Flèche (voile)
Sur les gréements à voiles auriques, un flèche (nom masculin), ou « flèche en cul »[1], est une voile d'étai légère déployée sur le mât arrière (artimon ou grand-mât), établie sur un mât de flèche au-dessus d'une brigantine (grand-voile sur les goélettes), ou d'une voile basse aurique (voile au tiers, voile à corne...), de forme triangulaire ou carrée[2].
Les termes anglais sont gaff topsail ou ring tail[1].
On distingue parfois le petit flèche et le grand flèche . Le premier est triangulaire et s'établit entre la corne et la partie haute du mât , en général sans utiliser d'espar supplémentaire mobile , le Second (grand flèche) estde forme trapézoîdale, il est envergué sur un espar léger qui dépasse le mât (le bâton de flèche) et est parfois doté d'un second espar (un balestron)sur la moitié du côté inférieur pour projeter son point d'écoute plus loin que l'extrémité de la corne.
Gréement disposant d'un flèche
modifierOn retrouve ce type de voiles sur les mâts à gréements auriques :
Rôle et utilisation
modifierLe flèche est une voile de petit temps qui agit en conférant un supplément de propulsion à un voilier à gréement aurique (comme les bonnettes sur les voiliers à voiles carrées).
Sur certains grands cotres de régates du début et du milieu du XXe siècle (comme les Shamrock de Sir Thomas Lipton) le flèche avait un second effet : celui de provoquer une gîte favorable à la vitesse. Ces voiliers (disputant à l'époque la célèbre Coupe de l'America) étaient jaugés et se voyaient attribuer des handicaps en fonction de la longueur à la flottaison . Pour tourner le règlement les architectes navals de l'époque (Nathanael Herreshoff, William Fife, GL Watson, etc.) dotaient ces bateaux de projections de coque immenses , les élancements. Ceux ci, immergés à partir d'un certain degré de gite augmentaient considérablement la longueur de flottaison et partant, la vitesse critique limite de la carène (pour des bateaux lourds, incapables de planer) qui est fonction de la racine carrée de la longueur de flottaison.
Son utilisation est délicate (son affalage en particulier, qui peut être dangereux ) et on l'établit, en course, en fonction des conditions météo prévisibles le plus tard possible avant le départ de la course, comme le conseillait Manfred Curry dans son ouvrage de référence.
Lors des régates du cent cinquantenaire de la Société des régates du Havre, disputées en 1998 devant le cap de la Hève par bonne brise fraîchissante, les organisateurs avaient invité les deux dernières "Hirondelles de la Manche" encore en état de naviguer, les cotres pilote Marie-Fernand (sous pavillon français) et Jolie Brise, construit en France mais aujourd'hui géré par une fondation britannique.
Les Français osèrent le flèche, les Anglais, plus réalistes, le conservèrent prudemment rangé à plat pont... Bien leur en prit car sur un parcours triangulaire relativement petit (il y avait de très nombreux petits voiliers, y compris des dériveurs légers), le Marie Fernand, gîté à bloc se révéla difficile à manœuvrer et "ramassa les balais" face à son adversaire plus prudent, qui l'emporta haut la main.
Notes et références
modifier- Paris et De Bonnefoux, Dictionnaire de la marine à voile (1971), page 326
- Guide des termes de marines (Chasse Marée, 1997), page 66
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Parïs Bonnefoux et De Bonnefoux, Dictionnaire de marine à voiles, Editions du Layeur, 1999 (réédition d'un ouvrage du xixe siècle), 720 p.
- Georges DEVILLERS, Manuel de matelotage et de voilerie à l'usage des marins professionnels et des plaisanciers, Editions Maritimes et d'Outres-Mer (Paris), , 445 p.
- Collectif, Guide des termes de marine : Petit dictionnaire thématique de marine, Le Chasse Marée, , 136 p. (ISBN 978-2-903708-72-6 et 2-903708-72-X)
- Collectif, Guide des gréements : Petite encyclopédie des voiliers anciens, Douarnenez, Le Chasse Marée, , 127 p. (ISBN 2-903708-64-9)
- Collectif, Guide de la manœuvre des petits voiliers traditionnels, Douarnenez, Le Chasse Marée, , 135 p. (ISBN 2-914208-05-7)