Eugénie Servières

peintre française

Eugénie Servières née Eugénie Honorée Marguerite Charen en 1786[1] et morte le dans l'ancien 10e arrondissement de Paris[2], est une artiste peintre française.

Eugénie Servières
Portrait d'Eugénie Servières, dessin de Jean-Baptiste Wicar, vers 1810 (Rome, Museo Napoleonico)
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Eugénie Honorée Marguerite CharenVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Conjoint
Parentèle
Autres informations
Mouvement
Maître
Distinction
Médaille d'or (Salon de 1808)
Médaille d'or (Salon de 1817)
Œuvres principales
Inès de Castro se jetant avec ses enfants aux pieds d'Alphonse IV roi de Portugal, pour obtenir la grace de don Pedro, son mari (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Elle est une des représentantes de la peinture de style troubadour.

Biographie

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Épouse du dramaturge Joseph Servières[3], elle se spécialise dans la peinture de genre et est récompensée par deux médailles d'or aux Salons de 1808 et 1817[4].

Belle-fille et élève de Guillaume Guillon Lethière[5], le directeur de l’Académie de Rome de 1807 à 1816[6], elle expose régulièrement aux différents Salons, depuis 1808, un assez grand nombre de tableaux remarquables par le choix des sujets et le charme de l'exécution. En 1825, elle exposera deux peintures au Salon de Lille. Elle peint, entre autres, Agar dans le désert, Lancelot du lac et Geneviève, Louis XVIII et Mlle de Lafayette, Alain Chartier et Marguerite d'Écosse, Valentine de Milan, Marie-Stuart, Desdemona chantant la romance du Saule, Blanche de Castille délivrant les prisonniers de Châtenay[7].

Elle connaît une grande renommée sous l'Empire et la consécration quand l'empereur Napoléon Ier lui achète au Salon de 1812 son tableau la Chrétienne Mathilde convertissant Malek Adhel à la demande de l'impératrice Marie-Louise pour sa collection personnelle[8], les tableaux de style troubadour connaissant alors une grande vogue[9]. Ce tableau fut par la suite gravé par Marie-Pauline Soyer, la fille de Landon. Au Salon des artistes français de 1822, elle expose Inès de Castro, avec ses enfants, aux pieds d'Alphonse IV, roi du Portugal, pour obtenir la grâce de Don Pedro, son mari. 1335, conservé au château de Versailles[10].

Ayant eu une production relativement confidentielle, très peu des tableaux d’Eugénie Servières sont actuellement référencés. Plusieurs élèves sont sortis de son atelier.

Œuvres

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Envois au Salon

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Inès de Castro se jetant avec ses enfants aux pieds d'Alphonse IV roi de Portugal, pour obtenir la grâce de don Pedro, son mari. 1335,
(Salon de 1822). Musée du château de Versailles.
 
La reine Blanche, mère de Saint-Louis, délivrant les prisonniers (Salon de 1819). Musée des beaux-arts de Libourne.
 
Geneviève et Lancelot visitant les tombeaux d'Yseult et de Tristan, (Salon de 1814)
Salon de 1806
Salon de 1808[11]
  • Agar dans le désert (no 552).
  • Portrait d'une dame et de son enfant (no 553).
Salon de 1812[12]
  • La chrétienne Mathilde obtenant la conversion de Malek-Adhel en répondant à son amour (no 845)[13]. Ancienne collection de l'empereur Napoléon 1er. Localisation actuelle inconnue.
  • Etude d'après un mendiant de Rome (no 846)
  • Portrait d'une jeune personne (no 847).
Salon de 1814
  • Lancelot du Lac et Genièvre visitant les tombeaux d'Yseult et de Tristan (no 838)[14] d'après le poème La Table Ronde d'Auguste Creuzé de Lesser (1811)[15].
  • Un homme faisant danser des marionnettes (non listé dans le livret d'exposition, refusé par le jury d'admission du Salon[16], mais semble tout de même avoir été exposé, puisqu'un critique fait allusion, sans le décrire, à un second tableau de l'artiste[17].)
Salon de 1817[18]
  • Louis XIII et Mademoiselle de La Fayette (no 694)[19] d'après un roman de Mme de Genlis[20]. Ancienne collection du duc de Berwick.
  • Marguerite d'Écosse et Alain Chartier (no 695).
Salon de 1819[21]
  • Blanche de Castille, mère de saint Louis, délivrant les prisonniers enfermés dans les cachots du chapitre de Châtenay, près Paris (no 1030)[22], huile sur toile, 141 x 109 cm, Libourne, musée des beaux-arts.
  • Marguerite d'Écosse et Alain Chartier (no 1031)
Salon de 1822[23]
  • Inès de Castro et ses enfants se jetant aux pieds du roi Alphonse pour obtenir la grâce de l'infant don Pedro, son époux (no 1190). Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
  • Valentine de Milan (no 1191). Ancienne collection de la duchesse de Berry[24]. Localisation actuelle inconnue.
  • Marie-Stuart sur le vaisseau qui la conduit en Ecosse (no 1192).
  • Malek-Adhel attendant Mathilde au rendez-vous qu'elle lui a donné dans le tombeau de Josselin de Montmorency (no 1193), 1820, huile sur toile, Musée des Beaux-Arts de Brest.
  • Portrait de M. S*** (no 1194) — Portrait de Joseph Servières, époux de l'artiste[25]
Salon de 1824[26]
  • Scène du 4e acte de l'Othello de Shakespeare (no 1569). Tableau connu également sous la désignation Desdémona chantant la romance du Saule[27].
  • Portrait de femme (no 1570).
Salon de 1825 à Lille
  • Lancelot du lac et Genièvre visitant les tombeaux d'Yseult et de Tristan (Sujet tiré du poème de la Table ronde).
  • Mathilde (Sujet tiré du roman de Mme Cottin).
Salon de 1833[28]
  • Portrait de Mlle Caroline Paillet (no 2186)[29]
  • Portrait de Mme Lethière (no 2187)[30].

Autres œuvres

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  • Portrait de Léon Bernard[note 1], 1804, huile sur toile, collection privée[31],[32];
  • Élisa Bonaparte, étude réalisée d'après nature utilisée en 1806 par Guillon-Lethière pour réaliser le portrait en pied d'Élisa Bonaparte commandé par Napoléon et conservé au château de Versailles[33].
  • Portrait en buste d'Anna Jouberthon, 1809 ou 1810[34]
  • Prière pour les marins, 1818 ;
  • Un Petit Savoyard (un jeune garçon avec à ses pieds sa marmotte sans vie), vers 1820, acquis par la Société des Amis des Arts de Paris en 1820 (lot 61), remporté par Pierre-Paul, vicomte Both de Tauzia (1778-1843) lors du tirage du 31 janvier 1821[35],[36].
  • Portrait de Léonce Angrand, Musée Louis-Philippe, château d'Eu[37];
  • Portrait du roi Charles X, vers 1826, copie commandée par l'État déposée à la mairie de Poitiers en 1826, payée 500 francs ; collection du Centre national des arts plastiques, no d'inventaire FNAC PFH-5497[38],[39], localisation actuelle à confirmer.

Galerie

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Distinctions

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  • Médaille d'or au Salon de 1808.
  • Médaille d'or au salon de 1817.

Bibliographie

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  • Maria Teresa Caracciolo (dir.) et Isabelle Mayer-Michalon, Lucien Bonaparte : un homme libre, 1775-1840 : exposition, Ajaccio, Palais Fesch-Musée des Beaux-arts, 26 juin-27 septembre 2010 (catalogue d'exposition), Milan / Ajaccio, Silvana ed. / Palais Fesch-Musée des beaux-arts, (ISBN 978-2-913043-28-2)
  • (en) Esther Bell (dir.) et Olivier Meslay (dir.), Guillaume Lethière (catalogue d'exposition, Clark Art Institute, 15 juin-14 octobre 2024), Clark Art Institute, (ISBN 978-1-935998-60-0 et 978-0-300-27578-0).
  • (en + fr) Christie Margrave, « Eugenie Servières paints the Romantic Orientalism of Sophie Cottin », sur European Romanticisms in Association, .
  • Charles Gabet, Dictionnaire des artistes de l’école française au XIXe siècle : Peinture, sculpture, architecture, gravure, dessin, lithographie et composition musicale, Paris, Madame Vergne, , 710 p. (lire en ligne), p. 632.
  • Théodore Guédy, Nouveau dictionnaire des peintres anciens et contemporains, Paris, Deplanche, 285 p. (lire en ligne), p. 115.
  • Geneviève Madec-Capy (thèse de doctorat en art et archéologie), Guillaume Guillon-Lethière, peintre d'histoire (1760-1832), Paris, Université Paris-Sorbonne (Paris-IV), (présentation en ligne). (renseignements familiaux, édition de l'inventaire après décès d'Eugénie Servières)

Notes et références

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  1. Jean-Baptiste (dit Léon) Bernard (1764-1833), orfèvre et collectionneur bordelais. Deux autres portraits le représentant sont attestés : le plus ancien, qui le dépeint avec son chien barbet, réalisé en 1791 par Pierre Lacour, est conservé au musée des Arts décoratifs et du Design (Inv. 87.3.2) ; le second, le montrant dessinant un projet de collier, peint en 1793 par François-André Vincent, fait partie des collections du musée national des Beaux-Arts d'Alger (IG.3373).

