Lakshmî Bâî
Lakshmî Bai (en marathi : झाशीची राणी लक्ष्मीबाई), née Manikarnika Tambe le à Varanasi et morte le à Gwâlior, maharani de la principauté de Jhansi en Inde du nord, est une héroïne de la révolte des Cipayes, considérée comme la première guerre d'indépendance par les nationalistes d'Inde. Elle est devenue un symbole de la résistance à la colonisation britannique.
लक्ष्मी बाई, लक्ष्मी बाई
Titres
–
Régente de Jhansi
–
Nom de naissance | Manikarnika Tambe |
---|---|
Naissance |
Varanasi (État de Bénarès, Inde) |
Décès |
(à 29 ans) Kotah-ki-Serai, Gwalior (État de Gwalior, Inde britannique) |
Conjoint | Gangâdhar Râo |
Biographie
modifierNée vers 1827 dans l’actuelle Varanasi, dans le nord-est de l’Inde, Lakshmi Bai, ou Manikarnika de son nom de naissance, était la fille d’un
. Les brahames n’appartenaient pas à l’aristocratie, mais plutôt à une caste supérieure de prêtres et d’intellectuels. À l’âge de quatre ans, elle partit pour la cour avec son père, après la mort de sa mère. Le peshwa s’éleva comme sa propre fille. Manikarnika reçut une éducation différente de la plupart des filles et pratiqua les arts martiaux, l’escrime et l’équitation avec les garçons.
Jeunesse et mariage
modifierElle naît le [4] à Varanasi dans une riche famille de haute caste sous le nom de Manukarnika, un des noms du Gange. Son père est un brahmane conseiller du peshwa de l’Empire marathe, Baji Rao II[5].
Elle reçoit une excellente éducation et apprend à monter à cheval et à manier les armes tout en jouant avec ses frères. Elle prend le nom de Lakshmi Bai lors de son mariage avec Gangadhar Rao, le maharaja de Jhansi[6].
Gangadhar Rao était dans sa quarantaine à l'époque de leur mariage, en . Il avait été marié en premières noces mais sa première épouse était morte sans donner naissance à un héritier. En 1851, la nouvelle ranî accouche d'un fils qui ne survit que trois mois. Conformément à la tradition indienne, en 1853, Gangadhar adopte un enfant, Damodar Rao, pour lui succéder sur le trône[6]. Gangadhar Rao la nomme également régente du royaume jusqu’à ce que le garçon soit en âge de régner[5].
Succession et régence
modifierAu décès de son père adoptif en 1853, Damodar Rao étant mineur, c'est Lakshmî Bâî qui assure la régence.
Le gouverneur général Dalhousie décide alors que, suivant la doctrine de préemption qu'il a lui-même définie, puisque Gangadhar Rao n'a laissé aucun héritier, l'État de Jhânsi est annexé par la Compagnie anglaise des Indes orientales, rejetant les prétentions de Damodar Rao comme héritier de droit. La rani envoie une pétition à Dalhousie, puis en appelle à Londres, mais sans succès. En , elle se voit attribuer une pension annuelle de 60 000 roupies et doit quitter le palais de Jhansi[7].
Héroïne de la révolte des cipayes
modifierRefusant de renoncer à son royaume, Lakshmî Bâî rassemble en pleine révolte des cipayes une armée de volontaires forte de 14 000 femmes et fait améliorer les défenses de la ville qui est attaquée par les Britanniques le . La bataille de Jhansi est féroce, hommes et femmes participent à repousser les assiégeants et la rani elle-même mène ses troupes pour la défense de la ville qui finit par tomber, après deux semaines de siège.
Un prêtre hindou, Vishnubhat Godse[8], témoin de la victoire britannique, relate qu'elle fut suivie de quatre jours d'incendies, de pillages et de meurtres, et que l'air empestait l'odeur forte de la chair brûlée. Les historiens britanniques, de leur côté, affirment que seuls quatre à cinq mille combattants ont été exécutés tandis que les civils étaient épargnés[9].
La rani réussit cependant à s'échapper à dos de cheval à la faveur de l'obscurité et parcourt en vingt-quatre heures les cent cinquante kilomètres qui la séparent de la forteresse de Kalpi où elle est rejointe par plusieurs princes rebelles. Là, elle les persuade de reprendre l'offensive et de s'emparer de la forteresse de Gwâlior. La réussite de cette opération resserre les rangs des rebelles. Cependant, les forces britanniques (les Irish Hussars) ne tardent pas à reprendre la forteresse et Lakshmî Bâî meurt le deuxième jour des combats, le [10].
Lord Canning, Gouverneur général de l’Inde indiqua dans une note que Lakshmî Bâî qui « montait et s’habillait comme un homme (avec un turban) » qu'un cavalier du huitième régiment des hussards la tua avec son épée voulant riposter à une balle qui l'avait touché dans le dos . Le Général Rose déclara après sa mort que « la mutinerie indienne avait engendré un homme, et que cet homme était une femme »[5].
Hommages
modifier- Plusieurs statues équestres monumentales à son effigie sont visibles notamment à Agra, Ahmedabad, Gwâlior et Jhansi.
- Son nom a été donné en 1943 par Subhash Chandra Bose au premier régiment constitué de femmes, le Rani of Jhansi Regiment de l'Armée nationale indienne[11] qui doit combattre pour l'indépendance de l'Inde. Lakshmi Sahgal en sera colonel
- Plusieurs timbres postaux à son effigie sont émis en Inde en 1957 et elle figure sur le timbre de la première guerre d'indépendance en 1988[12].
Dans la culture populaire
modifierFilms
modifier- 1953 : Jhansi Ki Rani de Sohrab Modi.
- 2005 : Mangal Pandey: The Rising de Ketan Mehta.
- 2019 : The Warrior Queen of Jhansi de Swati Bhise.
- 2019 : Manikarnika: The Queen of Jhansi de Krish Jagarlamudi et Kangana Ranaut.
- 2019 : Sye Raa Narasimha Reddy de Surender Reddy.
Littérature
modifier- Michel de Grèce, La Femme sacrée, Pocket, (ISBN 978-2-266-02361-0). — Biographie romancée mais très documentée de Lakshmî Bâî
- Catherine Clément, La Reine des cipayes : roman, Paris, Seuil, , 381 p. (ISBN 978-2-02-102651-1).
- Une douzaine de romans anglophones.
Jeux vidéos
modifier- Dans le jeu The Order: 1886 sorti en 2015, le joueur croise une version fictive de Lakshmî Bai, chef rebelle luttant contre la United India Company.
- Fate/Grand Order (2015)
Notes et références
modifier- (en) Bharati Ray, « Lakshmi Bai [Lakshmibai], rani of Jhansi », sur oxforddnb.com, Oxford Dictionary of National Biography (DOI 10.1093/ref:odnb/94944, consulté le ).
- (en) « Jhansi Ki Rani Lakshmibai Biography », sur liveindia.com (consulté le ).
- (en) Allen Copsey, « Lakshmibai, Rani of Jhansi - Q and A », sur copsey-family.org (consulté le ).
- Les sources s'accordent sur le jour et le mois de naissance, mais pas sur l'année qui, selon les sources, varie entre 1827, 1828[1], 1830 et 1835[2]. Cependant, l'année 1828, ou 1827, semble la plus probable[3]
- @NatGeoFrance, « Lakshmi Bai, la reine indienne qui a résisté aux Britanniques », sur National Geographic, (consulté le )
- (en) Mary Ellen Snodgrass, Women warriors in history: 1,622 biographies worldwide from the Bronze age to the present, McFarland & Company, Inc., Publishers, (ISBN 978-1-4766-5032-6 et 978-1-4766-9305-7, lire en ligne), p. 87-91
- Michael Edwardes, Red Year, LonDRES, Sphere Books, , p. 113–114
- Vishnubhat Godse était un natif de Varsai, un village près de Pen, Présidence de Bombay.
- Tournament of Shadows, p. 144
- Tournament of Shadows, p. 138
- La photographie d'une formation du régiment féminin Rani of Jhansi en entraînement est consultable ici « Photographie du régiment Rani of Jhansi », Azad Hind. Revue mensuelle pour l'indépendance de l'Inde, .
- (en) « 1857 - The Story on Stamps », sur indiapicks.com (consulté le ).
Références bibliographiques
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Karl E. Meyer et Shareen Blair Brysac, Tournament of Shadows : The Great Game and the Race for Empire in Central Asia, Washington DC, Basic Books, (1re éd. 1999), 704 p. (ISBN 978-0-465-04576-1), p. 138
« The Rani of Jhansi… known to history as Lakshmi Bai, she was possibly only twelve in 1842 when she married the […] Rajah of Jhansi… »
Annexes
modifierBibliographie
modifier- (en) Shyam Narain Sinha, Rani Lakshmi Bai of Jhansi, Chugh, .
- (en) Shyam Narain Sinha, The Revolt of 1857 in Bundelkhand, Publications Anuj, .
- (en) Mahasweta Devi, The Queen of Jhansi, Seagull Books Pvt.Ltd, (ISBN 978-81-7046-175-3).
- (en) Rainer Jerosch, The Rani of Jhansi, Rebel Against Will, Aakar Books, , 289 p. (ISBN 978-81-89833-14-5, lire en ligne).
- Michel Naumann et Fabien Chartier, La guerre d'indépendance de l'Inde : 1857-1858, Paris, L'Harmattan, , 190 p. (ISBN 978-2-296-05806-4, lire en ligne).
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- « Lakshmi Bai », sur couleur-indienne.net (consulté le ).