Gaylussite
La gaylussite ou gay-lussite correspond à un carbonate naturel de calcium et de sodium pentahydraté, de formule chimique Na2Ca(CO3)2 • 5 H2O[3]. Ce minéral de maille monoclinique, fragile, assez rare est typique des roches évaporites ou des lacs alcalins : il apparaît sous forme de cristaux prismatiques, translucide et vitreux, en épieux pseudo-octaédrique, ou plus souvent encore sous forme de poudre ou de masse blanche, parfois grise à jaunâtre.
Gaylussite Catégorie V : carbonates et nitrates[1] | |
Général | |
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Classe de Strunz | 5.CB.35
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Classe de Dana | 15.02.02.01
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Formule chimique | Na2Ca(CO3)2 • 5 H2O |
Identification | |
Masse formulaire[2] | 296,152 ± 0,01 uma C 8,11 %, H 3,4 %, Ca 13,53 %, Na 15,53 %, O 59,43 %, |
Couleur | incolore à blanche, blanc-jaunâtre, gris à jaune suivant impuretés |
Système cristallin | monoclinique |
Réseau de Bravais | a = 14,361 Å; b = 7,781 Å; c = 11,209 Å β = 127,84° |
Classe cristalline et groupe d'espace | prismatique 2/m I2/a (C2/c) (no 15) |
Clivage | parfait {110}, {011}, indistinct {001} |
Cassure | fragile, conchoïdale |
Habitus | cristaux tabulaires prismatiques, cristaux rugueux parfois allongés en navette, amas granulaire, souvent en couche ou croûte massive, en efflorescence et en incrustation poudreuse |
Échelle de Mohs | 2,5 à 3 (voire 2 à 3) |
Trait | blanc, parfois gris-blanc |
Éclat | vitreux, parfois gras |
Propriétés optiques | |
Indice de réfraction | cristal polyaxe : α = 1,444 β = 1,516 γ = 1,523 |
Biréfringence | biaxe (-) ; δ = 0,079 (0,008) 2V =3,4 ° |
Fluorescence ultraviolet | bleu blanche sous UV longs |
Transparence | transparent à translucide |
Propriétés chimiques | |
Densité | 1,93 à 1,99 (parfois 1,991) |
Comportement chimique | se décompose dans l'eau |
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. | |
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Géotype et dénomination
modifierLe minéral aurait été décrit à partir des échantillons des dépôts lacustres des Lagunillas, à 80 km au sud-est de Mérida, au Venezuela, et nommé par le chimiste et cristallographe Jean-Baptiste Boussingault en 1826 en l'honneur du chimiste français Louis Joseph Gay-Lussac.
Propriétés
modifierSoumis à des aléas météorologiques même modérés (pluie), les cristaux de gaylussite se désagrègent en calcite et solution de soude. À l'air libre aussi le minéral se désagrège lentement même à froid, avec efflorescence[4] (plus rapidement à chaud). Un dessèchement modéré laisse des couches de pirssonite Na2Ca(CO3)2 • 2 H2O en surface.
La gaylussite est soluble dans les acides, et bouillonne dans l'acide chlorhydrique HCl. Elle est légèrement soluble dans l'eau.
Elle est luminescente de couleur blanc crème, également fluorescente en bleu faible aux UV long.
Gîtologie et gisements
modifierLes gisements de gaylussite sont assez rares. Elle est associée au natron, au borax et à la calcite, mais aussi au trona, à la thermonatrite, à la nahcolite, à l'analcime, à la pirssonite et à la northupite, à la shortite et à la villiaumite. Il faut souvent, en l'absence de beaux cristaux, recourir à des techniques optiques ou cristallographiques pour distinguer efficacement ces minéraux.
Dépôts d'évaporites
modifierLa genèse est assez commune dans les argiles des lacs alcalins. Ce n'est généralement pas une évaporite marine. Mais c'est une évaporite typique et actuelle de lacs salés ou saumâtres endoréiques, où elle apparaît avec le natron, le borax et le trona.
