Féminisme en Belgique

histoire du mouvement féministe en Belgique

Le féminisme en Belgique émerge après la révolution belge de 1830 et évolue par vagues au cours du XXe siècle et du XXIe siècle.

Histoire

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Précurseurs au XIXe siècle

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Marie Popelin, fondatrice de la Ligue belge du droit des femmes.

En 1796, la France annexe la Belgique, excluant les femmes de la vie publique du fait du code civil. Après la révolution belge de 1830, les femmes ne jouissent pas de plus d'égalité, sans droit de vote ni participation politique. Zoé Gatti de Gamond remet en question la condition féminine de ses compatriotes, devenant une pionnière féministe de la Belgique[1].

Après 1848, des femmes instruites, dont Zoé Gatti de Gamond, affirment que l'éducation est essentielle à l'égalité politique et intellectuelle. Le mouvement féministe se focalise sur l'éducation, créant des écoles professionnelles et secondaires pour les filles. Isabelle Gatti de Gamond et Léonie de Waha forment des élites féminines, donnant naissance à des militantes féministes majeures du siècle suivant[2].

Convaincues que les lois seules ne suffisent pas à améliorer la condition féminine, elles insistent sur le changement des mentalités. Toutefois, en raison de convictions chrétiennes et de valeurs familiales traditionnelles, elles hésitent à exiger une égalité absolue entre hommes et femmes[3].

Isabelle Gatti, fille de Zoé de Gamond, fonde les premiers Cours d'éducation pour jeunes filles en 1864. Elle ouvre à Bruxelles le premier établissement d’enseignement officiel pour filles[4] et établit les premiers Cours d'éducation pour jeunes filles. Les écoles forment des jeunes filles qui deviennent les premières militantes féministes du XIXe siècle[3].

L'accès des filles à l'éducation est perçu comme le moteur essentiel de l'émancipation féminine et un changement des mentalités[5].

Vers 1890, le protoféminisme pédagogique se transforme en un mouvement féministe revendicatif[1].

Première vague

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Le mouvement féministe en Belgique évolue depuis ses débuts, marqué par des associations comme la « Ligue Belge du droit des femmes », fondée par Marie Popelin, première femme diplômée en droit en Belgique, et exclue du barreau en raison de son sexe, ce qui constitue un exemple des défis rencontrés par les femmes dans le domaine juridique[6].

La création de cette ligue en 1905 est considérée comme l'origine du féminisme belge[7].

Pendant l'entre-deux-guerres, des associations telles que le Conseil national des femmes belges et la Fédération belge des femmes universitaires jouent un rôle essentiel, aboutissant à des avancées notables pour l'égalité des sexes en Belgique[6].

Deuxième vague

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Après la Seconde guerre mondiale, on constate un déclin graduel au sein des organisations rationalistes traditionnelles. Néanmoins, le féminisme, l'aspiration à l'égalité des droits ainsi que la préservation du libre arbitre persistent en tant que sujets d'intérêt[5].

Les groupes féministes sont considérablement réduits en nombre. Parmi les femmes qui ont été déportées, certaines ont perdu la vie en détention, tandis que d'autres sont rentrées très affaiblies. Plusieurs organisations féminines préexistantes à 1945 reprennent leurs activités après la guerre, tandis que de nouvelles associations voient le jour, influencées par les changements politiques et sociaux[3].

Après cinq années de suspension, l'organisation féminine connue sous le nom de Conseil national des femmes belges reprend ses efforts pour obtenir l'égalité civile, politique, sociale et économique[8].

Après la Seconde Guerre mondiale, on observe un renforcement de l'influence des associations féminines affiliées aux partis politiques dans le domaine des questions féminines, une tendance déjà perceptible avant le conflit. Cette évolution est telle qu'il devient nécessaire d'évaluer les réalisations des féministes non plus en fonction de leurs propres victoires, mais en fonction de leur capacité à faire adopter leurs revendications au sein de ces importantes associations[3].

À partir de 1944, les revendications féministes s'intensifient. Le 27 mars 1948, une loi est promulguée en Belgique, accordant le droit de vote aux femmes pour les élections législatives[6]. À titre de comparaison, les Finlandaises avaient déjà obtenu ce droit en 1906, les Norvégiennes en 1913 et les Danoises en 1915[4]. Le suffrage belge devient donc enfin universel à cette date[5].

À la suite de cette nouvelle loi en Belgique, le nombre d'électeurs est plus que doublé, dépassant ainsi les 5 600 000 personnes, ce qui représente plus de 65 % de la population. Les premières élections législatives impliquant les femmes ont lieu en 1949. Contrairement aux craintes des libéraux et des socialistes, opposés à cette idée, l'accès des femmes au droit de vote n'entraîne pas de bouleversement dans la hiérarchie des partis politiques, ni une féminisation significative de la sphère politique et de son personnel[4].

Bien que l'égalité formelle en matière de suffrage soit désormais consacrée, de nouvelles disparités surgissent au niveau de la représentation politique. Dans tous les partis politiques, les femmes rencontrent des difficultés pour obtenir des positions significatives au sein des listes électorales. La proportion d'élues demeure nettement limitée.

Une autre avancée importante dans les droits des femmes est enregistrée au cours de la même année 1948 avec l'adoption par l'Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration universelle des droits de l'homme le . Ce document proclame que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits, et interdit toute discrimination fondée sur le sexe[9].

