Horace Savelli
Horace Savelli, né le à Luçon en Vendée, mort le à Paris, est un officier des Forces françaises libres pendant la Seconde Guerre mondiale. Compagnon de la Libération, il s'illustre au cours de la campagne de Tunisie et de la campagne de Normandie. Il a appartenu au réseau breton de l'Organisation armée secrète (OAS) durant la guerre d'Algérie. Arrêté en 1962, il est condamné à 13 ans de prison.
Président Union nationale des combattants | |
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Dominique Audollent (d) | |
Maire de La Chapelle-sur-Erdre | |
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Biographie
modifierNé en 1906, d'ascendance à la fois corse et vendéenne, Horace Savelli est le fils de Dominique Savelli, officier de cavalerie, et de Marie Marcetteau de Brem. Il effectue son service militaire en 1927-1928 comme élève officier de réserve à l'école de cavalerie de Saumur, au 5e régiment de cuirassiers[1].
Après son service militaire, il continue ses études, à l'École nationale des eaux et forêts, à Nancy. Il en sort ingénieur agronome, et devient officier des Eaux et forêts[1]. Il préside les Jeunes de l'Union nationale des combattants (UNC) de la Loire-Inférieure avant la guerre[2] et est vice-président national des Jeunes de l'UNC (JUNC, appelés aussi La Relève) à partir de [3]. Il participe à des réunions à travers la France aux côtés des dirigeants de l'UNC[4]. De 1934 à 1940, il est conseiller d'arrondissement et maire de La Chapelle-sur-Erdre.
Début de la Seconde Guerre mondiale
modifierAu début de la Seconde Guerre mondiale, Horace Savelli est mobilisé en 1939 comme lieutenant, d'abord dans le génie, avant de revenir dans la cavalerie. Il participe à la Campagne de France de mai et juin 1940 avec le 19e groupe de reconnaissance de corps d'armée (GRCA), dans l'Est de la France. À l'issue de cette campagne, il est démobilisé à Riom le [1].
Rejoint la France libre
modifierRefusant la défaite, Savelli choisit de répondre à l'appel du général de Gaulle. Il se rend à Marseille pour embarquer à destination de l'Afrique du Nord. Parvenu à Alger, il gagne Casablanca puis Tanger, et franchit le détroit de Gibraltar, d'où il embarque sur un navire britannique pour Liverpool, et arrive enfin à Londres le . Il s'engage aussitôt dans les Forces françaises libres[1].
Il est alors nommé au camp d'Old Dean à Camberley. Chargé de constituer une unité de cavalerie, il forme avec des hommes issus du bataillon de chasseurs de Camberley fraîchement dissous un « escadron mixte » d'automitrailleuses et d'automobiles. Il est promu au grade de capitaine en [1].
Combats au Fezzan et en Tunisie
modifierQuittant l'Angleterre, Savelli parvient en Afrique en . Après avoir rencontré le colonel Leclerc le à Fort-Archambault, il est nommé au régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST), alors basé à Fort-Lamy[1]. Il y met sur pied un peloton d'automitrailleuses et prend part avec lui aux premières opérations dans le Fezzan en février-. Il fait alors partie de la 1re compagnie de découverte et de combat (1re DC). Il est l'adjoint du capitaine Massu[1].
Il est chargé à partir du de commander l'escadron d'automitrailleuses de la colonne Leclerc. Il dirige cet escadron pour la deuxième campagne du Fezzan, de jusqu'à fin [1].
Il participe ensuite aux combats de la campagne de Tunisie avec la « Force L », et y reçoit deux citations. Il se distingue lors des combats d' au Djebel Fadloun, ce qui lui vaut une première citation. Au Ksar Rhilane, les Allemands essayent de contourner la « Ligne Mareth » ; le général Leclerc le charge de résister face à cette tentative ennemie. Savelli prend alors le commandement des postes avancés pour résister et défendre la position. La réussite de cette mission prouve son efficacité et ses talents militaires, et lui vaut une deuxième citation[1].
Il est nommé le au 1er régiment de marche de spahis marocains (RMSM), au sein de la 2e division française libre (2e DFL), future 2e division blindée (2e DB), et y prend le commandement du 4e escadron intégré au Groupement tactique Rémy (GTR)[1].
Campagne de Normandie
modifierSavelli débarque avec la 2e DB en Normandie en , à proximité de Sainte-Mère-Église. Il se distingue lors de la campagne de Normandie, notamment près d'Alençon au cours des combats du 10, du 11 et du . Il prend part à la libération de Paris, et est créé Compagnon de la Libération par décret du [5]. Il participe ensuite à la Campagne de Lorraine[1].
