Jean-Claude Fourneau

peintre français

Jean-Claude Fourneau est un peintre français proche du surréalisme, né à Paris le , et mort dans cette ville le .

Jean-Claude Fourneau
Autoportrait photographique
(Dans la vitrine, un portrait de Max Ernst par Hans Bellmer)
Naissance
Décès
(à 74 ans)
Paris 9e
Nationalité
française
Activité
Peintre, dessinateur
Formation
Mouvement
Surréalisme
Site web
Œuvres principales

Au cinéma, Robert Bresson lui a fait tenir le rôle de l’évêque Pierre Cauchon dans le film Procès de Jeanne d’Arc, sorti en 1962.

Le peintre

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Jardin public,
ca 1935 (coll. Fourneau)
 
Nadine Cail,
huile sur contreplaqué, 1961 (coll. Fourneau)

Par sa mère, Jean-Claude Fourneau descend de Victor de Lanneau, refondateur du collège Sainte-Barbe, de Juliette Adam, créatrice de La Nouvelle Revue, égérie de Léon Gambetta et mère spirituelle de Pierre Loti, et du chirurgien Paul Segond. Son père, Ernest Fourneau, est le fondateur de l'école française de chimie thérapeutique.

Dessinateur et peintre empreint de classicisme et de surréalisme[1], Fourneau est remarqué dès 1932 par André Salmon, à l’occasion de sa première exposition chez Jeanne Castel[2], laquelle le recevra à de nombreuses reprises jusqu’en 1948.

Claude Roger-Marx compare ses dessins à ceux d'un médium et il en apprécie la minutie : « C’est par l’analyse du détail que Jean-Claude Fourneau arrive à nous donner une sensation d’infini. […] Sa sensibilité frémissante, qu’extériorise le moindre trait de plume, exerce un pouvoir fascinant[3]. » À propos du caractère « littéraire » de son inspiration, le critique rappelle une déclaration de l’artiste lui-même : « Je ne conçois pas un peintre sans culture, écrit J.-C. Fourneau. Je ne distingue pas la peinture de la poésie, j’estime que, par des moyens différents, elles tendent au même but[4]. »

Fourneau se spécialise bientôt dans l'art du portrait[5], et sa réputation s'inscrit durablement dans les milieux aristocratiques et mondains ; Oriane de La Panouse, Isabelle d'Orléans-Bragance, les familles d'Harcourt, de Brantes, Faucigny-Lucinge, Seillière, Broglie, Pourtalès, Maillé, Montesquiou, Wendel, etc. se succèdent devant son chevalet. Un succès confidentiel, mais certain, le soutient. « Le Tout-Paris a trouvé son peintre : Fourneau », titre François Pluchart dans Combat lors de son exposition à la galerie André Weil en 1963[6]. C'est à cette époque (1961) qu'il interprète l'évêque Cauchon dans le Procès de Jeanne d'Arc de Robert Bresson.

Une exposition à Casablanca en 1954 l'a fait connaître au Maroc. Il y vit plusieurs années. Il y peint les portraits de Lalla Malika, la sœur du roi Hassan II, de Lalla Lamia, sa belle-sœur, de Karim Lamrani, son Premier ministre, du général Oufkir et de nombreuses personnalités de la cour marocaine.

Claude Rivière évoque cependant « le contraire d’un peintre mondain » : « Très admirateur d’Antonin Artaud, de Paulhan, d’Aragon aussi, l’artiste, avec une ferveur née de tous les interstices existentiels dus à son incarnation, va heurter en premier chef son modèle. Il le dépossède de ses propres mythes afin que ceux-ci se recréent dans les dimensions qu’il veut affirmer[7]. » Et Jean Paulhan lui-même se demande « par quel biais (ou quel secret) il est donné à J.-C. Fourneau de disposer à la fois d'un tel foisonnement, d'une telle âpreté[8] ».

Jean-Claude Fourneau paraît sur la photographie des surréalistes rassemblés au café de la Place Blanche en 1953[9], et André Breton le cite parmi les membres du groupe[10]. Autant littéraire que plastique, l’influence du surréalisme est marquée chez Fourneau par la figure tutélaire de Breton, pour qui il éprouve, dès leur première rencontre en 1924 et jusqu'à la fin, une admiration intimidée. Timidité traversée de certaines hardiesses, telle cette lettre[11], adressée rue Fontaine en 1954, qui prétend concilier Histoire d’O, dont il fut l’un des plus fervents défenseurs, et la représentation de la femme sublimée par Arcane 17. Comme si « l’amour fou », « l’amour électif », ne pouvait trouver de meilleur épanouissement qu’à travers le jeu paradoxal de la résolution des contraires : le plaisir et la douleur, la violence et la douceur, le libertinage et la fidélité, la force et la faiblesse...

De retour à Paris en 1968, Jean-Claude Fourneau poursuit son activité de portraitiste et expose une dernière fois en 1976.

L'œuvre

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Tous les tableaux de cette liste non exhaustive sont visibles sur le site consacré au peintre[12].

