Grotte de la Roche (Lalinde)

grotte dans la Dordogne, France

La grotte de la Roche (ou grotte de Birol, parfois abri de la Roche de Birol) est un site préhistorique de la vallée de la Dordogne, situé à Lalinde, en Dordogne, dans la région Nouvelle-Aquitaine. Elle a livré de nombreux vestiges datés du Magdalénien, aujourd'hui exposés dans différents musées en France et à l'étranger.

Grotte de la Roche
Tête de cheval gravée. Os, 4 cm. Neues Museum.
Localisation
Coordonnées
Région
Département
Commune
Vallée
Localité voisine
hameau de Birol
Caractéristiques
Altitude de l'entrée
60 m
Longueur connue
21 m
Dénivelé
m
Type de roche
Occupation humaine
Découverte
1927
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Situation

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La grotte de la Roche, ou grotte de Birol, se trouve entre Lalinde et Couze-et-Saint-Front, près du hameau de Birol, environ 2 km à l'ouest du village, en rive droite (côté nord) de la vallée de la Dordogne, environ 600 m en amont de la confluence de la Couze avec la Dordogne[1],[2], et environ 300 m en aval de la résurgence captée de Soucy. Elle est proche de deux autres sites magdaléniens : l'abri du Soucy à environ 500 m en amont, et le site de la gare de Couze à environ 500 m en aval.

À une altitude de 60 à 65 m[3], elle est à peu près à mi-hauteur du coteau bordant la vallée de la Dordogne[1]. Elle est à la base d'un escarpement rocheux qui domine le front de taille d'une ancienne carrière[3].

Historique

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En 1927, Peyrille et Delmas découvrent la grotte de la Roche. Les outils et objets d'art magdaléniens mis au jour sont rapidement vendus et dispersés en Europe et en Amérique.

Description

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L'entrée est exposée au sud-est[3]. Le porche de l'abri est large d'environ 15 m ; il est prolongé par une galerie large de 6 à 8 m et longue d'environ 20 m[2]. La grotte est une exsurgence fossile[4].

La grotte a certainement été un habitat magdalénien et probablement aussi un lieu de sépulture. Elle se présente aujourd'hui sur deux niveaux séparés par un plancher stalagmitique qui n'existait pas au Paléolithique : l'actuelle galerie inférieure de la grotte résulte des fouilles de 1927-1928, les fouilleurs ayant creusé horizontalement sous le plancher stalagmitique. La partie excavée fait plusieurs mètres de large sur une douzaine de mètres de long et atteint 1,40 m de hauteur par endroits[5].

Datation

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L'analyse typologique et stylistique permet d'attribuer la grotte au Magdalénien VI, en raison des découvertes faites sur un site de plein air voisin : le site de la gare de Couze, fouillé dans les années 1960 par François Bordes[6],[7]. Un bloc gravé à figure féminine stylisée[8] et une industrie proche de celle de la grotte de la Roche ont été trouvés en stratigraphie sur ce site et sont donc datables. L'occupation de la grotte de la Roche serait par conséquent contemporaine du bloc gravé de Couze, autour de 12 000 ans avant le présent[9].

Vestiges

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La grotte a livré des restes de faune, des outils de silex tels que burins, grattoirs, lames et burins bec-de-perroquet ; des aiguilles en os, des pointes de sagaie, des harpons, deux bâtons percés, et une dizaine d'objets décorés[10].

 
Grande pendeloque, ou rhombe de Lalinde, présentée parmi des instruments de musique au musée d'Archéologie nationale.

L'une des découvertes remarquables est une pendeloque considérée par une partie des chercheurs[11],[12] comme un rhombe (un instrument à vent souvent rapproché du churinga australien ou du bull-roarer américain). Cet objet en bois de renne, de forme ovale allongée et muni d'un trou de suspension, porte un décor géométrique gravé sur une surface préalablement recouverte d'ocre rouge. Son interprétation comme instrument de musique n'est pas certaine : Denis Peyrony le décrit comme un rhombe et Henri Breuil l'appelle churinga, mais André Leroi-Gourhan ne reprend pas ce diagnostic[13].

Les trouvailles les plus célèbres sont toutefois des blocs de pierre[n 1] gravés aux motifs étonnants, qui seront reconnus ultérieurement comme des figures féminines stylisées, attribuables au Magdalénien final[6],[9]. Leur graphisme présente des analogies avec la plastique des Vénus de Gönnersdorf (en), découvertes en Rhénanie-Palatinat, et semble être originaire du Périgord : « Lalinde pour l'art mobilier et la grotte de Fronsac pour l'art pariétal en sont les exemples types[14]. » Une autre représentation similaire vient de l'abri des Harpons (Lespugue, Haute-Garonne) avec une vénus sur baguette en bois de cerf[15].

Conservation

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Les deux blocs gravés à figures féminines stylisées les plus connus sont conservés au musée national de Préhistoire, aux Eyzies[16], et au musée Field de Chicago[17]. La grande pendeloque, dite rhombe, est conservée au musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.

Autres vestiges archéologiques :

  • le musée Field conserve une collection d'une centaine de pièces provenant de Lalinde[18], dont quatre petits blocs gravés à figures féminines stylisées[19] ;
  • le musée des Confluences de Lyon conserve le bloc gravé au chamois[20],[21], quatre os gravés[22] et quelques objets ;
  • on trouve quelques pièces provenant de Lalinde (notamment une aiguille à coudre intacte) au Musée de l'Homme, à Paris[18] ;
  • le Museum für Vor- und Frühgeschichte de Berlin a acquis en octobre 1995 une tête de cheval gravée sur os provenant de Lalinde, qui avait été présentée au public zurichois en 1956 dans une exposition intitulée Le cheval et l'homme[18].


Notes et références

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  1. Ces pierres gravées sont désignées comme blocs, dalles ou plaques, voire comme plaquettes, au gré des publications.

Références

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  1. a et b « Birol sur Lalinde, carte interactive » sur Géoportail.
  2. a et b Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 186
  3. a b et c Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 188.
  4. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 187
  5. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 186-188
  6. a et b Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 194.
  7. Tosello 2003, p. 55, 61.
  8. Tosello 2003, figure 16 no 6., p. 60.
  9. a et b Tosello 2003, p. 55-61.
  10. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 190-191.
  11. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figure 19, p. 203.
  12. Michel Dauvois, « Homo musicus palaeolithicus et Palaeoacustica », Munibe Antropologia-Arkeologia, no 57,‎ , p. 225-241 (lire en ligne [PDF] sur euskomedia.org), p. 232 « Le rhombe paléolithique ... ».
  13. Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 200, 203.
  14. Georges Sauvet, Javier Fortea, Carole Fritz et Gilles Tosello, « Échanges culturels entre groupes humains paléolithiques entre 20 000 et 12 000 BP », Bulletin de la Société Préhistorique Ariège-Pyrénées, vol. LXIII,‎ , p. 73-92 (lire en ligne [PDF] sur creap.fr)
  15. [Allard 1988] Michel Allard, « Une nouvelle représentation féminine magdalénienne à Lespugue (Haute-Garonne) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 85, no 9 « Actualité scientifique »,‎ , p. 272-274 (lire en ligne [sur persee]).
  16. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figures 7 et 8, p. 193.
  17. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figures 10 et 11, p. 198.
  18. a b et c Delluc, Delluc & Guichard 2008, p. 203-204
  19. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figure 12, p. 199.
  20. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figures 17 et 18, p. 202.
  21. Tosello 2003, p. 56.
  22. Delluc, Delluc & Guichard 2008, figures 13 à 16, p. 200-201.

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Bibliographie

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  • [Delluc, Delluc & Guichard 2008] Brigitte Delluc, Gilles Delluc et Francis Guichard, « Les fouilles de la grotte de la Roche à Lalinde (Dordogne) », Bulletin de la Préhistoire du Sud-Ouest, no 16,‎ , p. 185-205 (lire en ligne [PDF] sur paleosite.free.fr, consulté le ).
  • [Peyrony 1930] D. Peyrony, « Sur quelques pièces intéressantes de la grotte de La Roche, près de Lalinde (Dordogne) », L'Anthropologie, vol. 40, nos 1-2,‎ , p. 26-27.
  • [Tosello 2003] Gilles Tosello, « Pierres gravées du Périgord magdalénien : Art, symboles, territoires » (577 p.), Gallia Préhistoire, vol. 36 (suppl.),‎ (lire en ligne [sur persee]).