Georgia O'Keeffe
Georgia O'Keeffe, née le à Sun Prairie, dans le Wisconsin, et morte le à Santa Fe, Nouveau-Mexique, est une peintre américaine considérée comme une des peintres modernistes et des précisionnistes majeures du XXe siècle.
Naissance | |
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Décès | |
Pseudonymes |
Okeef, Georgia, Okeefe, Georgia, O'Keeffe, Georgia Totto, Stieglitz, Georgia O'Keeffe |
Nationalité | |
Activité | |
Formation |
Université Columbia Teachers College de l'université Columbia Edgewood High School of the Sacred Heart (en) Art Students League of New York Université de Virginie École de l'Institut d'art de Chicago Madison Central High School (en) |
Maîtres |
William Merritt Chase, Kenyon Cox, Francis Luis Mora (en) |
Représentée par | |
Lieux de travail | |
Mouvement | |
Père |
Francis O'Keeffe (d) |
Mère |
Ida Ten Eyck Totto (d) |
Fratrie | |
Conjoint |
Alfred Stieglitz (de à ) |
Distinctions | Liste détaillée Médaille présidentielle de la Liberté () Women's Caucus for Art Lifetime Achievement Award () National Medal of Arts () National Women's Hall of Fame () National Cowgirl Museum and Hall of Fame (en) Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences |
Biographie
modifierGeorgia O'Keeffe naît le dans une ferme du Wisconsin[1], au sein d'une famille nombreuse[2]. Son père, Francis Calyxtus O'Keeffe, était d'origine irlandaise, tandis que sa mère, Ida Totto, était la fille d'un immigrant hongrois, George Victor Totto, dont le prénom a inspiré celui de Georgia.
Elle s'intéresse très tôt à l'art. En 1905-1906, Georgia O'Keeffe fréquente l'Art Institute of Chicago[2] et, en 1907-1908, l'Art Students League of New York[2] où elle est élève de William Merritt Chase. Gagnante d'une bourse, elle se rend à New York. Elle y visite une exposition à la galerie d'avant-garde 291, dont le propriétaire est le photographe Alfred Stieglitz[2].
En 1908, doutant qu'elle puisse devenir une artiste figurative, Georgia O'Keeffe décide d'abandonner la peinture. Incommodée de plus par l'odeur de la térébenthine, elle ne peint rien durant 4 ans. Elle s'y remet en 1912 lors d'une session d'été à l'université de Virginie où elle découvre le travail et les idées d'Arthur Wesley Dow qui l'encourage à recourir à de nouveaux modes d'expression, en exploitant la ligne, la couleur et les ombres. Elle va suivre son enseignement à l'Art Department de l'université Columbia, de 1913 à 1916. Dow aura une influence marquante sur elle.
Elle se forme lentement, déçue de l'enseignement institutionnel. Solitaire, elle enseigne le dessin dans une petite ville du Texas. Elle visite souvent le canyon de Palo Duro qui lui sert d'inspiration dans ses œuvres. En 1916, une amie, la photographe Anita Pollitzer rencontrée à l'université Columbia, envoie des dessins au fusain de Georgia à la galerie 291 d'Alfred Stieglitz qui accepte de les exposer. Il lui consacre l'année suivante une exposition solo. Stieglitz et O'Keeffe commencent à s'écrire et à se fréquenter. Georgia déménage à New York en 1918. Elle pose pour des nus photographiques de Stieglitz, qui font scandale[2], puis fait connaître ses œuvres picturales[2]. Ils tombent amoureux et se marient en 1924 quand Alfred obtient son divorce.
Dès lors, ils s'épauleront dans leur art respectif. Georgia devient la muse de Stieglitz qui fera plus de 350 portraits d'elle. De son côté, Georgia rencontre plusieurs artistes modernistes dans le cercle d'amis de Stieglitz, dont Charles Demuth, Arthur Dove, Marsden Hartley, John Marin, Paul Strand et Edward Steichen. À leur contact, elle trouve sa voie et s'adonne à la peinture à l'huile, délaissant l'aquarelle, s'inspirant de formes naturelles observées de près[3]. Elle s'intéresse également aux immeubles de New York. Ses thèmes de prédilection sont le paysage urbain et les gratte-ciel, ainsi que les gros plans de fleurs traités à la limite de l'abstraction. Fenêtre sur le lac George, en 1929, préfigure les futures recherches minimalistes de l'art américain. Stieglitz organise plusieurs expositions qui font bientôt de Georgia O'Keefe une des artistes les plus connues durant les années 1920.
