de la Vierge et du Christ, alternent avec trois personnages féminins reliés par le thème des femmes fortes[11].

Ces sculptures en pierre de Calissane ont été réalisées par Pierre Pavillon entre 1663 et 1670. Elles faisaient partie d’un programme de huit statues destiné à orner la chapelle des Messieurs au collège des Jésuites d’Aix afin de rendre gloire à la Vierge[11].

Un siècle plus tard, par un arrêt du parlement de Provence de 1763, les Jésuites doivent quitter le collège et tous leurs biens sont remis à la ville d’Aix, qui fait procéder à leurs ventes. Joseph Sec se porte acquéreur de l’ensemble des statues, excepté celle figurant Esther, dont la trace se perd[11].

Notes et références

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  1. La Révolution en Provence, Images & Histoire, Cl. Badet, éd. A. Barthélemy, Avignon, 1989, p. 63, (ISBN 978-2903044510).
  2. a et b Monument Joseph-Sec, mairie d'Aix-en-Provence.
  3. « Monument de Joseph Sec », notice no PA00081090, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. Archives départementales du Vaucluse, actes en ligne vue n°3/17
  5. a b et c *Les folies d'Aix ou la fin d'un monde, Michel Vovelle, éd. Le Temps des Cerises, Pantin, 2003.
  6. Cadastre de Cadenet, 1718, cité in Les folies d'Aix ou la fin d'un monde, Michel Vovelle, éd. Le Temps des Cerises, Pantin, 2003.
  7. a et b « Michel Vovelle, L'irrésistible ascension de Joseph Sec, bourgeois d'Aix », par Maurice Agulhon, in Annales, économies, sociétés, civilisations, année 1976, vol. 31, n° 4, p. 853, 854.
  8. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, actes en lignes vue n°206/726
  9. Collectif, Coordination Association Culture et Patrimoine, Travaux de restauration Ville d’Aix-en-Provence, Monument de Joseph Sec, Lignes / DRAC -Conservation régionale des monuments historiques, , 8 p.
    Histoire ; Architecture avant et après ; Sculpture
  10. Mausolée Joseph-Sec, Patrimoine de France.
  11. a b c et d Alexandre Maral, Des jésuites d’Aix-en-provence au monument sec l’étonnante destinée des statues de la chapelle des messieurs., vol. 1, t. 161, Bibliothèque de l'école des chartes., (lire en ligne), p. 289-321, doi : 10.3406/bec.2003.463299
  12. Rappelons que le calendrier révolutionnaire français, en vigueur à partir du 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793), débute rétroactivement au 1er vendémiaire an I (22 septembre 1792), jour de proclamation de la Première République. Joseph Sec date donc de 1789 le commencement de son calendrier de « la liberté ».
  13. « Statue : Homme assassiné », notice no PM13002586, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  14. La terre provençale : journal de route, 3e édition, Paul Mariéton, éd. A. Lemerre, Paris, 1894 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k372464, p. 263, 264.

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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  • L'Irrésistible Ascension de Joseph Sec, Michel Vovelle, éd. Édisud, Aix-en-Provence, 1975.
  • Les folies d'Aix ou la fin d'un monde, Michel Vovelle, éd. Le Temps des Cerises, Pantin, 2003.