Hanoucca

fête juive
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Hanoucca (en hébreu : חג החנוכה Hag HaHanoukka, «  Fête de l'Édification » ou « de l'Encénie ») est une fête juive d'institution rabbinique, commémorant la réinauguration de l'autel des offrandes dans le Second Temple de Jérusalem, lors de son retour au culte judaïque, après trois ans d'interruption et de fermeture par le roi séleucide Antiochos IV au IIe siècle av. J.-C.. Elle marque donc une importante victoire militaire des Maccabées et symbolise la résistance spirituelle du judaïsme à l'assimilation hellénistique.

Hanoucca
Un enfant devant une hanoukkia brillant de tous ses feux au 8e jour de la fête (Archives de l’Hashomer Hatzair Yad Yaari, entre 1950 et 1960).
Un enfant devant une hanoukkia brillant de tous ses feux au 8e jour de la fête (Archives de l’Hashomer Hatzair Yad Yaari, entre 1950 et 1960).

Nom officiel (חג החנוכה
Hag HaHanoukka
« Fête de l'Édification »)
Autre(s) nom(s) Fête des Lumières
Signification Fête joyeuse commémorant la victoire militaire et spirituelle des Juifs de Judée sur les armées séleucides et l'hellénisation.
Commence le 25 kislev
Finit le 2 ou 3 tevet
Date 2024 Du coucher du Soleil, le 25 décembre

À la tombée de la nuit, le 2 janvier 2025

Observances Allumer la hanoukkia,
jouer avec des draydels (sevivon),
manger des latkes (galettes de pomme de terre) ou des soufganiyot (beignets frits).

Selon la tradition rabbinique, cette victoire s’accompagne du miracle de la fiole d'huile lors de la consécration du Temple, qui permet aux prêtres du Temple de faire brûler pendant huit jours une quantité d'huile à peine suffisante pour une journée. Elle prescrit donc huit jours de louange par la récitation complète du Hallel et la propagation du miracle par l'allumage de chandeliers à neuf branches au devant ou aux fenêtres des habitations. D'autres coutumes s’y rattachent dont la consommation de friandises à base d'huile d'olive (sfendj, latkes, soufganiyot…) ou les jeux de toupies à quatre faces, et c’est pour cette fête que le plus grand nombre de chants a été composé.

Elle est célébrée à partir du 25 kislev (qui correspond, selon les années, aux mois de novembre ou décembre dans le calendrier grégorien) et dure huit jours, jusqu'au 2 ou 3 tevet (en fonction de la longueur de kislev, mois de 29 ou 30 jours).

Hanoucca dans les sources juives

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Hanoucca dans les livres des Maccabées

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Bible Bowyer, l’Héroïsme d’Eléazar, d’après l’une des scènes marquantes du premier Livre, à l’origine du troisième.
 
G. Doré, Le Martyre d’Eléazar le Scribe, d’après l’une des scènes majeures du deuxième Livre, à l’origine du quatrième.

La réédification de l’autel du second Temple de Jérusalem se place dans le contexte de la révolte des Maccabées: selon le récit qu’en fait un Juif proche des événements (et intéressé à la présenter comme la persécution d’une superpuissance contre la petite nation judéenne[1]) dans le premier livre des Maccabées, les nombreuses mesures prises par Antiochos IV contre la Loi d’Israël, poussent les Juifs qui souhaitent y demeurer fidèles à se regrouper autour de Mattathias l'Hasmonéen. Prêtre du dieu d’Israël officiant à Modiin, il a refusé de sacrifier aux idoles et pris les armes puis le maquis contre les Hellènes et ceux des Juifs qui les suivent ; ses fils, en particulier son aîné Juda, dit le Maccabée — c’est-à-dire, probablement le « Marteau, » en raison de ses victoires militaires sur les séleucides[2] — reprennent le combat et, après trois ans de lutte, « le vingt-cinquième jour du […] mois de kislev de la cent quarante-huitième année, […] ils firent la dédicace de l'autel pendant huit jours [en lieu et place de la fête des Cabanes qui n’a pu se tenir à la date prévue cette année], et ils offrirent des holocaustes avec joie, et un sacrifice d'action de grâce (en) et de louange. […] Alors Juda, avec ses frères et toute l'assemblée d'Israël, ordonna que le jour de la dédicace de l'autel serait célébré en son temps, d'année en année, pendant huit jours, à partir du vingt-cinquième jour du mois de kislev, avec joie et allégresse (1 Maccabées 4:52-59). »

Cette réédification qui ne constitue d’un point de vue historique qu'un épisode d’une révolte qui se poursuivra vingt ans jusqu'à ce que les Juifs retrouvent une indépendance de fait[1], est au cœur du deuxième livre des Maccabées : un Juif hellénisé de Cyrénaïque l’écrit plus tardivement à l’intention des Judéens en diaspora, y révélant l’agitation interne qui mènerait Antiochos à vouloir supprimer toute expression de Loi juive dans un but d’apaisement politique[1], et invitant son lectorat à répandre cette fête judéenne qui célèbre la victoire du ioudaïsmós (ainsi dénommé pour la première fois en 2 Macc. 21 comme désignant l’ensemble des mœurs judéennes ou juives) sur l’ellenismós. Plus édifiant et présentant de nombreuses ressemblances avec le Livre de Daniel, il fait une part assez large au martyrologe où l’on ne meurt plus pour assurer la victoire militaire, comme Eléazar le vaillant zélote (en) qui est écrasé par un éléphant à la bataille de Beth Zacharia (1 Macc. 6:32-33), mais pour ne pas transgresser la Loi de Dieu comme Eléazar le vieux prêtre vénérable (en) qui refuse d’ingurgiter de la viande de porc (2 Macc. 6:18-31) ou une mère et ses sept fils (en) qui préfèrent le supplice à l’abjuration (2 Macc. 7:1-41). D'autre part, il est établi que les Maccabées ne sont pas parvenus à la victoire par leur seul génie militaire car Dieu a suscité des miracles qui éclairent et réchauffent le cœur des hommes : la restauration de l'autel par le feu reproduit sa purification, également opérée un 25 kislev mais au temps de Néhémie, par le « feu sacré, » un liquide épais et gras que Néhémie et ses gens appellent nephtar, « purification, » qui a été caché dans un puits sec et profond par les prêtres avant leur exil à Babylone, et qui, répandu sur le bois de l’autel, s’enflamme aux premières lueurs du soleil (2 Macc 1:18-36).

Hanoucca dans la littérature rabbinique

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La fête de la réédification tient une place de choix dans la Meguilat Taanit, une liste de jours fastes commémorant les victoires maccabéennes dont elle reste l’un des seuls vestiges à l’époque de la Mishna (TB Rosh Hashana 19b), et sa popularité au cours du Ier siècle est attestée dans les écrits de Flavius Josèphe, où il l’appelle « Fête des Lumières » (Antiquités judaïques, livre xii. chap. 6-7, §7), et dans l’Évangile selon Jean 10:22, où elle est appelée « Fête de la Dédicace » bien que « renouvellement » ou « encénie » soient plus appropriés[3].

 
Section de la Meguilat Antiochos en judéo-araméen babylonien, vocalisée à la manière babylonienne et accompagnée d’une traduction judéo-arabe

Toutefois, bien que les différentes mentions de la fête dans la Mishna et son « complément » la Tossefta indiquent qu’elle donne lieu à un rite institué par les sages d’Israël — des émissaires sont dépêchés de Jérusalem aux communautés de la diaspora pour leur annoncer la néoménie de kislev (m. Roch Hachana 1:3), on ne peut y décréter de jeûne public (m. Taanit 2:10, m. Moëd Katan 3:8), on prescrit la lecture d’une section biblique particulière où les princes des douze tribus d’Israël apportent cérémonieusement la contribution de leur clan à l’inauguration du Tabernacle (m. Meguila 3:5-6) ainsi qu’une prière de grâce pour la grande victoire (t. Berakhot 3:14) et la lecture complète du Hallel (t. Soukka 3:2) —, ceux-ci n’incluent pas les Livres des Maccabées dans leur canon biblique, et rédigent la Meguilat Antiochos (en) ou Meguilat Bnei Hashmonaï qui servira aux Juifs de référence sur les faits[4] (les Livres des Maccabées seront en revanche intégrés au canon biblique chrétien, qui en récupère l’idéologie pour renforcer la foi des premiers chrétiens face aux persécutions de l’empire romain[1]). Or la meguila s’achève sur la mort de Bagris (c’est-à-dire Bacchidès[5]) et présente une autre version du miracle qui eut lieu le 25 kislev: parvenus dans le Temple de Jérusalem et ayant entrepris de le purifier, les gens de la maison de Hashmonaï n'y trouvent qu'un petit flacon d'huile, scellé du sceau du grand-prêtre depuis le temps de Samuel et donc pure mais à peine suffisante pour alimenter le candélabre à sept branches du Temple pendant un jour or cette fiole dure miraculeusement huit jours, le temps d'en fabriquer une autre.

D’autre part, aucun traité mishnaïque n’est consacré à la manière d’observer Hanoucca, à la différence des autres fêtes du Pentateuque ou même de la fête post-exilique de Pourim, et le passage du traité Chabbat (pages 21b-23a) qui remplit cette fonction dans le Talmud de Babylone (sans équivalent dans le Talmud de Jérusalem qui comporte quelques lois éparses), fait fond sur le miracle de la fiole d'huile sans mentionner les victoires des Maccabées. Ceci, au vu des récits talmudiques prônant le martyre plutôt que la lutte — TB Guittin 57b propose une autre version du récit de 2 Maccabées où la mère, gratifiée du nom de Hanna, et ses sept fils choisissent de mourir plutôt que transgresser et s'incliner devant une idole — et d’autres, franchement critiques envers les Hasmonéens — comme les persécutions d’Alexandre Jannée, rallié aux Sadducéens contre les sages (TB Kiddoushin 66a) ou l’offrande d’un porc conseillée par un vieux Juif versé en « sagesse grecque » pour provoquer la chute des murailles de Jérusalem lors de la guerre entre Hyrcan et Aristobule (TB Sotah 49b) —, a mené tant des érudits du judaïsme que des rabbins de l’ère moderne à supposer une ambivalence de l'auteur de la Mishna, Juda Hanassi, vis-à-vis de la dynastie qui aurait usurpé la place de la maison de David dont lui-même provient ou une crainte d’énerver les autorités romaines, particulièrement après la révolte de Bar Kokhba voire une obsolescence de la fête nationaliste qui aurait seulement été sortie de l’oubli lorsque les Juifs de Babylonie auraient dû réaffirmer leur foi face aux adorateurs persans du feu. Ces hypothèses sont cependant contestées tant par les érudits du judaïsme[4] que par les rabbins contemporains[6] : les sages d’Israël ont activement participé à la lutte contre l’abolition de la Loi d’Israël, laquelle lutte a servi de cadre pour évaluer les limites respectives de « mourir plutôt qu'enfreindre » et d’« enfreindre plutôt que mourir » (en) (TB Yoma 83a-85b & Ketoubot 5a, cf. 1 Macc. 2:29-48), et Menachem Mendel Schneerson explique l’absence d’un traité Hanoukka par le voisinage temporel entre la révolte des Maccabées et l’élaboration de la Mishna, laquelle proximité ne laisse pas le temps à la fête de se développer au-delà des traditions de la Meguilat Taanit et de la Meguilat Antiochos, lesquelles fournissent toutes les informations nécessaires et rendent de surcroît un traité superflu[7].

 
Un luminaire de Hanoucca de l'ère de la Mishna, trouvé près de Jérusalem.
 
Suivant l'avis de Hillel l'Ancien, le luminaire de Hanoucca, portant huit lumières pour marquer le huitième jour de la fête, est placé près d'une fenêtre (sur cette photographie, celle d’Akiva Boruch Posner, rabbin de la communauté juive de Kiel, fait face au quartier général nazi de cette ville, avant que ceux-ci ne prennent le pouvoir en 1933)

En outre, la question à laquelle répondent les ordonnances de TB Chabbat 21b-23a, n’est pas « Qu’est [la raison pour laquelle on célèbre] Hanoucca ? » comme le portent les éditions courantes du Talmud mais « Qu’est le luminaire de Hanoucca ? »[4], et les rabbins, interrogés sur une pratique d’allumage qui ne présente de prime abord pas de rapport avec la victoire des Maccabées — une tradition talmudique concurrente (TB Avoda Zara 8a) dépeint Adam marquant le « retour du soleil » après l’allongement des nuits par une fête de huit jours, et Hanoucca serait la version juive du solstice d'hiver[8],[9] —, la justifient comme une façon de « divulguer le miracle » (judéo-araméen: פִּרְסוּמֵי נִיסָּא pirsoumei nissa) de la fiole d'huile.
La seule prescription formelle de Hanoucca, hormis la lecture complète du Hallel qui lui est particulière mais non spécifique, est par conséquent d’allumer chez soi un luminaire pendant huit jours à la tombée de la nuit mais si l’obligation de base consiste à allumer un luminaire dans son foyer chaque soir (ner ish oubeïto), il est meilleur (mehadrin) que chaque membre du foyer allume son propre luminaire et le summum de la beauté (mehadrin min hamehadrin) est de varier le nombre de lumières chaque soir. Là aussi, deux opinions s’affrontent: l’école de Shammaï (en) se fonde sur les offrandes spéciales (he) de Souccot en nombre décroissant pour commencer la fête avec huit lumières et la terminer sur une, tandis que l’école de Hillel prescrit d'allumer une lumière supplémentaire à chaque soir car « lien » (c’est l’avis retenu par la Loi juiveChoulhan Aroukh Orah Hayyim 671:2).
Après une longue discussion sur le statut de ces lumières, les Sages concluent qu'elles sont consacrées à la fête et ne peuvent servir à des usages mondains comme l'éclairage de la maison. Elles doivent donc être allumées à distance des luminaires du foyer et il est recommandé de les placer devant la porte d'entrée ou à la fenêtre donnant sur la voie publique (dans la m. Baba Kama 6:8, Rabbi Yehouda dispense le propriétaire d’un commerce pour les dommages que causerait le passage d’un chameau chargé de lin s’il provoquait un incendie au contact du lin avec une lampe de Hanoucca qu’il aurait placée à l'extérieur de sa boutique) afin qu’elles soient vues de l’extérieur (Rachi in TB Chabbat 21b, s.v mibahouts explique que cela suscite l'interrogation des passants et qu’on contribue, en leur en fournissant la raison, à propager le miracle).

Hanoucca dans la littérature juive médiévale et ultérieure

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Un rituel pour la fête de Hanoucca est établi, apparemment en Babylonie, au temps des gueonim dans le 20e chapitre du traité mineur Soferim (en), où il est homilétiquement rattaché (en) à divers versets bibliques. Il est codifié quelques siècles plus tard par Maïmonide, représentant de la tradition séfarade (code 4:3), qui ne lui trouve pour sa part aucun précédent dans la Bible et ne le compte pas, contrairement à l’auteur des Halakhot gdolot (en), au nombre des 613 prescriptions bibliques (code 3:3) tandis que Jacob ben Asher qui rapporte aussi les opinions ashkénazes dans son recueil de lois quadripartite, s’appuie sur le midrash consigné en Pessikta Rabbati (en) 6 — déjà connu de Soferim 20:10 et repris en Exode Rabba (en) 52 ainsi qu’en Nombres Rabba (en) 13:4 — qui fait du 25 kislev la date de consécration du Tabernacle dans le désert (TOH 684).

Rite de Hanoucca

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Les premières lampes de Hanoucca, appelées Ner Hanoukka, sont des récipients d’argile à huit rigoles pour y verser l’huile mais elles se diversifient avec le temps, tant dans le choix de matériaux plus nobles (cf. TOH 673) que dans la forme qui imite celle de la menorah, candélabre du Temple de Jérusalem, avec deux branches supplémentaires, d’où les appellations menorat Hannouka ou Hannike Leuchter en yiddish tandis que le terme hanoukkia apparaît sous différentes graphies dans les écrits séfarades post-médiévaux puis en hébreu moderne. L’une des branches, appelée shamash ou shammes (« serviteur »), sert à allumer les autres lumières du chandelier[10]). Comme elles doivent — dans l’idéal — être visibles, il convient de les allumer à proximité de la voie publique, à une hauteur entre trois et vingt palmes, sur une seule rangée (KCA 139:7-9).

Après la victoire hasmonéenne sur « les rois de Grèce [qui] ont décrété des décrets sur Israël, aboli leur statut [religieux], ne les ont pas laissé s’affairer à la Loi et aux prescriptions, ont porté la main sur leurs avoirs et leurs filles et sont entrés dans le Temple, y faisant des brèches et rendant impures les choses pures » (code 3:1) et après le miracle de la fiole d’huile (code 3:2), les « sages de cette génération » ont institué huit jours à dater du 25 kislev — car il faut lire Hanoucca comme hanou ka"h, ils se sont reposés le 25 (TOH 670, ka"h ayant une valeur de 25 dans le système alphanumérique hébreu) — pendant lesquelles on allume des lampes au pas de la porte, — en vis-à-vis de la mezouza, afin de se conformer à Cantique 7:7, « Que tu es belle, par la mezouza, et que tu es attrayante, par la lampe de Hanoucca » (Soferim 20:5) — pour montrer et propager le miracle, et les jeûnes ou eulogies sont proscrits (code 3:3 & 4:7-10, TOH 670-671). Le jour est joyeux et il est de coutume, non-contraignante, de faire bonne chère mais il n’est pas chômé bien que les femmes s’abstiennent de toutes tâches pendant la durée de l’allumage et parfois davantage (TOH 670 ; commentant ce passage, le CAOH 670:1-2 explique que les femmes ont participé au miracle par le biais de Judith, héroïne éponyme du Livre du même nom qui serait la sœur de Mattathias)

 
Célébration de Hannukah, huile sur toile (XVIIIe)
En cas « de danger » i.e. de violences contre les Juifs, il est prescrit d’allumer la lampe de Hanoucca dans la maisonnée, même sur une table, à condition de la différencier des lampes domestiques (code 4:8, TOH 672-673)

L’allumage doit se faire au moyen d’une lampe consacrée à Hanoucca mais non d’une lampe destinée à d’autres usages et la lampe consacrée ne peut servir à allumer une lampe qui ne l’est pas (TOH 674 ; un décisionnaire ultérieur, le KCA 139:12-15 précise qu’il faut le réaliser à titre privé car l'allumage à la synagogue (ou dans des lieux publics) ne se fait que pour la publication du miracle.). Il donne lieu à une bénédiction sur l’allumage même et une bénédiction de louange pour les miracles dont Israël a bénéficié « en ces jours en ce temps », ainsi qu’une troisième lors du premier jour pour exprimer la gratitude de pouvoir l’accomplir (code 3:4, TOH 676 y ajoute la déclaration sur les bougies (he) formulée en Soferim 20:6).
Il y a trois manières plus ou moins mehadrin d’allumer les lampes mais l’allumage est si cher à Israël qu’il a pris préséance sur d’autres obligations y compris l’allumage des bougies du chabbat (code 4:12-14 ; TOH 678 donne la priorité aux bougies de chabbat mais précise en TOH 679 au nom des Halakhot gdolot qu’en ce qui concerne l’allumage, celui de Hanoucca doit précéder celui du chabbat car ce dernier interdit tout allumage ultérieur jusque sa sortie ; TOH 680 traite des cas de chabbat par mauvais temps), et que l’usage mehadrin min hamehadrin s’est répandu pour chaque foyer et chaque membre du foyer d’ajouter une lumière pour chaque jour de la fête, en séparant soigneusement chaque lumière de ses voisines (code 4:1-4 & TOH 671 qui limite cependant le nombre total de lumières à huit, soit une seule lampe par foyer même s’il comporte plusieurs membres; TOH 673 prescrit en outre, en se référant à Soferim 20:3, d’utiliser une lampe neuve ou à tout le moins chauffée afin d’en éliminer toute trace d’huile).
Les lampes sont allumées depuis le coucher du soleil — car on ne pourrait jouir de sa lueur avant la nuit « et bien qu’il n’y en ait pas de preuve, il y a un indice de ce qu’il est dit (Exode 13:22) “la [colonne de] nuée (en) ne cessa pas le jour [ni la colonne de feu la nuit de précéder le peuple]” » (Soferim 20:4) — jusque la fin de la fréquentation des marchés, environ une demi-heure plus tard. Il faut pourvoir la lampe d’assez d’huile pour brûler jusque là, quelle qu’en soit la qualité (le KCA 139:4, juge tout de même préférable d'utiliser de l'huile d'olive et des mèches de laine, en souvenir du Temple de Jérusalem) car la lumière de Hanoucca n’a pas d’autre usage et il est même interdit d’inspecter ou compter des pièces de monnaie à sa lueur ; on n’est cependant pas tenu de rallumer la mèche si elle s’éteint avant ce délai et il est loisible de l’éteindre après cette demi-heure (code 4:5-6 ; TOH 672-673 permet, contrairement à Maïmonide, d’allumer la lampe au-delà de cette demi-heure mais avant que les membres de la maisonnée s’endorment ou d’en faire un usage mondain après la première demi-heure ; TOH 681 indique toutefois qu’on ne peut utiliser la lumière de Hanoucca pour la cérémonie de différenciation puisqu’on ne peut, au cours de la première demi-heure, en tirer profit).

Liturgie de Hanoucca

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Hanoucca doit par ailleurs être célébrée par la récitation quotidienne du Hallel dans son entièreté, ce qui requiert une bénédiction avant sa lecture, bien qu’il s’agisse là aussi d’une ordonnance de sages et non d’une prescription biblique (code 3:5 & TOH 670; Moïse Maïmonide considère le Hallel si paradigmatique de la fête qu’il y développe l’ensemble des règles qui lui sont relatives en code 3:6-14 tandis que Jacob ben Asher renvoie succinctement, en TOH 683, à ce qu’il a écrit dans les lois de la néoménie et de Souccot); et une louange particulière « sur les miracles » (ʿal hanissim (en)) est insérée en ces jours dans la bénédiction de grâce (he) (code, lois de la prière 2:13, TOH 682) et les bénédictions après le repas (code, lois des bénédictions 2:6). Jacob ben Asher institue aussi, conformément à Soferim 20, d’interrompre le cycle de lecture de la Torah pour lire la « section des princes (he) » en commençant par Nombres 7:1 ou Nombres 6:22, sur base de Pessikta Rabbati 6 (TOH 684).

Parallèlement voire antérieurement à ces ordonnances, des pièces liturgiques sont composées pour agrémenter les offices de prière. Les premières, rédigées entre les VIe et VIIIe siècles en Palestine byzantine, dont la qedoushta (he) de Yannaï pour le shabbat Hanoucca au cours duquel on lit la section des princes, élaborent uniquement sur la complétion du tabernacle au temps de Moïse sans mention des Maccabées, et il en est de même pour la plupart des qedoushtaot d’Eléazar Hakalir, tandis que des évocations des guerres hasmonéennes apparaissent au détour d’un poème pour Roch Hachana (he) de Yosse ben Yosse. D’autres compositions attribuées à Eléazar Hakalir font fond sur la dédication de l’autel mais élargissent le cadre aux quatre bêtes fantastiques des visions de Daniel — identifiées aux royaumes de Babylone, Médie, Grèce et Édom, c’est-à-dire Rome — et sept hanoukkot, fruits d’un midrash perdu où sept inaugurations attestent de la permanence de la Loi que Dieu a révélée à Israël depuis la création du monde, malgré les quatre tentatives de l’abolir — la première hanoukka est celle du monde lui-même, la deuxième celle du tabernacle dans le désert, la troisième celle de David (d’après le psaume 30), la quatrième celle de Salomon, la cinquième celle du second temple par Ezra, la sixième celle des Hasmonéens et la dernière celle du troisième temple attendu ; ces poèmes tirant leur datation du Seder Olam Rabba, remettent, encore que succinctement, la révolte des Hasmonéens au cœur de la prière, ainsi que leur victoire sur les Grecs, la redédicace de l’autel et la coutume des lumières de Hanoucca. C’est cependant avec aadif kol shmona (he), rédigé pour rehausser la prière des dix-huit bénédictions lors des jours de semaine de Hanoucca, que le poète qui ne connaît pas les livres des Maccabées ni la meguilat Antiochos, reconstitue l’histoire qui a donné lieu à la fête au moyen du Talmud de Jérusalem et du Midrash ainsi que des traditions inédites, détaillant comme il le peut les mesures des Grecs, représentants du troisième royaume qui tache Israël par ses décrets, la lutte des Hasmonéens dont il fait des membres de la division sacerdotale (en) d’Imer, à l’encontre du premier livre des Maccabées et la purification de l’autel réminiscente de l’une des versions de la Meguilat Taanit[11].
Les poètes des VIIIe et Xe siècles, qu’ils soient du Levant, d’Allemagne ou d’Espagne, connaissent en revanche la Meguilat Antiochos fort estimée de Saadia Gaon, son héros Jean le grand-prêtre (he), ses antagonistes Bagris et Nicanor, et sa version du miracle de Hanoucca. Les poèmes historiques de ce genre, dont l’ezkor maalalei Yah de Juda Halevi est considéré comme l’un des plus aboutis, abondent bien que des pièces anhistoriques et symbolistes continuent d’être composées[12], parmi lesquelles shnei zeitim (en) de Salomon Ibn Gabirol, avnei yeqar (he) d’Abraham Ibn Ezra et asher yatsar or (he) d’Ephraïm de Ratisbonne (en). C’est à la même période, au cours de laquelle ont lieu les croisades en Europe, qu’un certain Mordekhaï signe un poème en six stances, rappelant comme les poèmes des quatre royaumes et sept inaugurations, les nombreuses fois où Dieu a sauvé Israël de ses persécuteurs, et concluant sur une supplique de le faire une fois de plus à cette époque.

Coutumes de Hanoucca

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Hanoucca, fête familiale au cours de laquelle tous se réunissent autour des feux du candélabre, a donné lieu à des traditions populaires — les beignets, l’argent de Hanoucca et la toupie à quatre faces — qui semblent avoir cimenté l'observance de la fête, y compris parmi les Juifs non-pratiquants[13],[14]. Elles n’ont pas leur source dans la Loi juive, bien qu’elles figurent parfois dans les gloses du Choulhan Aroukh, code fondé sur ceux de Maïmonide, Jacob ben Asher et d’autres autorités rabbiniques de l’ère médiévale, et sont apparues avec les aléas des Juifs au cours des lieux et époques.

 
Soufganiyot modernes à la confiture.

Les soufganin (le mot dérive du grec commun, tout comme l’éponge et le sfendj nord-africain[15]), beignets frits à l’huile, sont apparemment associés au miracle de la fiole d’huile dans les écrits de Maïmon ben Yossef HaDayan et celui-ci qualifierait déjà la coutume d’ancienne mais ses modalités d’application dépendent de mœurs et facteurs locaux: outre le sfendj et ses variantes (zalabya (en) égyptien ou yéménite, zelebi persan, zengoula irakien etc.), les Juifs de la péninsule ibérique confectionnent des bimuelos pour Hanoucca[16], et une crêpe fourrée à la ricotta — que les Juifs consomment en souvenir de Judith car c’est avec des laitages qu’elle endort puis décapite Holopherne — suit les errances des Juifs d’Italie du Sud, expulsés par l’Inquisition espagnole en 1493 (en) : parvenue à Rome où elle devient la cassola puis le kases kichel (en) après qu’elle a elle migré quelques siècles plus tard en Pologne, elle donne lieu, lorsque le fromage est remplacé par des pommes de terre frites sous l’influence de Juifs venus d’Allemagne et d’une politique agricole en vigueur en ce temps, aux latkes typiques de la cuisine ashkénaze[17]. D’autre part, le paczki à la confiture, consommé par les Polonais pour le Carême, est aussi adapté aux exigences des règles alimentaires juives en substituant l’huile au lard, et devient le ponchki qui sera hébraïsé en soufganiya (plur. soufganiyot)[15].

 
Pièces en chocolat de Hanoucca, frappées de candélabres de Hanoucca imitant les pièces issues par le pouvoir hasmonéen après sa victoire.

L’« argent de Hanoucca » (Hanikke guelt (en)) provient lui aussi de Pologne : des pièces de monnaie, données originellement aux enfants pour être distribuées à leurs enseignants, finissent par leur revenir ou sont distribuées aux nécessiteux (Maguen Avraham sur CAOH 670, glose 1, Kitsour Choulhan Aroukh 139:1), ce qui participe, selon les rabbins, de la propagation du miracle de la fiole d’huile puisque tous savent que Hanoucca en est la raison. La distribution de pièces en chocolat la remplace majoritairement à partir du XXe siècle, et seuls des Hassidim la pratiquent encore[18].

 
Toupie à quatre faces du début du XXe siècle.

La toupie de Hanoucca, dont chaque face est frappée d'une lettre hébraïque selon l'ordre נגהש (noun-guimel-hei-chin), est l’un des plus grands symboles de la fête, engendrant ses propres légendes, en suggérant que les insurgés contre le pouvoir séleucide auraient trompé l’ennemi en feignant d’y jouer. En réalité, elle est la version yiddish du toton où les instructions allemandes N (Nicht, « rien »), G (Ganz, « tout, » prends toute la mise), H (Halb, « moitié ») et Sh (Shtel, « pose »), sont remplacées par les lettres hébraïques qui leur correspondent. La tradition juive étant opposée aux jeux de hasard, il semblerait que le jeu, dont les enjeux sont des pièces de Hanoucca ou des friandises, n’aurait été originellement permis que lors de la Nittel Nacht, une contre-fête juive qui recommande de ne pas étudier lors de la nuit de Noël — laquelle a généralement lieu au cours de la fête de Hanoucca — pour ne pas attirer l’attention de fêtards prompts aux excès, et son extension aux huit jours de la fête paraît secondaire[19].

Les adultes, eux, s’adonnent pendant ce temps à trouver des réponses à la très-sérieuse question du Beit Yossef (he) (si l’huile de la fiole suffisait pour un jour, pourquoi célébrer le miracle pendant huit jours et non sept?) ou à des jeux d’esprit aussi divertissants qu’érudits[20] : un éminent talmudiste galicien propose de trouver dans le mot Hanoukka l’abréviation de Het nerot Vehalakha Kebeit Hillel (« huit lumières et la Loi suit l'opinion de l'école de Hillel »), et Makabi est réinterprété comme l’acronyme d’Exode 15:11 (Mi Kamo’ha Baèlim Yhwh « Qui t’égale parmi les forts, Éternel ? » (Hiddoushei Aggadot sur TB Chabbat 21b). D’autres établissent des rapports entre les quatre lettres de la toupie et les quatre royaumes[21], les quatre domaines du monde selon la Kabbale[22] etc. L’interprétation la plus populaire demeure cependant la relecture Nes Gadol Haya SHam, « un grand miracle a eu lieu là-bas, » en terre d'Israël[19].

