Hervé Bondembe Mandundu
Hervé Bondembe Mandundu, né en 1989 au Zaïre et mort le à Bex en Suisse, est un résident suisse d'origine congolaise abattu dans son immeuble par un policier jugé en état de légitime défense.
Sa mort donne lieu à une manifestation contre les violences policières à Lausanne.
Biographie
modifierHervé Bondembe Mandundu[1], surnommé Yaya[2], naît en 1989 au Zaïre. Il est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants et le seul à ne pas être né en Suisse[3],[4].
Il réside à Lausanne à partir de l'âge de 5 ans. Il obtient un CFC de peintre en bâtiment. Il ne demande jamais sa naturalisation[3],[4].
Devenu père à l'âge de 19 ans, il se sépare de la mère en 2010. Il déménage à Bex en 2015 pour se rapprocher de son ex-compagne, qui a la garde de l'enfant et vit dans le Chablais valaisan[3],[4].
Le , un voisin appelle la police parce qu'Hervé Mandundu, « apparemment perturbé »[5] et « sous l'influence de la drogue (ecstasy) »[6], a défoncé la porte d'un logement situé au-dessus du sien. Selon le communiqué de la police cantonale, il se rue sur les policiers avec un couteau dans la cage d'escalier. Après la sommation d'usage, l'un des agents fait feu et le blesse mortellement[5],[7],[8].
Manifestations
modifierLa mort d'Hervé Madundu conduit à de nombreuses critiques d'un usage excessif de la force de la part de la police[2],[9]. Le 19 novembre 2016, environ 1 000 personnes participent à une manifestation à Lausanne sous le mot d'ordre « stop à la violence policière »[10],[11].
Le nom d'Hervé Mandundu est ensuite évoqué lors les manifestations contre les violences policières et le racisme systémique qui sont organisées en Suisse dans le sillage de la mort de George Floyd et du mouvement Black Lives Matter[12],[13],[14].
Une troisième manifestation liée à l'affaire a lieu à la suite de l'acquittement du policier mis en cause dans le décès[15].
Procès, recours et arrêt du Tribunal fédéral
modifierFin mars 2021[16], le Tribunal criminel de l'est vaudois acquitte le policier ayant ouvert le feu sur Hervé Mandundu au nom de la légitime défense, au terme d'un jugement plus rapide qu'attendu[15],[17]. Il relève en particulier « que l'état de décompensation psychique aigu dans lequel se trouvait vraisemblablement Hervé ce soir-là a rendu la situation extrême » et que « [a]u vu gravité de la menace que représente un couteau d’environ 30 centimètres brandi en hauteur, des sommations restées inefficaces et de la rapidité de l’attaque », il était proportionné de faire usage de l'arme à feu[17]. La famille fait appel contre le jugement[18].
En août 2021, le Tribunal cantonal confirme l'acquittement, qualifiant l'enquête de « particulièrement soignée ». L'avocat de la famille annonce un recours au Tribunal fédéral[6]. Ce dernier confirme l'acquittement début 2023[19], concluant que « l'intimé a fait l'objet d'une attaque illicite et actuelle susceptible de porter atteinte à sa vie ou à son intégrité physique et les coups de feu qu'il a tirés pour repousser cette attaque étaient proportionnés aux circonstances. »[20].
Références
modifier- Chloé Banerjee-Din, « Les soupçons de bavures s’accumulent sur la police », 24 heures, (ISSN 1424-4039, lire en ligne , consulté le )
- Benjamin Pillard, « "Hervé est mort injustement; Dieu fera son travail" », Le Matin, (lire en ligne, consulté le )
- David Genillard, « «Je veux juste savoir pourquoi Hervé est mort» », 24 heures, (ISSN 1424-4039, lire en ligne , consulté le )
- Benjamin Pillard, « Drame de Bex: "Oui, sa mort est une bavure!" », Le Matin, (lire en ligne, consulté le )
- Benjamin Pillard, « Un voisin agité abattu par la police à Bex », Le Matin, (lire en ligne, consulté le )
- Philippe Maspoli, « Drame de Bex – Accusé de meurtre, le policier est de nouveau acquitté » , sur 24 heures, (consulté le )
- David Genillard, « Bex: abattu à la suite d'une querelle de voisinage », 24 heures, (ISSN 1424-4039, lire en ligne, consulté le )
- David Genillard, « «Je veux juste savoir pourquoi Hervé est mort» », 24 heures, (ISSN 1424-4039, lire en ligne , consulté le )
- « Soupçons de violences policières dans le canton de Vaud: les autorités doivent réagir », sur www.humanrights.ch, (consulté le )
- « Une manif pour dire «Plus jamais!» », sur Gauchebdo, (consulté le )
- (en) sabah, « Hundreds protest murder of black man by Swiss police », Daily Sabah, (consulté le )
- Keystone/ats, « Genève: plus de 10'000 manifestants contre le racisme », sur swissinfo.ch, (consulté le )
- (en-GB) « A man holds a placard reading "George Floyd, Herve Mandundu, Mike Ben... », Getty Images (consulté le )
- « George Floyd réveille la mémoire des violences policières dans le monde », rts.ch, (consulté le )
- Sophie Dupont, « Après le verdict, un malaise subsiste », sur Le Courrier, (consulté le )
- « Vaud: un policier en procès pour meurtre à Renens », Le Nouvelliste, (consulté le )
- Flavienne Wahli Di Matteo, « Drame de Bex – Légitime défense reconnue, policier acquitté » , sur 24 heures, (consulté le )
- Alain Tito Mabiala, « Un procès, des questions et des points de suspension », sur Le Courrier, (consulté le )
- ats/vajo, « Un policier blanchi par le Tribunal fédéral pour son tir mortel à Bex », sur rts.ch, (consulté le )
- ATF 6B 15-2022 du [lire en ligne]