Jean-Baptiste Joseph Breton de la Martinière
Jean-Baptiste Joseph Breton, dit de la Martinière (, Paris - , Paris), grand acteur de la sténographie judiciaire en France, cofondateur et gérant de la Gazette des Tribunaux.
Naissance | |
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Décès |
(à 74 ans) |
Pseudonyme |
Madame de Saint-Maurice |
Nationalité | |
Activités | |
Père |
Alexis Breton écuyer |
Mère |
Marie Bernardeau |
Distinction |
Chevalier de la légion d'honneur (1849) |
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Biographie
modifierNé à Paris d'une famille originaire de Pont-à-Mousson[1], Jean-Baptiste Joseph Breton a appris la sténographie très jeune, avec Théodore-Pierre Bertin qui avait, dès 1792, publié à Paris une traduction de la méthode inventée par Taylor et publiée à Londres en 1786.
Breton est sans doute le premier praticien véritable de la sténographie en France en dépit des tentatives antérieures tant formelles que pratiques de Jean-Félicité Coulon de Thévenot. Jean-Baptiste Breton sténographie avec Igonel les cours de l’École normale de l'an III.
Il a rapidement fondé le groupe des sténographes de l'Assemblée Législative et en a sténographié les débats à partir de 1792. Il redevint sténographe parlementaire en 1815 et le resta jusqu'à sa mort. En étant l'un des fondateurs, en 1831, de la revue Le sténographe des Chambres, il fut à l'origine d’une organisation qui perdure toujours, puisque plusieurs dizaines de personnes sont encore en charge, au Sénat comme à la Chambre, de préparer les comptes rendus des séances[2], nécessaires pour un travail efficace des parlementaires et essentiels aussi pour la transparence démocratique des débats[3].
Par ailleurs, il a sténographié les grands procès (celui de Babeuf, par exemple) et les cours de savants célèbres, comme Lagrange, Berthollet et Broussais. Il est entré, en 1815, au Journal des Débats de Louis-François Bertin et il y est resté jusqu'à sa mort en 1852, travaillant également à la Gazette de France, au Journal général et au Journal de Paris. Il a été, en 1825, l'un des fondateurs de la Gazette des tribunaux, dont il a été gérant jusqu'à sa mort, le fils de Théodore-Pierre Bertin, qu'il avait lui-même élevé, le remplaçant alors. Il fut aussi un collaborateur permanent du Moniteur universel.
Grand acteur de la sténographie judiciaire en France, il est le cofondateur et gérant de la Gazette des Tribunaux[4].
Connaissant presque toutes les langues de l'Europe (il a traduit un ouvrage sur les mœurs et coutumes de Belsazar Hacquet ainsi que de nombreux autres ouvrages), il était aussi interprète-traducteur officiel en langues étrangères (anglais, allemand, espagnol, flamand, hollandais, italien) auprès des tribunaux.
D'après la notice biographique publiée par Olivier Loyer (Paris, 1904), c'était, apparemment, un homme qui avait « réussi », tout en ayant été un « témoin intelligent et désintéressé de plusieurs révolutions et de nombreux changements de pouvoir, qu'il a observés d'un œil bienveillant et en philosophe, en classant chaque fait dans sa mémoire qui était prodigieuse, et en poursuivant, impassible, sa carrière de travailleur ».
Bibliographie
modifier- Archives de Paris
- Olivier Loyer, Jean Baptiste Joseph BRETON, La chronique de la Sténographie, Paris, 1904.
- Albert Navarre, Histoire générale de la sténographie et de l'écriture à travers les âges, Institut sténographique de France, Paris, 1906.
- René Havette, La sténographie judiciaire, Paris, L. Vaudecrane, 1917.
- Hugo Coniez, Écrire la démocratie, éd. l'Harmattan, Paris, 2008.
- Delphine Gardey, Ecrire, calculer, classer. Comment une révolution de papier a transformé les sociétés contemporaines (1800-1940), Paris, La Découverte, 2008 et plus particulièrement, Chapitre 1: "Prendre en note : de l'éloquence à la démocratie", pp. 25-71.
- Delphine Gardey, « Scriptes de la démocratie : les sténographes et rédacteurs des débats (1848‑2005) », Sociologie du Travail/, vol. 52, no 2, avril‑, pp. 195‑211.
Notes et références
modifier- Ses aieux paternels sont Louis René Breton lieutenant général civil et criminel au bailliage royal de Pont-à Mousson (1785-1789), vice conservateur des droits et privilèges de l’université de ladite ville (1785), subdélégué de Mr l’intendant de Lorraine au département de ladite ville (1785) et de Barbe Christine Bracard (décédée en 1767). Sources :
- AD Aube, 3 H 281, Livre des vêtures et professions de l'abbaye de Clairvaux (1785-1789), vue 7/64, réception comme religieux novice de Nicolas François Claude Victor Breton né en 1765 à Pont-à Mousson (frère d'Alexis).
- AN, Y5153B, 9 mai 1787, procès-verbal de réformation des actes de baptême de Jean-Baptiste Joseph Breton et de son frère Louis Julien Breton (ils sont nés et ont été baptisés à Paris respectivement en 1777 et 1782, sous un faux patronyme, avant le mariage de leurs parents à l'église St-Roch le 16 août 1787)
- Gardey Delphine, « Scriptes de la démocratie: les sténographes et rédacteurs des débats (1848–2005) », Sociologie du Travail, vol. 52, no 2, , p. 195‑211. (doi: 10.1016/j.soctra.2010.03.001 [https://archive-ouverte.unige.ch/unige:76229%5D)
- (en) Gardey Delphine, « Turning Public Discourse into an Authentic Artefact : Shorthand Transcription in the French National Assembly », dans Latour Bruno et Weibel Peter, Making Things Public. Atmospheres of Democracy, Cambridge MA, MIT Press, , 836-843 p. (ISBN 0262122790)
- Gardey Delphine, Ecrire, calculer, compter. Comment une révolution de papier a transformé les sociétés contemporaines, Paris, La Découverte, (ISBN 9782707153678, lire en ligne)