José Manuel Garcia (historien)
José Manuel Garcia, né à Santarém au Portugal en 1956, est un historien portugais[2]. Universitaire et auteur, son domaine d’expertise porte sur l’expansion maritime du Portugal du XVe au XVIIe siècle, et notamment la circumnavigation de Fernand de Magellan et de Juan Sebastián Elcano[3],[4].
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Formation universitaire
modifierAprès avoir obtenu, en 1978, une licence d'histoire de la Faculté de lettres de l'Université de Lisbonne, il devient, en 2006, docteur en histoire de l'Université de Porto avec une thèse sur l'historiographie des découvertes et de l'expansion portugaise entre le XVe et le XVIIe siècle[5].
Activités professionnelles et scientifiques
modifierDe 1988 à 1997, il est successivement conseiller scientifique, membre puis collaborateur de la Commission nationale pour la commémoration des découvertes portugaises. Entre 1997 et 1999, il est l'un des organisateurs scientifiques du colloque international et de l'exposition Vasco da Gama et Inde qui se tient à la Chapelle de la Sorbonne (Paris) en mai 1998, et qui donnera lieu à la publication d’un ouvrage[6]. En avril 2001, il est le conseiller scientifique du Centre national de la culture lors du voyage effectué par cette institution en Indonésie et au Timor. Entre 2004 et 2006, il est chercheur responsable du Centre Damião de Góis de l’Institut des archives nationales portugaises de Torre do Tombo, ainsi que du programme Diogo do Couto. Depuis 2006, il est chercheur au bureau d'études de la mairie de Lisbonne[5].
Dans le cadre de ses activités scientifiques, il participe à de nombreuses conférences et congrès en Afrique (Cap-Vert et Mauritanie), en Amérique (Brésil, Chili et États-Unis), en Asie (Inde, Indonésie, Iran, Macao et Philippines) et en Europe (Espagne, France et Portugal)[3]. Il prend également part, entre 1983 et 2009, à l’organisation de nombreuses expositions, publications de catalogues[2],[5], ou encore à la réalisation de documentaires audiovisuels[7],[8].
En 2022, il participe au documentaire en quatre volets de François de Riberolles diffusé sur Arte et Arte.tv : L'incroyable périple de Magellan[9].
Travaux et découvertes : le voyage de Magellan-Elcano
modifierJosé Manuel Garcia est, à l’heure actuelle, un des plus grands spécialistes de la circumnavigation non-projetée[15],[16],[17] de Fernand de Magellan et de Juan Sebastián Elcano[18],[19],[3], avec de nombreuses publications connexes sur lesquelles s’appuient d’autres historiens[20] [21] [22] [23] [24], et qu’on peut retrouver rassemblées dans son dernier ouvrage de 2019 (Fernão de Magalhães: Herói, Traidor ou Mito: a História do Primeiro Homem a Abraçar o Mundo), fruit de douze années de travaux sur la question[25].
Fondées sur une exploitation continue des archives afférentes à Fernand de Magellan et son expédition[26], les recherches de José Manuel Garcia contredisent un certain nombre d’idées reçues au sujet du voyage de Magellan-Elcano.
Ainsi, selon cet historien, des éléments d’archives récemment révélés semblent désormais confirmer que Fernand de Magellan ne serait pas né à Sabrosa, mais bien à Porto[27], comme le soupçonnaient déjà les travaux antérieurs de Gil Fernández (2009)[28] [29] et l’évoquaient ceux de Castro et al. (2010)[30].
D’autre part, son interprétation graphique des mesures indiquées par Magellan dans le mémoire géographique (Lembrança geográfica) que le navigateur portugais fit remettre à Charles Quint en septembre 1519[31], document cité in extenso par cet historien[32], conteste l’idée reçue selon laquelle Magellan ignorait tout de l’immensité de l’océan Pacifique[33], aboutissant ainsi aux mêmes conclusions que les travaux de Xavier de Castro (nom de plume de Michel Chandeigne[34]), Jocelyn Hamon et Luís Filipe Thomaz sur la question[35] [36] [37].
Cette interprétation des différents calculs présentés par Magellan dans ce mémoire géographique laissent effectivement présager un très vaste océan entre le sud du continent américain et l’objectif premier de cette expédition maritime : l’archipel des Moluques (en Indonésie actuelle), ces légendaires « îles aux épices », alors productrices exclusives du clou de girofle[38] [39] [40] [41] [42].
