Henry Wilfrid Deville
Henry Wilfrid Deville (1871-1939) est un architecte et un graveur aquafortiste français ayant accompli une partie de sa carrière aux États-Unis.
Henry Wilfrid Deville | |
Portrait photo de 1925. | |
Présentation | |
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Nom de naissance | Henri Wilfrid Joseph Théobald Deville |
Naissance | Chantenay-sur-Loire[Note 1] (France) |
Décès | (à 67 ans) 14e arrondissement de Paris |
Nationalité | France |
Activités | architecture, graveur |
Diplôme | architecte D.P.L.G. (1900) |
Formation | École nationale des beaux-arts (1897) |
Œuvre | |
Réalisations | Hôtel de ville de Baccarat |
Distinctions | Officier de la légion d'honneur (1934) |
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Biographie
modifierEnfance, formation et début de carrière d'architecte
modifierHenri[1] Wilfrid Joseph Théobald Deville naît le chemin du Pressoir-Chênaie à Chantenay-sur-Loire, qui est alors une commune limitrophe de Nantes. Ses parents sont Wilfrid Théobald Deville, commis, et Berthe Anne Duchemin, sans profession, résidant au no 4 du boulevard Sébastopol à Nantes[2].
Il entre aux Beaux-Arts de Paris en 1893 dans la classe de l'architecte Henri Deglane. Il est diplômé en 1897[3], puis DaPLG en 1900.
En 1900, il est, entre autres, sous les ordres de Charles Meysson, chargé de la conception des grilles du monument des enfants du Rhône au parc de la Tête d'or à Lyon.
Le , à Paris 14e, il épouse Antonia Gabrielle Eugénie Cécille.
Carrière aux États-Unis
modifierAyant eu pour condisciples aux Beaux-Arts les Américains John Mead Howells et Isaac Newton Phelps Stokes (en), ceux-ci le font venir à New York pour travailler dans leur cabinet d'architecte, Howells & Stokes, sur des bâtiments publics.
En 1907, il rencontre le graveur américain Henry Winslow[4] qui l'initie à la technique de l'eau-forte. Deville est fortement impressionné par les bâtiments new-yorkais, les perspectives qui se dégagent de la ville depuis Brooklyn et commence à dessiner puis graver une quantité importante de pièces. Lors d'un séjour à Paris en 1908, il reçoit des conseils de la part d'Auguste Lepère, lequel le présente au galeriste Edmond Sagot, grand amateur et marchand d'estampes. Par ailleurs, il croise à New York le graveur, nantais comme lui et ami de Lepère, Jean Émile Laboureur : les deux hommes resteront liés. Fin 1913, son travail de graveur commence à être reconnu aux États-Unis : deux articles importants en témoignent, dans Harper's Magazine[5] et l'International Studio[6] : la revue imprime six gravures qui proposent des vues du Manhattan des années 1910. En , il expose trente-huit eaux-fortes à la Brown & Co. Galleries (New York).
Retour en France
modifierL'entrée en guerre de la France précipite la décision d'Henry Deville de rentrer en France pour s'enrôler : durant le conflit, de 1914 à 1918, il continue à exécuter de nombreux dessins des tranchées ainsi que des zones dévastées du côté de Nancy qu'il gravera par la suite (1919). Il est nommé officier d'infanterie près l'État major.
En 1922, il est nommé par le Gouvernement architecte en chef de la reconstruction des régions libérées, dans l'Est de la France : il avait commencé à travailler à la restauration de Lunéville en 1919 puis ce fut au tour de Nancy. En 1924, il conçoit l'hôtel de ville de Baccarat qui est aujourd'hui restauré et mis en valeur[7].
Par la suite, il revient à l'eau-forte, figurant les paysages de son enfance nantaise. Ce travail est salué par la revue L'Amateur d'estampes qui signale que ses gravures américaines sont alors offertes aux yeux du public français[8].
Il termine sa carrière comme contrôleur des habitations à bon marché pour le ministère de la Santé publique. En 1934, il est nommé officier de la Légion d'honneur.
Mort et postérité
modifierIl meurt le dans son atelier parisien situé au 12 de la rue Victor-Considérant[9] et est inhumé le à Nantes, au cimetière La Bouteillerie[10],[11]. En 1948, son épouse lègue à la ville de Nantes une partie de ses archives, de nombreuses gravures et une bourse d'architecture[12].
Une rue de Nantes, située dans le quartier Dervallières - Zola (qui fait partie du territoire de l'ancienne commune de Chantenay), porte son nom.
