Habitat vernaculaire amazigh
L'architecture vernaculaire amazighe (ou architecture vernaculaire berbère) correspond aux différents types architecturaux endémiques des régions amazighes (ou berbères) d'Afrique du Nord (des Iles canaries en Espagne à l'oasis de Siwa en Égypte et qui englobe l'intégralité des territoires, du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie et de la Libye), antérieures et contemporaines à la période islamique. L'architecture amazighe se caractérise par une diversité et une hétérogénéité de formes et structures.
Amalgame avec l'architecture arabique ou islamique
modifierLes architecture amazighes sont souvent méprises pour des formes d'architectures arabes (c'est-à-dire issues de la péninsule arabique) ou encore issues des conquêtes islamiques. Pourtant, ni les formes, ni les matériaux, ni les ornements, ni même les utilités de l'architecture amazighe ne se retrouvent au sein des pays de la péninsule arabique.
Les différents types d'architecture
modifierEn Algérie
modifierDu fait de l'hétérogénéité des territoires amazighs en Algérie, il existe une diversité d'architecture analogue, dans ses écrits Mouloud Mammeri disait de cette hétérogénéité : « Chaque colline porte un village et chaque village est un monde. Un sol bourré de valeurs, de traditions, de saints lieux, d’honneur ombrageux, de folles légendes et de dures réalités »[1].
La maison kabyle ou axxam
modifierLa maison kabyle est constitutive de la région montagneuse de Kabylie et de la vie ses habitants (les Kabyles). Constituée essentiellement de pierre et de bois, la maison Kabyle reflète l'identité endémique de son territoire : celui d'une population rurale, agricole et paysanne. Jadis, (avant le développement économique de l'Algérie), la maison Kabyle était constituée d'une seule pièce de vie centrale et d'un grenier ou étaient entreposés des vivres et ou dormaient les habitants, dans certains cas, la maison disposait d'une cave dans laquelle vivait le bétail[2],[3],[4].
La maison Kabyle est divisée de manière tripartite : l'espace réservé aux humains, une pièce réservé au bétail et une soupente ou un grenier (taεrict ou takanna) pour les provisions[3]. La taille réduite des habitations kabyles est due à la densité de population des villages ainsi qu'à un état de relative pauvreté des populations kabyles rurales[4].
Les matériaux emblématiques de la maison kabyles sont restés au fil des siècles la tuile, la pierre, l'ardoise, le torchis ou le pisé[5].
Les ornements utilisés pour décorer les maisons kabyles sont constitutifs de l'art amazigh (ou art berbère) algérien : figures géométriques, losanges, lignes droites, chevrons, rosaces... Ces ornements sont présents sur les façades, les poutres, les ouvertures et les fenêtres[4].
L'importance de ces ornements prend racine dans l'importance de la cellule familiale et intime dans la société Kabyle (et plus largement amazighe ou algérienne)[3].
La maison aurasienne et des Zibans
modifierLa maison aurasienne est constitutive de la région montagneuse des Aurès en Algérie. À l'image de la maison Kabyle, la maison aurasienne est essentiellement constituée de pierre, de bois de palmier, de terre crue, de calcaire (issu du Zab occidental) de pisé ou de torchis[6].
Les murs de la maison aurasienne sont à double parements et sont bâti sans fondations ni terrassement grâce au sol rocheux résistant aux intempéries. Les portes sont rectangulaires et les ouvertures hexagonales. Les toitures sont réalisées en même temps que les murs créant ainsi une structure unifiée. Afin d'aider au maintien du toit, les maisons comportent des poutres en bois de palmiers[6]. Comme pour la maison Kabyle, la maison aurasienne est conçue grâce à des éléments et matériaux endémiques, simples utilisés pour leur solidité et leur adaptation face aux contraintes climatiques (la terre cuite, le torchis et le pisé permettant une isolation face au froid et à la chaleur)[6].
Contrairement aux maisons Kabyle et Aurasienne, la maison mozabite se caractérise par des dimensions plus larges (généralement sur un étage), une architecture (intérieure comme extérieure) et un style plus épurés. Elle dispose d'un patio, un coin cuisine, un coin destiné aux provisions, un autre au métier à tisser. Les maisons Mozabites, du fait de leur localisation (dans le désert du Mzab) nécessitent la présence d'une cave à l'abri de la chaleur ou sont conservées les denrées périssables et où il n'est pas rare que les habitants se réunissent afin de s'abriter de la chaleur[7], dans la même optique, les maisons mozabites disposent de terrasse à ciel ouvert aux murs élevés (pour protéger des regards indiscrets et asseoir l'hégémonie de la famille dans son lieu d'intimité) où toute la famille peut dormir durant l'été afin de se rafraichir[7],[8].
Outre ses dimensions, les matériaux utilisés dans la maison Mozabite sont singuliers : du toub (briques d'argile), du timchent (plâtre issu de la cuisson du Gypse), le palmier (son bois est au socle de l'architecture Mozabite et endémique de la biodiversité du Mzab)
La porte d'entrée en bois de palmier illustre l'importance de la cellule familiale et de sa préservation dans la culture Mozabite : large, haute, épaisse, lourde et ornée d'un anneau en métal elle souligne le caractère éminemment intime du domicile familial[7],[9],[8].
Historiquement nomades, les Touaregs d'Algérie ne disposent pas de "maison" à proprement parler, ils vivent pour la plupart sous des tentes.
Au Maroc
modifierEn Tunisie
modifierEn Libye
modifierRéférences
modifier- Fatima Zahra Makhloufi, Naima HADJ MOHAMED et Abdelmadjid Hamouine, « AMAZIGH ARCHITECTURE IN RELATION TO NATURAL SPACES » (consulté le )
- L. Golvin, « Architecture berbère », OpenEditionJournal, , p. 865-877 (lire en ligne)
- « Maison (Kabylie) », OpenEditionJournal, (lire en ligne)
- « VILLAGES ET MAISONS DES BENI-YENNI EN GRANDE KABYLIE (ALGÉRIE) : UNE ARCHITECTURE VERNACULAIRE CHASSE L'AUTRE » (consulté le )
- Hamza ZEGHLACHE, « L’ARCHITECTURE DES VILLAGES BERBÈRES DE MONTAGNE » (consulté le )
- Samira HAOUI et Samia CHERGUI, « Terre, pierre et bois dans l’architecture vernaculaire des Aurès et des Ziban : des matériaux à usage complémentaire. », Journal of Materials and Environmental Science, (lire en ligne)
- « LA MAISON MOZABITE » (consulté le )
- Ugo Degrigny, « Conserver la fraîcheur : l’exemple mozabite »
- Christian Bousquet, « L’habitat mozabite au M’Zab », OpenEditions, (lire en ligne)