François Bernard de Chauvelin

homme politique français

François Bernard de Chauvelin, marquis de Grosbois, aussi appelé marquis de Chauvelin, né le à Paris et mort à Cîteaux (Côte-d'Or), est un officier, diplomate, haut fonctionnaire et homme politique français, en activité du règne de Louis XVI à la Restauration[2].

François Bernard de Chauvelin
Portrait de marquis Bernard-François de Chauvelin, 1805, par Joseph-Denis Odevaere, collection Groeningemuseum
Fonctions
Député français
Côte-d'Or
-
Conseiller d'État
à partir de
Préfet de la Lys
-
Membre du Tribunat
-
Ambassadeur de France au Royaume-Uni
-
Titre de noblesse
Marquis
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 65 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
Mère
Agnès-Thérèse Mazade (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction
Archives conservées par
Archives nationales (F/1bI/157/20)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Chambellan du roi Louis XVI, il est nommé ambassadeur au Royaume-Uni en 1792 et le reste jusqu'au début de 1793, alors que la France est devenue une république en septembre 1792. Emprisonné en 1793, il est libéré seulement en 1800 et se rallie au gouvernement de Napoléon Bonaparte, qu'il sert dans différentes fonctions jusqu'en 1814. Sous la Restauration, il se fait élire à trois reprises député, siégeant de 1817 à 1829 à l'extrême gauche de l'assemblée.

Il passe les trois dernières années de sa vie dans sa résidence, l'ancienne abbaye de Cîteaux.

Biographie

modifier

Origines familiales et formation

modifier

François Bernard de Chauvelin est le fils aîné de Bernard-Louis Chauvelin (1716-1773), marquis de Grosbois, noble génois, grand-croix de Saint-Louis, maître de la Garde-robe du roi Louis XV, lieutenant-général des armées royales[3] et ambassadeur à Turin[4]. Sa mère est Agnès-Thérèse née Mazade d'Argeville, épouse Chauvelin.

Carrière

modifier

Ancien régime et Révolution française

modifier

Admis à l'école militaire, il la quitte en ayant obtenu le brevet de capitaine[5]. En 1773, il succède automatiquement à son père à la charge de maître de la garde-robe du roi. Admirateur de Voltaire[5], François Bernard est favorable à la Révolution française et à l'avènement de la monarchie constitutionnelle dans les années 1789-1791. En 1791, il sert au sein de l'armée de Rochambeau comme aide de camp[5].

L'année suivante, Chauvelin épouse Herminie Félicienne Joséphine de Tavernier-Boulogne de Magnanville[6]. Louis XVI, soucieux d'éloigner cet admirateur du mouvement révolutionnaire et potentiel espion, le nomme en févrierl ambassadeur à Londres, permettant également à Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, officiellement son assistant mais l'ambassadeur de fait[Note 1], de continuer les négociations avec le gouvernement britannique et d'assurer sa neutralité dans la nouvelle guerre à l'Autriche, ce qu'il obtient le 25 mai[8].

Durant les mois suivants de 1792, la France est de nouveau dans une situation révolutionnaire. Le 10 août, face à l'insurrection qui envahit le palais des Tuileries, Louis XVI est obligé de se réfugier à l'Assemblée législative, qui le suspend, puis le fait incarcérer par la Commune de Paris. La république est proclamée le 21 septembre 1792 par la nouvelle assemblée constituante, la Convention. En novembre débute le procès de Louis XVI, qui aboutit à sa condamnation à mort (19 janvier 1793) et à son exécution le 21. Le gouvernement britannique invite alors Chauvelin à quitter l'Angleterre avant le 1er février, puis se joint à la coalition des puissances européennes contre-révolutionnaires qui rejoignent à ce moment l'Autriche et la Prusse. Rentré en France, Chauvelin est envoyé en juillet à Florence comme ministre plénipotentiaire auprès du grand-duc de Toscane[9]. Mais il ne peut dépasser Livourne face à l'hostilité du grand-duc, et quitte donc le grand-duché pour rentrer en France en septembre, puis se rendre en Suisse pour une autre mission[10].

