Jean Poldo d'Albenas
Jean Poldo d'Albenas est un humaniste et avocat français, né vers 1512 à Nîmes, et mort vers 1563 probablement dans la même ville[1].
Juge |
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Naissance |
Vers 1512 ? Nîmes |
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Décès |
Vers 1563 ? Nîmes |
Nationalité |
française |
Activités | |
Famille |
Son père, Jacques Poldo d'Albenas, fut premier consul à Nîmes en 1524. Il s'était attaché à préserver les antiquités de la ville, en particulier en rassemblant des vestiges vers une des portes de la ville. Les monuments antiques sont alors un des enjeux de la modernisation de l'espace urbain et font l'objet d'usages politiques, pouvant par exemple être l'expression de la défense du royaume[2]. Jean Poldo d'Albenas fit des études de droit à Toulouse[3]. On considère généralement qu'à partir de 1552, Jean Poldo d'Albenas fut conseiller au Prédisial de Nîmes[4]. Toutefois, certaines des informations biographiques attribuées par Léon Ménard[5] à Jean Poldo d'Albenas, auteur du Discours historial..., ont pu être tenues comme incertaines car Jacques d'Albenas avait eu deux fils homonymes, Jean l'aîné et Jean le jeune. Jean le jeune resta célibataire tout en ayant une fille et mourut avant 1559[6]. Jean l'âiné, fut conseiller au présidial dès 1545 et mourut entre 1570 et 1575[7]. Selon Léon Ménard[8] Jean Poldo d'Albenas aurait été désigné en 1539 pour prendre la tête d'une députation envoyée auprès de François Ier pour demander la création d'une université à Nîmes, mais il aurait refusé par modestie.
Le Discours historial
modifierPassionné par les antiquités de sa ville, et suivant en cela les actions de son père[9], Jean Poldo d'Albenas publia en 1559 le Discours historial de l'antique et illustre cité de Nîmes, en la Gaule narbonoise, avec les portraits des plus antiques et insines batiments dudit lieu, réduitz à leur vraye mesure et proportion, ensemble de l'antique et moderne ville. Publié à Lyon par Guillaume Rouillé, le livre fut réimprimé l'année suivante.
L'ouvrage compte de nombreuses illustrations (dont quatorze planches pleines pages) particulièrement précises, en particulier dans le domaine architectural. De ce point de vue, l'ouvrage resta longtemps inégalé[10]. Même si son érudition fut parfois jugée confuse ou désordonnée[11] sa postérité fut considérable et l'ouvrage fut un modèle. La large diffusion du livre en Europe, assuré notamment par son impression à Lyon en fit une source importante pour l'étude de l'architecture antique. Les dessins de Jean Poldo d'Albenas furent en particulier réutilisés par Andrea Palladio[12]. Dans son ouvrage Jean Poldo d'Albenas décrit les principaux monuments romains de Nîmes : la Maison carrée, le Temple de Diane, la Tour Magne, les Arènes ainsi que le Pont du Gard. Ces études reposaient sur une connaissance directe du terrain avec un souci de mesures précises qui l'a amené à mesurer l'enceinte de la ville[4], même s'il en exagéra la longueur[13]. Sous la plume de Poldo d'Albenas, Nîmes devient une seconde Rome qui permet d'exalter la figure du roi de France, mais aussi de s'affirmer face à la voisine Montpellier[14]. Poldo d'Albenas fut le premier à reconnaître que le reptile figurant sur les monnaies romaines de Nîmes, et repris, grâce à Antoine Arlier dans les armoiries de la ville était un crocodile.
Traductions et engagement religieux de Poldo d'Albenas
modifierJean Poldo d'Albenas publia aussi plusieurs traductions d'ouvrages concernant la philosophie et la religion : les dialogues d'Antonio Brucioli[15],[9],[16],[17], les Pronostics de Julien de Tolède[18] et un ouvrage sur l'histoire des Taborites par Pie II. Selon Léon Ménard[19], Poldo d'Albenas aurait été un fervent calviniste, les recherches récentes considèrent que même s'il semble s'être fortement intéressé à la Réforme, Jean Poldo d'Albenas resta finalement catholique[20].
