Jeanne Mbella Ngom
Jeanne Mbella Ngom est une écrivaine camerounaise, enseignante de formation et directrice d'école. Ses romans font l'objet d'études sociétales, littéraires et linguistiques.
Biographie
modifierAprès une carrière dans l'enseignement comme professeure de français des enseignements secondaires et proviseure d'établissement, notamment au lycée d'Elig-Essono, Jeanne Mbella Ngom prend sa retraite au début des années 2000 et se consacre à l'écriture[1],[2].
Carrière littéraire et réception
modifierPour Gérard Keubeung, professeur de langue au McDaniel College, Jeanne Mbella Ngom fait partie de la seconde génération d'autrices camerounaises qui bénéficient de la création de maisons d'éditions locales, telles que les Éditions Proximité ou Ifrikiya apparues après 1980 dans ce pays[3],[4],[5]. Elle s'inscrit dans le cadre de la littérature féminine qui questionne les droits de l'homme et du citoyens et, dans le cas de Seule contre tous, la faillite de l’état postcolonial camerounais dans la protection des plus vulnérables[6].
Ainsi, son premier roman écrit, en 2014 revendique l'égalité homme-femme mettant en scène, une jeune femme qui refuse d’épouser l’homme que ses parents lui ont choisi pour mari[7],[8]. Ce roman a fait l'objet d'une étude linguistique en 2023, sur les difficultés de traduction que pose ce roman, du fait de l'utilisation du camfranglais et du registre familier par l'autrice est aussi perçu par une partie de la critique comme une description authentique de l'ancien Yaoundé[1],[9].
Son deuxième roman, publié en 2016[10], qui traite de la condition des veuves au Cameroun, a été inspiré par des évènements dont elle a été témoin durant sa carrière d'enseignante[6]. Dans ce livre, c'est le destin de toute une famille qui est bouleversé après le décès du père à l'hôpital. Si la veuve, femme au foyer, subit à la fois les menaces et humiliations de sa belle-famille[11] et les lenteurs et tracasseries d'une administration défaillante où règne la corruption[12]. Ses enfants ne peuvent pas poursuivre leur scolarité : le fils aîné bachelier renonce à ses études et doit travailler pour subvenir aux besoin de sa fratrie et sa sœur cadette tombe enceinte, ce qui met un terme à sa scolarisation[11]. Ce récit met en exergue l'absence de solidarité familiale chez les plus démunis et dénonce le mauvais fonctionnement des structures hospitalières du pays[13]. Enfin les cérémonies traditionnelles entourant le veuvage sont apparentées à des tortures psychologiques ou physiques qui « se font sous le regard complice des autorités et gouvernements postcoloniaux »[14]. À travers son roman, Melba Ngom met également en avant le travail des organisations non gouvernementales du Cameroun qui assument les responsabilités sociales négligées par le gouvernement[15].
Publications
modifier- Les coqs ne chanteront plus, Yaoundé, Editions Ifrikiya, , 107 p. (présentation en ligne)
- Seule contre tous: roman, Proximité, , 156 p. (ISBN 978-2-258-04072-4, lire en ligne)
Notes et références
modifier- « CAMEROUN – LE LIVRE “LES COQS NE CHANTERONT PLUS” DE JEANNE MBELLA NGOM – Black Square » (consulté le )
- ↑ Darren Lambo Ebelle, « Actualités CAMEROUN :: Littérature : « Seule contre tous », roman de Jeanne Mbella Ngom, est dans les librairies :: CAMEROON News », sur camer.be, (consulté le )
- ↑ Maison d'édition de Yaoundé qui publie entre autres des romans de Badiadji Horretowdo et Djaïli Amadou Amal.
- ↑ Maison d'édition qui publie les essais du philosophe Ebénézer Njoh-Mouellé
- ↑ Keubeung 2020, p. 103.
- Keubeung 2020, p. 104.
- ↑ Kebeung 2020, p. 104.
- ↑ ~ Mamediathek, « Les coqs ne chanteront plus », sur MaMédiathek, (consulté le )
- ↑ Tanyitiku et Nyamboli 2023, p. 24.
- ↑ « Cameroun, « Seule contre tous » (Roman): L´écrivaine Jeanne Mbella Ngom va en guerre contre les traditions qui assujettissent la femme ! », sur Actu Cameroun,
- Keubeung 2020, p. 105.
- ↑ Keubeung 2020, p. 107-108.
- ↑ Keubeung 2020, p. 106.
- ↑ Keubeung 2020, p. 110-112.
- ↑ Toman 2020, p. 18.
Bibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Gérard Keubeung, « Mise en scène du banal et critique sociale chez Jeanne Mbella Ngom », Women in French Studies, vol. 2020, no 1, , p. 103–115 (ISSN 2166-5486, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Cheryl Toman, « Looking Back at 65 Years of Central African Women's Writing in French », Women in French Studies, vol. 2020, no 1, , p. 13–23 (ISSN 2166-5486, DOI 10.1353/wfs.2020.0029, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Enaka Agbor Bayee Tanyitiku et Rose-Emmanuella Nyamboli, « Pathways to the translability of hybridity in Literary texts: Illustration from Jeanne Mbella Ngom's Les coqs ne chanteront plus. », African Journal of Social Sciences, vol. 14, no 5, , p. 23-38 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
- Brice Kouakou Tchuigwa, « Peinture De L’expression Et Du Corps Dans La Littérature Camerounaise Contemporaine : Une Analyse Des Observables Verbaux Et Non-verbaux Dans La Prose Romanesque De Jeanne Mbella Ngom, Valentin Ateba Et Daniel Yegue. », Paradigme, vol. 1, no 1, 1er semestre 2023, p. 191-206 (ISSN 2602-7933, lire en ligne [PDF])
Voir aussi
modifierLiens externes
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