De retour en France, il est poursuivi pour trahison et emprisonné presque un an, jusqu'au 9 Thermidor[5]. Sans fonction durant le Directoire, il reprend sa carrière après le coup d'état du 18 brumaire. Le 26 décembre 1799 (5 nivôse an VIII), il est nommé membre du Tribunat et devient secrétaire de cette assemblée. Représentant de Beaune dans le Corps législatif en 1804, il est nommé le 9 février (19 pluviôse an XII) préfet du département de la Lys (chef-lieu : Bruges) et promu officier de la Légion d'honneur le 14 juin (25 prairial). Le 5 octobre 1810, il est nommé conseiller d'État, puis en avril 1811, fait baron[6] ou comte d'Empire[5], en récompense de son action contre les tentatives des Britanniques dans la région[5]. Il devient intendant général de Catalogne en 1812, avec pour mission d'y créer deux nouveaux départements français[5].

Restauration (1814-1830)

modifier

Sous la Restauration, il est élu député par le collège de la Côte-d'Or le 20 septembre 1817 et prend place à l'extrême gauche de la Chambre des députés. À la Chambre, il demande le retour des conventionnels régicides proscrits en 1816, le renvoi des régiments suisses et défend la liberté de la presse. Il est réélu en 1822 dans l'arrondissement de Beaune, puis échoue aux élections de 1824 (dites de « la Chambre retrouvée ») ; il est de retour en 1827 dans l'arrondissement de Dijon, malgré une forte pression gouvernementale à son encontre[5]. Appartenant au petit groupe de parlementaires libéraux et républicains, il gagne la réputation d'être un orateur de grande envergure[5]. Il aussi membre du conseil général de la Côte-d'Or.

Il donne sa démission en 1829 et se retire à Cîteaux dans l'ancienne abbaye, achetée par lui et devenue sa résidence. Il meurt trois ans plus tard d'une attaque du choléra, au cours d'un voyage à Paris.

Chauvelin dans la littérature et les arts

modifier

La série romanesque de la baronne Orczy, Le Mouron rouge (1905-1936), met en scène un personnage d'aristocrate dévoyé, agent de Robespierre, nommé Paul Chauvelin, inspiré par François Bernard de Chauvelin.

Notes et références

modifier
  1. En tant que membre de l'Assemblée constituante, Talleyrand ne pouvait devenir lui-même ambassadeur[5],[7].

Références

modifier
  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001513/d_257 » (consulté le )
  2. Dictionnaire de la Noblesse sur Gallica.
  3. [La Chesnaye 1772] François Alexandre Aubert de la Chesnaye Desbois, Dictionnaire de la noblesse, t. 4, Paris, Veuve Duchesne, , 2e éd., 677 p. (lire en ligne), p. 407.
  4. « Chauvelin », sur cosmovisions.com, Imago Mundi (consulté en ).
  5. a b c d e f g h i et j « Chauvelin », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
  6. a et b Albert Révérend, Armorial du Premier Empire: titres, majorats et armoiries concédés par Napoléon Ier. Lettres A B C, Annuaire de la noblesse, (lire en ligne)
  7. Antoine Henri baron de Jomini, Campagnes de 1788, 1789, 1790, 1791, 1792, et 1793, Libraire Militaire de J.-B. Petit, (lire en ligne), p. 240, note 1.
  8. (en) « Charles-Maurice de Talleyrand, prince de Bénévent | French Statesman, Diplomat & Revolutionary | Britannica », sur www.britannica.com, (consulté le )
  9. François de Barthélémy, Papiers de François Barthélemy, ambassadeur de France en Suisse, 1792-1797, vol. 2, Félix Alcan, (lire en ligne), p. 508
  10. François de Barthélemy, Papiers de Barthélemy: ambassadeur de France en Suisse 1792-1797, vol. 3, Félix Alcan, (lire en ligne)

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier
  • « François Bernard de Chauvelin », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Hugh Chisholm (éd.), « Bernard François, marquis de Chauvelin », Encyclopedia Britannica, 1911
  • M. Prevost, « Bernard-François Chauvelin », Dictionnaire de biographie française, tome 8, p. 905-906.
  • J. de Smet, « L'administration du département de la Lys », Annales de la Société d'émulation de Bruges, 1931, blz.[pas clair] 138-138.
  • Andries Van den Abeele, « De vier prefecten van het departement van de Leie. II. Bernard François markies de Chauvelin » [Les quatre préfets du département de la Lys. II. Bernard François, marquis de Chauvelin], Biekorf, 2004, blz. 224-251 et 333-356.

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier