Hafrada

politique de ségrégation raciale israélienne envers les Palestiniens

Hafrada, en hébreu : הפרדה, littéralement en français : séparation, désengagement[note 1], ou Politique de séparation (מדיניות ההפרדה), est la politique du gouvernement d'Israël visant à séparer la population israélienne de la population palestinienne dans les territoires palestiniens occupés[note 2],[2], à la fois en Cisjordanie et dans la bande de Gaza][3],[note 3]

La barrière de séparation israélienne à Mas-ha en Cisjordanie occupée.

Dans le cadre de cette politique, la barrière de séparation israélienne est construite le long de la ligne verte (en Cisjordanie et en Israël), tandis qu'est érigée une barrière entre la bande de Gaza et Israël[5]. Le désengagement israélien de la bande de Gaza, qui comprend l'évacuation des colonies israéliennes et des forces de défense israéliennes et le bouclage de la Cisjordanie (en) sont également cités comme exemples de cette politique.

Yitzhak Rabin, Premier ministre d'Israël de 1992 à 1995, est le premier à préconiser la construction d'une barrière physique entre Israéliens et Palestiniens. Après l'attentat suicide de Beit Lid (en) en 1995, qui a tué 22 Israéliens, Yitzhak Rabin déclare que la séparation est nécessaire pour protéger la majorité des Juifs israéliens du terrorisme palestinien. Ehud Barak, Premier ministre de 1999 à 2001, déclare que « les bonnes clôtures font les bons voisins ». Depuis ses premières évocations publiques, le concept devenu politique ou modèle domine le discours et le débat politique et culturel israélien.

D'autres termes pour hafrada, lorsqu'ils sont utilisés en anglais, incluent la « séparation unilatérale » ou le « désengagement unilatéral ». L'historien Aaron Klieman (en) fait la distinction entre les plans de partition basés sur la hafrada qu'il traduit par détachement, et la hipardut, traduite par désengagement. Le mot hébreu hafrada peut signifier à la fois séparation et ségrégation Des critiques établissent un lien entre la politique de hafrada et celle de l'apartheid, tandis que d'autres affirment que le mot hafrada présente une « similitude frappante » avec l'utilisation sud-africaine du terme.

En 2014, Richard Falk rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens utilise le terme à plusieurs reprises dans son Rapport du rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.

Notes et références

modifier
  1. Selon les dictionnaires Milon et Masada, hafrada se traduit en anglais par « séparation », « division », « désengagement », « rupture », « dissociation » ou « divorce ».
  2. « Le terme hébreu Hafrada est le descripteur officiel de la politique du gouvernement israélien visant à séparer la population palestinienne des territoires occupés par Israël de la population israélienne, par des moyens tels que la barrière de Cisjordanie et le désengagement unilatéral de ces territoires. La barrière est donc parfois appelée gader ha'hafrada (barrière de séparation) en hébreu. Le terme hafrada présente des similitudes frappantes avec le terme apanheid, qui signifie séparation en afrikaans et dont Hafrada est l'équivalent le plus proche en hébreu[1]. »
  3. « Dans le langage du nous et du eux, on aurait pu s’attendre à un effondrement lorsqu’une politique d’intégration des deux communautés a été introduite. De toute évidence, le processus [de paix] va dans la direction opposée : la séparation. En fait, l’un des arguments les plus populaires utilisés par le gouvernement pour justifier sa politique est le danger (la bombe démographique, la matrice arabe) d’un État binational si aucune séparation n’est faite : le processus est donc une mesure prise pour sécuriser la majorité juive. Le terme séparation, hafrada est devenu extrêmement populaire pendant le processus, faisant référence aux clôtures construites autour des enclaves autonomes palestiniennes, aux routes pavées dans les territoires exclusivement pour les Israéliens, à la diminution du nombre de Palestiniens employés en Israël ou autorisés à y entrer. Les stéréotypes de la société palestinienne comme arriérée n’ont pas changé non plus[4]. »

Références

modifier
  1. Smith et Cordell 2013, p. 25.
  2. Mahmoud Darwich, « Israël-Palestine, revue de presse », Périphéries-Télérama,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Reuben Alcalai, The Complete Hebrew-English Dictionary, Masada, .
  4. Clyne 1997, p. 403.
  5. (en) Eric Rozenman, « Today's Arab Israelis, Tomorrow's Israel-Why “separation” can’t be the answer for peace » [« Les Arabes israéliens d'aujourd'hui, l'Israël de demain - Pourquoi la « séparation » ne peut pas être la réponse à la paix »], Hoover Institution [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

modifier
  • (en) David J. Smith et Karl Cordell, Cultural Autonomy in Contemporary Europe, Routledge, 152 p. (ISBN 978-1-3179-6851-1, lire en ligne).
  • (en) Michael G. Clyne, Undoing and Redoing Corpus Planning, Walter de Gruyter, , 520 p. (lire en ligne), p. 403.

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier
  • (en) « Toward a Third Intifada » [« Vers une troisième Intifada »], Baltimore Sun [lien archivé],‎ (lire en ligne, consulté le ).