Guercœur

opéra d'Albéric Magnard

Guercœur est un opéra en trois actes d'Albéric Magnard sur un livret du compositeur.

Guercœur
Description de cette image, également commentée ci-après
Page-titre de la Partition - Paris 1904
Genre Opéra
Nbre d'actes 3
Musique Albéric Magnard
Livret Albéric Magnard
Langue
originale
Français
Durée (approx.) 3 heures
Dates de
composition
1897 à 1901
Partition
autographe
1904
Création 24 April 1931
Opéra de Paris

Personnages

Guercoeur, Heurtai, Giselle, La Vérité, Bonté, Beauté, Souffrance, Ombre d'une femme, Ombre d'une vierge, Ombre d'un poète

Composé entre 1897 et 1901, il est créé dans son intégralité le à l'Opéra de Paris sous la direction de François Ruhlmann avec notamment Yvonne Gall et Germaine Hoerner.

Albéric Magnard est tué par des soldats allemands auxquels il s'oppose, seul, en 1914, et qui brûlent sa maison en représailles. Une partie importante de la partition (les actes 1 et 3) ayant brûlé lors de cet incendie, c'est Guy Ropartz qui restaura la partition intégrale de l'ouvrage à partir de la réduction pour piano et du deuxième acte retrouvé intact.

L'opéra, tombé dans l'oubli, a été redécouvert et enregistré en 1986 par Michel Plasson, avec notamment José van Dam et Hildegard Behrens.

Guercœur sur la scène

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Soucieux des interprètes et encore plus des décors et de la mise en scène de son œuvre, Albéric Magnard ne réussira jamais à faire représenter son deuxième opéra après l'achèvement de la partition fin février 1901.

Si la direction de l'Opéra-Comique fait miroiter au compositeur une production au cours de la saison 1907-1908, elle finira par reculer et commander à la place son opéra Bérénice (qui n'était alors pas achevé). Le directeur de l’Opéra-Comique Albert Carré (n’appréciant pas vraiment Magnard) refusera toujours de la programmer : selon lui, la mise en scène impose de nombreux changements de décors et la partition regorge de longs interludes symphoniques difficiles à mettre en scène.

Magnard se résigne donc à faire exécuter les actes séparément en version de concert : le troisième acte est joué à la Salle Poirel de Nancy le 23 février 1908, sous la direction de Guy Ropartz tandis que le premier est créé à Paris le 18 décembre 1910 au Théâtre du Châtelet, sous la direction de Gabriel Pierné. La critique et le public, jusqu'alors très partagés sur la musique de Magnard, feront un triomphe lors de ces représentations : la musique est unanimement saluée.

Ce seront cependant les seules interprétations de Guercœur du vivant de Magnard, qui refusera d’ailleurs qu’on interprète le deuxième acte en concert, arguant, à juste titre, qu'il est insensé sorti de son contexte, en plus d’être beaucoup plus long que les deux autres actes réunis.

La mort de Magnard sera intimement liée au sort de l’œuvre, forgeant ainsi un mythe autour du compositeur.

Magnard défend sa propriété de Baron lors de l'arrivée de uhlans allemands en route pour Paris, le 3 septembre 1914 : mécontent de voir l’ennemi frapper à sa porte, il leur tirera dessus au travers des persiennes. Il paiera de sa vie cette action (qui sera qualifiée d’héroïque et fera de lui un martyr) : les Allemands répliquent et mettent le feu au manoir tout en pillant celui-ci. Le compositeur, s'il n'a pas déjà été tué par balles lors de la fusillade, meurt dans les flammes.

Cet incendie a pour conséquence de détruire de nombreuses partitions, dont le conducteur et les parties d’orchestre des actes 1 et 3 de Guercœur. Magnard éditait en effet bon nombre d'œuvres à compte d'auteur, ne laissant ainsi qu'une ou deux copies en circulation, afin d’en contrôler la diffusion. Miraculeusement, la partition d'orchestre du deuxième acte se trouvait à Paris lors de l'incendie, ce qui a permis de conserver l’orchestration originale.

Disposant de la réduction piano-chant éditée en 1904, Guy Ropartz reconstituera de mémoire l'orchestration des actes perdus en 1915-1916. Devenu directeur du Conservatoire de Strasbourg en 1919, il dirigera d’ailleurs l’acte 3 lors d’un concert à Strasbourg le 7 février 1923.