Références

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  1. Les date et lieu exacts de sa naissance sont inconnus et non documentés. On sait seulement qu'elle était la fille de Pierre Charen, marchand confiseur à Paris, rue du Faubourg-Saint-Honoré, et de Zélie Vanzenne; originaire de Bruxelles (1762-1832), qui se remariera en 1799 avec le peintre Guillaume Guillon Lethière.
  2. Archives en ligne de la Ville de Paris,état-civil reconstitué, fiche n° 42/51 [1]
  3. dont elle aura au moins un fils, Joseph Anatole, né le 1er octobre 1817 à Paris (10e) qui deviendra percepteur des contributions directes. Voir l'acte de son mariage le 23 février 1854 à Autun sur le site des Archives départementales de Saöne-et-Loire (vue 11/68) [2] L'acte précise qu'Eugénie Servières est rentière et qu'elle habite le palais de l'Institut.
  4. Charles Gabet, Dictionnaire des artistes de l’école française au XIXe siècle : Peinture, sculpture, architecture, gravure, dessin, lithographie et composition musicale, Paris, Madame Vergne, , 710 p. (lire en ligne), p. 632.
  5. Théodore Guédy, Nouveau dictionnaire des peintres anciens et contemporains, Paris, Deplanche, 285 p. (lire en ligne), p. 115.
  6. Frédéric de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne, t. 1, Paris, Imprimerie Royale, 1841, p. 536.
  7. Adolphe Siret, Dictionnaire historique des peintres de toutes les écoles, Bruxelles, Périchon, , 540 p. (lire en ligne), p. 520.
  8. Maryse Violin-Savalle, Images croisées de la femme romantique à travers la littérature et la peinture, en France de 1765 à 1833 : esquisse, genèse et développement d’une typologie imaginaire, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1998, 698 p., (ISBN 978-2-28400-456-1), p. 351.
  9. François Pupil, Le Style troubadour ou la Nostalgie du bon vieux temps, Nancy, PUN, 1985, 558 p., (ISBN 978-2-86480-173-3), p. 278.
  10. Notice no 000PE012356, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture
  11. Explication des ouvrages de peinture [...] exposés au Musée Napoléon le 14 octobre 1808, p.84 [3] lire en ligne sur Gallica.
  12. Explication des ouvrages de peinture [...] exposés au Musée Napoléon le 1er novembre 1812, p. 92 [4] lire en ligne sur Gallica.
  13. Tableau reproduit en gravure par Marie-Pauline Soyer dans les Annales du Musée et de l'école des Beaux-Arts. Salon de 1812 de Charles Paul Landon, Paris, 1812, planche 64, p. 87 [5] lire en ligne sur Gallica.
  14. Tableau reproduit en gravure par Marie-Pauline Soyer dans les Annales du Musée et de l'Ecole des Beaux-Arts. Salon de 1814 de Charles Paul Landon, Paris, 1817, planche 43, p. 62 [6] lire en ligne sur Gallica.
  15. Explication des ouvrages de peinture [...] exposés au musée Royal des Arts le 1er novembre 1814, p. 87 [7] lire en ligne sur Gallica.
  16. Archives nationales de France, Registres des Salons (1795-1863), Registres des ouvrages, Salon de 1814 (« Musée Royal - Registre d'inscription des productions des artistes vivans [sic] présentées à l'exposition - Salon de 1814 » (cote : 20150042/106, Ancienne référence aux Archives des Musées nationaux: X-Salons), image 44/66, no 428 [lire en ligne], page consultée le . Le « X » à côté du titre indique que l'oeuvre est refusée par le jury d'admission.
  17. François-Séraphin Delpech, Examen raisonné des ouvrages de peinture, sculpture et gravure exposés au Salon du Louvre en 1814, Paris, Martinet, (lire en ligne), p. 131 : « Je pourrais bien placer ici quelques mots sur un autre ouvrage de Madame Servières [autre que Lancelot du Lac et Genièvre], qui n'est point annoncé sur la notice; mais je veux lui prouver que je ne suis pas si méchant qu'on se l'imagine. »
  18. Explication des ouvrages de peinture [...] exposés au Musée Royal des Arts le 24 avril 1817, p. 80 [8] lire en ligne sur Gallica.
  19. Tableau reproduit en gravure par Charles Normand dans les Annales du Musée et de l'école moderne des Beaux-Arts. Salon de 1817 de Charles Paul Landon, Paris, 1817, planche 16, p. 29 [9] lire en ligne sur Gallica.
  20. Annales du Musée et de l'Ecole moderne des Beaux-Arts. Salon de 1817, Paris, Pillet aîné, 1931, p. 29 [10] lire en ligne sur Gallica.
  21. Explication des ouvrages de peinture [...] exposés au Musée Royal des Arts le 25 août 1819, p. 115 [11] lire en ligne sur Gallica.
  22. lnv. D.82.1071
  23. Explication des ouvrages de peinture [...] exposés au Musée Royal des Arts le 24 avril 1822, pp. 133-134 [12] lire en ligne sur Gallica.
  24. Annales de la littérature et des arts, 1822, pp. 351-352 [13] lire en ligne sur Gallica.
  25. Jean-Pierre Brès, « Beaux-Arts. Exposition au Louvre des productions des artistes modernes (onzième article) », Annales de la littérature et des arts, vol. 8,‎ , p. 8 (lire en ligne)
  26. Explication des ouvrages de peinture [...] exposés au Musée Royal des Arts le 25 août 1824, pp. 169-170 [14] lire en ligne sur Gallica.
  27. Biographie nouvelle des contemporains, Paris, 1825, p. 125 [15].
  28. Explication des ouvrages de peinture [...] exposés au Musée Royal le 1er mars 1833, p. 160 [16] lire en ligne sur Gallica.
  29. Journal des artistes et des amateurs, 21 avril 1833, p. 227 [17] lire en ligne sur Gallica. Caroline Paillet (1815-1861) était la fille d'un expert des musées nationaux. Epouse d'Alphonse Mennechet de Barival, elle fut une pianiste célèbre en son temps.
  30. Journal des artistes et des amateurs, 31 mars 1833, p. 225 [18] lire en ligne sur Gallica. Il s'agit sans doute de la mère d'Eugénie Servières née Zélie Vanzenne (1762-1832).
  31. Maurice Meaudre de Lapouyade, Voyage d'un allemand à Bordeaux en 1801, Bordeaux, Gounouilhou, (lire en ligne), p. 45-46. Eugénie Servières est désignée dans la source sous le nom d'Eugénie Lethière, patronyme de son beau-père dont elle fait usage jusqu'à son mariage avec Joseph Servières en décembre 1806.
  32. Jacqueline Du Pasquier, Vaisselle d'argent à Bordeaux : Musée des Arts décoratifs, Bordeaux (catalogue d'exposition), Paris / Bordeaux, Réunion des musées nationaux / Musée des Arts décoratifs / Mairie de Bordeaux, (ISBN 2-7118-4021-2 et 978-2-7118-4021-2, OCLC 49626521), p. 17-19, reproduction p. 18.
  33. Bell et Meslay 2024, 31 et 254 note 7.
  34. Giulia Gorgone, « La galerie de famille de Lucien Bonaparte. Nouveaux éléments pour une reconstitution », dans Maria Teresa Caracciolo (dir.), Lucien Bonaparte : un homme libre, 1775-1840 : exposition, Ajaccio, Palais Fesch-Musée des Beaux-arts, 26 juin-27 septembre 2010, Milan / Ajaccio, Silvana ed. / Palais Fesch-Musée des beaux-arts, (ISBN 978-2-913043-28-2), p. 211-219, ici p. 214, 211 fig. 1 (page de la transcription de l'inventaire de Lucien Bonaparte) : le tableau est mentionné à l'avant-dernière ligne : « [Buste d'Anna] par Mme Servière - cab. d'étude ».
  35. « Société des Amis des Arts », Le Moniteur universel, no 35,‎ , p. 148 (4) (lire en ligne). Aussi disponible sur Google Livres.
  36. Jean-Pierre Brès, « Musée Royal. Tableaux appartenant à la Société des Amis des Arts (Quatrième entretien sur les beaux Arts) », Annales de la littérature et des arts, vol. 1,‎ , p. 408-414 (ici. p. 410-411) (lire en ligne)
  37. « Louis-Philippe et les artistes femmes (1821-1848) », lien archivé du 31 mai 2022, sur Réseau des musées de Normandie, (consulté le ).
  38. « Roi Charles X », sur Centre national des arts plastiques (consulté le ).
  39. Notice no AR200136, base Arcade, ministère français de la Culture, page consultée le 10 avril 2023.

Liens externes

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