Jean 13
Jean 13 est le treizième chapitre de l'Évangile selon Jean dans le Nouveau Testament de la Bible Chrétienne. La "dernière-moitié"[1], "second livre", ou "partie finale"[2] de l'Évangile selon Jean commence avec ce chapitre. Le commentateur biblique du XIXe siècle Alexander Maclaren l'appelle "le Saint des Saints du Nouveau Testament" et "partie la plus sacrée du Nouveau Testament", alors que commence le récit de Jean des évènements de la dernière nuit avant la crucifixion de Jésus-Christ, soulignant l'amour de Jésus pour Ses disciples, démontré dans le service en lavant leurs pieds, et Son commandement qu'ils s'aiment les uns les autres de la même manière[3]. L'auteur du livre contenant ce chapitre est anonyme, mais la tradition chrétienne primitive affirme que Jean a composé cet Évangile[4].
Jean 13 | |
Ouverture de Jean XIII avec une initiale sur 2 lignes, écrit avec des versets alternant rouge et bleu. Bibliotheca Swaniana, XIIIe siècle | |
Auteur | Évangile selon Jean |
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Texte
modifierLe texte original a été écrit en Grec Koinè. Ce chapitre est divisé en 38 versets. Certains premiers manuscrits contenant le texte de ce chapitre en grec sont[5] :
- Papyrus 75 (175-225 apr. J.-C.)
- Papyrus 66 (~200).
- Codex Vaticanus (325-350)
- Codex Sinaiticus (330-350)
- Codex Bezae (~400)
- Codex Alexandrinus (400-440)
- Codex Ephraemi Rescriptus (~450)
- Papyrus 92 (Ve siècle)
Un ancien manuscrit contenant ce chapitre dans le Copte est :
Lieux
modifierTous les évènements relatés dans ce chapitre et les chapitres suivants jusqu'à Jean 17 se sont produits à Jérusalem. L'endroit précis n'est pas spécifié, mais Jean 18:1 déclare qu'après, "Jésus est parti avec ses disciples et traversé le Cédron".
Références à l'Ancien Testament
modifierVersets 1 à 3 : l'heure venue
modifierAvant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. [8]
A partir de la syntaxe Grecque et du point de vue du thème, l'érudit évangélique D. A. Carson regarde le verset 1 comme une introduction à l'entier 'Discours d'adieu', alors que les versets 2 et 3 montre la première démonstration de l'étendue de l'amour du Christ.
La narration commence Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure (Grec : η ωρα) était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. L'heure venue, devancée plus tôt dans l'évangile (Jean 7:30), était désormais arrivée. Jésus avait publiquement annoncé dans Jean 12:23 que "L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié" était désormais arrivée, et Il avait décliné dans Jean 12:23 de demander à Son Père de "[Le] sauver de cette heure" (Grec : εκ της ωρας ταυτης).
Heinrich Meyer note, "Combien de temps avant la Pâque, notre passage ne déclare pas"[9], mais le Gnomon de Bengel[10] et les Notes de Wesley[11],qui reposait essentiellement sur Bengel, associent ce passage au Mercredi de la semaine menant à la Pâque.
L'amour de Jésus pour les siens s'est poursuivi "jusqu'au bout". Henry Alford prend ça pour dire "même jusqu'à la fin de sa vie dans la chair"[12], et William D. Mounce réfère à "la vraie fin". Cependant, l'écrivain Baptiste Bob Utley note que "il s'agit du mot Grec telos, qui signifie un but accompli. Cela réfère à l'œuvre de rédemption de Jésus pour l'humanité à la croix."
Pendant ou après le dîner, (Grec : δειπνου γενομενου, deipnou ginomenou) le narrateur explique que "Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu" (Jean 13:3). Il y avait encore de la nourriture à partager (Jean 13:26), alors la lecture « après le souper » s'accorde moins harmonieusement avec le passage dans son ensemble. A ce moment-là, le diable entra dans le cœur de Judas l'Iscariote, le fils de Simon (Grec : ιουδα σιμωνος ισκαριωτου, Ioudas Simōnos Iskariōtou)".
Jésus lave les pieds des disciples (13:4-17)
modifierVoir également : Lavement des pieds
Jésus lave et essuie les pieds de chacun de ses disciples. L'évangéliste "se concentre" sur cette narration, fournissant un récit détaillé des actions de Jésus, déposant son vêtement, et prenant un linge qu’il se noua à la ceinture. Le commentateur écossais William Robertson Nicoll dit, "Chaque étape dans la scène entière et stupéfiante est marquée dans la mémoire de Jean". Jean 13:5 dit que Jésus commença à laver leurs pieds : le lavement fût interrompu par Pierre, refusant que Jésus lui lave les pieds, mais Jean 13:12 suggère que la tâche fût accomplie plus tard et les pieds de tous les Disciples étaient lavés, y compris ceux de Judas comme Jésus reprenait Ses habits et regagna [la table] à nouveau.
L'interruption consiste en une question de Pierre, "C’est toi, Seigneur (Grec : κυριε, Kyrie), qui me laves les pieds ?", Jésus répondit qu'à présent ils ne comprendront pas ce qu'Il fera, au refus de Pierre, Jésus répliqua : "Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi." La volonté de Pierre d'avoir son corps entier lavé par Jésus, et la déclaration finale de Jésus fût : "Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous." L'évangéliste ajouta, "Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs." Pierre appelle Jésus 'Seigneur' dans deux de ses trois déclarations, et Jésus plus tard reconnaîtra le titre comme employé correctement.
A partir du verset 12, l'action ayant été réalisée, Jésus explique ce qu'il a fait. Henry Alford appelle le lavement des pieds "une forme d'amour désintéressé pour Ses serviteurs". Carson remarque l'épisode pointant dans deux directions : une comme un lavement spirituel symbolique (Jean 13:8-10) et l'autre comme "un service humble et ordinaire", suivi par un appel aux disciples de "se laver les pieds les uns aux autres" (Jean 13:12-17). Les mots "Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ?" (verset 12) sont prononcés dans le but d'introduire l'enseignement de Jésus, mais sans l'attente de sa réponse.
Jésus identifie son traître (13:18-30)
modifierVerset 18
modifier[Jésus dit :] "Ce n’est pas de vous tous que je parle. Moi, je sais quels sont ceux que j’ai choisis, mais il faut que s’accomplisse l’Écriture : Celui qui mange le pain avec moi m’a frappé du talon."[13]
Jésus cite les mots du Psaume 41:9 :
Celui-là même avec qui j’étais en paix, qui avait ma confiance et qui mangeait mon pain, lève le talon contre moi.
Dans la plus courte déclaration : "Celui qui mange le pain avec moi m’a frappé du talon." (Jean 13:18)
Selon le Pulpit Commentary, dans le Psaume, "Achitophel (qui fût le conseiller du Roi David) est presque certainement voulu"[14], et Plummer nota "les mots du Psaume ne sont pas une prédiction directe, mais la traîtrise et le destin d'Achitophel présageait la traîtrise et le destin de Judas"[15]. Francis Moloney identifie ce verset non seulement avec la trahison de Judas envers Jésus, mais aussi avec le reniement de Pierre (Jean 18:15-27).
Verset 19
modifierL'évangéliste rapporte les propos de Jésus, "Je vous dis ces choses dès maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez que moi, JE SUIS." En effet, l'Évangile selon Jean entier est écrit pour que [ses lecteurs] "croient que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, [ils] aient la vie en son nom." (Jean 20:30). Jésus s'attend à être trahi par l'un de Ses amis (Jean 13:21), une considération que à laquelle Jésus fait peut-être référence, et demande "Seigneur, qui est-ce ?" (Jean 13:25). Jésus n'identifie pas Son traître par son nom, mais fournit une réponse par signe :
Verset 23
modifier"Il y avait à table, appuyé contre Jésus, l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait."