Œuvre
modifierBâtiments
modifierLa liste officielle des bâtiments[13] conçus par Henry Deville comprend :
- 1899-1900 : pavillon de la Monnaie, exposition universelle de Paris.
- 1900 : église Saint-Joseph de Grenoble, avec Charles Meysson.
- 1900-1901 : avec Charles Meysson, grilles du monument des enfants du Rhône au parc de la Tête d'or à Lyon.
- 1901 : hôtels particuliers à Couëron, Le Loroux-Bottereau, Nantes.
- 1903 : hôtel de ville de Bucarest (Roumanie)
- 1903-1914 : bâtiments publics à New York, cabinet Howells & Stokes.
- 1919-1924 :
- groupes scolaires de Badonviller et Lunéville.
- hôtel de ville de Baccarat.
Gravures
modifierDeville composa plus d'une centaine d'eaux-fortes et quelques bois, représentant des paysages urbains et la campagne. Ses compositions sont fortement contrastées, il travaille le cuivre assez longuement et semble-t-il d'après dessin ou de mémoire. Ses influences sont Whistler, Laboureur, pour les contemporains, et pour les maîtres anciens, Charles Meryon et Piranese[14].
La conservation, quant à son inventaire, fait état : de pièces à la Bibliothèque nationale de France, soit 44 eaux-fortes, dont quelques vues de New York et des paysages de Pennsylvanie ; on compte aussi des marines et vues champêtres du pays nantais. Les dates indiquées vont de 1911 à 1936.
On compte aussi un important lot conservé au musée des beaux-arts de Nantes, soit 55 pièces, et outre des gravures, des aquarelles et des dessins[15].
Par ailleurs, le musée de la New York Historical Society conserve un état gravé de The Game of Marbles (Les joueurs de billes)[16] et la New York Public Library, quatre pièces[17].
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Cliff Street
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Games of Marbles
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Metropolitan Tower from New Town
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Top of the West Street Building
Notes et références
modifierNotes
modifier- Nantes n'est pas sa ville natale : Chantenay-sur-Loire n'a été annexée à Nantes qu'en 1908.
Références
modifier- Henri et non Henry selon l'état-civil français.
- Lhommeau et Roberts 2013. L'auteur de cet ouvrage confond le nom la rue où habitent les parents avec celle où Henry Wilfrid Deville est né, chez son grand-père maternel à Chantenay. Voir le registre des naissances de la commune de Chantenay, 1871, no 143, vue 26, archives municipales de Nantes en ligne.
- Notice Deville, Henri, sur le catalogue CatZarts.
- Notice VIAF, en ligne.
- Harper's Magazine, octobre 1911, reproduisant quatre estampes, lesquelles sont conservées à la New York Public Library.
- (en) New York as Seen by Henry Deville par Mildred Stapley, International Studio 51-203, janvier 1914, p. 155-157, en ligne sur archive.org.
- Dans le pays de Baccarat, magazine de loisirs, en ligne.
- « Henry Deville » par Michel Malherbe, dans L'Amateur d'estampes, janvier 1925, p. 154-160, comportant des reproductions — sur Gallica.
- État-civil du 14e arrondissement de la Ville de Paris, année 1939, no 2892.
- Archives en ligne de la ville de Nantes : registre des inhumations année 1939, page 189, ligne 3. Selon ce registre, la tombe (un caveau, concession perpétuelle no 12591) se trouve carré M, rang 11, fosse 30.
- Lhommeau et Roberts 2013. Selon cet ouvrage, la sépulture se trouve carré M, angle sud-est.
- Archives de la ville de Nantes, extrait du dossier de legs.
- Base Mistral, en ligne.
- Bailly-Herzberg 1985, p. 101.
- Notice no 07430000700, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture et notices suivantes.
- (en) Guide to the Ann Feinstein Collection of New York City Prints, en ligne.
- The NY Public Library Digital Collection, moteur de recherche, en ligne.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Jean Laran (direction), Inventaire du fonds français après 1800, Paris, BnF / Cabinet des estampes, 1953, volume VI.
- (en) « Henry Wilfrid Deville », extrait de la notice dans le dictionnaire Bénézit , sur Oxford Art Online, (ISBN 9780199773787)
- « Deville, Henry Wilfrid », dans David Karel (direction), Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, p. 240-241 — lire extrait en ligne.
- Janine Bailly-Herzberg, « Deville, Henry », dans Dictionnaire de l'estampe en France (1830-1950), (ISBN 9782080120137), p. 101.
- Éric Lhommeau et Karen Roberts, Les Artistes dans les cimetières nantais, Nantes, Le Veilleur de nuit, , 91 p. (ISBN 979-10-90603-03-5), p. 13.
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :