Fédération des associations de solidarité avec tous·te·s les immigré·e·s
La Fédération des associations de solidarité avec tous·te·s les immigré·e·s (FASTI) regroupe différentes associations de solidarité avec tous·te·s les immigré·e·s (ASTI) en France. La FASTI se définit comme « féministe, anticapitaliste et tiers-mondiste » ; elle demande la liberté de circulation et d'installation, le droit de vote pour toutes et tous, l'annulation de la dette du tiers-monde et une réelle égalité entre les hommes et les femmes.
Fondation |
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Type | |
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Siège |
58 rue des Amandiers Paris 20e |
Site web |
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Histoire
modifierLa première ASTI est créée en 1962 à Châtenay-Malabry, sous le nom d’Association de solidarité avec les travailleurs étrangers, en solidarité avec les habitants d'un bidonville détruit par un incendie. Elle est animée par des militants de la gauche chrétienne[1] et du Parti socialiste unifié (PSU), qui passent de la lutte contre l'exclusion au combat antiraciste[2]. En 1967, la FASTI est créée par une soixantaine d'ASTI (Associations de solidarité avec les travailleurs immigrés) de la région parisienne. En 1972, elle en regroupe 120 et est devenue nationale[3].
En 1975, elle décide de mettre en œuvre la parité français-étrangers dans ses instances, à la limite de la loi. Ce n'est en effet qu'en 1981 que les étrangers obtiennent le droit de créer des associations. Dès les années 1970, la FASTI est liée aux luttes des travailleurs immigrés[4],[5]. Elle soutient les mouvements de travailleurs de 1972-1973, qui aboutissent à la délivrance de carte de travail à 50 000 personnes[6]. En 1991, elle soutient le mouvement des déboutés du droit d'asile qui obtient environ 17 000 régularisations[6].
Fonctionnement
modifierActivités
modifierLes ASTI, ou Associations de solidarité avec les travailleurs immigrés, réparties sur tout le territoire français[7], ont des activités diverses (assistance juridique, cours de français, alphabétisation, soutien scolaire, activités à destination des femmes…) en fonction de leur histoire propre[8].
Subventions
modifierOutre les activités des associations qu'elle regroupe et coordonne, la FASTI a des activités propres, en partie financées par des subventions publiques[9],[10] ou des institutions privées (comme le Barreau de Paris[11]). En particulier, elle construit des brochures d'information ou vulgarisation juridique, elle rassemble une documentation, et sert d'interlocuteur auprès des pouvoirs publics[3].
Controverse
modifierLes voix qui s'élèvent contre la FASTI lui reprochent d'avoir de trop proches accointances avec les Indigènes de la République, d'avoir refusé de participer à l'unité nationale après les attentats terroristes de janvier 2015 dont elle imputerait la responsabilité aux politiques occidentales, donc d'obéir à des valeurs non-républicaines. L'élu municipal de droite Pierre Liscia interpelle le conseil municipal de Paris au sujet d'une subvention accordée à une « association militante politique qui a des prises de position particulièrement radicales, virulentes, et qui pose la question du respect d'un certain nombre de principes républicains», critique reprise par le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux[12]. En novembre 2018, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) publie un communiqué pour demander à son tour à Anne Hidalgo de renoncer à financer la FASTI[12].
Le 20 novembre, une tribune de soutien à la FASTI, signée par des élus communistes (dont Pierre Laurent) et de la France insoumise (Danielle Simonnet, Eric Coquerel), ainsi que par de nombreuses associations (Emmaüs, Attac, le Secours catholique, le MRAP, Droit au logement), s'indigne de la prise de position de la Licra[13],[10],[14]. Selon Marianne, le bimestriel de la FASTI intitulé Ouvrons les frontières, « défend des positions s'inscrivant dans une tendance contestataire et très contestée de l'antiracisme : la mouvance décoloniale. »[12], les textes militants de la FASTI regorgeant « de critiques outrancières et d’amalgames historiques », la loi Asile et immigration traitant les migrants comme l'ont été « dans les heures sombres de l'histoire de ce pays, les Républicains espagnols, les Juifs, les Tsiganes, les Algériens... », les opérations de police pour expulser des clandestins étant assimilées à des « rafles » et le quinquennat de François Hollande accusé de « racisme d’État »[12]. Inversement, le président du groupe écologiste au Conseil de Paris, David Belliard, dénonce dans Libération un « procès d'intention ». Pour lui, « Il faut assumer de financer des associations quelles que soient leurs positions politiques, à condition que cela reste dans le cadre républicain et à condition que les actions menées soient utiles pour les gens. »[15]
Attaques de l'extrême droite
modifierLes ASTI de la métropole bordelaise, à Pessac et Bordeaux, sont ciblées à partir de 2022 par le groupe d'extrême droite Action directe identitaire, à l'origine de nombreuses exactions visant des permanences parlementaires, des mosquées, et des locaux associatifs[16],[17]. Les locaux de l'ASTI Bordeaux sont d'abord vandalisés d'une référence à la phrase polémique de Grégoire de Fournas, « Qu'ils retournent en Afrique ! », en décembre 2022[18]. En janvier 2023, c'est l'ASTI de Pessac qui est à son tour dégradée et qui reçoit le soutien du député Frédéric Zgainski, lui aussi visé par le groupuscule[19].