Une visite dans l'Ouest américain permet d'observer ce minéral. En Californie, les dépôts d'évaporites des régions du lac Borax, du lac County et du lac China, du comté de Kern, du lac Searles (en) près de Trona dans le comté de San Bernardino, du Deep Spring et du lac Owens dans le comté d'Inyo et du lac Mono en contiennent. Il est présent aussi en gisement assez massif près de Ragtown dans le Nevada et d'Independence Rock au Wyoming.
Dans les épaisses formations argileuses de la Green River Formation, dans le Wyoming, États-Unis, la gaylussite est associée à la shortite, à la northupite, à la pirssonite et au trona.
En Asie, le lac Lonar en Inde ou les déserts alcalins de Mongolie (déserts de Gobi) dévoilent de beaux cristaux. Les lacs salés ou alcalins d'Afrique orientale en contiennent des gisements.
De grands cristaux remarquables peuvent être observés dans les sables du Namib.
Autres lieux typiques
modifierOn l'y trouve aussi, mais beaucoup plus rarement, en petites veinules dans les roches ignées.
À Helensburg, en Écosse, il existe de longs cristaux de gaylussite pseudo-métamorphosés en calcite brune.
Dans le massif du Khibiny, en Russie, elle est associée communément à la thermonatrite, à la shortite, à la villiaumite, à la biotite dite ferreuse, à la pectolite, au feldspath potassique, à l'aegirine.
Esquisse de répartition géographique
modifier- On Zoutpan Farm, à 40 km au nord-ouest de Pretoria, état du Transvaal
- Autour du volcan Erebus, Terre de Victoria
- Californie
- Lac Mono, comté de Mono
- Lac Borax, comté de Lake
- Lac Deep Spring, comté d'Inyo
- Lac China, comté de Kern
- Lac Searles, comté de San Bernardino
- Nevada
- Plusieurs dépôts d'évaporites du désert Carson, à proximité de Ragtown
- Wyoming
- Formation géologique longeant la Green River, comté Sweetwater
- Grands cristaux du lac Amboseli
- Lac salé Taboos-nor, désert de Gobi oriental
- Zone d'Olenii Ruchei area, montagne Khibiny
- Lac Eyasi
- Lagunillas, sud de la province de Merida
Références
modifier- La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
- Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- C'est un minéral carbonate du groupe de la malachite. Elle se nomme aussi parfois natrocalcite ou natrocalcite hydratée car sa formule peut se décomposer en Na2CO3 • CaCO3 • 5 H2O en faisant apparaître successivement la soude ou natron (carbonate de sodium), la formule de la calcite, et l'eau de structure. Pour les chimistes verriers, elle comporte en masse 18,94 % CaO, 20,93 % Na2O, 29,72 % CO2, 30,41 % H2O.
- Il faut conserver les échantillons d'étude ou de collection en récipient hermétique.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Marc Dardenne, André Jauzein, article Carbonates naturels, in Encyclopædia Universalis [1].
- B. Dickens, W E Brown, "The crystal structures of CaNa2(CO3)2*5(H2O), synthetic gaylussite, and CaNa2(CO3)2*2(H2O), synthetic pirssonite" in Inorganic Chemistry, volume 8, 1969, p. 2093-2103.
Liens externes
modifier- Caractéristiques minéralogiques
- Fiche technique assez complète de la Gaylussite
- Gaylussite et nahcolite au lac du Cratère, Nord Soudan
- Gaylussite et trona dans les natronière du Kanem au nord de l'ancien lac Tchad
- Gaylussite sur MinDat, avec plusieurs photographies d'échantillons
- Une étude concernant l'évolution ancienne du lac Lonar en Inde centrale
- Présentation du minéral, spécimen et propriétés physiques
- Projet d'inventaire des roches carbonatées du Smithsonian Institut : une cinquantaine d'échantillons ou lots d'échantillons
- Propriétés thermiques