Magellan place ainsi les Moluques à environ 4e à l’est du domaine espagnol délimité par la démarcation extrême-orientale – hypothétique – du méridien né du traité de Tordesillas (1494), alors que cet archipel se situe, en réalité, à 5e à l’ouest (et donc dans le domaine portugais) : une erreur d’autant plus faible qu’il était alors impossible de mesurer avec exactitude les longitudes, et que l’emplacement de l’archipel moluquois ne put être mesuré précisément que deux ou trois siècles plus tard[43].
Autre argument venant étayer cette interprétation, les conceptions géographiques évoquées dans le Lembrança geográfica de Magellan se retrouvent sur une carte maritime anonyme de 1519, document attribué au cartographe portugais Jorge Reinel qui, avec son père Pedro Reinel également cartographe, avait rejoint Magellan à Séville[44] [45]. Dès lors, il ne peut être exclu que cette carte était identique aux deux planisphères saisis par les Portugais sur la Trinidad (nef amirale de la flotte) le 28 octobre 1522[46] [47], ou encore semblable au globe peint que, selon le chroniqueur espagnol Bartolomé de Las Casas, Magellan et le cosmographe Rui Faleiro auraient présenté au jeune Charles 1er des Espagnes (futur Charles Quint; empereur du Saint-Empire romain germanique), fin février ou début mars 1518 à Valladolid[48] [49] [50], entrevue royale couronnée de succès puisque le souverain espagnol décida d’avaliser le projet d’expédition vers les Moluques[51].
Témoin de l’avance cartographique dont jouissaient alors les marins portugais, cette carte attribuée à Jorge Reinel, probablement dessinée à l’été 1519 sous les ordres de Magellan, se singularise donc par un vaste océan qui sépare la pointe du continent américain du petit archipel des Moluques qu’on distingue à peine à l’extrême gauche du document[10] [11] [52] [12], contrairement au célèbre globe de 1520 de l’Allemand Johann Schöner, dans lequel la « Mer du Sud » (futur océan Pacifique) est presque inexistante et l’Amérique apparaît comme le prolongement de l’Asie[53].
Bibliographie sélective
modifier- (pt) José Manuel Garcia, Fernão de Magalhães : Herói, Traidor ou Mito : a História do Primeiro Homem a Abraçar o Mundo, Queluz de Baixo, Manuscrito, , 328 p. (ISBN 978-989-8975-25-6).
- (pt) José Manuel Garcia, Fernão de Magalhães : nos quinhentos anos do início da grande viagem, Lisbonne, Imprensa Nacional-Casa da Moeda, [8].
- (pt) José Manuel Garcia, O Terrível : a grande biografia de Afonso de Albuquerque, Lisbonne, A Esfera dos livros, .
- José Manuel Garcia, « Lisboa: a cidade dos Descobrimentos », Rossio: estudos de Lisboa, no décembre, , p. 21-43 (lire en ligne, consulté le )[54].
- (pt) José Manuel Garcia, A magnífica Torre de Belém, Lisbonne, Verso da História, .
- José Manuel Garcia, « A representação dos conventos de Lisboa cerca de 1567 na primeira planta da cidade l », Revista de História da Arte, no 11, , p. 35-49.
- (pt) José Manuel Garcia, O mundo dos Descobrimentos Portugueses, 8 volumes, Vila do Conde, Quidnovi, (ISBN 978-989-554-915-3).
- (pt) José Manuel Garcia, D. João II vs. Colombo : duas estratégias divergentes na busca das Índias, Matosinhos, Quidnovi, .
- (pt) José Manuel Garcia, Dicionário essencial de história de Portugal, Barcarena, Presença, .
- (pt) José Manuel Garcia, Cidades e fortalezas do Estado da Índia : séculos XVI e XVII, Vila do Conde, Quidnovi, , 224 p. (ISBN 978-989-628-167-0).
- (pt) José Manuel Garcia, Os forais novos do reinado de D. Manuel : colecção do Banco de Portugal, Lisbonne, Banco de Portugal, , 275 p. (ISBN 978-989-8061-65-2).
- (pt) José Manuel Garcia, Lisboa do século XVII “a mais deliciosa terra do Mundo” : imagens e textos nos quatrocentos anos do nascimento do padre António Viera, Lisbonne, Gabinete de Estudos Olisiponenses, Câmsra Municipal de Lisboa, , 120 p. (ISBN 978-972-9231-02-5).
- (pt) José Manuel Garcia, O livro de Francisco Rodrigues : o primeiro atlas do mundo moderno, Porto, Editora da Universidade do Porto, , 135 p. (ISBN 978-972-8025-78-6).
- (pt) José Manuel Garcia, A viagem de Fernão de Magalhães e os portugueses, Lisbonne, Editorial Presença, , 326 p. (ISBN 978-972-23-3751-9).
- José Manuel Garcia, « As iluminuras de 1502 do “livro carmesim” e a iconologia manuelina », Cadernos do Arquivo Municipal, vol. 8, no 8, , p. 38-55.
- (pt) José Manuel Garcia, Pedro Álvares Cabral e a primeira viagem aos quatro cantos do mundo, Lisbonne, Círculo de Leitores, (ISBN 972-42-2479-1).
- (pt) José Manuel Garcia, A viagem de Vasco da Gama à Índia, 1497-1499, Lisbonne, Academia de Marinha, (ISBN 972-781-010-1).
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- (en) José Manuel Garcia, Symposium III : Quincentenary of the era of Portuguese Discoveries : A series of lectures and discussions re-examining Portugal's contributions to the age of exploration, San Diego, California, Portuguese Historical Center, .
- (en) José Manuel Garcia, Portugal and the division of the world : from Prince Henry to King John II, Lisbonne, Portuguese State Mint, .
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Conférences en ligne
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- (es) José Manuel Garcia (2018), « Congreso Internacional de Historia Primus Circumdedisti Me. Claves de la primera globalización : Fernando de Magallanes y Portugal », (consulté le ).
Bibliographie
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- Xavier de Castro, Le Voyage de Magellan : la relation d’Antonio Pigafetta du premier voyage autour du monde, Paris, Chandeigne, coll. « Magellane poche », , 349 p. (ISBN 978-2-36732-125-7).
- Xavier de Castro et Jean-Paul Duviols, Idées reçues sur les Grandes Découvertes : XVe – XVIe siècles (2e édition), Paris, Chandeigne, coll. « Magellane poche », , 253 p. (ISBN 978-2-36732-188-2).
- (es) Juan Gil Fernández, El exilio portugués en Sevilla — de los Braganza a Magallanes, Séville, Fundación Cajasol, , 496 p. (ISBN 978-84-8455-303-8).
- (es) Enriqueta Vila Vilar (dir.) et Juan Gil Fernández, Magallanes en Sevilla, Séville, Editorial Universidad de Sevilla-Secretariado de Publicaciones, , 183 p. (ISBN 978-84-472-2859-1), « Magallanes y Sevilla », p. 37-64[56].
- Catherine Hofmann, Hélène Richard et Emmanuelle Vagnon, L'âge d'or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde, Paris, Seuil, , 256 p. (ISBN 978-2-02-108443-6).
- Sonia E. Howe, Sur la route des épices, Rennes, Terre de Brume, , 281 p. (ISBN 978-2-908021-15-8).
- Bartolomé de Las Casas, Histoires des Indes (trois volumes), Paris, Seuil, , 372 p. (ISBN 978-2-02-052537-4, lire en ligne).
- (pt) Avelino Texeira da Mota (dir.) et Luís Filipe Thomaz, A viagem de Fernão de Magalhães e a questão das Molucas, Actas do II colóquio luso-espanhol de História ultramarina, Lisbonne, Jicu-Ceca, , « Maluco e Malaca », p. 27-48.
Notes et références
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- « José Manuel Garcia », (consulté le ).
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- (pt) « Agenda INCM 2019, 500 anos do início da grande viagem de Fernão Magalhães », (consulté le ).
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- Castro et al. 2010, p. 69, 276-277, et 333-334.
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- Couto 2013, p. 119, 128-129.
- Couto 2019, p. 81, 84, 100, 101, 104, 105, 107, 108, 109, 110, 111.
- AFP, « Querelle historique hispano-portugaise autour de Magellan », (consulté le ).
- AFP, « Les Portugais s’amusent de voir des Espagnols revendiquer l’exploit de Magellan », (consulté le ).
- Javier Martin del Barrio, « Les explorateurs. 1519-1522, le drôle de tour de Fernand de Magellan », (consulté le ).
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- Hofmann et al. 2012, p. 25.
- Globe terrestre de Schöner.
- (pt) « Fernão de Magalhães: nos quinhentos anos do início da grande viagem », (consulté le ).
- « The first Portuguese maps and sketches of Southeast Asia and the Philippines, 1512-1571 », (consulté le ).
- (pt) « Magallanes y Sevilla », (consulté le ).
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Université de Lisbonne (en) « Instituto de História da Arte », (consulté le ).
- Université nouvelle de Lisbonne (pt) « Colóquio Internacional o Retrato de Fernão de Magalhães, Entrevista com José Manuel Garcia », (consulté le ).