Expositions

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Pierres,
ca 1960 (coll. Fourneau)

Personnelles

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  • 1948 : Galerie Jeanne Castel, Paris
  • 1954 : Galerie du Livre, Casablanca
  • 1962 : Centre culturel français, Rome
  • 1963 : Galerie André Weil, Paris
  • 1976 : Centre français d’art et d’artisanat, Paris

Collectives

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  • 1932 : Galerie Jeanne Castel, Paris
  • 1933 : Galerie Jeanne Castel, Paris
  • 1936 : Galerie Jeanne Castel, Paris
  • 1938 : Galerie Montaigne, Paris
  • 1939 : Salon des Tuileries, Paris
  • 1946 : Galerie Jeanne Castel, Paris
  • 1947 : Galerie Jeanne Castel, Paris
  • 1949 : Galerie du Siècle, Paris

Références

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Francine Roberty, huile sur contreplaqué, 1950 (coll. Fourneau)

Revue de presse

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  • « Mme Juliette Adam a visité hier l’exposition de son arrière-petit-fils », Comœdia, .
  • Claude Roger-Marx, « Jean-Claude Fourneau », Arts et métiers graphiques, no 35,‎ [15].
  • Ivanhoé Rambosson, « A la Galerie Jeanne Castel, de fraîches impressions du jeune peintre Jean-Claude Fourneau », Comœdia,‎ (lire en ligne)
  • « J.-C. Fourneau », Arts, no 174,‎ .
  • Peter Bell, « Jean-Claude Fourneau (galerie du Livre) », Maroc demain, Casablanca, .
  • Renée Syve, « J.-C. Fourneau à la galerie du Livre », Les Arts à Casablanca, .
  • Albert Abt, « Jean-Claude Fourneau à la galerie du Livre », Les Arts à Casablanca, .
  • (it) Enrico Contardi, « Calore di sole e calore d’arte : Jean-Claude Fourneau », La Voce del Sud,‎ .
  • (it) V. G., « Ritratti di Fourneau », Il Tempo,‎ .
  • (it) « Fourneau », La Fiera Letteraria (it),‎ .
  • R. J., « Les Arts sur la rive droite », Le Monde, .
  • François Pluchart, « Le Tout-Paris a trouvé son peintre : Fourneau », Combat,‎ .
  • « Le peintre du Gotha n’a pas trahi ses illustres modèles », Paris Jour, .
  • Jean Bouret, « 7 jours avec la peinture », Les Lettres françaises, no 1003, .
  • Claude Rivière, « Jean-Claude Fourneau, peintre de la vie moderne », Combat, .
  • Martine Girbal, « Jean-Claude Fourneau, apôtre de la personnalité », 1963.
  • Henri Héraut, « Jean-Claude Fourneau », Les Cahiers de la peinture, no 35,‎ [16].

Illustrations

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  • 1945 : Vrille, 1945 : Philémon et Baucis (huile sur toile, ca 1940).
  • 1946 : Alfred Fabre-Luce, Les Sept Voluptés spirituelles, chez l’auteur, Paris, 1946 ; L'Incendiaire, chez l'auteur, Paris, 1982 : portrait de l’auteur en frontispice (encre sur papier).
  • 1955 : Henri Kréa, Longue Durée, Paris, P. J. Oswald, 1955 : couverture et frontispice (plume sur papier).
  • 1956 : « Voici Georges Catroux, le général négociateur », Paris-Presse L'Intransigeant,‎  : portrait du général Catroux (huile sur toile, 1955), avec pour légende : « Son portrait préféré, par le peintre Fourneau, arrière-petit-fils de Juliette Adam ».
  • 1962 : « Esclavage », dans Dictionnaire de sexologie, Jean-Jacques Pauvert, 1962 : illustration (plume sur papier).
  • 1983 : Le Bucentaure, no 2,  : portrait de Jean Paulhan (huile sur bois, 1964).
  • 1997 : Office national des eaux et forêts (dir.), La Forêt : Anthologie poétique, Paris, éditions du Chêne, , 267 p. (ISBN 2-84277-029-3), p. 142 et 178 : sans titre [Nymphe hamadryade] (huile sur toile) et portrait de Monique Motte (huile sur toile).
  • 2008 :
  • Jean-Benoît Puech et Yves Savigny (dir.), Benjamin Jordane : Une vie littéraire, Champ Vallon, 2008 : portrait de la comtesse de Durat (huile sur isorel, ca 1960) ; portrait de Bessie de Cuevas[17] (huile sur toile, 1978).
  • 2009 : Jean-Claude Fourneau, « Notes et carnets », Ironie, no 142,‎  : La Vérité (huile sur Isorel, 1965-1980).
  • 2010 : (en) William Kuhn, Reading Jackie : Her Autobiography in Books, Nan A. Talese, , 350 p. (ISBN 978-0-385-53099-6), p. 232-233 : portrait de Mary-Sargent Abreu (huile sur toile, 1961)[18].
  • 2014 : Christine de Nicolay-Mazery (photogr. Francis Hammond), Grandes demeures françaises : Traditions d'élégance, Paris, Flammarion, , 294 p. (ISBN 978-2-08-130615-8), p. 37 : portrait de madame Charles de Yturbe, née Laurette de Leusse (huile sur toile, ca 1948).
  • 2014 : Philippe Sollers (source : Philippe Sollers, « L'Ange de Proust », Le Nouvel Observateur, no 2581, 24 avril 2014, p. 106), « Monsieur Proust, ce tyran épouvantable », L'Obs,‎ (lire en ligne) : portrait de Céleste Albaret (huile sur toile, 1957).
  • 2017 : Françoise Frontisi-Ducroux, Arbres filles et garçons fleurs : Métamorphoses érotiques dans les mythes grecs, Paris, Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », , 234 p. : Philémon et Baucis, huile sur toile, ca 1940.
  • 2018 : (fr + de) Marcel Proust, Les Poèmes/Die Gedichte, Ditzingen, Allemagne, Philipp Reclam jun. Verlag GmbH, , 422 p. (ISBN 978-3-15-011158-1), p. 333 : portrait de Céleste Albaret (huile sur toile, 1957).

