Jacques Replat

poète, homme politique savoyarde

Jacques Replat, né le à Chambéry et mort le à Annecy, est un avocat, poète romantique et historien savoyard. Il s'engage en politique lors des débats sur la question de l'avenir du duché de Savoie en 1860.

Biographie

modifier

Origines et formation

modifier

Jacques Replat naît le à Chambéry[1], ancienne capitale du duché de Savoie, et chef-lieu du département du Mont-Blanc. Le duché de Savoie a été annexé par la France en 1792. Il est le fils de Jean-François Replat et de Marie-Anne Garella, issue d'une famille italienne naturalisée en 1816[1]. Sa famille s'installe peu de temps après dans la ville d'Annecy[2].

Il étudie au collège d'Annecy, avant d'entamer des études de droit à Turin[3]. Il obtient très jeune, puisqu'il n'a pas vingt ans, son doctorat, le [1],[3]. Le , il s'inscrit au barreau d'Annecy[3]. Huit ans plus tard, il publie un Manuel du jurisconsulte savoisien[3]. Il est membre également du sénat de Savoie.

Le , il épouse Désirée Perrissin[1].

Carrière d'écrivain

modifier

Jacques Replat a écrit quelques poèmes en vers sur des légendes locales, ainsi que des recueils de rêveries historiques (François de Sales, Jacques de Savoie, Anne de Chypre) et légendaires (les prêtres, héritiers des druides, capables d'arrêter le cours des eaux).

Il a aussi écrit deux romans historiques chargés d’éléments féériques à la manière de Walter Scott et de Charles Nodier.

Il est tombé amoureux du lac et de la ville d'Annecy où il a passé l'essentiel de son existence et où une rue lui rend hommage.

Son activité littéraire le fait élire le à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, avec pour titre académique celui d'agrégé[4]. Il est par ailleurs membre de l'Académie florimontane, puis le second président élu de 1854 à 1862, et membre de l'Institut national genevois[1].

Carrière politique

modifier

La Constitution de 1848 ouvre de nouvelles perspectives politiques. Jacques Replat devient une personnalité politique en accédant aux Conseils de la ville et de la province d'Annecy[5].

Il est créé motu proprio chevalier de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare, le , par Victor-Emmanuel II de Savoie[1],[5].

Lors des débats sur la question du duché de Savoie de 1859-1860, il se présente pour devenir représentant de la Savoie à la Chambre des députés du parlement du royaume de Sardaigne à Turin, lors la VIIe législature du royaume de Sardaigne, pour le collège d'Annecy. Il y siège en tant que catholique modéré[6].

Il s'oppose ainsi au partage entre la France et la Suisse du duché, préférant une Savoie unie, durant les débats qui précédèrent l'annexion de la Savoie à la France, rédigeant une brochure « Une solution de la question savoisienne », avant de rejoindre le camp annexionniste[7],[8].

 
Croquis de M. Moulin, paru dans Le Monde Illustré, journal hebdomadaire, no 155, . Commentaire : « Réception de M. Greyfié de Bellecombe et de la députation savoisienne par Leurs Majestés Impériales, dans le salon Louis XIV, aux Tuileries, mercredi 21 mars ».

Il fait d'ailleurs partie de la délégation de 41 savoisiens favorables à l'annexion, envoyée auprès de l'Empereur[5]. La délégation menée par le comte Amédée Greyfié de Bellecombe comprend, pour la province de Chambéry, le député d'Aix Gustave de Martinel, les conseillers provinciaux Louis Bérard, Maurice Blanc, Ernest de Boigne, les barons Frédéric d'Alexandry d'Orengiani et Louis Girod de Montfalcon, ainsi que Charles Bertier, Alexis Falcoz, Pierre-Louis Besson, l'avocat Antoine Bourbon, le docteur Dardel, Jacques Prosper Degaillon, Charles François, Jacques Prosper Degaillon, Félix Gruat, Pierre Viviand, Savey-Guerraz et le major de la Garde nationale Vuagnat. La province d'Annecy est représentée par les députés Albert-Eugène Lachenal et Joseph Ginet (Rumilly), accompagnés par Claude Bastian (ancien député de Saint-Julien), Dufour, les barons Scipion Ruphy (Annecy) et Jules Blanc (Faverges), François Bétrix (directeur de la Banque de Savoie), le docteur Descotes, Magnin, Masset, Alexis Rollier. À noter que le Chablais, plutôt favorable à un rapprochement avec la Suisse voisine, n'envoie qu'Édouard Dessaix, Félix Jordan, François Ramel et Gustave Folliet[9].

Son action militante est récompensée par sa nomination de chevalier de la Légion d'honneur au lendemain de l'Annexion[1].

Il meurt à Annecy le [1]. Jules Philippe, avec qui il a une parenté[10], fait son éloge le à la société florimontane[1].

Œuvres

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

  • 1836 : Esquisse du comté de Savoie au XIe siècle
  • 1836 : Le Siège de Briançon, rééd. Éditions Le Tour, 2003. Le cadre du roman est fantastique et gothique dans un Moyen Âge idéalisé. Au XIe siècle, le seigneur Émeric de Briançon, seigneur burgonde, allié à des troupes de Ceutrons et soutenu par sa demi-sœur sorcière, bloque la vallée de la Tarentaise et rançonne les voyageurs. L'archevêque de Moûtiers, demande l'aide du comte Humbert II de Savoie et de Maurienne qui envoie son émissaire, Raoul de Compey, de vieille noblesse allobroge et genevoise, lequel va tomber amoureux de Marguerite la fille du seigneur Émeric. Ce dernier fait emprisonner Raoul dans son donjon mais il est délivré par son aimée qui ainsi sacrifie ses ancêtres à la cause du comte. Raoul revient avec l'armée du comte qui assiège et prend le château de Briançon, la sorcière est punie et se jette du haut du donjon. Raoul et Marguerite se marient, symbolisant l'alliance des Burgondes et des Allobroges sous la bannière du comte.
  • 1858 : Voyage au long cours sur le Lac d'Annecy (lire en ligne sur Gallica).
  • 1864 : Bois et vallons. Son dernier ouvrage connu.

Décorations

modifier

Jacques Replat a été fait :

Notes et références

modifier
  1. a b c d e f g h et i Albert Albrier, Les naturalisés de Savoie en France de 1814 à 1848, Chambéry, Impr. d'A. Bottero, , 224 p. (lire en ligne), p. 30-31.
  2. Éloge de Jacques Replat 1866, p. 6.
  3. a b c et d Éloge de Jacques Replat 1866, p. 7.
  4. « Etat des Membres de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie depuis sa fondation (1820) jusqu'à 1909 », sur le site de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie et « Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie », sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques - cths.fr.
  5. a b et c Éloge de Jacques Replat 1866, p. 9.
  6. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 399 p. (ISBN 978-2-84206-374-0, lire en ligne), p. 19.
  7. Robert Colonna d'Istria, Histoire de la Savoie, Paris, France-Empire, , 318 p. (ISBN 978-2-7048-0943-1 et 2704809437), p. 284.
  8. Régine Boisier, Adrien : Fils de paysan, appelé l'aristo, La Fontaine de Siloé, , 363 p. (ISBN 978-2-84206-213-2, lire en ligne), p. 172.
  9. Régine Boisier, Adrien : Fils de paysan, appelé l'aristo, La Fontaine de Siloé, , 363 p., p. 190.
  10. Vincent Wright, Éric Anceau, Jean-Pierre Machelon et Sudhir Hazareesingh, Les préfets de Gambetta, Paris, Presses Paris Sorbonne, , 482 p. (ISBN 978-2-84050-504-4, lire en ligne), p. 352.

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier
  • Rémi Mogenet, La Littérature du duché de Savoie, Cressé, Éditions des régionalismes, 2013, p. 164-170.
  • Jules Philippe, « Éloge de Jacques Replat. Lu à la Société florimontane d'Annecy, le 15 décembre 1866 », Revue savoisienne,‎ , p. 44 (lire en ligne sur Gallica).
  • Jules Philippe, Les poètes de la Savoie, Annecy, , 334 p., p. 245-251

Liens externes

modifier