Flotte de l'Armée blanche

flotte de l'Armée Blanche de Piotr Nikolaïevitch Wrangel

La flotte de l’Armée blanche fut le dernier vestige de la flotte de la mer Noire de la Marine impériale de Russie. Créée en 1920, elle cessa d’exister en 1924. Cette escadre du mouvement blanc combattit lors de la guerre civile russe, elle est également connue sous le nom d'Escadre russe (en russe : Русская Эскадра).

L’Armée blanche quittant la Crimée
Pavillon de la flotte de l’Armée blanche

Historique

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Évacuation de la Crimée

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Photographie du pré-Dreadnought Général Alexeïev en 1919

À l’automne 1920, la Crimée, commandée par Wrangel, est la seule région russe non encore conquise par l'armée rouge. En , les unités de l'Armée rouge forcèrent les positions défensives blanches de l’isthme de Perekop, obligeant les troupes de l’armée russe à évacuer vers Constantinople.

Le débuta l’évacuation de la Crimée. Durant trois jours, 126 navires furent chargés de troupes, des familles de militaires, de la population civile des ports de Crimée : Sébastopol, Yalta, Féodossia et Kertch. Le nombre total d’exilés volontaires s’élevait à 150 000 personnes.

Le à Constantinople, sous le commandement du vice-amiral Mikhaïl Kedrov, la flotte fut réorganisée en escadre composée de quatre détachements.

Le , le Conseil des ministres français accepta la venue de l’escadre russe à Bizerte. L’escadre russe quitta les ports de la mer Noire et mit le cap sur Bizerte, entre et . En , placés sous le commandement de Mikhaïl Behrens, les navires furent internés dans le port de Bizerte avec leurs équipages ainsi que 5 400 réfugiés civils.

À Bizerte

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De au , l’escadre de Russie était placée sous le commandement du kontr-admiral Behrens (1879-1943).

Les officiers de l’escadre rédigèrent la Collection Maritime de Bizerte (russe : Бизертинский морской сборник) sous la direction de Nestor Monastyrev (1887-1957) entre 1921 et 1923.

Cependant la composition de l’escadre déclina à cause du manque de soutien financier, et en conséquence les troupes terrestres se disloquèrent en 1922.

La décomposition lente de l’escadre russe fut accélérée par les autorités françaises. Certains de ces bâtiments furent retirés du port de Bizerte et intégrés dans la Marine marchande française en guise de compensation pour les frais liés au stationnement de l’escadre. L’Italie et Malte héritèrent également d’une partie de l’escadre russe.

Liquidation

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En 1924, le gouvernement français reconnut l’Union soviétique, la même année les autorités françaises remirent les navires aux Soviétiques. Une commission technique placée sous la direction d’Alexeï Krylov (1863-1945) arriva à Bizerte en , après constatation, elle déclara les navires irréparables. Beaucoup de marins trouvèrent asile en France en qualité d’émigrés Blancs.

Anastasia Manstein-Chirinsky et Alexandre Vladimirovitch Plotto

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Anastasia Manstein-Chirinsky fut l'un des derniers témoins vivants de cette épopée ; elle s’est éteinte le à Bizerte et est l’auteur du livre « La dernière escale »[1]. Elle s’occupait entre autres de la paroisse de l’église Saint-Alexandre-Nevski de Bizerte.

Le petit - fils d'Alexandre Manstein, commandant du torpilleur Jarky (brûlant en Russe) parvenu à Bizerte après de nombreuses tribulations, n'est autre que Nikita Mandryka, neveu d'Anastasia Manstein-Chirinsky, il est un auteur de Bandes Dessinées (le célèbre Concombre Masqué) né à Bizerte,où sa famille s'était établie, en 1940[2].

Les deux derniers témoins de cet exode vers Bizerte sont Nathalie Vladimirovna Plotto-Rousseau, née le 10 octobre/27 septembre 1918 à Sébastopol, qui vit encore en France en novembre 2020 à Urt (Pyrénées-Atlantiques) ; et son frère Alexandre Vladimirovitch Plotto, né aussi à Sébastopol le 11/24 mai 1920 et décédé à Paris le 19 octobre 2018. Devenu ingénieur à Grenoble, il a consacré la fin de sa vie à l'étude des archives de la Marine russe conservées à Vincennes et a publié un ouvrage important sur les amiraux russes et les bâtiments de la Flotte russe : "Au service du pavillon de Saint-André ; dans la marine impériale russe." Leur père était le lieutenant de vaisseau Vladimir Alexandrovitch Plotto (Kronstadt 1893- Krasnodar 1977), fils de l'amiral Alexandre Vladimirovitch Plotto (Nikolaïevsk-sur-l'Amour 1869 - Athènes 1948). Leur mère était Evguenia Sergueievna Koulstrem-Plotto (Kronstadt 1896 - Saintes 1991), fille de l'amiral Serge Karlovitch Koulstrem, préfet de Sébastopol de 1909 à sa mort en 1913, elle devint pianiste du cinéma de Bizerte et professeur de piano.