L'introduction formelle du Disciple Bien-Aimé est un trait de « génie narratif »[16] « incroyablement apparent », car il est présenté immédiatement après que Jésus démontre son amour pour les disciples en leur lavant les pieds (Jean 13:1-20) et immédiatement avant le commandement "Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres." (Jean 13:34). Le récit-cadre situe le Disciple Bien-Aimé au "centre de la scène", soulignant son importance dans l'Évangile et sa relation particulière avec Jésus. Sa position aux côtés de Jésus (appuyé contre Jésus, Jean 13:23) décrit non seulement sa proximité avec Jésus lors du dîner mais aussi sa "communion plus proche" avec lui.
Verset 26
modifier"Jésus lui répond : « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper dans le plat. » Il trempe la bouchée, et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote."[13]
Le mot en Grec : βάψας (bapsas, "trempé") n'apparaît qu'une seule fois dans le Nouveau Testament, ici. Le texte réfère à "la bouchée" ou "morceau" ou "mouillette"[17] de pain (Grec : τὸ ψωμίον, to psómion), et Nicoll déclare "certains soutiennent à partir de l'insertion de l'article τὸ qu'il s'agissait du sop composé d'un morceau d'agneau, d'un petit morceau de pain azyme, et trempé dans une sauce amère, qui était donné par le chef de maison à chaque invité comme une partie régulière de la Pâque ; que donc Jean ainsi que les Synoptiques considéraient ceci comme la Cène pascale. Mais non seulement dans l'article incertain, mais il s'agit d'une coutume Orientale pour l'hôte d'offrir une telle friandise à tout invité privilégié ; et nous sommes plutôt en droit de voir dans l’acte le dernier appel au meilleur sentiment de Judas. La marque même que Jésus choisit pour le distinguer est celle qui, dans les occasions ordinaires, était une marque de faveur distinctive".
Verset 27
modifierEt, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. Jésus lui dit alors : « Ce que tu fais, fais-le vite. »[13]
La formulation est relative : faire plus vite : se dépêcher. Meyer suggère que Jésus veut désormais surmonter cette crise finale "le plus vite possible" : sa "décision d'esprit résignée et caractéristique ne supporte aucun retard".
Verset 29
modifierComme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d’acheter ce qu’il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres.
L'Évangile selon Jean est le seul à observer que Judas était responsable de la "bourse commune" ou "Tirelire" pour les disciples, à la fois ici en Jean 12:6, et de nouveau ici. Le mot γλωσσοκομον (glōssokomon) signifie "étui pour becs" d'instruments de musique, et d'où n'importe quel coffre portable. Cela se produit dans les textes Septante de 2 Chroniques 24:8, 11.
Verset 30
modifierJudas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt. Or il faisait nuit.[13]
Judas sortit aussitôt, et de sa propre volonté. Après son départ, Jésus ne fournit pas plus d'explication à adresser à la question des disciples. A la place, l'évangéliste déplace la narration vers l'avant. Il fait désormais nuit et par conséquent le jour de la Pâque a commencé.
Le Commandement Nouveau (13:31-35)
modifierLe discours que Jésus commence après le départ de Judas - "le discours d'adieu solennel de notre Seigneur" - débute avec trois sujets :
Versets 31-32
modifierQuand il fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt.
Verset 33
modifierPetits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi.
Jésus déclara aux Juifs, Là où je vais, vous ne pouvez pas aller, donc désormais il dit [la même] à ses disciples.
Versets 34-35
modifierJe vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Jésus prédit le reniement de Pierre (13:36-38)
modifier"Judas commence déjà cette série d'évènements qui terminera en envoyant Jésus d'eux vers le Père". De la même manière dont Judas sortit "aussitôt", (Grec : ευθεως, eutheōs) la glorification de Dieu débute "immédiatement" (Grec : ευθυς, euthys). Maclaren identifie trois formes de glorification présentées ici :
- le Fils de Dieu est glorifié à Sa Croix
- Dieu est glorifié dans le Fils de l'Homme
- le Fils de l'Homme est glorifié dans le Père.
