Heinrich Tønnies

photographe danois d'origine allemande (1825-1903)


Heinrich Tønnies ou Heinrich Tönnies, né le à Grünenplan près de Brunswick en Allemagne et mort le à Aalborg au Danemark, est un photographe danois d'origine allemande, actif à Aalborg.

Heinrich Tönnies
Heinrich Tönnies, autoportrait photographique
Biographie
Naissance
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Grünenplan (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 78 ans)
AalborgVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Almen Kirkegård (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
danoise (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Période d'activité

Biographie

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Autoportrait photographique d'Heinrich Tønnies.

Johan Georg Heinrich Ludwig Tønnies suit une formation de peintre et de tailleur de verre, et travaille dans l'industrie du verre dans le duché de Brunswick et la région de la Ruhr.

Il s'installe au Danemark en 1847 et travaille d'abord à la cristallerie de Konradsminde comme peintre sur porcelaine et tailleur de verre[1]. Il épouse en 1853 Emma Müller ; le couple a trois enfants.

En 1855, Heinrich Tønnies s'installe à Aalborg pour travailler dans une usine de verrerie ; il y fait la connaissance du photographe Carl Fritsche, originaire de Berlin, et se forme auprès de lui à la daguerréotypie[2]. Tønnies se forme également auprès de Wilhelm Schrøder à Copenhague et se rend brièvement à Berlin où il complète ses connaissances en photographie auprès du photographe de cour Carl Suck (de)[3].

De retour à Aalborg à l'automne 1856, Tønnies achète le l'atelier de photographie de Carl Fritsche, qui s'installe la même année à Hambourg[4].

Tønnies se spécialise rapidement dans le portrait carte-de-visite, avec un grand succès ; il réalise les portraits et les photographies de famille habituels, mais prend également des clichés de soldats, d'artisans et de domestiques dans leurs vêtements de tous les jours[5]. Il photographie aussi des paysages. Il investit dans l'amélioration de son équipement de studio et acquiert des appareils photographiques plus modernes, notamment un appareil Voigtländer doté d'un objectif lumineux de 16 cm de diamètre, fabriqué à Brunswick depuis 1865 : les négatifs de 50 × 60 cm qu'il permettait de prendre fournissaient des tirages de grande taille et très détaillés à une époque où les agrandissements étaient encore largement inconnus[4]. Il utilise d'abord des plaques au collodion humide, puis passe très rapidement aux plaques sèches[6]. Il devient le principal photographe du Jutland du Nord[5]

Dans les années 1860, Tønnies prend un grand nombre de photographies d'Aalborg : vues de la ville, bâtiments, scènes de rue. Il vend ses photographies en cartes postales. En 1874, il reçoit une importante commande des chemins de fer danois, pour photographier en détail les phases de la construction du pont ferroviaire au-dessus du bras de mer du Limfjord dans le nord du Jutland ; Tønnies photographie les travaux ainsi que ouvriers qui voulaient envoyer des photos chez eux, souvent dans leurs vêtements de travail et parfois avec leurs outils[5],[4],[7].

Tønnies photographie les soldats danois avant qu'ils ne partent au combat lors de la Première guerre de Schleswig qui oppose la Confédération germanique au Danemark de mars 1848 jusqu'en 1851, puis de janvier à lors de la guerre des Duchés qui oppose la Confédération germanique puis l'empire d'Autriche et le royaume de Prusse au Danemark. Lors du premier de ces conflits, environ 17 000 Danois convertis au mormonisme émigrent en Utah pour échapper à l'enrôlement dans l'armée danoise ; Tønnies a pris des portraits d'environ 2 000 mormons danois avant leur émigration aux États-Unis[3]. 498 photographies de mormons danois prises par Tønnies sont conservées dans la collection Heinrich Tönnies de la bibliothèque de l'université Brigham-Young à Provo dans l'Utah[8].

En 1870 Tønnies obtient la nationalité danoise. Il dirige son atelier photographique jusqu'à sa mort en 1903 ; il est inhumé au cimetière d'Aalborg. Son fils Emil (1860-1923) et ses descendants continuent l'activité de l'atelier jusqu'au début des années 1970[1].

Collections

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Le Musée d'histoire (da) d'Aalborg acquiert en 1991 les photographies, les archives et l'équipement de l'atelier de Heinrich Tønnies et de sa famille ; le fonds comprend notamment 300 000 négatifs de portraits, concernant au moins 45 000 personnes, avec les carnets de commande où Tønnies a consigné nom, adresse et profession, ce qui permet d'identifier les modèles, ainsi qu'un ensemble de vues d'Aalborg[9].

Références

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  1. a et b Henning Bender 1982, p. 92.
  2. (da) « Johan Georg Heinrich Ludwig Tønnies », sur www.gravsted.dk.
  3. a et b Henning Bender 1982, p. 96.
  4. a b et c Henning Bender 1982, p. 95.
  5. a b et c (da) Gunner Byskov, « Heinrich Tønnies », dans Den Store Danske Encyklopædi, (lire en ligne).
  6. (da) Nina Hobolth (dir), Heinrich Tønnies : et fotografisk atelier, Aalborg, Nordjyllands Kunstmuseum, , 119 p. (ISBN 9788788307573).
  7. (da) Mette Sandbye et Gitte Pedersen, Dansk Fotohistorie, Copenhague, Gyldendal, (ISBN 9788700395862), p. 49.
  8. (en) « Heinrich Tönnies collection », sur Université Brigham-Young.
  9. (de) Henning Bender, « Heinrich Tønnies negativsamling reddet! », Objektiv, no 54,‎ , p. 10-17 (ISSN 0107-6329).

Bibliographie

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  • (en + da) Alexander Alland, Heinrich Tönnies: Cartes-de-Visite Photographer Extraordinaire, New York, Camera/Graphic Press, (ISBN 0-918696-06-2).
  • (en) Henning Bender, « Portraits by Heinrich Tønnies », dans Martin Friedman (dir.), The Frozen Image. Scandinavian Photography (catalogue d'exposition), New York, Abbeville Press, (lire en ligne), p. 92-96.
  • Antoinette Reuter, Une page d'histoire européenne photographiée par Heinrich Tønnies (Aalborg, DK) et Berto Cappelari (Dudelange, L), Dudelange, Centre de documentation sur les migrations humaines, (ISBN 978-2-959-99404-3).

Liens externes

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