Jean-Louis Guez de Balzac
Jean-Louis Guez de Balzac, né le à Angoulême[1] et mort le dans la même ville, est un célèbre essayiste et polémiste français du XVIIe siècle, considéré comme le père de l'âge classique des lettres. Surnommé le « restaurateur de la langue française [2] » par Malherbe, il est l'un des tout premiers immortels et le fondateur du prix d'éloquence de l'académie française.[3]
Fauteuil 28 de l'Académie française | |
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Décès |
(à 56 ans) Angoulême (France) |
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Surnom |
« le grand épistolier » |
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J. L. D. B. |
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littérateur |
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Académie française (mars 1634) |
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Biographie
modifierNé dans une famille protégée par le duc d'Épernon, il est le fils du maire d’Angoulême, Guillaume Guez, et de Marie Nesmond, d'une des meilleures familles de la ville[4], d'où provient le fief de Balzac.
C'est dans une province particulièrement marquée par les intrigues et les affrontements politiques qu'il commence ses études, d'abord chez les jésuites, à Angoulême, plus brièvement à Poitiers puis à l’université de Leyde où il fut l'élève de Baudius et le condisciple et l'ami de Théophile de Viau[4].
C'est en Hollande qu'il rédige son premier essai politique, publié quelques décennies plus tard : Discours politique sur l'état des provinces unies, qui critique ouvertement la politique espagnole aux Pays Bas[5].
Secrétaire du duc d'Épernon à Metz, il passe au service d'un des fils du « demi Roi[6] », à Rome de 1621 à 1623 et devient ainsi l'agent du cardinal de La Valette.
En 1624, paraît le premier volume de ses Lettres qui lui vaut d’emblée les plus grands éloges, et l'attention de plusieurs autres protecteurs. Balzac obtint la même année une pension sur le trésor, un brevet de conseiller d'Etat et une charge d'historiographe du Roi[7].
Surnommé « le grand épistolier », il devint une des personnalités les plus en vue de l’hôtel de Rambouillet, côtoyant Chapelain, Malherbe ou Boisrobert.
En prise avec un de ses anciens professeurs d'Angoulême, le jésuite François Garasse[8], il est l'un des acteurs d'une querelle d'imprimés où s'affrontent en sous main partisans et adversaires de la politique de Richelieu.
Sa volonté de s'affranchir de la critique des anciens et des modernes le voit être attaqué par Jean Goulu, supérieur de l’ordre des Feuillants, dans son pamphlet Lettres de Phyllarque à Ariste de 1627, qui voit dans ses écrits un individualisme suffisamment subversif pour être libertin[9].
Après une brouille avec le cardinal de Richelieu, fidèle à l'idéal littéraire du Refuge, Balzac se retire en Angoumois, en 1631, tout en maintenant une correspondance soutenue. Appelé à siéger à l'Académie nouvellement créée au fauteuil 28, il ne s'y fera représenter qu'une décennie plus tard, en faisant lire, par la voix d'un de ses membres, l'un de ses discours.
Les œuvres de Guez de Balzac se composent de Lettres, adressées à Conrart, Chapelain, Descartes, et d'autres ; de Discours, d’Entretiens, de Dissertations littéraires, de petits traités, dont les principaux sont Aristippe ou la Cour, un traité de politique ; le Prince, essai satirique et apologie en demi-teinte de Louis XIII et de son ministre[10] ; Socrate chrétien, essai de doctrine et de morale religieuses ; de quelques poésies françaises et de vers latins.
La réputation actuelle de Balzac se fonde essentiellement sur ses Lettres dont un premier recueil parut en 1624 et un second en 1636. On y lit, selon les critiques, une élégance et une harmonie « jusque-là jamais rencontrées dans aucun ouvrage en prose de langue française. » Les lettres de Balzac, qui connaissait également l’italien et l’espagnol, démontrent une véritable maîtrise du style en introduisant une prose française claire, précise, nouvelle, affranchie du latin.
Admiré et imité par Descartes[11] qui fut son ami et son correspondant, Balzac a fait l'objet d'un regain d'intérêt littéraire aux XIXe (cité à de nombreuses reprises comme parangon de la belle langue par Sainte-Beuve dans son Port-Royal) et XXe siècles.
Il meurt à Angoulême en 1654, et est enterré dans l'église des cordeliers[12]. Une plaque commémorative est toujours visible à l'entrée de l'Hôpital de Beaulieu[13], et son nom a été donné en 1962 au lycée Guez de Balzac d'Angoulême.
Le prix littéraire Guez de Balzac, attribué par l'Académie française récompense depuis 2021 « une œuvre qui par son style, évoque le génie de la langue française. » Il a entre autres été attribué à Michel Deguy.
Notes
modifier- Le Robert historique donne 1595
- Mireille Huchon, Histoire de la langue Française : inédit, Le livre de Poche, , 315 p. (ISBN 2253163589, lire en ligne), page 178
- Jean-Paul Caput, L'Académie française, Presses universitaires de France, , 128 p. (ISBN 2130662226, lire en ligne), page 32
- Gaston Guillaumie, Jean Louis Guez de Balzac et la presse française, Contribution à l'étude de la langue et du style pendant la première moitié du XVIIe siècle., Paris, A. Picard, , 563 p., p 27
- Antoine Adam, Théophile de Viau et la libre pensée française en 1620, Paris, E. Droz, , page 35
- Léo mouton, Un demi-roi, le duc d'épernon, Paris, Perrin, , 275 p.
- Jean Jehasse, Guez de Balzac et le génie romain (1597-1654), Saint Etienne, Université de Saint Etienne, , 577 p., p. 153
- Celui-là même qui essayait de faire condamner Théophile au bûcher. Il y a d’ailleurs fort à croire que, comme pour Théophile, les mœurs de Guez n’étaient probablement pas étrangères au motif véritable de l’attaque dont il fut l’objet de la part du parti dévot.
- Jean-Vincent Blanchard, « De quoi donner une jaunisse à Richelieu. Autour d'une lettre de Descartes à Guez de Balzac », CAIRN, Littératures classiques 2013/3 (N° 82),, (lire en ligne)
- Cf. notamment Christian Leroy, Le Prince, Paris, éditions de la Table Ronde, coll. « La petite Vermillon », , 250 p. (ISBN 2-7103-0750-2), « Introduction : De la politique à la poésie », p. 13-16.
- Nicolas Grimaldi et Jean-Luc Marion, Le Discours et sa méthode, acte d'un coloque organisé en Sorbone ( 28-30 janvier 1987), Paris, Centre d'Etudes Cartésiennes, p. 416
- Henri Labbé de la Mauvinière, Poitiers & Angoulême, Saint-Savin, Chauvigny, Paris, H. Laurens, (BNF 43657891, lire en ligne), p. 122.
- Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Cherche midi, , 385 p., p 42
Références
modifier- Jean Goulu, Recueil des pièces touchant l’éloquence, et les différends entre Narcisse, Phylarque & Aristarque, Paris, 1628
- François Ogier, Apologie pour Monsieur de Balzac, 1627, Saint-Étienne : Publications de l’Université de Saint-Étienne, 1977
Œuvres
modifier- Œuvres diverses (1644). Paris, Honoré Champion, 1995 (ISBN 2852034867)
- Le Barbon (1648), pamphlet fustigeant les pédants
- Les entretiens (1657), Éd. Bernard Beugnot, Paris, M. Didier, 1972 (2 vol.)
- Aristippe, ou De la cour (1658)
- Les entretiens de feu monsieur de Balzac (1657)
- Les premières lettres de Guez de Balzac, 1618-1627, Paris, E. Droz, 1933-1934
- Œuvres (1665) Genève, Slatkine Reprints, 1971
- Œuvres choisies, Paris, Larousse, 1936
- Le prince, Éd. Christian Leroy. Paris : Table ronde, 1997 (ISBN 2710307502)
- Épîtres latines Sous la direction de Jean Jehasse, préface de Bernard Yon, Saint-Étienne, Presses Universitaires de Saint-Étienne, 1982 ASIN 2867240115
- Socrate chrestien par le Sr De Balzac et autres œuvres du mesme Autheur. Amsterdam, Pluymer, 1662. In-12, [1 (titre frontispice)], [1 bl.], [22 (avant-propos, table)], 271 (en réalité 281 puisqu’une erreur typographique ajoute dix pages à l’ouvrage : p. 1-192, puis p. 183-271), [1 bl.], 126, [22 (table)].
Source partielle
modifierMarie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Jean-Louis Guez de Balzac » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Jean Louis Guez Sr de Balzac de l'Académie française, dans Charles Perrault, Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, chez Antoine Dezallier, 1697, tome 1, p. 71-72 (lire en ligne)
- Bernard Beugnot, Les débuts littéraires de Guez de Balzac, Torino, Società editrice internazionale, 1968
- Bernard Beugnot, Jean-Louis Guez de Balzac : bibliographie générale, Saint-Étienne, Université de Saint-Étienne, 1967
- Bernard Beugnot, J.L. Guez de Balzac. Bibliographie générale. Supplément I, PUM, Montréal, 1973
- Bernard Beugnot, J.L. Guez de Balzac. Bibliographie générale: Supplément II, Publications de l'Université de Saint-Etienne, 1979
- Bernard Beugnot, Fortunes de Guez de Balzac : actes du colloque de Balzac, 16-, Paris, H. Champion, 1998
- Bernard Beugnot, Guez de Balzac, Paris, Memini, 2001
- Mathilde Bombart, Guez de Balzac et la querelle des Lettres. Ecriture, polémique et critique dans la France du premier XVIIe siècle, H. Champion, 2007
- Gustave Cohen, Écrivains français en Hollande dans la première moitié du XVIIe siècle 1879-1958, Paris, Champion, 1920
- Joseph Declareuil, Les idées politiques de Guez de Balzac, Paris, V. Giard & E. Brière, 1907
- Gaston Guillaumie, J.L. Guez de Balzac et la prose française ; contribution à l’étude de la langue et du style pendant la première moitié du XVIIe siècle, Paris, A. Picard, 1927
- C. Hippeau, Étude sur Jean-Louis Guez de Balzac, Paris, Académie française, 1850-1859
- Jean Jehasse, Guez de Balzac et le génie romain : 1597-1654, Saint-Étienne, Université de Saint-Étienne, 1977
- Ulrike Michalowsky, L’usage du « je » et la peinture du moi dans les lettres de Guez de Balzac. Thèse pour le doctorat de l’université de la Sarre, 1994
- Jean-Émile Sabrazès, Les propos aigres-doux de Guez de Balzac sur Montaigne, Bordeaux, A. Destout, 1933
- Jean-Baptiste Sabrié, Les idées religieuses de J.-L. Guez de Balzac, Paris, F. Alcan, 1913
- Jean Sabrazes, Les pensées de Guez de Blazac ; notes et remarques, Bordeaux, A. Destout, 1934
- F. E. Sutcliffe, Guez de Balzac et son temps ; littérature et politique, Paris, A.G. Nizet, 1959
- Youssef Zobeidah, Polémique et littérature chez Guez de Balzac, Paris, A.G. Nizet 1972
- Roger Zuber, Les « Belles infidèles » et la formation du goût classique. Perrot d’Ablancourt et Guez de Balzac, Paris, A. Colin, 1968
Liens internes
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