En mars 2023, les associations touchées par cette campagne de vandalisme, qui dénombre près d'une trentaine de dégradations en quelques mois, organisent une manifestation à Bordeaux pour demander un durcissement de la lutte contre l'extrême droite, et reçoivent alors le soutien du maire de la ville Pierre Hurmic et du député Loïc Prudhomme[16].
Un nouveau rassemblement est organisé en mai 2023 par l'ASTI conjointement avec le Planning familial, face à l'intensification des attaques du groupe d'ultradroite, au cours duquel Pierre Hurmic et Philippe Poutou manifestent leur soutien. Le député Nicolas Thierry annonce alors qu'il a écrit en conséquence au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour lui demander des mesures concrètes, tandis que Pierre Hurmic déclare avoir demandé à l'Etat une réunion exceptionnelle du Comité opérationnel de lutte contre le racisme et l'antisémitisme[20],[21].
Publications
modifier- FASTI, Immigration, actrice de développement, Paris, L'Harmattan, 1992
Notes et références
modifier- En particulier issus de La vie nouvelle (Lechien [2003]).
- Yvan Gastaut, « Les bidonvilles, lieux d’exclusion et de marginalité en France durant les trente glorieuses », Cahiers de la Méditerranée, no 69, , p. 233-250 (lire en ligne)
- Daniel Garcia, « Un " relais " pour les immigrés. La Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (FASTI) veut substituer la " coresponsabilité " à l'assistance », Le Monde, (lire en ligne)
- Jean-Baptiste Pingault, « Jeunes issus de l’immigration portugaise : affirmations identitaires dans les espaces politiques nationaux» », Le Mouvement social, no 209, , p. 71-89. (DOI 10.3917/lms.209.0071, lire en ligne)
- « La solidarité se développe après l'expulsion de trente-deux travailleurs étrangers », Le Monde, (lire en ligne)
- Johanna Siméant, « Immigration et action collective. L'exemple des mobilisations d'étrangers en situation irrégulière », Sociétés contemporaines, no 20, , p. 39-62 (DOI 10.3406/socco.1994.1364, lire en ligne)
- Site Projets citoyens
- Marie-Hélène Lechien, « Des militants de la « cause immigrée ». Pratiques de solidarité et sens privé de l'engagement », Genèses, t. 11, no 50, , p. 91-110 (DOI 10.3917/gen.050.0091, lire en ligne)
- Par exemple, sur le site du Sénat.
- Wiliam Goldnadel, « HCE, CNDP, Observatoire de la laïcité... : «Arrêtons de subventionner tous ces ‘'machins‘' donneurs de leçons» », sur MSN, (consulté le )
- Voir le site de l'association de solidarité du Barreau de Paris.
- Hadrien Mathoux, « Subvention de Paris à une asso indigéniste : Griveaux dénonce une atteinte "aux valeurs de la République" », sur Marianne, (consulté le )
- Emilien Urbach, « Antiracisme : les subventions de la Fasti menacées par la Licra et la droite parisienne », sur L'Humanité, (consulté le )
- Gabas, « Communiqué de la FASTI : La LICRA s'attaque à une association antiraciste », sur Club de Mediapart (consulté le )
- Kim Hullot-Guiot, « Micmac à Paris autour d'une subvention à une association d'aide aux immigrés », sur Libération.fr, (consulté le )
- Walid Salem, « Des associations bordelaises pour "un printemps contre les fachos" », sur Rue89Bordeaux, (consulté le )
- « Violences racistes à Bordeaux : les groupuscules d'extrême-droite, entre buzz et politique pour se faire une place », sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, (consulté le )
- Simon Barthélémy, « Des tags racistes sur les locaux d'une association de soutien aux immigrés à Bordeaux », sur Rue89Bordeaux, (consulté le )
- « Pessac : « Les habitants ont été choqués » par les tags haineux à Saige », sur SudOuest.fr, (consulté le )
- « Violences d’extrême droite à Bordeaux : le député Nicolas Thierry interpelle Gérald Darmanin », sur SudOuest.fr, (consulté le )
- Victoria Berthet, « "Nous avons décidé de ne plus nous taire" : à Bordeaux, un rassemblement devant le Planning familial contre l'extrême-droite », sur Rue89Bordeaux, (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Daniel A. Gordon, Immigrants and Intellectuals. May’ 68 and the Rise of Anti-Racism in France, Pontypool, Merlin Press, 2012, 256 p. (Compte-rendu par Emmanuel Debono dans La vie des idées, 2014).
- Lilian Mathieu, «Heurs et malheurs de la lutte contre la double peine. Éléments pour une analyse des interactions entre mouvements sociaux et champ politique», Sociologie et sociétés, vol. 41, numéro 2, 2009, p. 63-87, voir en ligne
- Johanna Siméant, La cause des sans-papiers, Pressés de Sciences Po, 1998.
Articles connexes
modifier- Amoureux au ban public
- Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé)
- Cimade
- GISTI
- Ligue des droits de l'homme (LDH)
- Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP)
- Syndicat des avocats de France