Gheorghe Ștefan (prince moldave)
Gheorghe Ștefan (mort en 1668 à Stettin) fut prince de Moldavie du 13 avril au puis du au . La monarchie était élective dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie, comme en Transylvanie et en Pologne voisines : le prince (voïvode, hospodar ou domnitor selon les époques et les sources) était élu par (et souvent parmi) les boyards : pour être nommé, régner et se maintenir, il s'appuyait sur les partis de boyards et fréquemment sur les puissances voisines, habsbourgeoise, polonaise, russe et surtout ottomane, car jusqu'en 1859 les deux principautés étaient vassales de la « Sublime Porte » dont elles étaient tributaires[1].
Prince de Moldavie | |
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Naissance |
Date inconnue |
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Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
Георге Штефан |
Activités |
Biographie
modifierIl était le fils du boyard Dumitrașcu Ceaur, et fut chancelier du voïvode moldave Basile le Loup. Il semble que ce dernier aurait entretenu une relation avec sa femme. Il décide alors de s'allier avec Matthieu Basarab, prince de Valachie et rival de Basile, ainsi qu'avec Georges II Rákóczi, prince de Transylvanie. Il réussit à détrôner Basile, mais ce dernier, avec l'aide du chef cosaque Bohdan Khmelnytsky (dont les forces sont commandées par son fils Timofti Khmelnitski), réussit à reprendre son trône. Basile et Timofti décident de poursuivre Gheorghe Ștefan en Valachie, mais leur armée est écrasée au cours de la bataille de Finta. Cette défaite permet à Gheorghe Ștefan de revenir à Jassy (la capitale de la Moldavie) et de redevenir prince. Il fit en sorte de s'acheter la sympathie de l'Empire ottoman pour pouvoir garder sa couronne. Il augmente les impôts pour couvrir les dépenses et notamment pour pouvoir payer ses mercenaires.
Les Turcs travaillèrent pour leur part à renforcer leur alliance avec la Moldavie, la Transylvanie et la Valachie, états chrétiens mais vassaux du Sultan, situés, selon leur vision géopolitique, dans le « Dar al-'Ahd » ou « Dar al-Suhl » (arabe دار العهد « domaine de la trêve » ou « de l'alliance »). Ainsi en 1655, Ștefan aide Constantin Ier Șerban Basarab dans sa lutte contre la rébellion des seimens (mercenaires arquebusiers) à Bucarest. Cependant, le sultan Mehmed Dördüncü est irrité par l'alliance entre la Moldavie et la Suède, l’hetmanat Cosaque, le Brandebourg et la Valachie, durant "le Déluge" (série de guerres opposant la Pologne à la Suède et ses alliés). N'ayant été ni averti, ni consulté, Mehmed prend cela comme un affront et dépose les trois voïvodes Georges II Rákóczi de Transylvanie, Gheorghe Ștefan de Moldavie et Constantin Ier Șerban Basarab de Valachie. Le Sultan remplace Gheorghe Ștefan par Gheorghe Ier Ghica. Les trois souverains déposés tentèrent de riposter militairement mais Ștefan est défait à Strunga.
Accompagné de son secrétaire Jakab Harsányi Nagy, Gheorghe Ștefan se met alors à "errer" en Pologne, sur les terres des Habsbourg à Vienne (1662) où il s'engage solennellement à faire appel aux Jésuites et à leur confier des Scholas publicas s'il est rétabli sur le trône, dans le Brandebourg puis en Suède (1665) cherchant à trouver un soutien pour récupérer son trône. Malade et endetté, il finit sa vie en Poméranie ou il meurt probablement d'une hémorragie cérébrale.
Bibliographie
modifier- Alexandru Dimitrie Xenopol Histoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés. E Leroux Paris (1896)
- Nicolae Iorga Histoire des Roumains et de la romanité orientale. (1920)
- (ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor Volume III (depuis 1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1977.
- Gilles Veinstein, Les Ottomans et la mort (1996) (ISBN 9004105050).
- Joëlle Dalegre Grecs et Ottomans 1453-1923. De la chute de Constantinople à la fin de l’Empire Ottoman, L’Harmattan Paris (2002) (ISBN 2747521621).
- Jean Nouzille La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler (2004), (ISBN 2-9520012-1-9).
- Traian Sandu, Histoire de la Roumanie, Perrin (2008).
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Gheorghe Ştefan » (voir la liste des auteurs).
- Le candidat au trône devait ensuite "amortir" ses "investissements" par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'au moins un an était nécessaire, mais la "concurrence" était rude, certains souverains ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). En fait, le gouvernement était assuré par le Mare Vornic (premier ministre), ses ministres (spatar-armée, vistiernic-finances, paharnic-économie, logofat-intérieur... approximativement) et par le Sfat domnesc (conseil des boyards).
Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls certains territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.