Au Nouveau-Mexique
modifierVers 1929, désireuse d'échapper au Lake George, où elle a l'habitude de passer ses étés entourée de la famille et des amis d'Alfred, elle se rend à Taos, au Nouveau-Mexique en compagnie d'une amie, Rebecca Strand. À la recherche de sujets, Georgia explore les environs, dont le ranch de l'écrivain D. H. Lawrence qui lui inspirera une de ses toiles les plus connues, The Lawrence Tree. Durant les vingt années suivantes, elle séjourne fréquemment dans la région.
En 1933, elle est hospitalisée pour une dépression alors qu'elle est incapable d'achever dans le temps imparti un projet de peinture murale au Radio City Music Hall. Elle ne peindra plus rien de l'année. Durant l'été 1934, rétablie, elle retourne au Nouveau-Mexique où elle visite la région de Ghost Ranch près d'Abiquiú. Séduite, elle y séjourne chaque année avant d'acheter, en 1940, une propriété à cet endroit et de s'y installer en permanence. Les paysages quasi désertiques lui inspirent une œuvre fantastique et visionnaire.
Sa réputation s'étend et Georgia O'Keeffe reçoit plusieurs commandes. Son travail fait également l'objet d'expositions. En 1936, elle peint Summer Days, une de ses œuvres les plus réputées. Elle reçoit l'honneur de deux rétrospectives, à l'Institut d'art de Chicago en 1943 et au Museum of Modern Art à New York, première rétrospective accordée par ce musée à une artiste femme. O'Keeffe devient récipiendaire de nombreuses distinctions honorifiques.
En 1946, Stieglitz est atteint d'un infarctus. Bien que Georgia et lui ne maintenaient plus qu'une relation distante, elle se trouve à ses côtés lorsqu'il meurt le . Elle s'occupera de disperser ses cendres et durant les trois années suivantes, elle s'occupe d'inventorier ses biens : plus de 3 000 photographies, une collection de 850 œuvres, 580 épreuves d'autres photographes, un énorme inventaire de livres et d'écrits, ainsi que près de 50 000 lettres. Georgia O'Keeffe fait plusieurs dons à différentes institutions muséales.
Elle s'installe de manière permanente au Nouveau-Mexique en 1949. Elle rénove son domaine et continue de peindre, inspirée notamment par les nuages qu'elle peut contempler en avion. En 1962, O'Keeffe devient la 55e membre de l'Académie américaine des arts et des lettres. Elle est également élue fellow de l'Académie américaine des arts et des sciences en 1966. À l'automne 1970, le Whitney Museum of American Art lui consacre une rétrospective qui contribue à la remettre à l'avant-scène, son art ayant été quelque peu éclipsé par les courants apparus durant les années 1960.
Les dernières années
modifierÀ partir de 1972, des troubles de la vue compromettent son activité de peintre. Elle produit néanmoins des œuvres au crayon et au fusain, jusqu'en 1984.
En 1973, elle embauche un jeune potier, Juan Hamilton, qui deviendra un assistant précieux jusqu'à sa mort. En 1976, elle rédige une autobiographie et donne son aval à un film documentaire sur elle. Le , le président Gerald Ford lui remet la médaille présidentielle de la Liberté. Enfin, en 1985, elle reçoit le National Medal of Arts. Âgée de plus de 90 ans, sa santé devient fragile. Elle déménage à Santa Fe en 1984 où elle meurt, le , à l'âge de 98 ans.
Postérité
modifierLe Georgia O'Keeffe Museum, un musée consacré à l'artiste, a été inauguré en 1997, à Santa Fe, grâce aux avoirs légués à sa mort[4]. Sa maison à Abiquiú a été déclarée National Historic Landmark en 1998. Un film inspiré de son mariage a été réalisé par Edwin Sherin en 1991, A Marriage: Georgia O'Keeffe and Alfred Stieglitz. Un film biographique de Bob Balaban, Georgia O'Keeffe, est paru en 2009. Ses œuvres font partie des collections de nombreuses institutions muséales.
L'art de Georgia O'Keeffe, un temps considéré moderniste et d'avant-garde, est basé sur une observation minutieuse de la nature et sur sa volonté de peindre ce qu'elle ressent[2],[3]. Elle demeurera à l'écart des courants, suivant sa propre voie. Ses gros plans de fleurs, qui caractérisent une bonne partie de sa production, révèlent son sens aigu de l'observation[2],[3]. Le format de ses toiles, les couleurs et les nuances rendent ses tableaux pratiquement abstraits[2],[3].