Il est alors promu chef d'escadron, mais doit quitter ses hommes à regret en , étant nommé chef de cabinet du ministre de la Guerre André Diethelm. Il est démobilisé après la guerre[1].
Après-guerre
modifierAprès la guerre, Horace Savelli, ingénieur agronome de formation, s'établit comme exploitant agricole à la Chapelle-sur-Erdre, en Loire-Inférieure, où se trouve le château de la Gascherie appartenant à sa famille. Il est le maire de la localité, de 1945 à 1963. Il préside une importante coopérative agricole et s'efforce de généraliser les techniques modernes[1].
Lieutenant-colonel de réserve, il préside l'Amicale départementale des anciens de la 2e DB[1]. Vice-Président de l'Union nationale des combattants de Loire-Atlantique en 1945, il accède ensuite à la présidence. Vice-président de l'Union nationale des combattants, il succède le à Alexis Thomas à la présidence nationale de cette association d'anciens combattants, marquée à droite et favorable à l'Algérie française. Il n'occupe cette fonction que quelques semaines, du fait de son arrestation en mars.
La guerre d'Algérie, l'OAS et la prison
modifierHorace Savelli n'a pas été un officier des FFL inconditionnel du général de Gaulle et n'a pas caché ses opinions Algérie française[6]. Il est arrêté en , soupçonné d'être le chef de la 3e région de l'OAS-Métro dans l'Ouest, sous le pseudonyme de Marceau, ce qu'il finit par reconnaître[7]. Le réseau OAS de l'Ouest, constitué essentiellement de militaires d'active, instructeurs à l'École militaire interarmes de Coëtquidan, a été découvert après 7 attentats commis le mois précédent, dans le Morbihan, la Mayenne, le Maine-et-Loire et la Vendée, puis à Nantes[8]. Savelli est le 4e compagnon de la libération à avoir rompu avec le général de Gaulle et à s'être engagé dans l'activisme en faveur de l'Algérie française.
Jugé avec d'autres membres de son réseau par le tribunal militaire en septembre, il déclare lors de son procès: « Les hommes ici présents ne se connaissaient pas. Mais ils étaient animés par un patriotisme intransigeant. Ils avaient le sens de l'honneur et l'amour du patriotisme national. Ils savaient l'enjeu de la lutte entre l'Est et l'Ouest et le rôle stratégique de l'Algérie française. (...) Je n'oublie pas la dernière mission qui avait été confiée à mon ancien chef FFL, le général Leclerc: conserver l'Afrique du Nord à la France »[9]. Il est condamné à 13 ans de prison, malgré la plaidoirie de son avocat Albert Naud: « Savelli, c’est l’épopée de la 2e D.B. (...) Lorsqu’il a vu l’abandon de l’Algérie, il a cherché à agir, à être utile, à renouer une tradition. Il l’a renouée parce qu’il avait trop de souvenirs. (...) Il faut savoir comme il a été proche de Leclerc. En prison, il a reçu un magnifique hommage : « Vous avez agi selon votre conscience, vous restez, Colonel Savelli, ancien de la 2ème D.B., lui a écrit Madame la maréchale Leclerc, je vous envoie en souvenir l’une des étoiles de votre patron ». (...) Ces officiers portent leur douleur, leurs espoirs déçus, vous, magistrats, vous la portez votre souffrance, vous officiers juges, vous la portez votre peine, elle est grande. Je vous demande au nom de cette souffrance, au nom des morts, au nom du passé, un verdict d’absolution »[10].
Comme d'autres activistes de l'OAS, il bénéficie le d'une mesure de grâce de la part du général de Gaulle, et est libéré de prison[11].
Aussitôt, il assiste au congrès national de l'Action française[12]. Il figure en 1966, aux côtés d'autres personnalités anticommunistes et antigaullistes, au comité de patronage du comité franco-hongrois pour la célébration du soulèvement hongrois de 1956[13]. En 1975, il fait partie des personnalités qui patronnent le Comité de soutien à l’armée mis en place par le Parti des forces nouvelles[14], contre les comités de soldats d'extrême gauche qui demandaient pour les conscrits et les militaires le droit de se syndiquer. Il adhère par la suite au Front national, jusqu’à son décès[6].
Il bénéficie de la loi de réhabilitation votée au début des années 1980. Le , Jacques Chirac tire un trait définitif sur le passé controversé de Savelli en lui remettant la cravate de commandeur de la Légion d'honneur[15], au cours d’une cérémonie privée à l’Élysée[6].
