Emile de Cartier de Marchienne
Le baron Émile de Cartier de Marchienne (né le 30 novembre 1871 à Schaerbeek, Belgique – mort le 10 mai 1946 à Londres, Royaume-Uni) est un diplomate belge. Ambassadeur à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale, il a contribué à la constitution du gouvernement belge en exil à Londres.
Ambassadeur de Belgique au Royaume-Uni | |
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Ambassadeur de Belgique aux États-Unis (d) | |
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Biographie
modifierÉmile-Ernest de Cartier de Marchienne, né le 30 novembre 1871 à Schaerbeek, est le fils du baron Paul-Émile de Cartier et de Louisa Brown O’Meara (1849-1935), de nationalité anglaise. Il se marie en 1907 à New York avec Alice Draper-Coburn, de nationalité américaine, puis, après le décès de celle-ci, se remarie le à Paris avec Marie E. Dow, également de nationalité américaine. Il n'a pas d'enfant issu de ses deux mariages, raison pour laquelle il a adopté son neveu Louis de Cartier en 1946 pour conserver le nom de « de Marchienne » dans la famille[1]. Émile de Cartier de Marchienne est également l'oncle de Marguerite Yourcenar, femme de lettres et académicienne belgo-française.
Il fait des études universitaires et obtient une diplôme de candidat en philosophie et lettres.
En , il entre à l'administration centrale du ministère des Affaires étrangères et est envoyé à Vienne. Il est alors promu au grade de secrétaire. En 1895, il est envoyé à Belgrade en Serbie puis en 1896, il fait une un bref passage à Rio de Janeiro comme chargé d'affaires. Il réside ensuite à Tokyo de 1896 à 1898, Pékin de 1898 à 1900 et en 1901 et à Paris en 1900. À Pékin, il fait preuve d'un grand courage lors de la révolte des Boxers en 1900. Les bâtiments de la légation de Belgique sont détruits au cours de la révolte. Il la fait alors reconstruire sur base d’un plan inspiré de son château familial de Marchienne[2]. On le retrouve conseiller de légation à Londres en 1906, puis à Washington en 1908. En 1910, le gouvernement belge le nomme ministre résident puis ministre plénipotentiaire en 1914 à Pékin. En 1917, il obtient la légation de Washington, promue au rang d'ambassade à partir de 1919, charge à laquelle s'ajoute, pendant quelques années, celle de ministre à Haïti, Cuba et Saint-Domingue[3]. C'est à ce titre qu'il participe comme délégué à la Conférence de Washington pour les affaires d'Extrême-Orient et en 1925, il défend les intérêts de la Belgique à la Conférence de Washington pour le règlement de la dette belge vis-à-vis des États-Unis[4].
Le , il est nommé ambassadeur à Londres. Son action à la Commission de non-intervention dans la guerre d'Espagne puis lors de la Seconde Guerre mondiale le verra rester en poste au Royaume-Uni pour défendre les intérêts de la Belgique.
C'est particulièrement le cas après l'Armistice du qui consacre la défaite de la France après celle de la Belgique. Albert de Vleeschauwer, ministre des Colonies, est le seul ministre du gouvernement Pierlot à s'être extrait de France. Il envoie un télégramme le 23 juin 1940 à tous les postes diplomatiques belges et au gouverneur général du Congo annonçant qu’il y a un membre du gouvernement, dûment mandaté, hors de portée de l’ennemi et que « la guerre continue ». Cartier de Marchienne à Londres réagit au télégramme le d'Albert de Vleeschauwer, ministre des Colonies, en l'invitant à se rendre incessamment en Angleterre. Albert de Vleeschauwer est alors accueilli à Londres par Winston Churchill qui accepte que la Belgique mette les ressources du Congo au service de la lutte des Alliés contre l'Allemagne. Le ministre belge et l'ambassadeur de Cartier de Marchienne convaincront ensuite plusieurs autres ministres belges du gouvernement Pierlot de rallier Londres pour former le noyau d'une nouvelle équipe gouvernementale[5]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, de Cartier de Marchienne, grâce à son entregent, participe à la coordination de l'effort de guerre belge et sert de relais entre Paul-Henri Spaak, le corps diplomatique londonien et le Foreign Office[2].
En , il fait partie de la délégation belge qui rencontre le roi Léopold III à Sankt-Wolfgang pour lui fournir leur conseil.
Il décède le 10 mai 1946 à Londres alors qu'il est encore à 74 ans ambassadeur au Royaume-Uni. Ses funérailles sont célébrées le 25 mai avec les honneurs militaires à la cathédrale de Westminster et il est inhumé au cimetière de Brookwood dans les environs de Londres[6].
Hommages et distinctions
modifierLe baron de Cartier était docteur honoris causa en droit des universités américaines de Princeton, Columbia, Brown, Rochester, Villanova et, des universités britanniques d'Oxford, d'Edimbourg et Belfast[3].
Il est admis en comme chevalier et membre de l'Honorable Société des Chevaliers de la Table Ronde à Londres.
Parmi les nombreuses distinctions belges et étrangères, il a été fait[4] :
- Grand cordon de l'ordre de Léopold en 1946 (Belgique) ;
- Commandeur de l'ordre de la Couronne en 1919 (Belgique) ;
- Commandeur de l'ordre de l'Étoile africaine en 1934 (Congo belge) ;
- Grand cordon de l'ordre de l'Empire britannique (Royaume-Uni) ;
- Chevalier grand-croix de l'ordre royal de Victoria (Royaume-Uni).
Notes et références
modifier- (nl) FG, « Kasteel Den Tip », sur www.vankasteelnaarkasteel.be, (consulté le )
- Michaël Auwers (Cegesoma/archives de l'Etat), « De Cartier de Marchienne Emile », sur Belgium wwii.be (consulté le )
- Jacques Willequet, Biographie nationale, Bruxelles, Emile Bruylant - Tome IV, (lire en ligne), p. 88-89
- « Mort du baron de Cartier de Marchienne », Le Soir, , p. 1 (lire en ligne )
- Thierry Grosbois, Pierlot 1930-1950, Bruxelles, Racine, (lire en ligne), p. 150
- « La mort du baron de Cartier de Marchienne », Le Soir, , p. 3 (lire en ligne )