François Garoute est un ténorfrançais, né à Cette (Hérault) le , et mort en cette même ville le [1],[2]. Il est issu d'une famille majoritairement originaire de Sète et de ses environs. Guillaume, son père, boulanger, est natif de Sète. Claire-Catherine Guiroud, sa mère, vient de Mèze. Elle est femme au foyer. Ils habitent alors au no 150 de la Grande Rue Haute. Il est 4e enfant d'une fratrie de 5 : Jeanne, 1854 ; Elizabeth, 1856 ; Pierre, 1857 (décédé 6 mois avant la naissance de François) et Louise, 1863. Ils perdent leur mère en 1869.
Après avoir exercé la profession de commis-négociant, puis de secrétaire à l'hospice Saint-Charles, il commence sa carrière en 1894 à Brest (rôle de Vincent dans Mireille). Auparavant, son talent de ténor s'était exprimé lors des réunions de famille, puis lors de représentations où il se produit en amateur à partir de 1880 environ[3]. Il avait créé, au cours du premier semestre 1890, une société chorale, le "Groupe Artistique de Cette" dont il sera le président, et avec lequel il participe à de nombreuses manifestations à Cette et dans d'autres villes de l'Hérault. Par la suite, il se produira dans de nombreuses villes françaises, mais aussi en Algérie, en Belgique, aux Etats-Unis, en Suisse et en Tunisie. À son répertoire, 59 rôles dont 22 créations.
Marié en 1884 à Marguerite-Elisabeth Fournier, il eut 7 enfants. Son épouse le suivant lors de ses différents engagements, Mireille nait dans un appartement à Brest (Finistère), Juliette dans un hôtel à Royat (Puy-de-Dôme) et Marguerite-Marie à Arcachon (Gironde). Il est intéressant de noter que les prénoms de ses enfants ont tous un rapport avec l'opéra (Léopold, Raoul, Mireille, Jean-[François], Marguerite-[Marie], Juliette, Francis-Georges).
Contrairement à d'autres de ses contemporains comme Leo Slezak ou Emile Scaramberg, il n'existe aucun enregistrement audio de ses performances vocales. Il aurait trouvé que le procédé d'enregistrement ne reproduisait pas assez fidèlement sa voix, et aurait demandé que ceux qui avaient été réalisés soient détruits.
« Je fixe ici des notes rapides, mais plus tard, j’espère réunir, en un livre plus complet, les mille et un souvenirs de ma carrière théâtrale.
Ce sont des lignes sans prétention ; prière au lecteur de me faire crédit de ce petit travail. Pressé par l’ardent désir d’arriver, je n’ai guère connu le repos, ni le charme des loisirs. Presque toutes mes heures ont été absorbées par des représentations successives et des études constantes. C’est-à-dire toujours en scène, ou devant un piano à travailler un rôle. La nuit, quelquefois, l’esprit en éveil, on répétait un acte ou une scène.
Pendant 14 ans, j’ai voyagé du Nord au Midi, de l’Est à l’Ouest et à cette heure, je possède cinquante-neuf rôles à mon répertoire, dont vingt-deux créations.
Je n’ai jamais reculé devant toutes les offres d’engagement qui m’ont été faites. Après l’hiver, je signais ma saison de Pâques et ensuite, celle d’été, sans préjudice encore des représentations isolées de ci et de là.
Non, mille fois non, le métier d’artiste n’est pas un métier de paresseux, surtout pour celui qui, soucieux de son art, de son devoir, de son idéal, désire marcher vers un brillant avenir, couronné de fleurs et de lauriers. Avec de la volonté on arrive certainement vers le but ardemment désiré et l’artiste doit être fort pour surmonter les nombreuses difficultés qui peuvent surgir, se dresser sur son chemin. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! Il faut oublier les heures sombres de la vie pour ne penser qu’aux moments glorieux et enchanteurs qui nous ont été réservés. La personnalité artistique qui grandit, la fièvre du succès, les soirées triomphales, tout cela nous transporte vers des régions éthérées, élève notre âme et nous enorgueillit, avec un sentiment de fierté au cœur. Et à la soirée prochaine, éprouver encore les douces émotions de nouveaux succès, quoi de plus beau, de plus grand ? Il ne faut donc jamais désarmer devant les divers ennuis inhérents à la carrière théâtrale et dire au contraire avec une ferme volonté : « Je veux arriver ».
Le répertoire est une chose très importante pour un artiste et l’on ne doit jamais reculer devant de nouvelles études. Au théâtre, plus le bagage artistique sera varié, intéressant, riche en œuvres diverses, plus les directeurs vous rechercheront. En province, il ne faut pas oublier que l’on doit varier souvent l’affiche. Le public dans beaucoup de villes, aime le changement, veut tout connaître, alors c’est à l’artiste avec son répertoire, à répondre à tous les desiderata de la foule qui alimente les théâtres. Demain « Si j’étais Roi » ! Après-demain « Le Chemineau » ! Ensuite, « Lucie », « La Favorite » et pour suivre « Hérodiade », « Samson » ou « Sigurd ». En voilà alors pour tous les goûts. Donc au travail et toujours au travail !
Ce n’est qu’au prix du travail que l’artiste se trace un glorieux chemin. Par des efforts constants de chaque jour, il arrive, péniblement peut-être, mais il arrive à se faire un nom, à se frayer une voie dans cette route tant encombrée aujourd’hui et si battue. Deux qualités maîtresses sont absolument nécessaires : une bonne voix naturelle et de l’intelligence.
Avec cela, on va de l’avant et le succès est au bout. S’il ne réunit pas ces deux conditions, le jeune néophyte ferait mieux de renoncer à son projet et de ne pas augmenter le nombre des malheureux qui viennent échouer au bord de la rampe, dès leurs premières tentatives. Se relever alors est très pénible et souvent difficile. C’est pour ce motif que nous crions « casse-cou » à celui qui oserait s’aventurer dans un maquis qui offre tant de dangers et tant d’amères déceptions, s’il ne possède pas les armes nécessaires pour se défendre. »
↑Nécrologie dans l'Eclair du 19 mai 1910, page 3 - "Hier est décédé Cette, après une maladie qui s’était déclarée il y a quelques jours à peine, M. François Garoute, le réputé ténor cettois.
Cette mort, presque foudroyante, a été accueillie avec une douloureuse émotion, car l’excellent artiste comptait dans notre ville de très vives et très nombreuses sympathies.
M. François Garoute, ancien secrétaire de l’hospice de Cette, débuta dans la carrière artistique en 1893. Jusqu’à cette époque, l’excellent ténor s’était seulement produit dans sa ville natale, au cours de soirées de famille, où ses succès de chanteur étaient déjà très grands. L’éclat et l’ampleur extraordinaire de sa voix le désignèrent bientôt à l’attention publique, et après de rapides études, notre concitoyen contractait un engagement pour le théâtre de Brest, en qualité de ténor léger. On sait avec quelle facilité M. Garoute gravit les échelons de la carrière artistique et de quelle gloire il s’y couvrit. Toulouse, Lyon, Bruxelles, La Nouvelle-Orléans furent les étapes les plus brillantes de sa vie d’artiste, qui vient d’être brisée si prématurément.
M. Garoute avait terminé il y a un mois son engagement au théâtre du Capitole de Toulouse et il se reposait à Cette, en attendant son départ pour Épinal, où il devait aller chanter pendant la saison d’été.
La mort est venue le terrasser au milieu des siens, qui l’entouraient d’une affection sans bornes.
M. Garoute, qui était âgé de 50 ans, laisse une veuve inconsolable et sept enfants, encore jeunes, auxquels nous adressons l’expression émue de nos bien sincères condoléances."
↑Le Petit Cettois du 20/10/1882, Le Journal de Cette du 15/12/1883 et du 07/03/1884
↑Le Figaro du 5 avril 1898 ; https://gallica.bnf.fr ; ...À toutes et à tous notre auditoire a fait le plus chaleureux accueil._ On a applaudi le jeu savant et brillant du jeune maitre pianiste M. Harold Bauer, l'élégante virtuosité de M. Garoute, un jeune ténor que les grandes scènes de Paris rechercheront bientôt, nous l'espérons...