L'égalité économique n'est cependant pas atteinte[10]. Les enjeux liés au travail féminin persistent et les discriminations indirectes qui touchent les femmes en matière de sécurité sociale (chômage, assurance-maladie-invalidité, pensions de retraite) sont dénoncées par les militantes féministes. Des iniquités fiscales subsistent également, notamment par le biais de l'agrégation fiscale des conjoints[6].

Quelques avancées tels que l'accès aux carrières diplomatiques en 1945, à la magistrature en 1948 et au notariat en 1950, sont notables. De plus, l'incapacité juridique des femmes mariées, qui ne pouvaient en principe pas travailler sans l’autorisation de leur mari[11], prend fin en 1958[6]. Il s’agit de la suppression de la notion de puissance maritale[6]. Cette réforme n'a pas d'impact réel jusqu’à la loi de 1976 portant sur les régimes matrimoniaux[6]. La prostitution en Belgique n'est plus réglementée depuis la loi du 21 août 1948[6].

Le 6 juin 1951, la Belgique appose sa signature sur la Convention du Bureau international du Travail (BIT) concernant l'égalité salariale entre les hommes et les femmes pour un travail de valeur équivalente. Cependant, en dépit de cette signature, les progrès sont limités et cette convention ne trouve pas sa place dans la législation nationale, et des disparités salariales persistent, qui demeurent partiellement non résolues à ce jour[12].

En 1962, un événement marquant survient avec l'inauguration du tout premier centre francophone dédié à la planification familiale, nommé « La Famille heureuse », situé à Bruxelles. Cette initiative voit le jour grâce à l'enthousiasme et à l'implication de personnalités laïques issues de l'Université libre de Bruxelles[5].

À la suite de l'incident marquant connu sous le nom de l'« affaire Peers », qui impliqua l'arrestation en 1973 d'un médecin humaniste pour avoir pratiqué des avortements, le mouvement laïque s'est engagé avec une persévérance inébranlable à soutenir la dépénalisation des avortements consentis. Cette démarche découle de préoccupations relatives à la santé, à l'autonomie personnelle et au droit des femmes à exercer un contrôle sur leur propre corps. Cependant, il est important de noter qu'en 2021, cette lutte n'avait pas encore remporté une victoire complète[5] mais uniquement une sorte de libéralisation de la contraception. En 1990, une forme partielle de dépénalisation de l’avortement sera mise en place[13].

Dans la période de l'après-guerre, le rôle des femmes belges dans l'économie et les milieux professionnels gagne également en importance au sein du mouvement syndical. En 1959, la FTBG (Fédération Générale des Travailleurs en Belgique) prend des mesures pour inclure davantage les femmes dans les activités syndicales en créant une Commission des femmes pour traiter de leurs questions et attaquer les stéréotypes auxquels elles sont confrontées. Auparavant, aucune femme n'occupait de poste syndical permanent en Belgique. En 1957, à la suite de la ratification du Traité de Rome par la Belgique, Éliane Vogel-Polsky, une juriste, promeut l'égalité salariale en mettant en avant l'article 119. Son expérience lors de la grève des ouvrières de la FN à Herstal en 1966 renforce son engagement pour une égalité réelle dans la société. Elle initie également des procès importants pour l'égalité salariale en Europe et joue un rôle clé en enseignant le droit et en animant des formations pour les mouvements syndicaux et féministes.

Entre 1960 et 1970, durant la seconde et la troisième vague du féminisme, des transformations sociales ont permis une plus grande liberté, marquant ainsi la reconnaissance de l'égalité entre les sexes comme un droit humain. Cependant, ce n'est qu'en 2002 que l'égalité a été inscrite dans la Constitution belge[14].

Notes et références

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  1. a et b Carhif-Admin, « Aperçu - Femmes et politique, 19e-20e siècle », sur AVG-Carhif, (consulté le )
  2. Carhif-Admin, « Aperçu - Femmes et politique, 19e-20e siècle », sur AVG-Carhif, (consulté le )
  3. a b c et d Catherine Jacques, « Le féminisme en Belgique de la fin du 19e siècle aux années 1970 », Courrier hebdomadaire, nos 2012-2013,‎ (lire en ligne)
  4. a b et c « L’évolution des droits des femmes | Sciences humaines » (consulté le )
  5. a b c d et e Anne Cugnon, « Féminisme et laïcité en Belgique : quelle histoire ! », sur Centre d'Action Laïque, (consulté le )
  6. a b c d e f g et h « Aperçu du féminisme belge (XIX-XXe s.) », sur BePax (consulté le )
  7. Éliane Gubin, « Du politique au politique. Parcours du féminisme belge (1830-1914) », Revue belge de Philologie et d'Histoire, vol. 77, no 2,‎ , p. 370–382 (DOI 10.3406/rbph.1999.4363, lire en ligne, consulté le )
  8. https://www.cffb.be/wp-content/uploads/2020/02/brochure-du-115-ans-de-f%C3%A9minisme.pdf
  9. Laura Ottoy, La femme du peuple du XVIIIe au XXIe siècle, Bruxelles, , 45 p. (lire en ligne), p. 19
  10. Le Féminisme en Belgique 1892-1914, p. 156-157
  11. IHOES, « Coup d’œil sur l'émancipation des femmes en Belgique au cours des Trente Glorieuses1 » [PDF], (consulté le )
  12. Sylvie Lausberg, 115 ans du Conseil des Femmes, Bruxelles, , 94 p., p. 42
  13. Christian Rousseau, « [EXPOSITION] Libérer les femmes : le féminisme dans les années 70 », RTBF,‎ (lire en ligne)
  14. Sylvie Lausberg, 115 ans du Conseil des Femmes, Bruxelles, , p. 49

Articles connexes

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Liens externes

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