Guerre civile du Tadjikistan
La guerre civile du Tadjikistan (en tadjik : Ҷанги шаҳрвандии Тоҷикистон, Jangi shahrvandii Tojikiston) est un conflit politique, ethnique et séparatiste qui s'est déroulé de à , opposant le « camp communiste » aux « islamo-démocrates », dans l'atmosphère politique, économique et sociale qui suit la dislocation de l'URSS.
Date |
1992-1997 (5 ans) |
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Lieu | Tadjikistan |
Issue | Accords de paix sous l'égide de l'ONU |
Tadjikistan Russie Ouzbékistan Belarus[1] |
Opposition tadjike unie
Mouvement islamique d'Ouzbékistan État islamique d'Afghanistan Talibans Soutenus par : Al-Qaïda |
Emomali Rahmon Islam Karimov Boris Eltsine |
Sayid Abdulloh Nuri (en) (OTU) Mohammed Sharif Himmatzade Shadman Youssof Juma Namangani (MIO) |
inconnues inconnues 15 000 soldats |
100 000 à 200 000 rebelles |
50 000 à 100 000 tués, 1,2 million de déplacés
Historique du conflit
modifierLe , le président Rakhmon Nabiyev fait armer des milices de l'ethnie Kouliabi, pro-communistes, qui multiplient rapidement les affrontements avec les milices de l'ethnie Pamiri, plutôt islamistes. Avec le soutien de la Communauté des États indépendants et des ethnies Leninabadi et Hissari, le camp communiste s'oppose à une coalition de démocrates (Centre de coordination des forces démocratiques, Parti démocratique du Tadjikistan), de nationalistes (Rastokhez), de séparatistes (Lal-i Badakshan) et d'islamistes (Parti de la renaissance islamique du Tadjikistan), principalement constituée de membres des ethnies Gharmi et Pamiri, formant l'Opposition tadjike unie.
Ayant repoussé les « islamo-démocrates » vers le nord de l'Afghanistan, le camp communiste, pro-gouvernemental, se livre à une épuration ethnique contre les ethnies Gharmi et Pamiri selon Human Rights Watch[2]. Cette campagne se serait concentrée dans les zones sud de la capitale, mais aussi à Qurghonteppa, et aurait résulté en des massacres, des incendies de villages, et l'expulsion de la population Pamiri et Garmi vers l'Afghanistan. Des dizaines de milliers de civils ont été tués ou ont fui en Afghanistan.
Les « islamo-démocrates » forment un gouvernement en exil à Taloqan et fondent le Mouvement pour la renaissance islamique du Tadjikistan[3], mêlant guérilla tant de l'intérieur du Tadjikistan que depuis l'Afghanistan, soutenu par l'État islamique d'Afghanistan et les Talibans, ces derniers ayant permis le réarmement de l'opposition.
En , l'Armée tadjike tente d'intervenir dans la région du Gorno-Badakhshan tenue par des Pamiris ismaéliens, partisans de leur autonomie[4].
En 1994, une mission de maintien de la paix de l'ONU débute afin de mettre fin au conflit. Les islamistes radicaux n'hésitent pas malgré ce déploiement à attaquer les forces russes, notamment à Douchanbé et dans la région frontalière de l'Afghanistan.
Accords de paix et bilan
modifierDes pourparlers sont engagés à la fin de l'année 1996 et l'accord de paix, proposant un partage des pouvoirs, le protocole de Moscou, est signé en juillet 1997 sous l'égide de l'ONU. Des élections présidentielles se tiennent le . Malgré ces accords, plusieurs accrochages et une instabilité politique agitent le pays à la fin de la décennie[5].
La guerre civile provoque la mort de 50 000 à 100 000 personnes et le déplacement de près d'un million de réfugiés[6].
Les infrastructures, les services publics et l'économie sont en lambeaux et une grande partie de la population devient dépendante des aides internationales.
Reprise des combats (2010-2012)
modifierLe , une insurrection éclate à nouveau lorsque des islamistes de l'Opposition tadjike unie (alliée au Mouvement islamique d'Ouzbékistan), dirigés par le chef de guerre Tolib Ayombekov, tendent une embuscade à un convoi de l'armée tadjike (transportant 75 militaires) dans la vallée de Racht dans l'est du pays, tuant 25 d'entre eux (dont 5 officiers)[7].
Le , 5 soldats et 2 insurgés sont tués lors d'opérations des forces gouvernementales dans la région. Pendant ce temps, des dizaines de dépôts d'armes lourdes, y compris des lance-grenades, ainsi que la nourriture et des médicaments sont découvertes par l'Armée tadjike. Douze points de contrôle militaires sont établis sur les routes liant la vallée à la capitale, Douchanbé[8].
