Ginette Kolinka
Ginette Kolinka, née Cherkasky le à Paris 11e, est une survivante du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau et, à partir des années 2000, passeuse de mémoire de la Shoah[1].
Naissance | |
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Nom de naissance |
Ginette Cherkasky |
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Enfant | |
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Roman Kolinka (petit-fils en lignée masculine) |
Distinctions |
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Biographie
modifierFamille et origines
modifierGinette Cherkasky naît le dans une famille juive athée[2]. Elle a cinq sœurs aînées et un frère cadet, Gilbert, né le .
Son père, Léon Cherkasky, d’origine ukrainienne[3], né à Paris le , est tailleur et dirigeant d’un petit atelier de fabrication d’imperméables dans le quartier du Faubourg du temple. Sa mère, Berthe Fairstin, née le à Pitesti en Roumanie, est femme au foyer.
Elle est la mère de Richard Kolinka[4], batteur du groupe de musique Téléphone — dont les premières répétitions du 2 au se dérouleront dans sa cave[5] — et la grand-mère de l'acteur Roman Kolinka.
Enfance et déportation
modifierElle passe sa petite enfance dans le 11e arrondissement de Paris puis à Aubervilliers avec ses parents, ses cinq sœurs et son frère[6],[7],[8].
La Seconde Guerre mondiale bouleverse sa famille quand son oncle et son beau-frère sont arrêtés en 1941.
En , sa famille fuit son domicile en raison de son arrestation imminente. Ils rejoignent alors la zone libre, non occupée par les Allemands, et trouvent refuge à Avignon (Vaucluse).
Le , à dix-neuf ans, elle est arrêtée avec son père, Léon Cherkasky[9], son jeune frère de douze ans[2], Gilbert Cherkasky, et son neveu de quatorze ans, Georges Marcou[10], par la Gestapo à la suite d'une dénonciation[11]. D'abord incarcérée à la prison d'Avignon puis à celle des Baumettes, la famille est ensuite internée au camp de Drancy. Un mois plus tard, la famille est déportée par le Convoi no 71 du 13 avril 1944[12] en direction du camp d'Auschwitz-Birkenau. C'est le même convoi que Simone Veil[13]. Dès l'arrivée du train, son père ainsi que son frère sont gazés. Ginette, quant à elle, est sélectionnée pour le travail et rejoint le camp des femmes.
D' à , elle connaît un parcours marqué par son passage dans les camps de Bergen-Belsen et de Theresienstadt[14]. Au camp de Bergen-Belsen, elle travaille dans une usine de pièces d'aviation. Elle contracte le typhus durant cette période. En , elle change de camp mais, à son arrivée, le camp est libéré, et elle est donc accueillie par les Alliés et rapatriée à Lyon avant de rejoindre Paris le pour retrouver les membres de sa famille qui ont survécu[15] : sa mère et quatre de ses cinq sœurs[7].
Témoin de la Shoah
modifierPendant quarante ans, elle tient un étal de bonneterie sur un marché d’Aubervilliers avec son mari. Longtemps, elle ne souhaite pas transmettre son histoire et l'horreur de la Shoah en disant qu'elle ne veut pas « ennuyer les gens ». Mais peu à peu l'envie de parler lui vient. Au début des années 2000, veuve, elle pousse la porte d’une association d’anciens déportés[16]. Ginette Kolinka devient une ambassadrice de la mémoire qui sillonne la France pour raconter son vécu aux jeunes générations[14]. Elle va d’établissement en établissement scolaire pour parler de la Shoah et sensibiliser les jeunes à cela.
Le , Christophe Hondelatte l'invite à raconter son histoire dans l'émission Hondelatte raconte[17].
Elle est invitée à rencontrer les participants autistes dans l'émission Les Rencontres du Papotin le .
Elle est l'une des participantes du documentaire « Les copines de Birkenau » (2024)[18].
Dans le cadre des élections législatives françaises de 2024, Serge Klarsfeld déclare que s'il était confronté à un duel entre La France insoumise et le Rassemblement national, il voterait, « sans hésitation », pour le candidat RN, et nie l'actuel antisémitisme d'extrême droite en continuum avec le fascisme historique, accusant ce qu'il classe à l'extrême gauche d'être actuellement véritablement antisémite en revanche. Il est fortement critiqué par Ginette Kolinka[19], qui lui répond notamment que c'est bien en raison de la présence de l'extrême droite au pouvoir qu'elle a été déportée[20], témoignant de son inquiétude et de son incompréhension face à ce point de vue politique, tout en exprimant dans le cadre de ses engagements mémoriels qu'elle regrette l'oubli de l'histoire, sa déformation et la recrudescence des comportements antisémites en rapport avec le conflit israélo-palestinien. Elle ne croit pas dans ce contexte que l'extrême droite puisse jamais sincèrement défendre les Juifs et être plus ouverte que le camp progressiste[21].
Distinctions
modifier- Officière de la Légion d'honneur
- Commandeur de l'ordre national du Mérite[22]
- Commandeur de l'ordre des Palmes académiques
- Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres (2024)[23]
Le , Ginette Kolinka est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur au titre de « ancienne commerçante, membre du conseil d'administration d'une association ; 63 ans d'activités professionnelles et associatives »[24] puis promue au grade d'officier du même ordre le au titre de « ancienne déportée œuvrant au devoir de mémoire »[25].
Ginette Kolinka est élevée au grade de commandeur dans l'ordre des Palmes académiques par la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Najat Vallaud-Belkacem le [12].
Ginette Kolinka a reçu la médaille de citoyenne d'honneur de la Ville de Roanne le . Une rue porte son nom dans le centre-ville de la commune[26].
Le 4 juillet 2024, le Conseil départemental de la Haute-Garonne a attribué au nouveau collège de Seysses le nom de "Ginette Kolinka". https://www.francebleu.fr/infos/education/decouvrez-les-nouveaux-noms-de-ces-quatre-colleges-de-haute-garonne-5419501
Publications
modifier- Ginette Kolinka avec Marion Ruggieri, Retour à Birkenau, Paris, Grasset, , 112 p. (ISBN 978-2-246-82070-3)[27]
- Ginette Kolinka avec Marion Ruggieri, Une vie heureuse, Paris, Grasset, , 96 p. (ISBN 978-2-246-83238-6)[28]
Adaptation
modifier- Retour à Birkenau de Ginette Kolinka et Marion Ruggieri, adaptation théâtrale par la compagnie A ContraTempo dans une mise en scène d'Emily Lombi, avec Capucine Derval dans le rôle de Ginette Kolinka.
- Ginette Kolinka d´Aurore d'Hondt, BD sur la vie de Ginette Kolinka, éd Des ronds dans l'O - 2023.
- Adieu Birkenau : Une survivante d'Auschwitz raconte , Ginette Kolinka, Jean-David Morvan, Victor Matet, Efa, Cesc, Roger Sole, (EAN 9782226465269), Albin Michel, 2023.
Notes et références
modifier- « Mende : rencontre émouvante avec Ginette Kolinka, rescapée d'Auschwitz », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).
- « Ginette Kolinka : Je me faisais la plus petite possible, tellement j'avais peur », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
- « Une soirée avec Ginette Kolinka », sur ladepeche.fr, .
- « “Ginette Kolinka, une famille française dans l'Histoire” : journal d'une rescapée », sur culturebox.francetvinfo.fr, (consulté le ).
- Daniel Ichbiah, Jean-Louis Aubert de Téléphone à aujourd'hui, City Edition, , 304 p. (ISBN 978-2-8246-4952-8, lire en ligne).
- « Ginette Kolinka, née Cherkasky », sur cercleshoah.org, (consulté le ).
- « Les Kolinka, trois générations face à la Shoah », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Hommage à Mme Ginette Kolinka au collège Beaumarchais », sur pia.ac-paris.fr, (consulté le )
- Voir, Klarsfeld, 2012.
- « - Mémorial de la Shoah » (consulté le )
- « Ginette Kolinka a raconté ses années dans les camps de concentration », sur Le Télégramme, (consulté le ).
- « Décoration de Ginette Kolinka, une femme exceptionnelle – Discours de Najat Vallaud-Belkacem », sur najat-vallaud-belkacem.com, (consulté le ).
- Nathalie Rouiller, « Ginette Kolinka, ça, c’est vraiment elle », sur Libération (consulté le )
- « Rescapée d'Auschwitz. Grande leçon d'histoire », Le Télégramme, (lire en ligne, consulté le ).
- « Ginette Kolinka Présentation », sur rescapesdelashoah.org (consulté le ).
- Philippe Ridet, « Un apéro avec Ginette Kolinka : Pour me voir avec la larme aux yeux, il faut beaucoup », Le Monde, (lire en ligne).
- « Ginette Kolinka : retour à Birkenau », sur Europe 1 (consulté le )
- « L’enfer d’Auschwitz raconté par les dernières survivantes », sur France tv & vous (consulté le )
- « Ginette Kolinka, rescapée d'Auschwitz, ne croit pas "que l'extrême droite" puisse "défendre" les Juifs », sur franceinfo, (consulté le )
- « Playbac Presse Digital: journaux jeunesse Le Petit Quotidien, Mon Quotidien, L'actu, L'éco et plus ! », sur digital.playbacpresse.fr (consulté le )
- « « Quelque chose ne va plus » : Ginette Kolinka, rescapée d'Auschwitz-Birkenau, s’inquiète des propos de Serge Klarsfeld sur le RN », sur Le Figaro, (consulté le )
- Décret du 2 juin 2023 portant promotion et nomination dans l'ordre national du Mérite.
- « Bulletin officiel des décorations, médailles et récompenses no 04 du 05 août 2024 - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
- Décret du 2 avril 2010 portant promotion et nomination.
- Décret du 31 décembre 2018 portant promotion et nomination.
- « Ginette KOLINKA : La mémoire de la Shoah », sur AggloRoanne,
- Célia Héron, « Ginette Kolinka: « Il ne faut pas retourner à Birkenau au printemps » », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne).
- Sonia Devillers, « Ginette Kolinka : vie heureuse et souvenirs des camps » , sur France Inter, (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Philippe Dana, Ginette Kolinka : une famille française dans l'histoire, Paris, Kero, , 217 p. (ISBN 978-2-36658-146-1, BNF 45127195)
- Aurore D'Hondt, Ginette Kolinka : Récit d'une rescapée d'Auschwitz-Birkenau (Roman graphique), Des ronds dans l'O, , 240 p. (ISBN 978-2-37418-132-5)
Liens externes
modifier
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Christophe Lehousse, « Le dégoût de ceux qui ont dénoncé, pas de la France », sur liberation.fr du (consulté le ).
- « L'horreur de la déportation raconté par Ginette Kolinka », sur lepetitjournal.net (consulté le ).
- Témoignage vidéo, 2015 (à voir sur YouTube) : partie 1 et partie 2.