Jdeïdé (Alep)
Jdeïdé (en arabe : جديدة, translit. al-Jdeideh, Jdayde, Jdeidé, Jdeydeh, Jdaideh) est un quartier historique d'Alep, la deuxième ville de Syrie. Fondé à partir du XVe siècle par les différentes communautés chrétiennes de la ville, il abrite plusieurs cathédrales et conserve une identité chrétienne. En pleine renaissance à partir de la fin du XXe siècle, il est très durement frappé par les combats qui touchent Alep durant la guerre civile syrienne.
Jdeïdé جديدة | ||
Le carrefour Jdeidé-Salibé vers 1920. | ||
Administration | ||
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Pays | Syrie | |
Gouvernorat | Alep | |
Commune | Alep | |
Géographie | ||
Coordonnées | 36° 12′ 26″ nord, 37° 09′ 25″ est | |
Site(s) touristique(s) | Maison Ghazaleh | |
Localisation | ||
Géolocalisation sur la carte : Syrie
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Histoire
modifierOrigines et développement
modifierÀ la fin de l’époque mamelouke, ce petit quartier avec quelques boutiques existe hors les murs, au nord, près de cimetières et d’entrepôts. L’urbanisation continue à se développer le long des chemins en éventail qui sortent de la porte de bab al-Nasr ; elle rejoint d’anciens villages un peu à l’écart au nord et au nord-est – Hazzazé au nord-ouest, Ramadaniyé au nord-est et Banqousa à l’est. Ces quartiers, d’abord musulmans, sont équipés de mosquées à khotba, de fontaines, fondations du XIVe et de la première moitié du XVe siècle, rendues possibles par une adduction d’eau. Une nouvelle canalisation, mise en service en 1490-91, favorise une nouvelle extension du faubourg avec des hammams[1].
À l’extrême ouest du faubourg se trouvent des cimetières chrétiens et peut-être des lieux de culte d’époque byzantine. Le développement de Salibé sur ce vieux site chrétien, puis celui de Jdeïdé, répondent à l’augmentation de la population et notamment au désir des chrétiens de se regrouper. Autour d’une même cour, à proximité du carrefour de Salibé, se rassemblent alors les églises, nouvellement construites ou agrandies : celle des Arméniens grégoriens, signalée vers 1490 date de son agrandissement[2], celles des Grecs orthodoxes et des Maronites, celle des Syriaques. Des notables commencent à s’installer dans le quartier, ainsi qu'une population plus modeste. Maisons et églises partageaient les mêmes principes de discrétion, d’absence de façades sur l’extérieur et notamment sur les rues principales : il semble bien que certaines églises avaient leur entrée au fond d’impasses.
Les Arméniens, communauté dominante, étaient alors spécialisés dans le commerce avec la Perse et l’Inde, aidés par l’existence de communautés importantes de coreligionnaires dans ces régions. Au cours des XVIe et XVIIe siècles, après la conquête ottomane, des lotissements en bandes parallèles régulières sont réalisés[3]. Deux grands waqf-s musulmans, fondés en 1583-90 et 1653, ont longtemps constitué le centre populaire et vital du faubourg. Ces deux ensembles, aux façades décorées et à l’architecture régulière, fournissaient la majeure partie des locaux d’activités économiques et de services pour un vaste faubourg, où se côtoyaient musulmans et chrétiens, riches et pauvres. Ils comprenaient une fontaine devant l’entrée du quartier chrétien, un grand café, un très grand hammam, une petite mosquée et une école pour les enfants musulmans, un marché au fil, quatre grands ensembles d’ateliers pour les métiers du textile[4], un vaste entrepôt de céréales, et des souks regroupant des services de proximité et des commerces d’alimentation[5].
Revitalisation à la fin du XXe siècle
modifierDans les années 1990-2000, le quartier de Jdeïdé, connu pour ses précieuses demeures richement décorées et ses églises, est devenu l'un des haut-lieux du tourisme culturel de la ville ; de nombreux hôtels et restaurants ont été aménagés dans des maisons historiques.
