Fort du Chenal

fortification sur l'Île-de-Batz, Finistère

Le fort du Chenal est une fortification édifiée sous Napoléon III en 1861, située à l'ouest de l'anse de Porz Reter, sur la commune de l'Île-de-Batz (Finistère)[2],[3],[4]. Associé à une batterie de côte et un corps de garde plus ancien, ce fortin, dit corps de garde crénelé n°3 modèle 1846 forme un ensemble de fortifications de près d'un hectare et demi autrefois dédié à la défense des côtes et du chenal.

Fort du Chenal
Image illustrative de l’article Fort du Chenal
Le fort du Chenal, en août 2024.
Type Corps de garde crénelé modèle 1846
Fin construction 1861-1862
Propriétaire initial Armée française sous le Second Empire
Destination initiale Fortification
Propriétaire actuel Privé
Destination actuelle Habitation privée
Protection Bien recensé dans l'Inventaire général du patrimoine culturel
Notice no IA29000801
Coordonnées 48° 44′ 30″ nord, 4° 02′ 05″ ouest[1]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces de France Bretagne
Région Bretagne
Département Finistère
Commune Île-de-Batz
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Fort du Chenal
Géolocalisation sur la carte : Finistère
(Voir situation sur carte : Finistère)
Fort du Chenal

Histoire

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Extrait du cadastre parcellaire de l'Île-de-Batz indiquant le corps de garde de la colline ainsi que l'ancien fort du Chenal (batterie ouest), datant de 1846.

XVIIIe siècle : la batterie de côte circulaire

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Au XVIIIe siècle, une batterie de côte est édifiée sur la pointe sud-ouest de l'île afin de défendre le chenal en pleine guerre de la Ligue d'Augsbourg. Elle est associée à un corps de garde construit en 1711 sur le sommet de la colline, aujourd'hui appelé communément par locaux et touristes « la maison du corsaire »[3],[5],[6].

En 1841, la batterie reprend du service, proposée par la commission mixte d'armement des côtes, de la Corse et des îles pour la défense de l'île[7]. L'historien spécialiste du patrimoine fortifié Guillaume Lécuillier[8] fait ainsi état de la présence d'une « grande batterie circulaire », appelée « fort du Chenal », ou batterie de l'Ouest, et composée de deux corps de garde ainsi que d'un magasin à poudre[4]. Les parcelles n°131 et n°133, au nord de la batterie appartenaient alors à la famille Trémintin, tandis que la parcelle n°132, abritant la « batterie du Chenal » appartient au Domaine de l’État[7].

XIXe siècle : le fortin

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Vue de côté du fort du Chenal d'avant-guerre, sur l'Île-de-Batz, vers le début du XXe siècle.

Entre 1861 et 1862, le site du fort du Chenal subit un grand changement lors de la construction d'un fortin – un corps de garde crénelé de type n°3, identique à ceux de Belle-Île-en-Mer ou de Ouessant – prévu pour vingt hommes dont un armement dit « régulier » était de quatre canons[3],[9].

En 1889, s'avérant inadapté à la guerre moderne, la batterie de côte est déclassée et le fortin est vendu à un propriétaire privé l'année suivante, reconverti en habitation[10]. Les « dé » en pierre de taille de la batterie, destinés à supporter des affûts de côte à châssis pivotant, sont encore visibles et ont été répertoriés et photographiés par l'association « 1846 »[11].

Seconde Guerre mondiale

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En 1943, le fort du Chenal est intégré au mur de l’Atlantique, au sein d'un ensemble fortifié du système de défense côtier de l'Allemagne nazie en tant que Widerstandsnest (littéralement « nid de résistance » en allemand). Numéroté « Wn Mo 102 », il appartient alors au Küstenverteidigungs Abschnitt (KVA) A2, soit la section de défense côtier de Brest, et plus précisément au groupe de Morlaix (KVGr Morlaix), sous-groupe de Roscoff (KVUGr Roscoff)[12].

 
Un abri logistique construit en 1943 par la Wehrmacht dans le cadre du mur de l’Atlantique.

Un réseau de tranchées et des nids de mitrailleuse (MG-Stellung en allemand) ont également aménagés par les Allemands au nord du fortin entre 1943 et 1944. Creusées en zig zag dans le sol, elles sont aujourd'hui envahies par la végétation[13].

Sur le site, subsistent un abri logistique en béton léger ainsi que des plots en béton armé qui auraient supporté une antenne construite par l'Organisation Todt sous l'occupation allemande, selon l'historien Guillaume Lécuillier[10],[14],[15]. Le 7 août 1944, les unités de la Wehrmacht quittent les lieux, se repliant sur le port de Brest – alors déclaré « Festung Brest », soit forteresse[16] – et détruisent en partie le fortin[17].

À la fin du XXe siècle, il est repris et partiellement reconstruit[10].

Description

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Il s'agit historiquement d'un corps de garde crénelé modèle 1846 de type n°3, prévu pour vingt hommes avec pour armement initial quatre canons. Il est daté de 1862. Le corps de garde et la batterie de côte ont été déclassés respectivement en 1889 et 1890[10].

Galerie

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Voir aussi

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Bibliographie

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  • Guillaume Lécuillier, Présentation de l'inventaire thématique : fortifications littorales (17e-20e siècles), Service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Bretagne, (lire en ligne)

Notes et références

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  1. Coordonnées vérifiées sur Géoportail
  2. Porcher Françoise, Histoire, Patrimoine et promenades de Roscoff à l'île de Batz, Morlaix, Imprimerie de Bretagne, (ISBN 978-2-9530121-5-6, lire en ligne), p. 307
  3. a b et c Pierre-Yves Decosse, « Histoire maritime de Bretagne Nord »   [PDF], sur fortificationetmemoire.fr, (consulté en )
  4. a et b Guillaume Lécuillier, « Présentation de l'inventaire thématique : fortifications littorales (17e-20e siècles) »   [PDF], sur Service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Bretagne, (consulté le )
  5. Archives départementales du Finistère, « Tableau d'assemblage, sections A-C. » Section A 1 de l'Ouest. », sur recherche.archives.finistere.fr, (consulté le )
  6. « La maison du corsaire | Ile de Batz », sur www.iledebatz.com (consulté le )
  7. a et b « Batterie de côte Ouest dite Batterie du chenal, Pointe Ouest (Île-de-Batz) - Inventaire Général du Patrimoine Culturel », sur patrimoine.bzh (consulté le )
  8. Lécuillier Guillaume, « Les Fortifications de la rade de Brest », sur Presses universitaires de Rennes (consulté le )
  9. « Les fortifications », sur gladenez (consulté le )
  10. a b c et d Lécuillier Guillaume, « Corps de garde crénelé actuellement maison, Pointe Ouest (Île-de-Batz) »  , sur Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne
  11. Association "1846", « Plates-formes d'artillerie de côte », sur Association "1846" (consulté le )
  12. « RELIKTE - Atlantikwall », sur www.relikte.info (consulté le )
  13. « Réseau de tranchées, Pointe Ouest (Île-de-Batz) - Inventaire Général du Patrimoine Culturel », sur patrimoine.bzh (consulté le )
  14. « Support d'antenne (?), Pointe Ouest (Île-de-Batz) - Inventaire Général du Patrimoine Culturel », sur patrimoine.bzh (consulté le )
  15. « Édifice logistique puis remise, Pointe Ouest (Île-de-Batz) - Inventaire Général du Patrimoine Culturel », sur patrimoine.bzh (consulté le )
  16. Lars Hellwinkel, « Chapitre VIII. La Kriegsmarine et la « forteresse de Brest » », dans La base navale allemande de Brest : 1940-1944, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 213–240 p. (ISBN 978-2-7535-8729-8, lire en ligne)
  17. « Histoire de l'île de Batz | Ile de Batz », sur www.iledebatz.com (consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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