L'évangéliste demande ensuite à Jésus d'appeler ses disciples en grec : Τεκνία (teknia, "petit enfants") - un mot fréquemment employé par Jean dans son premier épître[18] mais non employé ailleurs dans cet évangile. De nombreux commentateurs notent la sensibilité de ce mot. Le théologien Harold Buls suggère "cela désigne l'affection. Cela indique probablement aussi l'immaturité et la faiblesse des disciples." Jésus déclare à ses disciples que c’est pour peu de temps encore qu'Il est avec eux ; là où il va, ils ne peuvent pas aller (Jean 13:33), ou en tout cas, ils "ne peuvent pas le suivre maintenant ; ils le suivront plus tard" (Jean 13:36). L'apôtre Pierre (dans le verset 37), Thomas et Philippe (dans le chapitre suivant) soulèvent des questions sur la destination de Jésus. Pierre semble avoir reconnu la connexion entre suivre Jésus et mourir : "Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour toi !". Jésus se demande si Pierre donnera sa vie pour lui et lui dit qu'en fait il l'aura renié trois fois "avant que le coq chante" (Jean 13:38, cf. jean 18:27).
Dans l'Évangile selon Luc (Luc 22:34) la prédiction du reniement de Pierre prend aussi place dans la pièce où ils mangeaient, alors que dans Matthieu 26:31-35 et Marc 11:27-31, "l'annonce du destin de Pierre est faire sur le chemin vers Gethsémani".
Voir également
modifierBibliographie
modifier- Carson, D. A. The Gospel according to John (1990) [19]
Références
modifier- (en) « John 13 MacLaren Expositions Oh Holy Scripture » , sur biblehub.com
- (en) William Robertson Nicoll, « John 13 Expositor's Greek Testament » [html], sur biblehub.com
- (en) Henry Hampton Halley, Halley's Bible Handbook: an Abbreviated Bible Commentary, Zondervan,
- (en) Holman Illustrated Bible Handbook, Nashville, Tennessee, Holman Bible Publishers,
- (en) Donald Arthur Carson, The Gospel According to John, William B. Eerdmans Publishing Company, , 715 p. (ISBN 9780802836830), p. 24
- (en) Kurt Aland et Barbara Aland, The Text of the New Testament: An Introduction to the Critical Editions and to the Theory and Practice of Modern Textual Criticism, William B. Eerdmans Publishing Company, , 396 p. (ISBN 978-0-8028-4098-1), p. 96
- (en) « The Gospel according to S. John. Chapter 13 (Original 1611 KJV) » , sur kingjamesbibleonline.org
- « AELF - Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean - chapitre 13 », sur aelf.org
- (en) Heinrich August Wilhelm Meyer, « John 13 Meyer's NT Commentary » [html], sur biblehub.com
- (en) « John 13 Bengel's Gnomon of the New Testament » [html], sur biblehub.com
- (en) John Wesley, « John 13 Wesley's Notes » [html], sur biblehub.com
- (en) Henry Alford, « John 13 Greek Testament Critical Exegetical Commentary - Alford » [html], sur biblehub.com
- « AELF - Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean - chapitre 13 » , sur aelf.org
- (en) « John 13 Pulpit Commentary » [html], sur biblehub.com
- (en) « John 13 Cambridge Bible for Schools and Colleges » [html], sur biblehub.com
- (en) James Charlesworth, The Beloved Disciple: Whose Witness Validates the Gospel of John?, Trinity Press International, , 481 p., p. 52
- (en) Jubilee Bible 2000: The Holy Scriptures
- « AELF - Première lettre de saint Jean - chapitre 2 » , sur aelf.org
- (en) The Gospel according to John, (ISBN 9780802836830, lire en ligne)