Georges Courtois
Georges Courtois, né le à Nantes et mort le à Quimperlé[1], est un criminel multi-récidiviste français, connu pour avoir pris en otage la cour d'assises de Nantes en 1985 pendant 36 heures avec l'aide de deux complices.
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Georges Claude Jacques André Courtois |
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Mort à l'âge de 71 ans, il a passé plus de 34 années en prison, dont quatre ans et demi de quartier de haute sécurité en qualité de détenu particulièrement surveillé à Poissy et dix ans passés en isolement.
Biographie
modifierGeorge Courtois naît dans le centre de Nantes, près de la place de Bretagne, en 1947[2]. Fils d'une couturière et d'un charpentier, il grandit dans un milieu pauvre, où la nourriture tend à manquer. À 11 ans il commet son premier larcin, le vol du vélo d'un boucher avec son panier rempli de viande, mais est vite rattrapé[3]. Dès 1961, alors qu'il a 14 ans, il effectue son premier séjour en prison pour des vols. Il alterne entre plusieurs maisons d'arrêts en France, à Bordeaux, Niort...
De retour à Nantes, il rencontre sa future femme en 1966, Chantal, aide-soignante au CHU de Nantes[4] (décédée en 2016) avec qui il restera toute sa vie. Il l'épousera en prison, l'année de la prise d'otage du Palais de justice de Nantes[2]. Ils auront ensemble deux filles[5]. Le père de George Courtois décède un an plus tôt, sur un chantier, à 39 ans, tombé du haut d’une grue. Georges, selon ses propres dires, en gardera une certaine rancœur pour le monde du travail[3].
Georges Courtois déménage à Paris, il cambriole des magasins ou des grandes propriétés. Il est finalement arrêté pour le braquage d'une armurerie en 1974, et est envoyé à la maison d'arrêt d'Angers où Il passe une licence de droit. En 1976, après deux ans d'attente, il est condamné à 12 ans de prison dont 3 pour outrages, à la suite de lettres provocantes qu'il avait écrites aux magistrats (il traitera par exemple un procureur de «polichinelle à manches longues, […] hypocrite, hargneux, menteur, vil, lâche, répugnant»[6]). En prison il rencontre ses futurs complices, Abdelkarim Khalki, et Patrick Thiolet. C'est avec Thiolet qu'il tente de braquer une banque en 1983, mais ils se feront arrêter à la suite d'une course poursuite en voiture avec la police[3]. Le procès est planifié pour décembre 1985.
La prise d'otages du Palais de justice de Nantes
modifierLe [7] Georges Courtois comparaît avec ses complices, Patrick Thiolet et deux autres individus accusés de complicité (Yannick Brevet, trente et un ans, et Chrystelle Ménard, vingt-huit ans)[8], devant la cour d'assises de la Loire-Atlantique, qui se tient au Palais de justice de Nantes (dont les locaux sont aujourd'hui devenus un hôtel de luxe), pour un braquage commis dans une banque de Sucé-sur-Erdre.
Lors des réquisitions de l'avocat général Philippe Varin peu avant 10 h 30 surgit Abdelkarim Khalki, complice de Georges Courtois[9] et se disant membre du mouvement pro-palestinien Abou Nidal, lourdement armé (armes de poing, grenades défensives quadrillées et un pistolet-mitrailleur) et qui est parvenu à neutraliser le service d'ordre. Il tient en otage un policier, l'arme braquée sur sa tête, et une grenade dégoupillée à la main[10]. Alors que les deux autres accusés sont évacués, Khalki, Courtois et Thiolet enjoignent aux policiers présents de déposer leurs armes et prennent en otage les magistrats, les jurés, les journalistes et le public composé notamment d'une quinzaine d'étudiants en droit. Cigare aux lèvres et .357 Magnum à la main, Georges Courtois s'engage alors dans un réquisitoire médiatique contre la justice française, les magistrats et les jurés pris en otage. Il réclame la présence dans la salle d'une équipe de FR3 Nantes. La presse, les télévisions et les radios du monde entier rendent compte, minute par minute, du déroulement de la prise d'otage qui dure 36 heures. Le lycée-collège Jules-Verne, à deux pas du palais de justice, est évacué par précaution.
« Je pense qu’une peine de 20 années de réclusion aurait été prononcée contre moi. Il est hors de question que nous exécutions de telles peines. Dans la réalité, l’exécution de ces peines correspond pour nous à notre mort sociale. Je préfère quant à moi mourir tout de suite, d’une balle dans la tête, ou dans mon lit en père Peinard, si j’ai de la chance. […] J’ai surtout peur pour vous, parce que vous savez, en ce qui me concerne, se faire exploser ici, c’est mieux que la prison. » - George Courtois aux caméras de FR3, 19 décembre 1985
Le préfet et ancien commissaire Robert Broussard et le commissaire Ange Mancini, directeur du RAID qui venait d'être créé depuis deux mois, parviennent à établir le contact avec les otages et leurs geôliers en faisant installer une ligne téléphonique. Ils tentent d'infléchir l'attitude du leader, Courtois, par l'intermédiaire de son avocat Maître Michel Taupier, mais en vain. Les preneurs d'otages réclament un véhicule afin de prendre la fuite. La plupart des otages sont libérés progressivement, et le 20 décembre à midi seuls les quatre magistrats restent retenus. Lors de la sortie des ravisseurs, vers 15 heures, Georges Courtois sort alors menotté au président de la cour d'assises Dominique Bailhache[11], menaçant de se faire exploser avec une grenade dégoupillée dans une main et tirant avec son revolver .357 Magnum d'une autre main sur la caméra d'un journaliste de la BBC posté sur la place Aristide-Briand. Khalki (une grenade à la main et un coran dans l'autre), également enchaîné à deux magistrats, et Thiolet attendent dans la salle des pas perdus du palais de justice, avant de rejoindre Courtois dans la voiture. Ouest-France est le seul journal qui ne publie pas la photo du président de la Cour d'assises menotté[12].
Lors de leur fuite en Renault Espace, à l'arrivée à l'aérodrome de Château Bougon, les policiers du RAID parviennent à cerner les fugitifs, qui décident alors de se rendre, contre la promesse pour Courtois qu'il pourra s'exprimer sur sa reddition dans les médias. Le , pour cette prise d'otage et ses hold-up précédents, Georges Courtois est condamné à vingt ans de prison, Khalki et Thiolet pour la seule prise d'otage respectivement à vingt et quatorze ans. Courtois sort de la maison centrale de Saint-Maur le [13].
En 2006 il est condamné par la cour d'assises de Loire-Atlantique à douze ans de réclusion pour deux braquages à l'automne 2000. Il sort à nouveau de prison en 2014[14].
Écrits
modifierÀ partir de 1997 Georges Courtois signe des comptes rendus d'audiences judiciaires, sous la rubrique « Courtoisie de Palais », dans le journal satirique nantais La Lettre à Lulu[15],[16].
En 2015 il publie ses mémoires, Aux Marches du Palais. Mémoires d'un preneur d'otage[17].
Mort
modifierDans la soirée du , à Quimperlé où il s'était retiré, le domicile de Georges Courtois est ravagé par les flammes. Un corps est retrouvé ; l'autopsie de celui-ci a eu lieu à Brest le [18] 2019, permettant ainsi au parquet de Quimper d'officiellement confirmer la mort de Georges Courtois, jusqu'alors probable mais non absolument certaine. Le parquet indique également que le décès de Courtois n'est pas dû à l'incendie[19].
Hommages
modifierLe groupe nantais Tri Yann a écrit une chanson sur la prise d'otage du tribunal de Nantes : Gwerz Jorj Courtois, titre de l'album Belle et Rebelle, sorti en 1990.
Notes et références
modifier- « Le corps découvert est bien celui de Georges Courtois », sur letelegramme.fr, (consulté le ).
- Michel Tanneau, « PORTRAIT. Georges Courtois, « l’itinéraire d’un enfant dégoûté » », sur Ouest-France, (consulté le )
- George Courtois, « Autoportrait en cagoule », sur Jef Klak (consulté le )
- « Chantal Courtois, femme de Georges, est décédée », Ouest-France, (lire en ligne)
- Vanessa Ripoche, « La famille lance une cagnotte pour les obsèques de l’ex-braqueur Georges Courtois », Ouest-France, (lire en ligne)
- Julie Brafman, « La mort prend Georges Courtois en otage », sur Libération (consulté le )
- Patricia Tourancheau, « Robin des lois. Georges Courtois, 52 ans. Co-preneur d'otages de la cour d'assises de Nantes en 1985, il y revient en chroniqueur judiciaire », sur liberation.fr,
- Charles Pellegrini, Le RAID : des hommes discrets, Éditions Anne Carrière, , p. 68
- Charpentier métallique, il a été condamné à cinq ans de prison pour avoir « attaqué une agence postale pour combler son découvert bancaire de 5 000 francs». Courtois scelle un pacte d'amitié avec son codétenu Khalki qui doit sortir de prison avant lui : prendre en otage une cour d'assises pour « dénoncer publiquement la justice devant les télés ».
- Charles Pellegrini, Le RAID : des hommes discrets, Éditions Anne Carrière, , p. 175.
- Photographie de la sortie du palis de Justice, Bailhache menotté à Courtois.
- Guy Delorme, François Régis Hutin : le dernier empereur d'Ouest-France, Apogée, , p. 84
- Gérard A. Jaeger, Prises d'otages, Archipel, , p. 79
- « Georges Courtois qui avait pris en otage la Cour d'assises de Nantes en 1985 est mort dans un incendie », sur ladepeche.fr (consulté le )
- Alexandre Héraud, François Teste, « Georges Courtois, l'affreux jojo », sur France Culture, .
- Christophe Deloire, « L'ex-taulard chroniqueur judiciaire », Le Point, (lire en ligne).
- Georges Courtois, Aux marches du palais, Paris, Éditions Le nouvel Attila, 2015, 320 p. (ISBN 978-2-37100-017-9)
- « Incendie de Quimperlé. L’autopsie sera pratiquée ce mardi », sur letelegramme.fr, (consulté le ).
- « Incendie à Quimperlé : le corps retrouvé est bien celui de l’ex-preneur d’otages Georges Courtois », sur ouest-france.fr, (consulté le )
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Gérard Piquet, Prise d'otages au palais de justice, Edilivre 2007
- Georges Courtois, Aux marches du palais, Paris, Éditions Le nouvel Attila, 2015, 320 p. (ISBN 978-2-37100-017-9)