Groupe d'homotopie
En mathématiques, et plus particulièrement en topologie algébrique, les groupes d'homotopie sont des invariants qui généralisent la notion de groupe fondamental aux dimensions supérieures.
Définition
modifierIl y a plusieurs définitions équivalentes possibles.
- Première définition
Soit X un espace topologique et un point de X. Soit la boule unité de dimension i de l'espace euclidien . Son bord est la sphère unité de dimension .
Le i-ième groupe d'homotopie supérieur est l'ensemble des classes d'homotopie relative à d'applications continues telle que : .
Un élément de est donc représenté par une fonction continue de la i-boule vers X, qui envoie la -sphère vers le point de référence , la fonction étant définie modulo homotopie relative à .
- Deuxième définition
En identifiant le bord de la boule à un point , on obtient une sphère et chaque élément de se définit par les classes d'homotopie des applications par lesquelles le point base de la sphère se transforme en . On peut dire que les éléments du groupe sont les composantes connexes de l'espace topologique des applications pour lesquelles on a : .
Produit sur l'ensemble des classes d'homotopie
modifierPour définir une opération sur les classes d'homotopie, il est utile d'identifier la boule avec le cube de dimension i dans ℝi.
La définition du produit est la suivante : La somme de deux applications du cube est l'application définie par la formule :
et
Lorsque l'on passe aux classes d'homotopie, la loi de composition obtenue est associative, unifère, tout élément admet un inverse et la loi est commutative si i ≥ 2.
On définit donc un groupe commutatif si i ≥ 2 (cf. Argument de Eckmann-Hilton (en)).
On obtient le groupe fondamental si i = 1.
Propriétés et outils
modifierGroupes d'homotopie relatifs et suite exacte longue d'homotopie d'un couple
modifierOn a une généralisation des groupes d'homotopie.
Soient X un espace topologique, A ⊂ X et x un point de X.
Soient Ir = [0, 1]r et Jr = (∂Ir-1 × I) ∪ (Ir-1 × {1}) = ∂Ir \ int(Ir-1 × {0}).
Le r-ième groupe d'homotopie relatif est l'ensemble des classes d'homotopie d'applications continues telles que : , , , avec des homotopies de même forme.
- donc les groupes d'homotopie sont des cas particuliers des groupes d'homotopie relatifs.
- De même que pour les groupes d'homotopie, on définit un groupe commutatif si r > 2.
- On a une suite exacte longue :
Suite exacte longue d'homotopie d'une fibration
modifierSoit p : E → B une fibration de fibre F ; si B est connexe par arcs, alors on a une suite exacte longue d'homotopie :
- .
Homologie et homotopie : le théorème d'Hurewicz
modifierPour un espace topologique X, on a deux familles de groupes associés à X : les groupes d'homotopie (relatifs) notés et les groupes d'homologie singulière (relatifs) notés . Les groupes d'homologie sont plus faciles à calculer que les groupes d'homotopie, et on s'interroge sur le lien entre ces deux familles de groupes.
On a un morphisme de groupes naturel .
Si sont connexes par arcs et si le couple (X, A) est n-1-connexe pour alors :
- d'une part le théorème d'Hurewicz relatif affirme que (i<n) et que le morphisme de Hurewicz est un épimorphisme dont le noyau est engendré par les éléments avec et ; en particulier, si , alors est un isomorphisme ;
- d'autre part le théorème d'Hurewicz absolu (A=*) affirme que si X est n-1-connexe, , on a (i<n) et que le morphisme de Hurewicz est un isomorphisme.
Pour n = 1, voir « Théorème d'Hurewicz ».
Le théorème de Whitehead pour les CW-complexes (complexes cellulaires)
modifierEspaces asphériques, espaces d'Eilenberg MacLane et théorie de l'obstruction
modifierUn espace est dit asphérique ou un K(π, 1) si ses groupes d'homotopies sont triviaux sauf son π1.
Méthodes de calcul
modifierContrairement au groupe fondamental (i = 1) et aux groupes d'homologie et de cohomologie, il n'y a pas de méthode simple de calcul des groupes d'homotopie dès que i ≥ 2 (il manque un analogue des théorèmes d'excision et de Van-Kampen).
Groupes d'homotopie des sphères
modifierCas des groupes de Lie
modifierLe groupe fondamental d'un groupe de Lie, ou plus généralement d'un H-espace, est commutatif et l'action du π1 sur les πi est triviale.
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierBibliographie
modifier- Boris Doubrovine (de), Anatoli Fomenko et Sergueï Novikov, Géométrie contemporaine - Méthodes et applications, [détail des éditions], vol. 2 et 3
- Jean Dieudonné, Éléments d'Analyse, Jacques Gabay, vol. 9
- (en) Allen Hatcher, Algebraic Topology, New York, Cambridge University Press, , 544 p. (ISBN 978-0-521-79540-1, lire en ligne)