Les paysages du Nouveau-Mexique lui offrent de nouveaux sujets. Ses toiles représentant des crânes d'animaux, peints minutieusement, cherchent à symboliser la beauté du désert. Ses nombreux voyages en avion durant les années 1950 et 1960 lui inspirent sa série sur les nuages avec des toiles souvent de grandes dimensions.
À sa mort, Georgia O'Keeffe laisse environ 900 tableaux.
En novembre 2014, la vente aux enchères du tableau « Jimson Weed/White Flower No. 1 » en salle des ventes à New York, estimé initialement à 15 millions de dollars, monte à 44,4 millions de dollars, établissant par la même occasion un nouveau record mondial lors d'une vente aux enchères pour une artiste féminine[5].
Hommages
modifier- En 1972, elle est incluse dans Some Living American Women Artists, un collage féministe de Mary Beth Edelson, où elle occupe la place du Christ dans une représentation de La Cène[6].
- Georgia O'Keeffe est une des 39 convives attablées dans l'œuvre d’art contemporain The Dinner Party (1974-1979) de Judy Chicago[7].
- Elle est inscrite au National Women's Hall of Fame depuis 1993[8].
- Un cratère vénusien a été nommé en 1994 en son honneur : O'Keeffe[9].
- Elle est mentionnée dans la série Breaking Bad à deux reprises : dans l'épisode Seuls au monde (saison 2, épisode 9), les personnages de Jane Margolis et Jesse Pinkman parlent de ses œuvres et envisagent de se rendre dans le musée qui lui est dédié à Santa Fe, ce qu'ils font dans le flashback ouvrant l'épisode Société écran (saison 3, épisode 11), où ils observent sa peinture My Last Door.
- Elle est nommée dans le film Big Eyes de Tim Burton.
- Evelyn Schels réalise en 2021 le film "Georgia O'Keeffe - Une artiste au Far-West"[10].
- L'artiste française Félicia Atkinson lui rend hommage dans sa composition musicale Ni envers ni endroit que cette roche brûlante (Pour Georgia O'Keeffe), éditée en 2023 dans la collection Portraits GRM.
Œuvres (sélection)
modifier-
Second, Out of My Head - 1915.
-
Canna rouge - 1919.
-
Lake George Reflection – 1922.
- Blue #1, 1916, Brooklyn Museum, New York[11].
- Blue #2, 1916, aquarelle sur papier, Brooklyn Museum, New York[12].
- Blue #3, 1916, aquarelle sur papier, Brooklyn Museum, New York[13].
- Blue #4, 1916, aquarelle sur papier, Brooklyn Museum, New York[14].
- Nbr. 13 Special, 1917, charbon sur papier.
- Musique bleue et verte, 1919-1921, huile sur toile, Art Institute of Chicago.
- A Storm, 1922, pastel, Metropolitan Museum of Art.
- Lake George Reflection, 1922, collection privée.
- Grey Lines with Black, Blue and Yellow, 1923, musée des Beaux-Arts de Houston.
- Stries rouge, jaune et noir, 1924, huile sur toile, Centre Pompidou, Paris[15].
- New York Street with Moon, 1925, huile sur toile, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid[16].
- City Night, 1926, huile sur toile, The Minneapolis Institute of Arts.
- Black Iris III, 1926, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art, New York.
- Canna rouge, 1925-1928, huile sur toile, University of Arizona Museum of Art, Tucson.
- The Radiator Building, 1927, huile sur toile, Carl Van Vechten Museum, Nashville[17].
- Cow’s Skulls, Red White and Blue, 1931, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art, New York.
- Cow's Skull with Calico Roses, 1931, huile sur toile, Art Institute of Chicago.
- Ram's Head, White Hollyhock – Hills, 1935, huile sur toile, Brooklyn Museum, New York[18].
- The Lawrence Tree, 1929, huile sur toile, Wadsworth Atheneum, Hartford.
Expositions (sélection)
modifier- - : Georgia O'Keeffe : art and letters, National Gallery of Art, Washington, puis Art Institute of Chicago, Musée d'Art de Dallas et Metropolitan Museum of Art, New York.
- : Georgia O'Keeffe et ses amis photographes, musée de Grenoble.
- - : Georgia O'Keeffe, Bank Austria Kunst Forum, Vienne, Autriche.
- - : Georgia O'Keeffe, Centre Pompidou, Paris[19].
- - : Georgia O’Keeffe et Henry Moore – Géants de l’art moderne, Musée des beaux-arts de Montréal[20].
-
Blue No. 4, 1916.
-
Series 1, No. 8, 1919.
-
Musique bleue et verte, 1919-1921.
Bibliographie
modifier- Britta Benke, Georgia O'Keeffe 1887-1986 Fleurs du désert, Taschen, , 95 p. (ISBN 978-3-8228-5730-4).
- (en) Barbara Buhler Lynes, « Georgia O’Keeffe. American painter », dans Encyclopædia Britannica (lire en ligne).
- « Georgia O'Keefe », dans Dictionnaire critique et documentaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, éditions Gründ, , 13 440 p. (ISBN 2-7000-3020-6), vol. 10, p. 344-346.
- (en) Lisa Messinger, « Georgia O’Keeffe (1887–1986) », sur Metropolitan Museum of Art, New York, .
Notes et références
modifier- « Birthplace of Georgia O'Keeffe », sur cityofsunprairie.com
- Philippe Dagen, « Exposition : Georgia O’Keeffe au-delà des modes », Le Monde, (lire en ligne)
- Diane Lisarelli, « Georgia O’Keeffe, fines fleurs », Libération, (lire en ligne)
- (en) « Site du Georgia O'Keeffe Museum », sur okeeffemuseum.org.
- Vente record pour l'artiste Georgia O'Keeffe, Le Figaro, 20 novembre 2014
- (en) « Notice de l'œuvre Some Living American Women Artists », sur Center for the Study of Political Graphics (consulté le ).
- « Brooklyn Museum: Georgia O’Keeffe », sur www.brooklynmuseum.org (consulté le )
- (en-US) « O'Keeffe, Georgia », sur National Women’s Hall of Fame (consulté le )
- « Planetary Names: Crater, craters: O'Keeffe on Venus », sur planetarynames.wr.usgs.gov (consulté le )
- (en) ARTE, « Georgia O'Keeffe - Une artiste au Far-West », sur ARTE Boutique (consulté le )
- (en) « The Brooklyn Museum - Collections: American Art: Blue #1 », sur www.brooklynmuseum.org
- (en) « The Brooklyn Museum - Collections: American Art: Blue #2 », sur www.brooklynmuseum.org
- (en) « The Brooklyn Museum - Collections: American Art: Blue #3 », sur www.brooklynmuseum.org
- (en) « The Brooklyn Museum - Collections: American Art: Blue #4 », sur www.brooklynmuseum.org
- Reproduction dans Beaux Arts magazine n° 352, octobre 2013, p. 117.
- (es) Museo Thyssen Bornemisza, « Museo Thyssen Bornemisza », sur www.museothyssen.org (consulté le )
- 122 × 76 cm. Reproduction dans Beaux Arts magazine no 93, septembre 1991, p. 71.
- (en) « The Brooklyn Museum - Collections: American Art: Ram's Head, White Hollyhock-Hills (Ram's Head and White Hollyhock, New Mexico) », sur www.brooklynmuseum.org
- Emmanuelle Lequeux, « Alfred Stieglitz et Georgia O’Keeffe, d’amour et de peinture », M, le magazine du Monde, (lire en ligne ).
- « Georgia O’Keeffe et Henry Moore : géants de l’art moderne | Exposition | Musée des beaux-arts de Montréal », sur www.mbam.qc.ca (consulté le ).
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Art Institute of Chicago
- Artists of the World Online
- Bénézit
- Delarge
- Grove Art Online
- Kunstindeks Danmark
- Musée d'Art du comté de Los Angeles
- Musée d'art Nelson-Atkins
- Musée Thyssen-Bornemisza
- Museum of Modern Art
- MutualArt
- National Gallery of Art
- National Portrait Gallery
- RKDartists
- Smithsonian American Art Museum
- Union List of Artist Names
- Ressources relatives à la musique :
- Ressource relative à la littérature :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- American National Biography
- Britannica
- Brockhaus
- Collective Biographies of Women
- Den Store Danske Encyklopædi
- Deutsche Biographie
- Dictionary of Wisconsin History
- Dictionnaire universel des créatrices
- Enciclopedia italiana
- Encyclopedia of the Great Plains
- Gran Enciclopèdia Catalana
- Handbook of Texas Online
- Hrvatska Enciklopedija
- Nationalencyklopedin
- Store norske leksikon
- Treccani
- Universalis
- Visuotinė lietuvių enciklopedija