Eudes de Toulouse

grand seigneur du Midi (France)

Eudes de Toulouse ou de Rouergue, mort après 918[1] est un grand seigneur du Midi du royaume de Francie occidentale. Il fut comte de Rouergue (872-918) et comte de Toulouse (886-918).

Eudes de Toulouse
ou de Rouergue
Titre
Comte de Rouergue

(46 ans)
Prédécesseur Bernard de Toulouse-Rouergue
Successeur Ermengaud de Rouergue
Comte de Quercy

(41 ans)
Prédécesseur Bernard Plantevelue
Successeur Ermengaud de Rouergue
Comte de Toulouse

(32 ans)
Prédécesseur Bernard Plantevelue
Successeur Raimond II de Toulouse
Marquis de Gothie

(moins d’un an)
Prédécesseur Guillaume le Pieux
Successeur Raymond II de Toulouse
Biographie
Dynastie Raimondins
Date de naissance vers 840
Date de décès 918 ou 919
Père Raimond Ier de Toulouse-Rouergue
Mère Berthe
Fratrie Bernard de Toulouse-Rouergue
Foucaud de Rouergue
Héribert de Rouergue
Régilinde
Conjoint Garsinde d'Albi
Enfants Raimond II de Toulouse
Ermengaud de Rouergue
Comtes de Toulouse

Biographie

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Eudes est le fils de Raimond, comte de Toulouse, de Rouergue, de Quercy, et il appartient donc aux premiers Raimondins. Les origines de sa mère, Berthe, restent mal connues. Eudes épouse Garsinde, décédée après [1], fille du comte d'Albi Ermengaud. À la mort de ce dernier, après 864[2],[3], sans héritier mâle, Garsinde hérite du comté d'Albi et Eudes ou son fils Raymond cité en 886 en reçoit la direction effective[2]. En revanche, Eudes n'hérite d'aucun des comtés de son père, mort en 863 : Toulouse, le Rouergue, le Quercy vont tous à son frère, Bernard.

À partir de 870, Bernard est impliqué dans un conflit qui l'oppose au comte d'Auvergne, Bernard Plantevelue. Cette opposition prend d'ailleurs l'allure d'une vengeance familiale qui oppose les Raimondins aux Guilhelmides, car le grand-père du premier, Frédolon, avait obtenu le comté de Toulouse à la suite de l'exécution du frère du second, Guillaume de Septimanie, décapité en 850 sur ordre du roi de Francie occidentale, Charles le Chauve. Bernard bénéficie cependant de la protection royale, puisque Charles le Chauve lui accorde en 872 les comtés de Carcassonne et de Razès, enlevés au comte Olibia II. Mais il ne les conserve que peu de temps car il est assassiné la même année par un vassal de Bernard Plantevelue. Étant mort sans héritier, ses possessions sont partagées : Eudes reçoit le Rouergue, tandis qu'Olibia II recouvre les comtés de Carcassonne et de Razès, et que Bernard Plantevelue s'octroie Toulouse et le Rouergue.

Eudes est cité avec son frère Arbert à une donation en 876 en présence de Frotaire archevêque de Bourges à l'abbaye de Beaulieu du lieu d'Orbessac[2].

Ce n'est qu'à la mort de Bernard Plantevelue, en 886, qu'Eudes peut mettre la main sur le comté de Toulouse, achevant de recomposer le domaine de son père en éloignant le fils de Bernard, Guillaume le Pieux[4]. Il laisse en revanche le comté d'Albi, qu'il confie à son fils Raimond.

En 910, il souscrit la charte de fondation de Cluny.

En 918, il abandonne probablement le gouvernement de ses différents comtés à ses deux fils : Raimond conserve les comtés d'Albi et de Toulouse, tandis qu'Ermengaud obtient les comtés de Rouergue et de Quercy. Il est probable qu'il soit mort peu de temps après, en 918 ou 919.

Mariage et descendance

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Eudes est le fils de Raymond Ier, comte de Rouergue et de Quercy (849-863), comte de Toulouse (852-863).

Il se marie vers 860 avec Garsinde d'Albi, héritière de l'Albigeois, dont il eut :

Selon Sébastien Fray[3], deux filles sont possiblement issues du couple :

  • Odda mariée à Frédelon, décédé après 915, fils de Fulcrade et ainsi petit-fils du comte Frédelon, Odda et son époux seraient alors cousins germains. Selon Jérome Belmon[5], Frédelon serait à l'origine des sires d’Anduze ;
  • Arsinde, qui en 905, donne avec ses fils à Saint-Julien de Brioude pour l’âme du clerc Ermengaud en 905.

Autre descendance hypothétique

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Garsinde, épouse de Guifred Borrell, comte de Barcelone

Le généalogiste Szabolcs de Vajay (de) a proposé, dans un article paru en 1980, de faire de la comtesse Garsinde, l'épouse du comte Guifred Borrell de Barcelone, une fille du comte Eudes de Toulouse et de son épouse Garsinde d'Albi. Il appuyait cette hypothèse sur des arguments onomastiques : d'abord, le prénom Garsinde, que l'épouse de Guifred Borrell partagerait alors avec sa prétendue mère, l'épouse d'Eudes ; ensuite, le nom de Richilde que le couple comtal a donné à leur fille et qui aurait été inconnu jusqu'alors dans la famille barcelonaise : Vajay supposait à ce nom une origine albigeoise, donc maternelle[6]. La thèse de la provenance toulousaine de la comtesse Garsinde développée par Vajay a cependant été successivement rejetée par Martin Aurell[7] et Christian Settipani[8], qui ont rappelé que le prénom Richilde avait été auparavant porté par l'une des sœurs de Guifred Borrell.

Notes et références

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  1. a et b (en) Foundation for Medieval Genealogy, « Comtes de Toulouse 855-1249 ».
  2. a b et c Devic, Claude;Vaissette, Joseph; Du Mège, Alexandre, Histoire générale de Languedoc : avec des notes et les pièces justificatives, composée sur les auteurs et les titres originaux., t. 2, Toulouse, J.-B. Paya, .
  3. a et b Sébastien Fray, L’aristocratie laïque au miroir des récits hagiographiques des pays d’Olt et de Dordogne (Xe – XIe siècles), Paris, Université Paris-Sorbonne - Paris IV, .
  4. Sous la direction de É. Crubézy et Ch. Dieulafait ; avec la collaboration de D. Cardon, H. Débax, M. de Framond… [et al.], Le comte de l'an mil, Talence, Fédération Aquitania, .
  5. Jérôme Belmon, Les vicomtes de Rouergue-Millau (Xe – XIe siècles) Bibliothèque de l'école des chartes, tome 150, livraison 2, Paris-Genève, Librairie Droz, p. 451-460.
  6. Szabolcs de Vajay, « Comtesses d'origine occitane dans la Marche d'Espagne aux 10e et 11e siècles. Essai sur le rattachement de Richilde, de Garsende et de Letgardis, comtesses de Barcelone, et de Thietberge comtesse d'Urgel au contexte généalogique occitan », Hidalguía, vol. 28,‎ , p. 601-603.
  7. Martin Aurell, « Du nouveau sur les comtesses catalanes (IXe – XIIe siècles) », Annales du Midi, vol. 109, nos 219-220,‎ , p. 358.
  8. Christian Settipani, La Noblesse du Midi Carolingien, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Occasional Publications / 5 », , 388 p. (ISBN 1-900934-04-3), p. 22.