Annexes
modifierNotes et références
modifier- Les dates de Jean Poldo d'Albenas sont incertaines : De Gennes 1992, p. 15
- Caillat 2013
- Ménard 1753, p. 385
- Lemerle 2002, p. 163
- Ménard, 1753, t. IV, livre XV, p. 199, 335, 384-386
- De Gennes 1992
- De Gennes 1992, p. 15-16
- Ménard, 1753, t. IV, livre XV, p. 385
- Michel 1998, p. 45
- Lemerle 2002, p. 171
- Michel 1998, p. 43
- Lemerle 2002, p. 170
- Sauzet 1998, note 15
- Sauzet 1998
- L'ouvrage ne porte pas de nom de traducteur mais la traduction est attribuée à Poldo d'Albenas
- Balsamo 2014, note 8
- Giacomotto-Charra 2020
- Cette traduction est signalée par Ménard 1753, p. 385, mais ne semble pas identifiable par ailleurs
- Ménard, 1753, t. IV, livre XV, p. 386
- Tulchin 2006, p. 31
Bibliographie
modifierOuvrages de Jean Poldo d'Albenas
modifier- (Jean Poldo d'Albenas, traducteur), Dialogues sur certains points de la philosophie naturele, et choses météorologiques, Pris des dialogues d'Antoine Brucioli italien et mis en langue Françoyse, Lyon, Guillaume Rouillé, 1556.
- Jean Poldo d'Albenas, Discours historial de l'antique et illustre cité de Nîmes, en la Gaule narbonoise, avec les portraits des plus antiques et insines batiments dudit lieu, réduitz à leur vraye mesure et proportion, ensemble de l'antique et moderne ville, Lyon, Guillaume Rouillé, 1559 (1560). Lire en ligne sur Gallica
- Jean Poldo d'Albenas (traducteur), Histoire d'Aeneas Sylvius Picolhomin, depuis pape Pie II, des moeurs et dépravée religion des Taborites en Bohème, tirée de ses epistres et mise de latin en françois par Jehan Poldo d'Albenas, Paris, Vincent Sertenas, 1562.
- Saint Julien, Prognosticorum, sive de oriigine mortis humanae, de futuro saeculo et de futurae vitae cointemplatione, libri III, Traduction attribuée à Jean Poldo d'Albenas par Léon Ménard, s.l., s.d.
Références
modifier- [Balsamo 2014] Jean Balsamo, « Traduction de l’italien et transmission des savoirs : le débat des années 1575 », dans Violaine Giacomotto-Charra et Christine Silvi, Lire, choisir, écrire : La vulgarisation des savoirs du Moyen Âge à la Renaissance, Paris, Publication de l'école nationale des Chartes édition, (lire en ligne), p. 97-107.
- [Caillat 2013] Gérard Caillat, « La place des monuments antiques dans l’espace public à l’époque moderne : l’exemple de Nîmes », dans Véronique Krings et François Pugnière, Nîmes et ses Antiquités: un passé présent XVIe – XIXe siècle, Bordeaux, Ausonius édition, , p. 35-52.
- Comte de Gennes, « Un illustre Nîmois : Jean Poldo d'Albenas », Lien des chercheurs cévenols, vol. 89, , p. 15-16 Lire en ligne.
- [Giacomotto-Charra 2020] Violaine Giacomotto-Charra, « Emprunts, traductions, imitations : quelques exemples de la circulation des savoirs scientifiques entre l’Italie et la France à la Renaissance », dans Carine Roudière-Sébastien, Quand Minerve passe les monts. Modalités littéraires de la circulation des savoirs (Italie-France, Renaissance-XVIIe siècle), Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, (lire en ligne), p. 71-86.
- Frédérique Lemerle, « Jean Poldo d'Albenas (1512- 1563), un antiquaire « studieux d'architecture » », Bulletin Monumental, vol. 160, no 2, , p. 163-172 Lire en ligne sur Persée.
- Léon Ménard, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nismes, avec des notes et les preuves, suivie de dissertations historiques et critiques sur ses antiquités et de diverses observations sur son histoire naturelle, vol. IV, Paris, 1753.
- Henri Michel, « Nîmes et son histoire à l'époque moderne », Annales du Midi, vol. 110, no 221, , p. 41-56 Lire en ligne sur Persée.
- [Sauzet 1998] Robert Sauzet, « L’image de Nîmes antique dans l’historiographie et la mémoire collective locale aux xviie et xviiie siècles », dans Claude Petitfrère, Images et imaginaires dans la ville à l’époque moderne, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, (lire en ligne), p. 49-61.
- Robert Sauzet, L'image de Nîmes antique dans 'Le Discours historial' de Jean Poldo d'Albenas (1559), Paris, Champion, 2008.
- Allan A. Tulchin, « The Michelade in Nîmes, 1567 », French Historical Studies, vol. 29, no 1, , p. 1-36.
Voir aussi
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :