Gertrude Käsebier

photographe américaine

Gertrude Käsebier, née Stanton le à Des Moines dans l'Iowa et morte le à New York est une photographe professionnelle portraitiste américaine.

Gertrude Käsebier
Autoportrait de Gertrude Käsebier
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 82 ans)
New YorkVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Gertrude StantonVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Mouvement
signature de Gertrude Käsebier
Signature
Gertrude Käsebier : Portrait de Gertrude Elizabeth (sa fille), 1894
Adolf de Meyer. Portrait de Gertrude Käsebier (vers 1900)
Adolf de Meyer.Portrait de Gertrude Käsebier (1905)

Gertrude Käsebier est l'une des plus influentes photographes américaines du début du XXe siècle. Elle est célèbre pour ses images de la maternité, ses puissants portraits de natifs américains et par le fait qu'elle a promu la photographie comme une carrière pour les femmes.

Biographie

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Gertrude Käsebier naquit sous le nom de Gertrude Stanton en 1852 à Fort des Moines (aujourd'hui Des Moines dans l'Iowa)[1]. Son père, John W. Stanton, implanta une scierie à Golden dans le Colorado au début de la Ruée vers l'or de Pikes Peak, et prospéra à la suite du boom immobilier qui s'ensuivit.

En 1860, Gertrude Stanton, qui avait alors 8 ans, partit avec sa mère et son jeune frère pour rejoindre leur père dans le Colorado. La même année, son père fut élu premier maire de Golden, qui était alors la capitale du territoire du Colorado[2].

À la suite de la mort brutale de son père en 1864, toute la famille de Gertrude Stanton partit vivre à Brooklyn (New York). Sa mère, Muncy Boone Stanton, ouvrit une pension pour subvenir aux besoins de la famille[2]. De 1866 à 1870, Gertrude Stanton vécut à Bethlehem en Pennsylvanie chez sa grand-mère maternelle, et alla à l'école au Bethlehem Female Seminary (qui devint plus tard le Moravian College). On ne connaît pas grand-chose de plus de ses années de jeunesse.

Mariage avec Eduard Käsebier

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Alors qu'elle avait 22 ans, en 1874, Gertrude Stanton épousa Eduard Käsebier, alors âgé de 28 ans, qui était un homme d'affaires de Brooklyn issu d'une famille aisée et reconnue[2]. Le couple eut trois enfants, Frederick William (1875-?), Gertrude Elizabeth (1878-?) et Hermine Mathilde (1880-?). En 1884, ils aménagèrent dans une ferme à New Durham, dans le New Jersey, afin d'élever leurs enfants dans un endroit sain.

Käsebier écrivit plus tard qu'elle fut néanmoins malheureuse durant la plus grande partie de son mariage. Elle dit « Si mon mari était allé au Paradis, j'aurais voulu aller en Enfer. Il était épouvantable... Rien n'était jamais assez bien pour lui »[2]. À l'époque, le divorce était considéré comme une chose scandaleuse, et le couple resta marié, chacun menant sa vie séparément après 1880. Ce mariage malheureux inspira Gertrude pour une de ses photos au titre le plus frappant Yoked and Muzzled - Marriage (Sous le joug et muselée - le mariage), vers 1915.

École d'art

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Malgré leurs différends, son mari lui apporta son soutien financier lorsqu'elle commença à aller à l'école d'art, à l'âge de 27 ans, âge auquel la plupart des femmes étaient déjà bien ancrées dans leur position sociale. Käsebier n'a jamais expliqué ce qui l'avait poussée à étudier l'art, mais elle s'y consacra pleinement. Contre les objections de son mari en 1889, elle déménagea vers Brooklyn avec sa famille, afin de suivre à plein temps les cours du tout récent Pratt Institute[1]. L'un de ses professeurs fut Arthur Wesley Dow, un artiste très influent[3]. Il l'aida par la suite à commencer sa carrière en écrivant des critiques sur son travail, et en la présentant à d'autres photographes et mécènes.

Durant sa formation au Pratt Insitute, Käsebier se familiarisa avec les théories de Friedrich Fröbel, un universitaire du XIXe siècle dont les idées à propos de l'éducation, du jeu et de l'apprentissage furent à l'origine de la création des premières écoles maternelles.

Ses idées sur l'importance de la mère dans le développement des enfants influença grandement Gertrude Käsebier. Beaucoup de ses photographies mettent en exergue la relation mère-enfant, et l'enfance innocente[4].

La photographie

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Elle étudia également le dessin à la peinture mais se passionna tout particulièrement pour la photographie. Comme beaucoup d´étudiants en art à l'époque, Gertrude Käsebier décida de voyager en Europe pour compléter sa formation. Elle commença en passant plusieurs mois à étudier la chimie photographique en Allemagne en 1894, où elle eut la possibilité de confier ses enfants à la belle-famille à Wiesbaden.

Elle passa le reste de l´année à étudier en France[1] auprès du peintre américain Franck DuMond[2].

En 1895, elle retourna à Brooklyn. Son mari étant assez gravement malade, et ses ressources financières étant alors limitées, elle décida de devenir photographe professionnelle.

Un an plus tard, elle devint l'assistante du portraitiste photographe Samuel H. Lifshey, ce qui lui permit d'apprendre à tenir un studio et à élargir ses connaissances des techniques d´impression. Il est néanmoins évident qu'elle possédait déjà à l'époque une grande maîtrise de la photographie.

Tout juste un an plus tard, elle exposa 150 photographies, ce qui était un nombre impressionnant pour un seul artiste à cette époque, au Boston Camera Club. Les mêmes clichés furent montrés en au Pratt Institute[2].

Le succès de cette exposition fut l´occasion d´une nouvelle exposition à la Photographic Society of Philadelphia en 1897. Elle vint également commenter ses œuvres là-bas, et encouragea les femmes à faire carrière dans la photographie en disant « Je recommande sérieusement aux femmes ayant un goût artistique de s´entraîner dans le champ encore jeune de la photographie moderne. Cela me semble particulièrement adapté pour elles, et les quelques qui s´y sont déjà aventurées y ont reçu un succès gratifiant et rémunérateur »[5],[3].

Les Natifs Américains (1898-1909)

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À la fin des années 1890, Gertrude Käsebier entendit parler d´une pièce mettant en scène des cowboys, des Indigènes et d'autres personnages du Far West, appelé le « Buffalo Bill´s Wild West ». Le spectacle était représenté à New York, et un « village indien » s'était provisoirement installé dans Brooklyn. Se souvenant du temps qu'elle avait passé dans le Colorado, Gertrude Käsebier alla voir le spectacle et fut fasciné par les visages des Natifs d'Amérique. Elle commença à réaliser des portraits de ces derniers[1], et se mit à soutenir leur cause. Durant la décennie qui suivit, elle prit des douzaines de photographies des indigènes participant au spectacle, dont certaines devinrent ses œuvres les plus connues.

Contrairement à son contemporain Edward Curtis, Gertrude Käsebier s'intéressa plus à l'expression et à l'individualité de la personne qu'à ses costumes et coutumes. Alors que Curtis est connu pour avoir ajouté des éléments à ses compositions photographiques, afin de renforcer sa vision personnelle, Gertrude Käsebier fit le contraire, demandant parfois à ses modèles de retirer des ornements cérémoniaux, afin de mieux se concentrer sur le visage et la stature de la personne[2].

En , Alfred Stieglitz publia cinq des photographies de Gertrude Käsebier dans la revue Camera Notes, la déclarant « incontestablement la plus importante portraitiste photographe du moment »[6]. Son accession rapide à la reconnaissance et au succès fut remarquée par le photographe et critique Joseph Keiley, qui écrivit « il y a un an, le nom de Käsebier était pratiquement inconnu dans le monde de la photographie... Aujourd'hui, ce nom est le plus important et est sans pareil... »[7]. Cette même année, sa publication de la photographie The Manger fut vendue 100$, soit la somme la plus élevée payée pour une photographie à l'époque[8].

En 1900, Gertrude Käsebier continua à récolter les honneurs et les louanges de ses pairs. Dans le catalogue du Newark (Ohio) Photography Salon, elle fut désignée comme « la plus grande photographe professionnelle des États-Unis »[8]. En reconnaissance de son accomplissement artistique et de son statut, Gertrude Käsebier fut, un peu plus tard dans l'année, l'une des premières femmes élues au "Linked Ring" de Grande-Bretagne (une importante association de photographes britanniques). L´autre artiste femme ayant été élue était Carine Cadby.

En 1908 lors de la convention nationale de la PAA (Photographic Association of America) à Détroit, elle fait partie du petit groupe de femmes avec Belle Johnson et Mary Carnell qui se réunit pour créer la Women Federation de l'association. Elle sera présidente de comité dès l'origine[9].

Galerie

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Articles connexes

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Notes et références

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  1. a b c et d Anne Reverseau, « Käsebier, Gertrude (née Stanton) [Des Moines 1852 - New York 1934] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 2268-2269
  2. a b c d e f et g (en) Barbara L. Michaels (1992). Gertrude Käsebier, The Photographer and Her Photographs. NY: Abrams. pages. 13–14, 26, 28–30, 42, 44, 46–60.
  3. a et b Bettina Gockej, « Gertrude Käsebier », dans Luce Lebart et Marie Robert (dir.), Une histoire mondiale des femmes photographes, Éditions Textuel, , p. 57
  4. Claire Guillot, « L’appareil photo, plus paritaire qu’il n’y paraît », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. (traduction par un rédacteur de cet article)(en) Barbara L. Michaels (1992). Gertrude Käsebier, The Photographer and Her Photographs. NY: Abrams. pages 13–14, 26, 28–30, 42, 44, 46–60.
  6. Alfred Stieglitz, « Our Illustrations », Camera Notes, juillet 1899, vol. 3, (no), p. 24.
  7. Joseph T. Keily (janvier 1899). « The Philadelphia Salon: Its Origin and Influence ». Camera Notes 1 (3): 126.
  8. a et b Weston Naef (1978). Collection d'Alfred Stieglitz: Cinq pionniers de la photographie moderne. NY: Metropolitan Museum of Art. p. 387–88.
  9. (en) « What the Women Federation of the Photographers' Association of America has to offer. », Wilson's Photographic Magazine, vol. XLVII, no 641,‎ , p. 195-196 (lire en ligne)

Liens externes

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