Hevrin Khalaf

femme politique kurde de Syrie

Hevrin Khalaf (en kurde : Hevrîn Xelef, arabe : هفرين خلف), née le et assassinée le à Tirwazî, près de Tall Abyad, est une femme politique kurde de Syrie, membre de la direction du Conseil démocratique syrien et secrétaire générale du parti Avenir de la Syrie[1],[2].

Hevrin Khalaf
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 34 ans)
Tell AbyadVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
ھەڤرین خەلەفVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Formation
Université d'Alep (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités

Biographie

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Origines, études et engagement politique

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Hevrin Khalaf est née le à Derik, en arabe : Al-Malikiyah[3], en Syrie[4]. Elle descend de la famille Hawar (en arabe : هاوار). Diplômée de l'université d'Alep, en 2009[5], elle est ingénieure civile de formation. Hevrin Khalaf devient une personnalité importante de la région kurde autonome du Rojava, dans le nord-est de la Syrie[6]. Elle participe, en 2018 à Raqqa, à la formation d'« Avenir de la Syrie », un parti de centre-gauche, multiethnique, prônant une « Syrie démocratique, plurielle et décentralisée »[7],[8], dont elle est la « principale figure féminine »[9].

Assassinat

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Circonstances

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Le , lors de l'opération Source de paix, elle est exécutée, avec son chauffeur, et un de ses adjoints, par des rebelles de l'Armée nationale syrienne ayant intercepté son véhicule sur l'autoroute M4, près du village de Tirwazî, entre Soulouk et Tall Tamer[1],[8],[10],[9]. Le véhicule est d'abord arrêté par les rebelles qui le criblent de balles car ses occupants refusent d'en sortir[8],[9]. Le chauffeur, Ferhad Ramazan, est tué à l'intérieur, tandis que Hevrin Khalaf est extraite de force[9].

Le Conseil démocratique syrien écrit dans un communiqué qu'Hevrin Khalaf « a été sortie de sa voiture […] et exécutée par les mercenaires soutenus par la Turquie, sur la route entre Qamichli et Minbej »[4],[1]. Amnesty International indique également qu'Hevrin Khalaf « a été traînée hors de sa voiture, frappée et abattue de sang-froid »[11]. Les auteurs de son assassinat appartiennent au groupe Ahrar al-Charkiya[8],[12],[13].

Le photographe Al Hareth Rabbah, qui accompagnait les rebelles d'Ahrar al-Charkiya, témoigne : « Quand on leur a ordonné de s'arrêter, au barrage, la voiture blindée qui transportait Havrin Khalaf n'a pas obtempéré et a gardé ses portières fermées. C'est à cause de cela que tous ses passagers ont été tués, toujours le 12 octobre, au petit matin »[8].

Amnesty International indique qu'un rapport médical présente la liste des blessures infligées à Hevrin Khalaf, « notamment de multiples blessures par balle à la tête, au visage et dans le dos, ainsi que des fractures aux jambes, au visage et au crâne, et un arrachement de la peau du crâne et la perte de cheveux dus au fait qu’elle a été traînée par les cheveux »[11]. Leïla Mohamed, l'une des personnes chargées, à Derik, de préparer sa dépouille pour l'enterrement déclare au journal Le Monde : « Elle avait la jambe brisée, chair ouverte, les bras couverts de contusions, le corps et les vêtements couverts de terre comme s’ils l’avaient traînée sur le sol. [...] Cela fait huit ans que je fais ce travail et je n’ai jamais vu rien de tel »[14]. Un de ses collègues, Hassan, déclare quant à lui : « La moitié de son visage était écrasée à l’intérieur de son crâne, l’autre était reconnaissable. Elle avait plusieurs impacts de balles dans la poitrine et dans le ventre, et des brûlures qui tendent à indiquer qu’ils lui ont tiré dessus de près »[14].

Réactions

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Banderole rendant hommage à Hevrin Kalaf lors d'une manifestation berlinoise en soutien au Rojava.

Selon Mutlu Civiroglu, un spécialiste de la politique kurde : « C’est une grande perte. Elle avait un talent diplomatique, elle participait toujours aux rencontres avec les Américains, les Français, les délégations étrangères »[1]. Son exécution est saluée par plusieurs médias turcs, notamment par le journal Yeni Şafak, qui parle d'une « opération réussie » ayant mis « hors d’état de nuire » la femme politique kurde, ou encore par Yeni Akit qui titre : « L’organisation terroriste en état de choc : une de leurs responsables exécutés [sic] »[15].

L'assassinat d'Hevrin Khalaf est condamné par les États-Unis[16]. Brett McGurk, l'ancien conseiller du président Donald Trump à la coalition internationale en Irak et en Syrie, déclare le , que l'assassinat de Hevrin Khalaf constitue un crime de guerre[17]. Le , l'Organisation des Nations unies rappelle qu'« en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, les exécutions sommaires constituent des violations graves - et peuvent constituer un crime de guerre »[18].

Les funérailles de Hevrin Khalaf ont lieu le à Derik[14],[3],[9].

Hommages

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À Lyon, depuis septembre 2021, une place située dans le quartier de la Guillotière porte le nom de Hevrin Khalaf[19].

Notes et références

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  1. a b c et d « Syrie : neuf civils « exécutés » par les rebelles proturcs », sur AFP, (consulté le ).
  2. (en) Conrad Duncan, « Female Kurdish politician 'executed' by pro-Turkish militants in Syria », sur le site independent.co.uk, (consulté le ).
  3. a et b (en) « Hevrin Khalaf: funeral held for Kurdish politician killed by Turkish-backed forces », sur le site The National, (consulté le ).
  4. a et b (en) « Statement to the Public Opinion », sur le site du Conseil démocratique syrien, (consulté le ).
  5. (ar) « من هي هفرين خلف! » [« Qui est Hafrin Khalaf ? »], sur le site jesrpress.com,‎ (consulté le ).
  6. (en) « Explained: The chilling murder of Kurdish leader Hevrin Khalaf », sur le site The Indian Express, (consulté le ).
  7. Une milice turque exécute neuf civils kurdes, dont une femme politique, La Libre.be, 121019
  8. a b c d et e Enquête : des vidéos démontrent les exactions d'une milice proturque dans le nord de la Syrie, Les Observateurs et France 24, 16 octobre 2019.
  9. a b c d et e Benjamin Barthe et Allan Kaval, En Syrie, le martyre d’Havrin Khalaf, victime des chiens de guerre d’Ankara, Le Monde, 22 novembre 2019
  10. (en) Wladimir van Wilgenburg, « Senior female Kurdish political leader killed in ambush in Syria », sur le site kurdistan24.net, (consulté le ).
  11. a et b Preuves accablantes de crimes de guerre et d'autres violations commises par les forces turques et des groupes armés qui leur sont affiliés, Amnesty International, 19 octobre 2019.
  12. Jérémie Lanche, La Turquie pointée du doigt par l'ONU pour des exécutions de Kurdes en Syrie, RFI, 15 octobre 2019.
  13. En Syrie : des preuves de crimes de guerre, Amnesty International, 21 octobre 2019.
  14. a b et c Benjamin Barthe et Allan Kaval, Les exactions des miliciens pro-Turcs sèment le chaos dans le Nord-Est syrien, Le Monde, 14 octobre 2019.
  15. « Vu de Turquie. Offensive contre les Kurdes : des médias turcs se félicitent de l’exécution de civils », sur le site Courrier international, (consulté le ).
  16. Syrie : Washington condamne l'exécution d'une responsable politique imputée aux rebelles proturcs, AFP, 14 octobre 2019.
  17. (en) Bob Brigham, « ‘That’s a War Crime’: Ex-Trump Envoy Brett McGurk Is Outraged by Assassination of Hevrin Khalaf », sur le site The New Civil Rights Movement, (consulté le ).
  18. « Syrie : possibles crimes de guerre par une milice pro-turque, selon l’ONU », sur le site ONU Info, (consulté le ).
  19. Dans le quartier de la Guillotière, le nom de la militante kurde Hevrin Khalaf gravée dans la pierre, leprogres.fr, 20 septembre 2021

Voir aussi

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Vidéographie

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Liens externes

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