Horace Savelli meurt le dans le 16e arrondissement de Paris[1]. Un hommage public lui est rendu dans la cour d'honneur des Invalides[6].
Hommages et distinctions
modifier- Commandeur de la Légion d'honneur (1996)[16].
- Compagnon de la Libération par décret du [17].
- Croix de guerre –, trois citations.
- Chevalier de l'ordre du Mérite agricole.
- Médaille coloniale avec mention « Fezzan 1942 ».
Notes et références
modifier- Dictionnaire des compagnons de la Libération, 2010.
- Inter-sections : bulletin de liaison des jeunes de l'UNC, juin 1936 ( photographie ), L'Ouest-Eclair, 12 octobre 1936, "La fête du drapeau national des Jeunes de l'UNC à La Chapelle-sur-Erdre: Savelli, dans son discours, critique le régime et les grèves de 1936. Cf. aussi La Voix du combattant, 15 janvier 1938: appel au patriotisme contre « les années de gaspillage, de vie facile, de discussions, de décomposition sociale » et « les atermoiements, les mensonges, les veuleries de ceux qui ont eu la charge des affaires du pays »: « Nous ne sommes pas nés esclaves et nous ne voulons pas le devenir ».
- La Voix du combattant, 21 novembre 1936, Ibid., 5 décembre 1936 ( photographie )
- La Voix du combattant, 14 mai 1938, Ibid., 30 juillet 1938 ( photographie ), Ibid., 29 juillet 1939, etc.
- Journal officiel, 22 novembre 1944
- Cf. infra le dossier constitué par l'UNC.
- Le Monde, 7 mars 1962, "Nantes: le comte Savelli, président de l'U.N.C. est arrêté", Ibid., 10 mars 1962, " Je suis Marceau ", avoue le président de l'U.N.C. qui désigne comme ses " adjoints " deux instructeurs de Coëtquidan", Feuille d'avis du Valais, 9 septembre 1962, "L'OAS démantelé en Bretagne", p. 12
- Le Monde, 11 septembre 1962, "Horace Savelli et 34 membres du réseau OAS de l'Ouest comparaitront mardi devant le tribunal militaire": « Bilan: un baraquement d'une colonie de vacances détruit, un autre en piteux état, une école et les bureaux d'un quotidien régional ravagés, d'innombrables portes, vitrines et vitres brisées ; deux personnes légèrement blessées, trois autres sérieusement commotionnées », Ouest-France, 7 septembre 1962, "La IIIe région OAS-Métropole mardi devant le tribunal militare" ( cf. le dossier constitué par l'UNC de Loire-Atlantique )
- Georges Fleury, Histoire de l'OAS, Grasset, 2002
- Le Monde, 18 septembre 1962, "Jugement dans l'affaire du réseau O.A.S. de l'Ouest: Savelli et Renault : treize ans de réclusion • Vingt-cinq autres condamnations dont dix avec sursis • Dix acquittements", Ouest-France, 17 septembre 1962, "La IIIe région OAS-Métropole mardi devant le tribunal militaire" ( cf. supra le dossier constitué par l'UNC de Loire-Atlantique )
- Le Monde, 25 décembre 1965, "Deux cent trois condamnés politiques bénéficient de mesures de clémence prises par le chef de l'État"
- Le Monde, 14 janvier 1966
- Le Monde, 3 novembre 1966
- Le Monde, 19 février 1975, "Soixante-dix appelés ont signé le " contre-appel " des cent ( appel lancé par le sergent Joël Dupuy de Méry ), Collectif, La Désobéissance civile: Approches politique et juridique, Presses Universitaires du Septentrion, 2008, p. 121-122, Jean-Yves Camus, "L’Extrême-droite française et l’insoumission", 17 octobre 2008
- Le Monde, 21 mai 1996
- Décret du 13 mai 1996 portant promotion et nomination
- « Horace Savelli », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- « Horace Savelli », dans Vladimir Trouplin, Dictionnaire des compagnons de la Libération, Bordeaux, Elytis, (ISBN 9782356390332, lire en ligne).
- Jean-Christophe Notin, 1061 Compagnons : histoire des Compagnons de la Libération, Paris, Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2 et 9782262016067).
- Georges Fleury, Histoire secrète de l'O.A.S, Paris, Grasset, , 1042 p. (ISBN 978-2-246-60451-8, OCLC 50960600)
- Anne-Marie Duranton-Crabol, Le temps de l'OAS, Bruxelles Paris, Éd. Complexe, coll. « Questions au XXe siècle » (no 69), , 319 p. (ISBN 978-2-87027-542-9, BNF 35750144, lire en ligne), p. 96
Articles connexes
modifierLiens externes
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