Guerre de la Hottée de pommes

La Guerre de la Hottée de pommes est une guerre du Saint-Empire romain germanique, qui opposa de 1428 à 1429, la République messine au duc de Lorraine Charles II et à ses alliés René Ier d'Anjou et Bernard Ier de Bade[1].

Guerre de la Hottée de pommes
Description de cette image, également commentée ci-après
La porte des Allemands, (XIIIe – XVIe siècle).
Informations générales
Date 1428-1429
Lieu Metz et Pays messin
Casus belli Droits seigneuriaux
Issue Victoire des Messins
Belligérants
Mercenaires et soldoyeurs de la cité messine Troupes de Charles II, de René Ier et du margrave Bernard Ier
Commandants
Guillaume de Châteauvillain Charles II de Lorraine
Forces en présence
1 200 mercenaires + ? 1 000 cavaliers et 20 000 fantassins

Guerres féodales en Lorraine

Contexte historique

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Aux XIVe et XVe siècles, la Lorraine est le théâtre régulier d’affrontements entre différents seigneurs du Saint-Empire romain germanique. Les ducs de Lorraine, de Bar, de Luxembourg, les comtes de Deux-Ponts, de Vaudémont, l’archevêque de Trêves, les évêques de Metz, Toul et Verdun, s’allient ou s’opposent au gré des circonstances, dans un monde fortement marqué par la féodalité[2].

La guerre de la Hottée de pommes oppose cette fois les troupes de Charles II de Lorraine, René Ier d'Anjou et Bernard Ier de Bade à la cité messine[3]. C'est la première entreprise violente du Duché de Lorraine contre le Pays messin[4].

Casus belli

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En 1427, les très nombreuses tensions accumulées dans la région éclatent à la suite d’un incident minime[1]. L’abbé de Saint-Martin-lès-Metz, une abbaye qui dépendait du duché de Lorraine, y fait cueillir une hottée de pommes et fait porter les fruits en la cité de Metz, où il réside. Ayant appris les faits, le duc Charles II de Lorraine (1365-1431) réclame alors un droit sur ces fruits, ce que les magistrats de Metz refusent, comme étant contraire aux franchises et privilèges de la cité. Un contemporain des événements, le curé de Saint-Eucaire de Metz relate ainsi ces faits: « Les religieux de Saint-Martin en donnèrent avis aux officiers du duc de Lorraine, qui demandèrent plusieurs fois, au nom de leur maître, certains droits sur ces fruits, à raison de leur sortie des États de Lorraine pour entrer dans Metz. Les Messins refusèrent de payer, prétendant que cela était contraire à leurs franchises. La guerre naquit de cet incident, on appela pour cela la Guerre de la hottée de Pommes »[5].

 
Charles II de Lorraine, initiateur de la guerre de la Hottée de pommes et son épouse Marguerite de Bavière, initiatrice de la paix.

Forces en présence

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Le duc de Lorraine déclare donc la guerre aux Messins, guerre amplifiée par le jeu des différentes alliances. Pour la circonstance, Charles II s’allie en effet avec ses gendres, le duc de Bar René Ier d'Anjou[6] et le marquis Bernard Ier de Bade, puis avec le duc de Bavière, son beau-père. Ainsi réunis, ces seigneurs ont, sous leurs ordres, une armée d’environ 1 000 cavaliers et 20 000 fantassins.

De son côté, la ville de Metz signe un pacte avec un certain Guillaume, seigneur de Château Villain[7], qui s’engage à servir les Messins avec 1 200 combattants, et avec d’autres capitaines, qui se mettent à la solde de la ville avec leurs compagnies de mercenaires. Les paroisses, le clergé même, doivent fournir des chevaux. On réarme alors les murs de la ville, y installant des bombardes pour préparer sa défense.

Déroulement du conflit

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Pour déclarer la guerre, le duc de Lorraine défie la ville de Metz dans la plus pure tradition féodale. Le 31 mai 1428, il envoie une lettre de défi aux Messins. À de nombreuses reprises, il renouvelle ses provocations écrites, imité ensuite par ses vassaux[8]. Entre le début des hostilités et la signature de la paix, plus de 4500 lettres de défi auraient été envoyées - en vain - par le Duc et ses vassaux, à la cité messine[9]. Voulant couper les voies de communication de la ville, Charles II fait surveiller les routes d'accès autour de Metz. Le blocus fonctionne, sauf du côté du Luxembourg, laissé libre à la demande de la duchesse engagère de Luxembourg, Élisabeth de Goerlitz[10].

Alors que la ville semble à cette époque inexpugnable, son plat pays - assise de son ravitaillement et de sa puissance - reste particulièrement exposé aux razzias ou aux rançonnements[11], ce qui donne lieu à de sanglants pillages dans le Pays messin. Après de nombreuses escarmouches, les Messins constatent enfin l'arrivée des troupes ducales devant les murs de la ville. Les Lorrains et leurs alliés installent des canons et des bombardes autour de la cité. Les Messins, qui avaient eux-mêmes installé des bombardes sur leurs remparts, répondent aux canonnades. Peu de temps avant la fin des hostilités, les artilleurs messins arrivent à semer le désordre dans les rangs ennemis, si bien que quelques jeunes marchands de Metz, archers et arbalétriers, s'enhardissent et font une sortie, pour déloger les troupes de Charles II. Lors de cette sortie, certains se laissent surprendre et plus de trente-six d'entre-eux, dont Jean Hulot, sont fait prisonniers. Le duc de Lorraine, surpris par autant de résistance, préfère alors lever le siège, repartant avec ses otages, dévaster les campagnes du Pays messin.

Trêve et paix

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Les ressources du Pays messin sont bientôt épuisées et les Lorrains, fatigués par leurs pillages. Cette situation gelée permet d’aboutir à une trêve, suivie de la paix, publiée et proclamée dans Metz le premier jour de . Le duc se désiste alors de ses prétentions sur la fameuse hottée de pommes, cause, ou plutôt prétexte, de tant d'exactions. Les prisonniers sont échangés de part et d’autre, non sans difficultés, car Charles II, mécontent de l’insuccès de son entreprise, se montre peu allant dans l’exécution de cette partie du traité.

Sa mort, survenue en 1431, met fin à tous les délais. La pieuse Marguerite de Bavière, veuve du feu duc, relâche tous les prisonniers, avant de venir dans la cité messine, qui la reçoit avec tous les honneurs et lui fait de magnifiques présents[12].

Dans le même temps, la paix est signée entre les Messins et le duc de Bar René Ier d'Anjou, successeur de Charles II de Lorraine par son épouse Isabelle Ire de Lorraine, et beau-frère par sa sœur Marie d'Anjou du roi de France Charles VII.

Références

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  1. a et b François-Yves Le Moigne (dir.), Histoire de Metz, Privat, 1986 (pp 152-153).
  2. Michel Parisse: (dir) : Encyclopédie illustrée de la Lorraine, Histoire de la Lorraine, Époque médiévale, Éd. Serpenoise, Presses universitaires de Nancy, 1990 (pp 116-233).
  3. René Bour : Histoire de Metz, 'Une République oligarchique', Éditions Serpenoise, 1989 (p.93).
  4. Michel Parisse: (dir) : Encyclopédie illustrée de la Lorraine, Histoire de la Lorraine, Époque médiévale, Éd. Serpenoise, Presses universitaires de Nancy, 1990 (p 216).
  5. D’après la Chronique du curé de Saint-Eucaire de Metz, dite du doyen de Saint-Thiébaut, écrite dans la première moitié du XVe siècle, Histoire de Lorraine, t. II, col. CXCVII et sq., d'après le texte des manuscrits, transcrit en français contemporain.
  6. Le Moigne François-Yves, Histoire de Metz, 1986. (p. 152).
  7. Peut-être s’agit-il de Guillaume, seigneur de Châteauvillain, de Grancey et de Pierre-pont, chevalier et chambellan du roi, gouverneur de Langres, chambrier de France en 1419, décédé en 1439. (Jean Baptiste Pierre Julien de Courcelles, Dictionnaire universel de la noblesse de France, p. 46).
  8. Aujourd'hui, 250 lettres de défi sont encore conservées aux Archives Municipales de Metz, un nombre assez exceptionnel pour ce type de document.
  9. De Vigneulles, Philippe, Aubrion, Jean, St. Thiévault( doyen de), Praillon, Chroniques de la ville de Metz, par Huguenin, Jean François, S. Lamort, Metz, 900-1552.
  10. La duchesse de Luxembourg était favorable à la cité messine, car elle avait elle-même des ennuis financiers avec le duc de Lorraine.
  11. Laurent Litzenburger : Une autre forme de guerre : rançonner le plat pays. L’exemple de Metz et du Pays messin à la fin du Moyen Âge. 'Les cahiers lorrains'", 2020, 2, (pp 30-38). (document en ligne.)
  12. site La Lorraine dans le temps, page sur "la guerre de la hottée de pommes", consulté le 17 avril 2019.

Articles connexes

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