Le , 34 soldats tadjiks sont tués dans deux incidents distincts au cours d'une opération militaire contre les combattants islamistes dans l'est du pays. Vingt-huit soldats ont été tués lorsqu'un hélicoptère militaire s'est écrasé après avoir été vraisemblablement touché par les islamistes. Des responsables de l'armée ont affirmé que l'hélicoptère a été abattu par un missile tiré par des islamistes depuis leurs positions retranchées dans les montagnes, tandis que le ministère de la Défense déclare que l'hélicoptère a heurté une ligne haute-tension, l'envoyant s'écraser dans une rivière. L'hélicoptère ramenait des soldats de la capitale Douchanbé à la vallée du Rasht pour prendre part à l'opération de pacification de la région. Pendant ce temps, 6 autres soldats sont tués dans un incident séparé provoqué par l'explosion accidentelle d'une mine terrestre.
Le , trois insurgés présumés sont neutralisés par des soldats tadjiks dans la périphérie de Garm, situé près de la frontière afghane au cours d'une opération militaire[9].
Le 1er décembre, des insurgés tuent trois soldats tadjiks dans le village de Dulona-Maidon dans la région de Buljuvon, à 150 kilomètres au sud-est de Douchanbé[10].
Le , deux soldats tadjiks sont tués lorsqu'un groupe de trente islamistes a essayé de pénétrer au Tadjikistan depuis la frontière afghane. Après trois heures de combat, un hélicoptère de combat est arrivé, ouvrant le feu sur les intrus, les forçant à battre en retraite en Afghanistan. Les résidents locaux ont déclaré que trois soldats tadjiks ont été tués, dont deux par tir ami par l'hélicoptère. L'armée tadjike nie cependant cette affirmation. Plusieurs islamistes ont également été tués dans l'attaque[11].
Le , les autorités tadjikes affirment que Alovuddin Davlatov (un des leaders de l'insurrection) a été tué au côté de sept autres insurgés lorsque les forces de sécurité tadjikes ont lancé une opération dans la ville de Runob[12].
Le , le mollah Abdullah, un autre leader de l'opposition est tué au côté de dix autres islamistes par les troupes tadjikes lors d'une opération de recherche d'insurgés dans le village de Samsolid, 135 km à l'est de Douchanbé[13].
De lourds affrontements reprennent les 24-25 juillet 2012, à la suite de l'assassinat quelques jours plus tôt du major-général Abdullo Nazarov, chef des services de renseignement tadjik dans la région de Gorno-Badakhshan, résultant en la mort de 17 soldats et 23 soldats blessés contre 30 insurgés tués[14],[15],[16].
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Véhicules et équipements détruits pendant le conflit.
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Émeutes à Douchanbé, en 1990 avant que la guerre ne commence.
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Épave d'un char d'assaut T-62.
Annexes
modifierNotes et références
modifier- Американцы боятся белорусских танков. Белоруссия американских санкций не боится // Lenta.ru, 1 марта 2002
- Jean-Marc Balencie et Arnaud de La Grange, Mondes rebelles : L'encyclopédie des acteurs, conflits & violences politiques, Paris, Éditions Michalon, , 1677 p. (ISBN 978-2-84186-142-2 et 2841861422), p. 407
- Balencie et La Grange 2001, p. 414.
- Balencie et La Grange 2001, p. 407.
- Balencie et La Grange 2001, p. 412-413.
- Julien Thorez, Asie centrale, des indépendances à la mondialisation, Paris : Ellipses, 2015, p. 28
- (en) « Tajikistan says restive east is under control », BBC News,
- (en) « Worries Grow As Tajik Government Continues Operation Against Militants », RFE,
- (en) Tadjikistan Says Kills Three Suspected Islamist Militants, RFE, 18 octobre 2010
- (en) Tajik Forces Search For Armed Militants After Deaths, RFE, 3 décembre 2010
- (en) Tajik Guards Killed In Fight On Afghan Border, RFE, 3 janvier 2011
- (en) Video Allegedly Shows Tajik Fighter Who Officials Say Was Killed, RFE, 3 janvier 2011
- (en) Tadjikistan Claims Militant Leader Killed, RFE, 15 avril 2011
- (en) Tajikistan soldiers killed in operation against former warlord, TheGuardian, 24 juillet 2012
- (en) Tadjikistan: Will Ceasefire End Deadly Conflict in Gorno-Badakhshan?, Eurasia.net, 25 juillet 2012
- (en) Tajik troops strike ex-warlord after general killed, Reuters, 24 juillet 2012
Bibliographie
modifier- (en) Monica Whitlock. Land Beyond the River: The Untold Story of Central Asia, St. Martin's Press, 2003, (ISBN 0-312-27727-X)
- (en) Shahram Akbarzadeh. Why did nationalism fail in Tajikistan?, Europe-Asia Studies, 1996.
- (en) Mohammad-Reza Djalili, Frédéric Grare, and Shirin Akiner. Tajikistan: The Trials of Independence, St. Martin's Press, Richmond, UK: Curzon, 1997.
- (en) Roy, Olivier. The New Central Asia, the Creation of Nations. London: I. B. Tauris, 2000.
- (en) Rashid, Ahmed. Jihad: The Rise of Militant Islam in Central Asia. London: Yale University Press, 2002.