Hanoucca dans la Kabbale

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« Lorsque les Maccabées ont repris le Temple, ils ont extrait les pierres d'autel que les Hellénistes avaient contaminées, puis les ont enterrées près du Temple. Cela [témoigne de la volonté ferme et déterminée] d'incorporer la langue grecque - la sagesse grecque - dans la langue sacrée et de la rendre "subsidiaire" à la Torah [avec le Septante][23] »

En plus de la traduction grecque de la Torah, une corrélation parfois simple, parfois irréconciliable a été maintenue entre le peuple hébreu et la sagesse des Hellènes. Les Hakhamim, ainsi que les Kohen lui-même, ont réussi "l'entreprise titanesque" qui consistait à «convertir» et à racheter la sagesse ancienne, qui avait été par la suite corrompue, puis à lui redonner la splendeur de la vérité incontestée ; Kohen ainsi que les Hakhamim et les prophètes juifs en général sont par définition inspirés de la vérité divine, alors ici le miracle de l'huile de Hanoucca pour les lumières témoigne de l'esprit qui rachète toute matérialité : c'est la victoire du sacré contre la planéité la plus grossière et la plus vulgaire de l'athéisme religieux. En effet, les hellénistes ont nié "une intervention divine dans le monde, c'est-à-dire dans la nature et dans l'histoire" : le miracle de Hanoucca en tant que tel témoigne de la foi juive pour la réalisation d'un lieu utilisé pour le service divin également sur la Terre : la Avodah dans le Temple de Jérusalem ne peut donc jamais être niée[réf. souhaitée].

Au départ, grâce à la fraternité entre Sem et Japhet, distinctement précurseur des Juifs et père de la culture et de la civilisation grecques, le peuple juif et une grande partie du reste de l'humanité ont précisément pu interagir cordialement avec intelligence et compréhension mutuelle, dirions-nous aujourd'hui avec amitié et fraternité; cela signifie que la transmission de la sagesse de la vérité, celle précédemment perdue par Adam, qui en fait avant le péché originel était presque Hassid, a effectivement eu lieu[24]. Il y a cependant un fait : avec un détachement partiel des Hellénistes de la "simple authenticité de la vérité de cette sagesse", ils ont provoqué un départ immédiat des Juifs qui ont vaguement ou consciemment identifié l'aliénation des anciens Grecs de l'origine de la vérité. Ainsi un affrontement a d'abord été nécessaire, puis une confrontation et enfin la rencontre grâce aux conversions à la foi juive effectuées aussi par quelques importants soldats grecs[réf. souhaitée].

Rites et coutumes de Hanoucca

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Statut de Hanoucca

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Célébration de Hanoucca par des soldats juifs allemands en Pologne (1916)

Hanoucca est célébrée pendant huit jours, en terre d'Israël comme en Diaspora[25].

Comme Pourim, il s'agit d'une fête de reconnaissance au cours de laquelle les marques publiques de deuil, dont le jeûne et les éloges funèbres, sont interdites[26]. Cependant, ces jours n'ont, contrairement au chabbat et aux fêtes bibliques, aucun caractère saint et ne sont pas chômés[27] (bien qu’ils fussent considérés comme une période de congé scolaire dans certaines communautés d’Europe orientale[28]). Comme ils ne relèvent d'aucun rituel ordonné dans la Bible, leur liturgie a varié dans le temps et ne comporte pas d'office de prière supplémentaire (moussaf)[29].

Liturgie de Hanoucca

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« [Nous te sommes aussi reconnaissants] pour les miracles, la rédemption, les haut-faits, les actes salvateurs, les merveilles, les consolations et les batailles que Tu as faits pour nos pères en ces jours [et] en ce temps.
Au temps de Mattathias l'Hasmonéen fils de Yohanan le Grand-Prêtre et de ses fils, lorsque la mauvaise royauté hellénique s'est élevée contre Ton peuple d'Israël pour leur faire oublier Ta Torah et leur faire transgresser les statuts de Ta volonté, Tu T'es alors levé pour eux dans leur détresse, Tu as pris leur défense, jugé leur procès, vengé leur vengeance, livré les forts aux mains des faibles, les majoritaires aux mains des minoritaires, les impurs aux mains des purs, les méchants aux mains des justes, les orgueilleux aux mains de ceux qui s'occupent de Ta Torah. Tu T'es fait un grand et saint Nom dans Ton monde et pour ton peuple d'Israël, Tu as réalisé salut et délivrance comme en ce jour. Ensuite, Tes fils sont venus dans le Débir de Ta maison, ils ont nettoyé Ton palais, purifié Ton sanctuaire, allumé des lumières dans Tes saintes cours et fixé ces huit jours de Hanoucca pour rendre grâce et louange à Ton grand Nom ».


Texte du ’Al Hanissim de Hanoucca[30].

La première addition à la liturgie ordinaire en vue de signaler Hanoucca a été la récitation à la synagogue du Psaume 30, composé pour l'« inauguration de la Maison » (Hanoukat Habayit)[31].

Y ont été ajoutés le Hallel et une bénédiction spécifique intitulée Al Hanissim.

La coutume de lire la Meguilat Antiochos a disparu après le Moyen Âge (sauf dans le rite judéo-yéménite)[32]. En revanche, une section de la Torah particulière est lue publiquement chaque jour.

Al HaNissim

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La bénédiction Al Hanissim s'intercale dans la bénédiction de hoda'a (« reconnaissance [de la majesté divine] ») de la ’Amida (la prière principale des offices du matin, de l'après-midi et du soir) et lors du Birkat Hamazon (bénédiction après les repas).

Elle tire son nom de ses premiers mots, al hanissim (« [Nous Te remercions] pour les miracles ») et est suivie d'un bref récit de la victoire de Mattathias et de ses fils[33]. Le miracle de la fiole d'huile n'y est pas mentionné.

Afin de « rendre grâce et louange à Ton grand Nom » dans l'allégresse, on remplace la lecture austère du Tahanoun (« supplication ») par celle du Hallel (« louange ») en raison du miracle qui s'est tenu (mishoum nissa) en terre d'Israël[34]. Il est déclamé dans son entièreté (du Psaume 113 au Psaume 118) les huit jours de la fête de Hanoucca, après la Amida du matin.

De même, certains passages bibliques et liturgiques évoquant le deuil ou la sévérité ne sont pas lus[35].

Lecture de la Torah

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Prière pour Hanouccah en hébreu et phonétique, Tunis (XXe siècle)

Une lecture publique est faite à Hanoucca du passage des Nessi'im (« princes »), relatif à l'inauguration du Tabernacle dans le désert (Nombres 7:1-8:4 ; certains lisent à partir de Nombres 6:22).

On lit chaque jour de la fête les versets détaillant les présents apportés par chaque prince des douze tribus d'Israël au jour correspondant. Au huitième jour, on lit le passage Nombres 7:54-8:4, dont les premiers mots, Zot hanoukkat hamizbea'h, sont devenus le nom du dernier jour de la fête, Zot Hanoucca ; les quatre derniers versets font référence à l'allumage des branches de la menora[36].

Par ailleurs, comme Hanoucca dure huit jours, elle inclut au moins un chabbat (généralement celui de Miketz[37] ), sinon deux.
La section Miketz (Genèse 41:1-44:17) raconte l'ascension de Joseph en Égypte.
La Haftara est tirée de Zacharie 2:14–4:7[38]. Avec l'inauguration du Second Temple, le prophète décrit une vision de la menora à sept branches, dont l'ange lui explique la signification : « Ni par la puissance ni par la force, mais bien par mon esprit! dit YHWH Tzevaot » (Zach. 4:2-4:6).
Ce message illustre la vision qu'avaient les Pharisiens de la victoire des Maccabées.

Lorsque Hanoucca comprend un deuxième chabbat (comme c'était le cas en 2009), la Haftara est lue dans I Rois 7:40–50, et se rapporte à l'inauguration du Premier Temple[38], évènement biblique modèle de la fête[39].

Chansons de Hanouccah interprétées par l'orchestre de l'United States Air Force.

Lors de la néoménie du mois de Tevet (selon les années au cinquième ou au sixième jour de la fête), on lit d'abord la section propre à la néoménie, puis celle de Hanoucca[38].

Si la néoménie a lieu un chabbat, on lit d'abord la section de lecture hebdomadaire puis celle propre à la néoménie et enfin celle de Hanoucca. La Haftara est lue dans Zacharie 2:14-4:7[40].

Chants de Hanoucca

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Plusieurs chants sont traditionnellement associés à Hanoucca, en particulier :

 
Bal masqué de Hanouccah à Rishon LeZion (1928).

Réinterprétations modernes

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Reportage sur Aroutz 2 montrant un exemple de fête d'Hanoucca

Hanoucca dans le sionisme

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Fête de Hanoucca au kibboutz Gan Shmouel (1984).
 
Deux versions de toupies de Hanoucca sur un étal au marché : les bleues (lettres נגהפ) sont utilisées en Israël tandis que les oranges (lettres נגהש), sont destinées à la diaspora.

Alors que les rabbins avaient relégué les consonances militaro-nationalistes de Hanoucca au profit de son aspect miraculeux, le sionisme fait de la révolte des Maccabées l’un des moments-clés de son historiographie d'autant qu'elle connaît, contrairement à la révolte de Bar Kokhba et au siège de Massada, un dénouement heureux. Érigés en modèle du « Juif nouveau » et expurgés de leurs tendances hellénisantes[41], les Maccabées deviennent les éponymes des « Olympiades juives », de différents clubs sportifs, d'une mutuelle, d'une marque de bière, etc. ainsi que les héros de nombreux chants et œuvres dont beaucoup deviennent populaires. Dieu en est généralement absent : Yemei haHanoukka, version hébraïque d’Oy Hanikke, ne fait plus son éloge mais celle des Maccabées ; Aaron Zeev est encore plus explicite : « pour nous, il n'y a pas eu de miracle, nous n'avons pas trouvé de fiole ». De même, le Shib'hei Maoz de Naomi Shemer, composé en 1969, ne s’adresse pas à Dieu mais aux places-fortes de Tsahal, prises d’assaut lors de la Guerre d'usure avec l’Égypte[42].

 
Pièce israélienne de 10 agourot frappée d'une hanoukkya et d'une ménorah, reproduisant l'image d'une pièce émise par Mattathias Antigonus.

Hanoucca devient donc l’une des plus grandes fêtes nationales d’Israël, marquée par de nombreuses réjouissances et une période de congé scolaire[43]. Les sionistes religieux entérinent eux aussi cet aspect nationaliste de Hanoucca (tout en lui conservant une signification religieuse), adaptant en outre son rite (lecture du Hallel et d’Al Hanissim dans les offices de prière) à la célébration de l’indépendance d'Israël[44].

Hanoucca et les fêtes de fin d'année

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Hanouccah au Kotel (mur des Lamentations).

Hanoucca ayant lieu « en hiver »[réf. nécessaire], à une période proche de Noël, a souvent été considérée comme l'« Avent d'Israël[45] ».

Après avoir symbolisé la lutte contre l'oppression religieuse et l'oblitération de la judéité[18],[46], elle est paradoxalement devenue pour beaucoup, en particulier aux États-Unis, la version juive des fêtes de fin d'année. Outre la distribution de cadeaux aux enfants[46] (qui a également lieu en France[47],[48]), nombre de familles assimilées ou mixtes célèbrent un Noël judaïsé, avec un buisson de Hanoucca, « sapin de Noël « juif » » enguirlandé, surmonté d'une étoile de David et entouré de figures représentant les Maccabées[49]. D'autres célèbrent conjointement Noël et Hanoucca, voire des fêtes composites comme Chrismukkah.

Pour beaucoup, la concordance de ces deux fêtes jusqu'à leur date n'est en rien fortuite : Jésus pourrait être né le 25 kislev[50], à la date que les Juifs avaient choisie pour marquer la victoire de Dieu sur les divinités païennes en ridiculisant leur célébration du solstice d'hiver[9]. D’autres pensent que Hanoucca serait la version juive du solstice et que Noël en serait le pendant chrétien[29],[9],[8]. Cette idée se retrouve en partie dans la tradition juive, selon laquelle Adam aurait marqué le « retour du Soleil » par une fête de huit jours[51] et pour nombre de Juifs des contrées nordiques (qui n'associent nullement Hanoucca à Noël), la fête symbolise, de nos jours encore, la victoire de la lumière sur l'obscurité hivernale[8],[52]. D'autres suggèrent une célébration certes pré-maccabéenne mais plus proche de l'esprit de la fête : miracle à l'époque de Néhémie[53] ou fête de la récolte de l'huile d'olive célébrée dès l'époque du premier Temple[54]. Certains courants progressistes profitent d'ailleurs de Hanoucca pour diffuser un message écologiste, le miracle de la fiole symbolisant pour eux la conservation de l'énergie[55],[56].

