Euthyme (archimandrite)
L’archimandrite Euthyme (en russe : Архимандрит Евфимий), né Grigori Alexandrovitch Vendt (en russe : Григорий Александрович Вендт) le à Serguiev Possad (Empire russe) et mort le au skite Notre-Dame-de-Kazan (Patriarcat œcuménique de Constantinople) de Moisenay, est un hiéromoine orthodoxe.
Naissance | |
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Décès | |
Formation |
Institut polytechnique de Saint-Pétersbourg (d) Université de technologie de Brno École d'ingénieurs Nikolaïev (d) Institut Saint-Serge |
Activité |
Biographie
modifierDiplômé en 1915 de l'École d'ingénieurs militaires de Pétrograd il s'engage pendant la guerre civile russe dans les armées blanches, avec lesquelles il est évacué fin 1920 à Gallipoli. Il poursuit ensuite des études d'ingénieur en Tchécoslovaquie avant de s'orienter dans une voie religieuse en 1932.
Voie religieuse
modifierPhilosophe, sophiologue, représentant de théologie mystique, issue de la linguistique, de la géométrie sacrée et de la poésie phonétique, l'archimandrite Euthyme a été pendant plus de trente ans, de 1938 jusqu'à sa mort, le confesseur des moniales du monastère de Notre Dame de Kazan à Moisenay, petit village près de la ville de Melun situé à une cinquantaine de kilomètres de Paris. Initialement, le skite comptait seulement quatre religieuses en 1938 : mère Eudoxie (Courtin) et mère Dorothée, qui étaient sœurs, mère Théodosie (Solomiants) et mère Blandine (Obolensky). Par la suite, les autres moniales se joignirent à elles. En 1943, le père Euthyme devint higoumène ; il fut élevé au rang d’archimandrite quatre ans plus tard.
Parallèlement et tout au long de sa vie, il a écrit un traité énigmatique, « Dessiner et désigner les attaches du Détaché. Graphisme et lgrammaire du Dogme ». Ce manuscrit n'a jamais été publié.
Construction de l’église
modifierIngénieur de formation et ancien élève de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge (son maître spirituel était le père Sergueï Boulgakov), pendant son séjour au monastère de ND de Kazan il a conçu et construit une petite église. Elle a été ensuite décorée par les fresques de Grégoire Krug, un célèbre peintre d'icônes russes, lors d'un de ses passages[1].
En 1954, l’archimandrite Euthyme termina d’échafauder le plan de construction de l’église. Aidé des moniales et de quelques émigrés russes, il rassembla des pierres dans les champs environnants pour la construction. Il fabriquait lui-même le ciment et construisit lui-même les murs. Le travail progressa lentement en raison du manque de matériel. Par ailleurs, le père Euthyme souffrait régulièrement de maladies et d’affections. Au demeurant, il percevait cette diminution physique, qui renforçait sa conscience de l’impermanence de tous les aspects du monde matériel, comme une autre chaîne de l’ascète, au même titre que les éléments qui formaient son ascèse quotidienne. Le père Euthyme fut tout entier accaparé par l’idée de la construction du temple, ce dont témoigne bien une observation courte, mais profonde, suivant l’esprit de la poétique de l’Ancien Testament : « J’ai construit le Temple, et le Visage du Temple est devenu mien, et mon Visage est devenu Temple » .
« La construction du temple se déroula suivant le diktat du plan », écrit-il encore[2]. Cette conception qui ne comporte pas un seul angle droit, rappelle sur une symphonie visuelle, une partition de lignes brisées. L’on voudrait expliquer « l’excentricité » du projet, en le reliant directement aux recherches sophiologiques de l’auteur.
Dr. Phil. Alexander Markov considère le père Evfimy comme un penseur ésotérique de la diaspora russe[3], « dont les constructions théoriques n'étaient pas séparées de l'architecture théurgique ». Markov écrit : « L'église ND de Kazan près de Paris, construite et peinte selon son projet, était censée exprimer la métahistoire russe, créant un avenir spirituel pour toute la culture russe et orthodoxe. L'ambition du projet de l'archimandrite Euthyme <...> n'est comparable dans la culture russe qu'à la " Rose du monde " de D. L. Andreev, tandis que l'extrême formalisation de son système empêche l'interprétation de son héritage dans le cadre de la culture russe »[4].
Œuvres
modifier- (ru) [Начертание и наречение решений Отрешенного (трактат архимандрита Евфимия)] — [Dessiner et désigner] — Archimandrite Euthyme (Wendt). « Dessiner et désigner les attaches du Détaché. Graphisme et grammaire du Dogme » (manuscrit). — Moisenay, 1968–1973.
- (fr) Archimandrite Euthyme. Simple temoignage. Mémoire du père Gregoire Krug (trad. moine Barsonophe; 6 pages; pdf).
Bibliographie
modifier- (fr) Mikhaïl Bogatyrev (trad. Elizavéta Platonova et Céline Marangé, photogr. M.B. et Natalia Zelenina), L’archimandrite Euthyme et l’église Notre-Dame de Kazan : Description des fresques du moine Grégoire Krug (album), Paris–Saint-Pétersbourg, Éditions Stéthoscope, , 68 p., 20 cm x 20 cm, suivi éditorial : Olga Platonova, maquette : aestéthoscope (ISBN 978-5-4483-0506-1).
- (ru) Александр Марков, Триграммы казанского храма в Муазне-ле-Гран: расшифровка в контексте иконологической программы [« Markov, Alexander. The trigrams of the Our Lady of Kazan church in Moisenay-le-Grand : deciphering in the context of the iconological program »], Новое искусствознание, N°1 (2022), p. 17—23 (DOI 10.24412/2686-7443-2022-1-17-23, présentation en ligne).
- (ru) Eikalovitch Gennadi. Le hiéroglyphe déployé. A la mémoire de l'archimandrite Euthyme ( Wendt ). - Bulletin de l'ACER, N°107 (1), 1973.
Notes et références
modifier- Mikhaïl Bogatyrev. L’archimandrite Euthyme et l’église Notre-Dame de Kazan (Description des fresques du moine Grégoire Krug). Les travaux de la restauration des fresques ont été réalisés par Daniel Lamaison en 2016-2017.
- [Dessiner et désigner. II (Temple) : 54–58]. Il faut souligner que par commodité et par conformité aux normes bibliographiques en vigueur, le traité de père Euthyme est cité suivant cet exemple : «Dessiner et désigner, volume 1, page 32 : [Dessiner et désigner I : 32].
- D'une part, la convergence de la théologie linguistique du père Euthyme avec l'ésotérisme apparaît comme une inexactitude et suscite des protestations... D'autre part, le seul interlocuteur capable de soutenir une conversation sur des structures mystiques avec l’archimandrite Euthyme, était sans doute le père Guennadi (Eikalovitch), l'auteur du livre « La Philosophie absolue de Hoëné-Wroński » (1953). Eh bien, derrière Francis Warrain (1867-1940), le chercheur de la métaphysique mathématisée de Hoëné-Wroński, toute une galaxie d'occultistes normands est visible - théoricien de l'ésotérisme musical Ernest Britt (voir partition), Madame Dina, Piobb, René Guénon et Éditions Véga...
- Voir : Markov, Alexander. " The trigrams..."