Guerre inca-chanca
La guerre inca-chanca est une guerre semi-légendaire[1] qui oppose, aux environs de 1438, les Chancas, un puissant peuple de la région d’Andahuaylas, aux Incas de Cuzco[2]. Elle est l’ultime conflit entre ces deux ethnies[1].
Date | Début du XVe siècle, aux environs de 1440 |
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Lieu | Cuzco, Andahuaylas et Apurimac |
Casus belli | Attaque Chancas de Cuzco |
Issue | Victoire inca. Fin des raids Chancas dans la région de Cuzco et début de l’expansion inca |
Chancas | Incas |
Astoy Huaraka Tomay Huaraka |
Pachacutec |
Batailles
Attaque de Cuzco
Bataille de Yahuar Pampa
Après une première victoire durant l’attaque de Cuzco, les Incas passent à l’offensive et vont vaincre définitivement les Chancas lors de la bataille de Yahuar Pampa[3].
La guerre contre les Chancas déclenche l’expansion de la seigneurie inca. Ce conflit permet à Cusi Yupanqui de prendre le pouvoir et de renverser son demi-frère Urco, le co-régent des Incas[4].
Cependant l’effet de la guerre est généralement exagéré par la caste dirigeante inca, qui fait de Pachacutec l’archétype de ses principes philosophiques. Pachacutec, dont le nom signifie « bouleversement » ou « révolution », est la figure qui a accomplie la transition du chaos à l’ordre généralisé. Cette nouvelle ère, ou pacha, est représentée par le Tawantinsuyu, l’Empire des Incas. Ainsi son règne montre le sens de l’Histoire inca[5].
Antécédents
modifierLe conflit entre les Incas et les Chancas commence durant le règne d’Inca Roca. Les Chancas, prenant avantage du désordre qui suit le coup d’État des Hanan Cuzco contre les Hurin Cuzco, conquièrent la région d’Andahuaylas dont les habitants sont les alliés des Incas. Cependant, Inca Roca reconquiert cette région. Après le régicide de Yahuar Huacac, les Chancas profitent à nouveau du désordre pour reprendre la région d’Andahuaylas. Ainsi ce conflit se perpétue jusqu’à l’attaque des Chancas sur le territoire cuzquénien[6],[3].
Déroulement
modifierPréparatifs des Chancas et situation de Cuzco
modifierDurant le règne de Viracocha Inca, les Chancas quittent leur terres, prêts à conquérir le Cuzco, partant de Paucaray et, comme le veut l’ancienne tradition des Andes, divisant leurs forces en trois armées. L’une se dirige vers Cuzco, tandis que les deux autres sont chargées de conquérir le Kunti Suyu[7].
C’est alors que Cusi Yupanqui, selon certaines sources un autre fils de Viracocha, prend en charge la défense de Cuzco. Les Kanas et les Kanchis s’allient aux Incas, tandis que les Ayarmacas s’allient aux Chancas[8]. Cependant la plupart des peuples environnants reste neutre pour voir laquelle des puissances ennemis aurait le dessus.
Attaque de Cuzco
modifierLes forces chancas, dirigées, selon Pedro Cieza de León, par les généraux Astoy Huaraka et Tomay Huaraka, et sûres de leur victoire, attaquent alors la ville de Cuzco. Cependant, après de longs combats, ce sont les Incas qui, contre toute attente, repoussent les Chancas jusqu’au village d’Ichupampa. Mais Cusi Yupanqui veut anéantir ses puissants ennemis et les Incas pénètrent sur le territoire des Chancas afin de les vaincre une fois pour toutes[9],[5].
Bataille de Yahuar Pampa
modifierAinsi les Incas entrent en territoire chanca. L’affrontement, qui a lieu soit à Ichupampa, soit à Sacsahuana, soit à Yahuar Pampa, est un affrontement final sanglant entre ces deux ethnies, d'où la dénomination de Yahuar Pampa signifiant « campagne de sang »[10], engageant plusieurs milliers de guerriers.
Après ces longs affrontements, ce sont les Incas qui finissent par vaincre leurs puissants ennemis. Cette victoire donne le coup de grâce à l’ethnie Chanca[3].
Conquête Inca
modifierCusi Yupanqui, devenu Pachacutec, Sapa Inca IX, conquiert l’ancien territoire des Chancas et de leurs alliés. Il soumet les Ayarmacas, autrefois rivaux des Incas, le Picchu (où il aurait, selon certaines sources, fondé Machu Picchu)[11], les Soras et les Vilcas. À Vilcas, il envoie son frère Capac Yupanqui soumettre les Chinchas sur la côte, tandis qu'Apu Maita soumet les quelques Soras et Vilcas qui se sont réfugiés sur un rocher. En passant par Huamanga, le souverain atteint enfin sa destination finale, Vilcashuamán, une ville importante de la région, qu’il transforme en centre administratif. Tous les alliés et confédérés des Chancas sont alors soumis. Pachacutec retourne à Cuzco, où il organise des festivités pour célébrer ses victoires[12].
À la suite de la soumission de la confédération Chanca, le chef de guerre installé par le pouvoir inca, Ancu Huallu, épouse une femme inca, afin de ratifier la nouvelle alliance entre les Chancas et Pachacútec.
Notes et références
modifier- María Rostworowski de Diez Canseco (trad. Harry B. Iceland), History of the Inca Realm, Cambridge University Press
- Favre 2020.
- María Rostworowski, Le Grand Inca Pachacútec Inca Yupanqui, Tallandier (ISBN 978-2-84734-462-2)
- Ulrike Peters, Die Inka, marixwissen
- Les Incas, Franck Garcia, ellipses, p. 146-152
- (es) Pedro Cieza de León, El Señorio de los Incas
- (es) Juan de Betanzos, Suma y Narración de los Incas
- Waldemar Espinoza, Los Incas, Lima, Amaru Editores
- (es) Sarmiento de Gamboa, Historia de los Incas
- Les Incas, (lire en ligne)
- Selon John Rowe à la suite de ses découvertes dans les archives de Cuzco
- José Antonio del Busto Duthurburu, Una cronología aproximada del Tahuantinsuyu
Bibliographie
modifier- Henri Favre, Les Incas, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 128 p. (présentation en ligne)
Liens externes
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