Le lieutenant de vaisseau Vladimir Alexandrovitch Plotto était sur le torpilleur Pospiechny (Поспешный / Поспѣшный) en état de réparation au moment de l'exode, il était tiré par un remorqueur français : le Coq. Ils ont traversé le canal de Corinthe entre Constantinople et Bizerte. Les familles étaient sur le cuirassé Georges le Victorieux (Георгий Победоносец / Георгій Побѣдоносец). Ils partirent Sébastopol le 13 novembre 1920, date qui était commémorée par Evguenia Sergueievna Koulstrem-Plotto chaque année en mangeant du corned-beef et des pommes de terre bouillies, leur seul nourriture à bord. Ils arrivèrent le 14 février dans la rade de Bizerte après avoir essuyé de terribles tempêtes.

Composition de l’escadre

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Le Georges le Victorieux à l’abandon dans le port de Bizerte
 
Le croiseur Général Kornilov à Bizerte, 1920
 
Le croiseur Almaz
 
Le torpilleur Kapitan Saken
 
Le destroyer Bespokoïny
 
Le destroyer Derzki
 
Le destroyer Tserigo à Bizerte, 1921
 
Les sous-marins Tioulen, Outka et AG-22 à Bizerte, 1922
  • Général Alexeïev (Генерал Алексеев / Генералъ Алексѣевъ[3]), commandant : capitaine de 1er rang I.K. Fediaïevski
  • Georges le Victorieux (Георгий Победоносец / Георгій Побѣдоносецъ), commandant : capitaine de 2d rang P.P. Savitch
  • Général Kornilov (Генерал Корнилов / Генералъ Корниловъ), commandant : capitaine de 1er rang V.A. Potapiev
  • Almaz (Алмаз / Алмазъ), commandant : capitaine de 1er rang V.A. Grigorkov
  • Kapitan Saken (Капитан Сакен / Капитанъ Сакенъ), commandant : capitaine de 2d rang A.A. Ostolopov
  • Derzki (Дерзкий / Дерзкій), commandant : capitaine de 1er rang N.R. Goutane
  • Bespokoïny (Беспокойный / Безпокойный), commandant : capitaine de 2d rang B.L. Novikov
  • Gnevny (Гневный / Гнѣвный), commandant : premier lieutenant G.P. Demtchenko
  • Pospiechny (Поспешный / Поспѣшный)
  • Pylki (Пылкий / Пылкій), commandant : capitaine de 2d rang A.I. Koublitski
  • Tserigo (Цериго), commandant : capitaine de 2d rang N.V. Zadler
  • Jarki (Жаркий / Жаркій), commandant : premier lieutenant A.S. Manstein
  • Zvonki (Звонкий / Звонкій), commandant : premier lieutenant M.M. Maksimovitch
  • Zorki (Зоркий /Зоркій), commandant : capitaine de 2d rang V.A. Zilov
  • Straj (Страж / Стражъ), commandant : capitaine de 2d rang K.G. Lioubi
  • Grozny (Грозный), commandant : premier lieutenant R.E. von Wiren
  • Iakoute (Якут / Якутъ), commandant : capitaine de 1er rang M.A. Kititsyne

Dragueurs de mines

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  • Kitoboï (Китобой), commandant : lieutenant O.O. Fersman
  • Albatros (Альбатрос / Альбатросъ)
  • Baklan (Баклан / Бакланъ)
  • Ilia Mouromets (Илья Муромец / Илья Муромецъ), commandant : capitaine de 2d rang I.S. Rykov : saisi par la marine Nationale pour paiement des dettes de la flotte Wrangel, il devient le mouilleur de mines Pollux sous pavillon français et servira à des expéditions scientifiques dans le Grand Nord.

Brise-glaces armés

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  • Vsadnik (Всадник / Всадникъ), commandant : premier lieutenant F.E. Wikberg
  • Djiguit (Джигит / Джигитъ), commandant : capitaine de 1er rang V.V. Wilken
  • Gaïdamak (Гайдамак / Гайдамакъ)

Bateau de surveillance

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  • Tchernomor (Черномор / Черноморъ), commandant : capitaine de 2d rang V.A. Birilev. Ce navire d'assistance polyvalent, puissant, bien équipé, pouvant servir de câblier, de brise glace et de remorqueur de haute mer sera racheté par l'Union des Armateurs Français et deviendra après refonte le remorqueur de haute mer Iroise, basé à Brest, célèbre pour une série de difficiles sauvetages dans les années 1920 et 30 sous le commandement du commandant Malbert. Ce navire aura une carrière longue et mouvementée, sous pavillon français , puis grec et finalement panaméen, servant notamment de transport pour rapatrier des juifs en Palestine juste avant seconde Guerre Mondiale, avant sa démolition en 1951. Il a servi de modèle d'inspiration au romancier Roger Vercel pour son roman maritime Remorques , adapté ensuite au cinéma par Jean Grémillon avec en vedette Michèle Morgan et Jean Gabin[4]
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  • Moriak (Моряк / Морякъ) commandant : premier lieutenant A.G. Rybine
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  • Cronstadt (Кронштадт / Кронштадтъ), commandant : capitaine de 2d rang K.V. Mordvinov

Transports et autres navires

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  • Don (Дон / Донъ), commandant : capitaine de 1er rang S.I. Zelenoï
  • Dobytcha (Добыча), commandant : capitaine de 2d rang N.A. Krasnopolski
  • Krym (Крым / Крымъ), commandant : lieutenant colonel Ia.S. Androssov
  • Dalland (Далланд / Далландъ), commandant : capitaine de 1er rang Ia.I. Podgorny
  • Chilka (Шилка), commandant : capitaine de 2d rang D.D. Nelidov
  • Samara (Самара), commandant : contre-amiral A.N. Zaïev
  • Ekaterinodar (Екатеринодар / Екатеринодаръ), commandant : capitaine de 2d rang P.A. Ivanovski
  • Rion (Рион / Ріонъ), commandant : capitaine de 1er rang A.P. Dlousski
  • Inkerman (Инкерман / Инкерманъ), commandant : capitaine de la marine marchande Galtchenko
  • Poti (Поти), commandant : capitaine de 2d rang V.P. Don
  • Yalta (Ялта), commandant : capitaine de 2d rang N.B. Fedosseïev
  • Sarytch (Сарыч / Сарычъ), commandant : capitaine de 2d rang Kisselev
  • Ostorojni (Осторожный)
  • Turkestan (Туркестан / Туркестанъ)
  • Olga (Ольга)
  • Zaria (Заря)
  • Psezouape (Псезуапе)
  • No 401 (№ 410)
  • No 412 (№ 412)
  • No 413 (№ 413)
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  • Bakou (Баку)
  • Golland (Голланд / Голландъ), commandant : premier lieutenant N.V. Ivanenko
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  • Grand-duc Constantin (Великий князь Константин / Великій князь Константинъ)

Notes et références

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  1. Anastasia Manstein-Chirinsky, La dernière escale : le siècle d'une exilée russe à Bizerte, Tunis, Sud Éditions, (réimpr. 2004), 309 p. (ISBN 978-9973-703-89-7)
  2. « Mandryka Nikita - Les mille et influences du Concombre Masqué », sur www.leconcombre.com (consulté le )
  3. Orthographe de l’époque.
  4. « remorqueur Iroise », sur uim.marine.free.fr (consulté le )

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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  • V.E. Kolupaïev, La flotte russe en Afrique, Archives militaires historiques. — Moscou, 2002, no 8 (32), p. 26.
  • M. Panova, Russie Tunisie, la pensée russe. — Paris, 1998, no 4247 (02,12), p. 14
  • « Collection maritime de Bizerte ». 1921—1923 : Biographie de l’auteur. Ros. Culture Fonds ; art. V.V. Lobytsyne. — Moscou, PACHKOV House, 2000. — 39 с : ill., Portr.
  • G.V. Goriachkine, Russie exil en Égypte et en Tunisie (1920-1939), TG
  • Prisonniers de Bizerte : doc. histoire de la vie russe. Les gens de mer en Afrique de l’exercice biennal 1920-25. / сост. / Status. et avant-propos. Sergei Vlassov, Ed. Alexeïeva Natalia. — Moscou: département de l’Ordre de Saint-Constantin le Grand, 1998. — p. 272 - Du Contenu : L’évacuation de Crimée : Fragment des mémoires / Gen. P.N. Wrangel. « Randonnée à Bizerte » : Fragment des mémoires / P.A. Varnek. « Ce qui fut ensuite, après Bizerte » : Fragment des mémoires / N. Alennikova. Fragment de l’Empire : essai / N. Tcherkachine.
  • A.A. Chirinskaïa, Bizerte. La dernière escale. — Saint-Pétersbourg, Otečestvo, 2003.
  • Évacuation de la flotte de la mer Noire en Crimée à Bizerte en 1920, Novyj časovoj, 1996, no 4, p. 160—166
  • Anastasia Manstein-Chirinsky, La dernière escale : le siècle d'une exilée russe à Bizerte, Tunis, Sud Éditions, (réimpr. 2004), 309 p. (ISBN 978-9973-703-89-7)
  • Alexandre V. Plotto, Au service du pavillon de Saint-André, Paris, 1998, 512 p. (bilingue français-anglais).
  • Marc Saibène, La Flotte des Russes blancs, Rennes, 2008, 288 p. (ISBN 978-2-915379-77-8)

Sources

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Documents historiques et sources

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En 1993, les documents portant sur l’histoire de l’escadre russe, en commençant par la Russie à l’américano-russe culturels et éducatifs de charité « Rodina » (dans le New Jersey, la ville Lakewood, États-Unis). Les documents ont été remis au Musée de la Centrale des Forces armées (à l’époque - le Musée central de l’armée soviétique).

  • Décret no 4187 du commandant en chef de l’Armée russe
  • Décret no 6793 du commandant en chef de l’Armée russe
  • Ordre du commandant de l’escadre russe du 07.12.1920