Joseph L. Mankiewicz

scénariste, réalisateur et producteur de films américain (1909–1993)
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Joseph Leo Mankiewicz [ˈd͡ʒoʊsəf ˈliːoʊ ˈmæŋkəwɪt͡s][1], né le à Wilkes-Barre en Pennsylvanie et mort le à Mount Kisco (New York), est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain.

Joseph L. Mankiewicz
Description de cette image, également commentée ci-après
Joseph L. Mankiewicz en 1950.
Nom de naissance Joseph Leo Mankiewicz
Naissance
Wilkes-Barre, Pennsylvanie, États-Unis
Nationalité Drapeau des États-Unis Américaine
Décès (à 83 ans)
Mount Kisco, NY, États-Unis
Profession Réalisateur, scénariste, producteur
Films notables L'Aventure de madame Muir
Ève
L’Affaire Cicéron
La Comtesse aux pieds nus
Soudain l'été dernier
Cléopâtre
Le Limier

Cinéaste de premier ordre, oscarisé à plusieurs reprises, Mankiewicz est l'auteur de films majeurs, tels que Ève, La Comtesse aux pieds nus ou encore Le Limier, particulièrement reconnus pour la qualité de leur scénario et leurs dialogues soignés. Il est également le frère d'Herman J. Mankiewicz, scénariste de Citizen Kane d’Orson Welles.

Biographie

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Joseph Leo Mankiewicz[2],[3] est le fils cadet[4] de Franz Mankiewicz et Johanna Blumenau[5], immigrés juifs venus d'Allemagne. Après ses études secondaires à la Stuyvesant High School, il s'inscrit à l’université Columbia où il obtiendra son Bachelor of Arts en 1928[5]. Puis, sur les conseils de son père, il part à Berlin pour parfaire son éducation. À Berlin il est correspondant du Chicago Tribune, parallèlement, il s’intéresse au théâtre et au cinéma et est embauché par l’UFA pour traduire les intertitres des films destinés au marché anglo-saxon. À la suite de l'émission d’un chèque sans provision[réf. nécessaire], il quitte précipitamment Berlin pour Paris. En 1929, son frère Herman[6] qui travaille comme scénariste (pour les Marx Brothers, pour Orson Welles avec Citizen Kaneetc.) à la Paramount Pictures[7] lui suggère de rentrer le rejoindre. Joseph se voit chargé de la rédaction de sous-titres puis de scénarios pour des comédies simples (Skippy, 1931, nommé aux Oscars pour son scénario) et burlesques (pour W. C. Fields).

Passant à la MGM il obtient une nouvelle nomination aux Oscars du scénario pour L’Ennemi public no 1 tourné par W.S. Van Dyke. Alors qu’il exprime le souhait de tourner lui-même ses scénarios, Louis B. Mayer le nomme producteur — il produisit entre autres Furie[8] de Fritz Lang, qui ne lui pardonna pas d’avoir procédé à des coupes, contre son avis, sur la fin du film.

En 1942, il se brouille avec L. B. Mayer et rejoint la 20th Century Fox. C’est à ce moment que Lubitsch, victime d’une crise cardiaque et incapable de tourner, lui confie la tâche de réaliser un film qu’il devait faire : Le Château du dragon[9] (1946).

Mankiewicz rencontre ensuite le succès avec Chaînes conjugales[10] (1949), qui remporte les Oscars du scénario et de mise en scène. L’année suivante il réitère la performance, obtenant exactement les mêmes prix pour Ève[11], qui remporte également l’Oscar du meilleur film.

En 1950 alors qu’il est président de la Screen Director Guild, Cecil B. DeMille profite d’une période où Mankiewicz est absent pour tenter une offensive pro-maccarthysme. À son retour, Mankiewicz s’oppose à la manœuvre et, soutenu par John Ford, repousse l’attaque.

En 1951, après avoir tourné L’Affaire Cicéron[12], il quitte la Fox et Los Angeles pour aller s’installer au calme sur la côte Est. En 1952, il adapte le Jules César[13] de Shakespeare pour la MGM[14] avec Marlon Brando en vedette, et met en scène La Bohème de Giacomo Puccini pour le Metropolitan Opera. L'année suivante, il crée sa propre maison de production, Figaro Inc., qui produisit l’année suivante La Comtesse aux pieds nus[15]. Les films suivants rencontrent moins de succès. Il faut attendre 1959 pour que Soudain l’été dernier, adaptation de la pièce de Tennessee Williams, le ramène à l’avant-scène. En 1960, il est appelé en urgence pour sauver le tournage de Cléopâtre. Très réticent, il accepte la proposition en échange d’une grosse somme d’argent et du sauvetage de Figaro Inc. au bord du naufrage financier. Le tournage de ce péplum colossal l’accapare jusqu’en 1963. Son montage fut remanié par Zanuck et Mankiewicz renia le film. En 1967 sort Guêpier pour trois abeilles et en 1970, un western, Le Reptile. En 1972, il tourne son dernier film, Le Limier, dont la distribution se limite à deux acteurs, aux antipodes de Cléopâtre.

Il se retire ensuite, se consacrant à la lecture et se tenant en retrait de l’industrie cinématographique.

Il meurt des suites d'un infarctus le à 6 jours de son 84e anniversaire au Northern Westchester Hospital[16] de Mount Kisco[17] dans l’État de New York.

Il est enterré au cimetière Saint Matthew's Episcopal Churchyard de Bedford[5] (comté de Westchester dans l’État de New York). Sa dernière épouse est morte en 2020.

Joseph Mankiewicz s'est marié trois fois[18] :

  1. Elizabeth Young (1934-1937), un fils, Eric.
  2. L'actrice Rose Stradner (1913-1958), deux fils, Tom et Christopher.
  3. Rosemary Matthews (1962-1993), une fille, Alexandra.

Il obtient son étoile sur le Hollywood Walk of Fame le [19].

Les archives de Joseph Mankiewicz sont déposées à la Bibliothèque Margaret Herrick Library[20] de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences[21].

Commentaires

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Réalisateur atypique[22],[23],[24],[25] du panthéon américain, ses films se caractérisent par une quasi absence d’action, au sens hollywoodien du terme, et l’importance prépondérante des flashbacks, des dialogues[26] et des rapports entre les personnages. Ses têtes d’affiches couvrent le gotha de l’époque (Marlon Brando, Elizabeth Taylor, Bette Davis, Ava Gardner, Humphrey Bogart, Montgomery Clift, Gene Tierney, Vincent Price…) avec une prépondérance d’acteurs britanniques : George Sanders, Rex Harrison, Cary Grant, Richard Burton, Laurence Olivier, Michael Caine, James Mason, Maggie Smith

Sa filmographie est relativement restreinte comparée à celle des autres grands noms du cinéma américain, mais peu de ses films sont passés inaperçus. Mankiewicz s’est même essayé au péplum (Cléopâtre[27],[28] qui fut jusqu'en 1995 le film le plus cher jamais réalisé[29],[30] ), à la comédie musicale (Blanches colombes et vilains messieurs[31]) et au western (Le Reptile[32]).