Allumages publics

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Hanoukya bleue à la porte de Jaffa, Jérusalem.

En réaction à ces diverses réinterprétations (qui ne sont pas sans provoquer des controverses[46],[57],[58]), le Rabbi de Loubavitch, Rav Menachem Mendel Schneerson, dirigeant du mouvement hassidique Habad, reprend à son compte l’initiative d'Abraham Beame, premier maire ouvertement juif de la ville de New York, dix ans après le décès de celui-ci, en 1977, d’allumer une hanoukkia géante dans le centre de la ville[18]. Le rabbin fait de l’allumage public l’une de ses mitzvah campaigns au nom du pirsoum nissa et afin de promouvoir la « survivance spirituelle de la flamme juive » par la pratique des prescriptions bibliques[59].

Ces allumages se sont depuis répandus au Canada[60], en Europe, en Israël et ailleurs[61].

En France, plus récemment, cet allumage est utilisé dans de grandes villes comme symbole public. À la suite des attaques menées en Israël par le Hamas le 7 octobre 2023, la fête est célébrée au Palais de l'Élysée avec le président de la république Emmanuel Macron, ainsi que près de la Tour Eiffel, pour manifester une opposition à l'antisémitisme ambiant. Mais cela suscite également la controverse, certains y voyant une rupture avec les principes de la laïcité et la loi de 1905 régissant la séparation des cultes vis a vis de l'État français, votée à l'initiative notamment du président du conseil de l'époque Émile Combes[62],[63],[64].

Notes et références

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  1. a b c et d Maurice Sartre, « Des Maccabées très sulpiciens ! », sur www.books.fr (consulté le )
  2. (he) Yohanan Treves, Mahzor keminhag qehilot qodesh Roma heleq aleph [« Le Rituel selon la coutume des saintes communautés de Rome, 1ère partie »], Bologne,‎ ש’ (lire en ligne), p. 100, voir aussi Mireille Hadas-Lebel, « L'épopée des Maccabées : Historicité de 'Hanouca » [vidéo], sur Akadem, (consulté le )
  3. cf. article « Encénie » dans le dictionnaire de Trévoux, 1771.
  4. a b et c (he) Shmouel Safraï, « Hazal veHag haHanoukka » [« Nos Sages de mémoire bénie et Hanoucca »], Mahanayim,‎ (lire en ligne)
  5. Quelqu’un aurait-il l’amabilité d’adapter le Modèle:Cite Jewish Encyclopedia ?
  6. (he) Itzhak Ben-Yossef, « Lama ein Massekhet Hanoukka » [« Pourquoi n’y a-t-il pas de traité Hanoucca? »], sur Yeshiva.org, 13 kislev 5779 (consulté le )
  7. (en) Menachem Posner, « What Happened to Tractate Chanukah? », sur Chabad.org, (consulté le )
  8. a b et c J. Gabay, « Hanouka: la lutte contre l'obscurantisme », sur Le Devoir.com (consulté le ).
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  10. E. Gugenheim, Le Judaïsme dans la vie quotidienne, p. 132-133.
  11. (he) Ofir Munz-Manor, « Zot hanoukkat beit Hashmonaï: Zekher Hahashmonaïm bapiyyoutim mehatqoufa habyzantit », Oqimta, no 5,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le )
  12. (he) Shulamit Elizur, « Piyyoutei HaHanoukka: semel moul realia » [« Poèmes litugiques de Hanoucca: symbole vs réalité »], dans David Amit & Hanan Eshel, Yemei Beit Hashmonaï [« L’ère des Hasmonéens »], Jérusalem, Ben-Zvi, (lire en ligne)
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  27. C.A. O.H. 670:1.
  28. Yehezqel Landau, Noda biyhouda, deuxième édition, Orah Hayim, n° 139.
  29. a et b Jewish Encyclopedia 1901-1906.
  30. D'après E. Gugenheim, Le judaïsme au quotidien, p.136.
  31. Massekhet Soferim 8:2 ; cf. Pessikta Rabbati 2.
  32. Louis Ginzberg, ANTIOCHUS, SCROLL OF, in Jewish Encyclopedia.
  33. C.A. O.H. 682:1.
  34. Siddour Tefilat kol pè (rite sfard), édition Eshkol, Jérusalem, p. 300.
  35. K.C.A. 139:22.
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  37. « Le Calendrier Juif - Hhanouka », sur www.calj.net (consulté le )
  38. a b et c ibid. 139:24.
  39. Cf. II Maccabées 2:12.
  40. ibid. 139:25.
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  54. Yoël Bin-Nun, (he) Yom Yessod Heikhal H’, Megadim 12 ; Israël Rozenson, (he) Midrash Hadash veTiv'o, p.90 ; cf. Mishna Bikkourim 1:6.
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  63. https://hassidout.org/en-images-grand-allumage-de-hanouccah-intercontinental-a-la-tour-eiffel-organise-par-le-beth-loubavitch/
  64. https://www.bfmtv.com/politique/elysee/le-match-du-soir-charles-consigny-sur-la-celebration-d-hanouka-a-l-elysee-ca-va-preter-le-flanc-a-ceux-que-l-on-entend-beaucoup-sur-les-reseaux-sociaux-faire-des-commentaires-aux-relents-antisemites_VN-202312080866.html

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Lampe de Hanoucca contemporaine de Tiffany.

Bibliographie

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  •   Cet article contient des extraits de l'article « ḤANUKKAH » par Kaufmann Kohler de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906 dont le contenu se trouve dans le domaine public.
  • Lucine Endelstein, « Lumières sur la ville : Les fêtes de Hanoucca entre action missionnaire transnationale et appartenance événementielle », Archives de sciences sociales des religions, no 177,‎ , p. 51–71 (ISSN 0335-5985, lire en ligne, consulté le ).
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  • Ernest Gugenheim, Le judaïsme dans la vie quotidienne, Albin Michel, (1re éd. 1961) (ISBN 978-2-226-05868-3).
  • Félix-Marie Abel, « La fête de la Ḥanoucca », Revue Biblique, vol. 53, no 4,‎ , p. 538–546 (ISSN 0035-0907, lire en ligne).

Annexes

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Liens externes

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