Il faudra cependant attendre le 24 avril 1931 pour voir l'œuvre créée dans son entièreté sur la scène de l'Opéra de Paris, où l’émotion est à son comble : bon nombre d’amis de Magnard sont présents dans la salle. De son côté, le public accueille chaleureusement la partition, permettant de la maintenir à l’affiche pendant 11 représentations, entre le 24 avril 1931 et le 8 mars 1932, avant qu'elle ne retombe dans l'oubli.

Au Théâtre d’Osnabrück[1], en juin et juillet 2019[2], l'oeuvre avait été remise à l'honneur sous la direction d’Andreas Hotz et dans une mise en scène de Dirk Schmeding. Puis une re-création française est assurée par la série de représentations programmées en avril et mai 2024 par l'Opéra National du Rhin, à Strasbourg puis Mulhouse, dans une mise en scène de Cristof Loy, avec Stephane Degout dans le rôle-titre[3]. L'initiative est saluée comme une véritable renaissance par la critique[4]. Comme le souligne Forum Opera qui consacre un article[5] à l'oeuvre disparue de l'affiche, « pour ne reparaître que sporadiquement, en 1951 dirigé par Tony Aubin pour la radio, en 1986 enregistré par Michel Plasson avec José van Dam dans le rôle-titre, puis en 2019 au Theater Osnabrück en Basse Saxe. La production de l’Opéra national du Rhin, du 28 avril au 7 mai 2024, ne sera donc que la troisième dans l’histoire de l’œuvre. »[6].

Le numéro 339 de l'Avant-scène Opéra consacré à Guercoeur paraît début mars 2024[7].

Personnages humains

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Personnages célestes

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Personnages allégoriques

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  • Les Illusions d'amour et de gloire : (deuxième illusion de gloire : Aimée Mortimer)

Première distribution

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Rôle Tessiture Distribution de la Première

Chef d'orchestre : François Ruhlmann

Guercœur baryton Arthur Endrèze
Heurtal ténor Victor Forti
Giselle soprano Marisa Ferrer
La Verité soprano Yvonne Gall

Argument

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Magnard s'inspire des expériences communales italiennes et de l'Europe du Nord à la Renaissance, de l'Antiquité. Il défend ses propres idées dans cette oeuvre, notamment la laïcité avec des accents musicaux post-wagnéristes.

L'action commence avec le tableau idyllique d'un au-delà hors-temps et hors-espace où les "ombres" célèbrent la déesse Vérité qui règne entourée de Beauté et Bonté ayant vaincu Souffrance, terrassée à leurs pieds. Au milieu de ces chœurs lénifiants, la plainte d'un homme jeune s'élève : « Vivre ! Qui me rendra l’ivresse de vivre ? ». C'est celle de Guercœur, mort prématurément, et qui a la permission de revenir sur terre (une petite ville de Flandre ou d'Italie au Moyen Âge) pour retrouver Giselle, la femme aimée, son ami et disciple Heurtal et son peuple. Hélas, Gisèle a épousé Heurtal,et ce peuple qu'il croyait également fidèle le rejette et finit par le haïr. Il est frappé à mort et Guercœur trahi, déçu et désenchanté, remonte dans les cieux où la Déesse Vérité prophétise le bonheur de l'humanité.

Discographie sélective

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Références

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  1. « Albéric Magnard - Vie et oeuvres du compositeur Albéric Magnard », sur Albéric Magnard, (consulté le )
  2. « Les concerts d'Altamusica », sur www.altamusica.com (consulté le )
  3. « Guercœur », sur Opéra national du Rhin (consulté le )
  4. « L’Opéra du Rhin recrée le trop rare « Guercœur » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Cinq clés pour Guercœur », sur Forum Opéra, (consulté le )
  6. « Guercoeur - Numéro 339 | Avant-Scène Opéra », sur Avant Scène Opéra (consulté le ) (EAN 9782843854415)
  7. « Guercoeur - Numéro 339 | Avant-Scène Opéra », sur Avant Scène Opéra (consulté le ) (EAN 9782843854415)

Liens externes

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