↑L'Avenir d'Aix-Les-Bains du 15/06/1899 : …Cela dit, pour l’acquit de notre conscience, citons parmi les interprètes, ceux qui, se sont le plus montrés à la hauteur de leur tâche, ayant les plus grands rôles : M. Garoute (Arnold)
…
Nous aimons beaucoup la voix de M. Garoute. C’est une voix jeune, tendre, passionnée, et, quand il le faut, pleine de force et d’énergie ; tout en demeurant toujours on ne peut plus sympathique.
Si, dans les stances guerrières qu’Arnold adresse à ses compatriotes qu’il vient d’armer, M. Garoute n’a pas donné le fameux ut de poitrine qui, depuis Duprez est le point de mire de tous les ténors et une pierre d’achoppement pour beaucoup d’entre eux ; du moins, inspiré par la situation dramatique, ce ténor s’est surpassé lui-même : il a été pathétique, passionné et plein d’âme et de feu, faisant courir dans la salle un frisson d’enthousiasme qui s’est traduit par d’unanimes applaudissements…
↑Le Progrès d'Aix-les-Bains du 19/06/1899 : "Jamais nous n’avons vu une aussi bonne interprétation du Trouvère. Mmes Féodor et Romain se sont surpassées : ces deux excellentes artistes ont eu un légitime succès. La voix est étendue, bien timbrée, et il y a du feu dans l’expression. M. Garoute a bien secondé Mmes Féodor et Romain."
↑Lyon Artistique (un portrait de l'artiste figure en page 5 de l'édition du 10 décembre 1899); http://collections.bm-lyon.fr
↑L'Europe Artiste du 25/08/1901 : "Guillaume Tell a eu une interprétation hors de pair. M. Garoute a chanté son rôle avec une virtuosité et une plénitude de voix remarquables. Il a été l'objet d'ovations dans l'air de "Ô Mathilde". Mme Nina Prax a été remarquable dans le rôle de Mathilde. Son duo du 2e acte avec M. Garoute a absolument enthousiasmé le public."
↑La Vedette du 13/12/1902 : "Le pauvre Sigurd n’eut pas de chance en la personne de M. Garoute. En effet, après avoir perdu son casque au premier acte, il faillit être victime d’un accident au troisième : Le superbe cheval blanc de Sigurd refusa d’entrer en scène, et c’est en boitant que notre ténor apparut, en retard de plusieurs mesures et obligeant l’orchestre à s’arrêter pour repartir du bon pied… Heureusement pour M. Garoute, ces petits incidents furent vite oubliés, et son succès n’en fut pas moins grand. Il dut même bisser « Hilda vierge au pâle sourire » qu’il chanta avec un charme exquis)"
↑Le NY Times du 14/03/1904 : "‘Les Huguenots’ in the evening was again a considerable distance beyond the capacities of the company…Distinguished among the number was M. Garoute as Raoul de Mangis."
↑L'Express du midi du 07/01/1910 : "...Aussi, avant d'aller plus loin, je tiens à déclarer que je n'ai nullement l'intention de blesser l'amour-propre ni la susceptibilité d'un homme qui en somme, est père de famille et a encore besoin de gagner sa vie. Vous devinez qu'il s'agit de M. Garoute à qui une direction coupable a eu le triste courage d'imposer le rôle de Don José. Tout le monde vieillit en ce bas monde, même les forts ténors, même ce brave homme qu'est M. Garoute ; aussi je suis à me demander deux choses : comment il ne s'est pas révolté quand la direction lui a imposé ce personnage, comment il n'a pas refusé avec la plus grande énergie, et ensuite comment MM. Olive et Cambot ont osé imposer une pareille tâche à un de leurs pensionnaires qui ne devait aboutir qu'à le déconsidérer comme artiste..."