Filmographie

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Réalisateur

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Scénariste

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Producteur

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Prix et récompenses

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Notes et références

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  1. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
  2. Encyclopædia Universalis, « JOSEPH LEO MANKIEWICZ », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  3. « Joseph L. Mankiewicz - Cinémathèque française », sur cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr (consulté le ).
  4. « Joseph Mankiewicz - Hollywood's Golden Age », sur www.hollywoodsgoldenage.com (consulté le ).
  5. a b et c (en-US) « Joseph Leo Mankiewicz », sur Find a grave.
  6. (en) « Herman Mankiewicz | American writer », sur Encyclopedia Britannica (consulté le ).
  7. (en-US) Mel Gussow, « The Sometimes Bumpy Ride Of Being Joseph Mankiewicz », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) « Joseph L. Mankiewicz », sur Rotten Tomatoes (consulté le ).
  9. cinestranger, « JOSEPH L. MANKIEWICZ », sur ACTERIEUR DU CINEMA (consulté le ).
  10. « Critique de CHAÎNES CONJUGALES réalisé par Joseph L. Mankiewicz », sur Le Blog Du Cinéma, (consulté le ).
  11. a et b « All About Eve and A Little About Joseph L. Mankiewicz - The American Society of Cinematographers », sur ascmag.com (consulté le ).
  12. a et b « L'Affaire Cicéron de Joseph L. Mankiewicz (1952) - Analyse et critique du film - DVDClassik », sur www.dvdclassik.com (consulté le ).
  13. « Analyse : Jules César (Joseph L. Mankiewicz) », sur critikat.com - le site de critique de films, (consulté le ).
  14. a et b « Mankiewiecz adaptateur de Shakespeare », Études anglaises 2002/2 (Tome 55), pages 181 à 189.
  15. « La Comtesse aux pieds nus (1954) de Joseph L. Mankiewicz », sur L'Oeil sur l'Ecran (consulté le ).
  16. « Hospital in New York | Northern Westchester Hospital, Mt Kisco NY », sur nwhc.net (consulté le ).
  17. (en-US) Peter B. Flint, « Joseph L. Mankiewicz, Literate Skeptic of the Cinema, Dies at 83 », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) « Joseph Leo Mankiewicz », sur geni_family_tree (consulté le ).
  19. « Joseph L. Mankiewicz | Hollywood Walk of Fame », sur www.walkoffame.com (consulté le ).
  20. (en-US) « Margaret Herrick Library Digital Collections », sur digitalcollections.oscars.org (consulté le ).
  21. (en-US) « Joseph L. Mankiewicz papers », sur oac.cdlib.org (consulté le ).
  22. « Dictionnaire du cinéma anglo-saxon|Faites vos jeux ! Rien ne va plus ! Le ludisme, dans l’œuvre de Joseph L. Mankiewicz », sur Dictionnaire du cinéma anglo-saxon (consulté le ).
  23. (en) Kevin Jackson, « Fasten your seat belts », sur the Guardian, (consulté le ).
  24. « Rétrospective Joseph Mankiewicz », sur Institut Louis Lumière, Rue du Film.
  25. Institut National de l’Audiovisuel- Ina.fr, « Joseph MANKIEWICZ fustige longuement les "producteurs" de cinéma », sur Ina.fr (consulté le ).
  26. « Joseph L. Mankiewicz », sur www.cineclubdecaen.com (consulté le ).
  27. Vanity Fair et Condé Nast Digital France, « Les 10 plaies de « Cléopâtre », l'éternel film maudit », sur Vanity Fair, (consulté le ).
  28. (en) « 'Cleopatra': THR's 1963 Review », sur The Hollywood Reporter (consulté le ).
  29. « Les films les plus chers de l'histoire du cinéma : Pirates des Caraïbes 3, Cléopâtre, Titanic... », sur Premiere.fr, (consulté le ).
  30. Noodles, « Quel est le film le plus cher de l’histoire du cinéma ? », sur Doc Ciné : Critiques et actualités du cinéma, (consulté le ).
  31. a et b « Objectif Cinéma : BLANCHES COLOMBES ET VILAINS MESSIEURS De Joseph L. Mankiewicz », sur www.objectif-cinema.com (consulté le ).
  32. a et b « Ciné-club : Le reptile de Joseph L. Mankiewicz », sur www.cineclubdecaen.com (consulté le ).
  33. Mon Cinéma à Moi, « DRAGONWYCK (Le Château du dragon) – Joseph L. Mankiewicz (1946) », sur mon cinéma à moi, (consulté le ).
  34. (en-US) Scott Nye, « Scott Reviews Joseph L. Mankiewicz's A Letter to Three Wives [Masters of Cinema Blu-ray Review] », sur CriterionCast, (consulté le ).
  35. Mondociné, « UN MARIAGE A BOSTON (critique) », sur Mondociné, (consulté le ).
  36. « L'Aventure de Mme Muir de Joseph L. Mankiewicz (1947) - Analyse et critique du film - DVDClassik », sur www.dvdclassik.com (consulté le ).
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  38. « Chaînes conjugales (1949) de Joseph L. Mankiewicz », sur L'Oeil sur l'Ecran (consulté le ).
  39. « La Maison des étrangers de Joseph L. Mankiewicz (1949) - Analyse et critique du film - DVDClassik », sur www.dvdclassik.com (consulté le ).
  40. « Objectif Cinéma : LA PORTE S’OUVRE De Joseph L. Mankiewicz », sur www.objectif-cinema.com (consulté le ).
  41. (en) « DVD of the Week: People Will Talk », The New Yorker,‎ (ISSN 0028-792X, lire en ligne, consulté le ).
  42. « Joseph L. Mankiewicz Les choses dont on se souvient et les choses qu’on oublie », Cinepage n°166, .
  43. (en-US) Bosley Crowther, « The Screen in Review; 'The Barefoot Contessa' Arrives at Capitol », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  44. (en-GB) « Guys and Dolls », sur The List, (consulté le ).
  45. « Un américain bien tranquille (1958) de Joseph L. Mankiewicz », sur L'Oeil sur l'Ecran (consulté le ).
  46. admin, « Joseph L. Mankiewicz, Soudain l’été dernier | lelitteraire.com » (consulté le ).
  47. (en-US) Andre Soares, « Joseph L. Mankiewicz: 'Suddenly Last Summer' Screening Honors Four-Time Oscar Winner » (consulté le ).
  48. (en) Condé Nast, « When Liz Met Dick: The Making of Cleopatra », sur Vanity Fair (consulté le ).
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  50. « Prison walls do not a movie make - Cleveland Memory Project, CSU Library », sur www.clevelandmemory.org (consulté le ).
  51. Justin, « Chroniques du Cinéphile Stakhanoviste: Le Limier - Sleuth, Joseph L. Mankiewicz (1972) », sur Chroniques du Cinéphile Stakhanoviste, (consulté le ).
  52. Stephanie FUZEAU, « Le limier (Arte) : pourquoi le thriller de Mankiewicz est-il culte ? », sur www.programme-tv.net, (consulté le ).
  53. « ALL ABOUT EVE », sur Festival de Cannes (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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Liens externes

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