Guerre civile syrienne
modifierCes lieux sont désertés depuis 2012 lorsque la guerre civile syrienne a pris plus d'ampleur[6]. À la fin du mois d', lors de la seconde offensive des rebelles islamistes de la bataille d'Alep, les quartiers chrétiens, dont Jdeïdé, forment des milices pour repousser les rebelles auteurs d'exactions pendant les cinq jours de leur occupation du quartier.
Une série d'énormes explosions souterraines[7],[8] menées par l'opposition armée sous Place Al Hatab en ont dévasté le quartier[9],[10]. Un certain nombre de monuments et de musées à proximité ont également été très fortement endommagés par les combats[11],[12].
Galerie
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Vue du quartier de Jdeïdé en 2010.
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Fenêtrages de "Dar Zamariya" dans le quartier de Jdeïdé (carte postale 1918-22).
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Jdeidé extra muros sur une carte d'Alep datée 1811-1818.
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La maison Ghazaleh.
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Les dégâts causés à la cathédrale Saint-Élie d'Alep vus en décembre 2016
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Beit Ajikbash
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La maison Ghazalé
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Dar Zamaria
Notes et références
modifier- Sauvaget 1941, p. 182.
- Sauvaget 1941, p. 179.
- Jean-Claude David, 1982, « Urbanisation spontanée et planification », Les cahiers de la recherche architecturale, no 10-11.
- Les trois qaysariya du waqf Ipchir Pacha contenaient plus de quatre-vingt locaux, chacun pouvant recevoir deux ou quatre métiers à tisser : on peut donc estimer le nombre de métiers dans cet ensemble à plus de 250 aux meilleures époques.
- Jean-Claude David, 2004, « La production de l’espace dans la ville ottomane » Les relations entre musulmans et chrétiens dans le Bilad al-Cham, p. 178-179.
- Jean-Claude David, « La guerre d’Alep 2012-2016. Destruction de la maison Ghazalé (1/2) », ArchéOrient, (lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « Old Aleppo: Tunnels were exploded and bombings with TNT barrels – APSA », sur apsa2011.com (consulté le )
- « War sent to Al Jdeideh Jdayde April 2015 Sahat al Hatab Alep » (consulté le )
- (en) « Damage Assessment of Aleppo, Aleppo Governorate, Syria », UNITAR, (lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « ASOR Cultural Heritage Initiatives Weekly Report 38 (April 27, 2015) », ASOR Cultural Heritage Initiatives, (lire en ligne, consulté le )
- Jean-Claude David, « La guerre d’Alep 2012-2016. Destruction de la maison Ghazalé », ArchéOrient, (lire en ligne, consulté le )
- Jean-Claude David et Thierry Boissière, « La destruction du patrimoine culturel à Alep : banalité d'un fait de guerre ? », Confluences [en] Méditerranée, vol. 89, no 2, (DOI 10.3917/come.089.0163, lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Jean-Claude David, « L'espace des chrétiens à Alep. Ségrégation et mixité, stratégies communautaires (1750–1850) », Revue du monde musulman et de la Méditerranée, 55–56:1–2, 1990, p. 150–170.
- Jean Sauvaget, Alep, essai sur le développement d’une grande ville syrienne des origines au milieu du XIXe siècle, librairie orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1941.
- (en) Bruce Masters, « Aleppo: the Ottoman Empire's caravan city », The Ottoman City between East and West: Aleppo, Izmir, and Istanbul, Cambridge University Press, Cambridge, 1999, p. 17-78.
- (en) Heghnar Zeitlian Watenpaugh, The image of an Ottoman city: imperial architecture and urban experience in Aleppo in the 16th and 17th centuries, E.J. Brill, Leyde, 2004.
Articles connexes
modifierLien externe
modifier- Ross Burns et Stefan Knost, "Judayda Churches | كنائس الجْدَيْدِة, sur le site du Aleppo Heritage Catalogue, musée d'art islamique de Berlin, 2020.