Collections publiques

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Liens externes

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  • Le site Jean-Claude Fourneau présente un choix de peintures et de dessins de l'artiste.
  • La revue Ironie a publié des extraits de ses Notes et carnets.
  1. Rédigeant des « Instructions générales communiquées à Marcel Duchamp » en vue de la publication d'un « Almanach du surréalisme » par la revue Flair, André Breton cite Jean-Claude Fourneau par deux fois. La première, dans « Flair - Chronologie du surréalisme 1916 - 1953 », et la seconde, dans une lettre où, parmi les œuvres dont il pense faire figurer la reproduction dans l'Almanach, il inclut un tableau du peintre. Cf. le site de l'Association André Breton (Chronologie, vignette 120 et Lettres, vignette 10).
  2. André Salmon, Gringoire, juin 1932 : « Il faut beaucoup attendre du peintre Jean-Claude Fourneau, un vrai jeune, qui vient de faire chez Jeanne Castel une exposition remarquée. Fourneau participe de ce qu’on nommait, il y a de ça 15 ans, le « naturalisme organisé ». Toutefois son lyrisme est neuf et personnel. Il se dégage de ses œuvres une volupté rayonnante qui doit demeurer la puissance essentielle de cet artiste, lorsqu’il en sera à la période des angoisses constructives. »
  3. Claude Roger-Marx, « Jean-Claude Fourneau », Arts et métiers graphiques, n° 35, mai 1933.
  4. Claude Roger-Marx, ibid.
  5. « Encore un ex-surréaliste sur la sellette. Jean-Claude Fourneau. Ici le ton devient mondain et policé. Le fils d'une grande dynastie pharmaceutique, lorsqu'il rejoignait avant la guerre le groupe si mal jugé des poètes maudits, n'imaginait pas sans doute que son expérience l'amènerait à ces portraits de princesses, comtesses, marquises du Tout-Paris, belles et inquiètes dans leurs corridors déserts, à la recherche d'une âme, d'un besoin, d'un rêve. Jean-Claude Fourneau succède à Christian Bérard avec son propre style. Ce n'était pas si facile et c'est réussi. » Jean Bouret, « 7 jours avec la peinture », Les Lettres françaises, no 1003, 14 novembre 1963.
  6. François Pluchart, « Le Tout-Paris a trouvé son peintre : Fourneau », Combat, 6 novembre 1963.
  7. Claude Rivière, « Jean-Claude Fourneau peintre de la vie moderne », Combat, 14 novembre 1963.
  8. « L'actualité artistique », Le Figaro littéraire, 14 novembre 1963.
  9. André Breton 42, Rue Fontaine, catalogue de la vente Calmels Cohen, avril 2003, p. 193.
  10. Catalogue Calmels Cohen, ibid. Au dos de cette photo, comme le précise la légende du catalogue, Breton a écrit les noms des membres du groupe, dont celui de J.-C. Fourneau.
  11. 2 lettres de Jean-Claude Fourneau à André Breton. [Paris], 9 décembre 1954 ; 12 février 1955. Bibliothèque Jacques Doucet
  12. « Jean-Claude Fourneau » (consulté le ).
  13. Membre du conseil d'administration du musée d'Orsay, membre du conseil d'administration de la société des amis du Louvre, ancienne directrice de Christie's Europe, donatrice des Musées nationaux.
  14. Voir le Bulletin de la société des lecteurs de Jean Paulhan, no 30, octobre 2007, p. 17 (lire en ligne, consulté le 28 octobre 2014).
  15. Voir l'inventaire du fonds Roger-Marx à l'Institut national d'histoire de l'art (INHA), pp. 51 et 455.
  16. Henri Héraut (Notice biographique) est le fondateur du groupe Forces nouvelles.
  17. Fille du marquis de Cuevas, devenue sculpteur sous le nom d'Elizabeth Strong-Cuevas (Œuvres et Biographie).
  18. Consulter en ligne.
  19. Catalogue interministériel des dépôts d’œuvres d'art de l’État.
  20. Bibliothèque Kandinsky, collections photographiques, fonds Marc Vaux, photographies en noir et blanc.
  21. Catalogue interministériel des dépôts d’œuvres d'art de l’État.