Émile Allais

skieur alpin français
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Émile Allais, né le à Megève, mort le à Sallanches[1],[2] et inhumé à Megève, est un skieur alpin français de renom et Gloire du sport.

Émile Allais
Image illustrative de l’article Émile Allais
Émile Allais mobilisé en 1939.
Contexte général
Sport ski alpin
Biographie
Nom dans la langue maternelle Émile Jean Allais
Nationalité sportive Drapeau de la France française
Nationalité France
Naissance
Lieu de naissance Megève (France)
Décès (à 100 ans)
Lieu de décès Sallanches (France)
Taille 168 cm
Poids de forme 68 kg
Club CS Megève
Palmarès
Compétition Or Arg. Bro.
Jeux olympiques d'hiver 0 0 1
Championnats du monde 4 4 0
Coupe du monde (globes) 0 0 0
Coupe du monde (épreuves) 10 8 4

Pionnier du ski en France, il est l'inventeur de la méthode de ski française, skis parallèles, rivale de la méthode autrichienne de Hannes Schneider, basée sur le chasse-neige, jusqu'alors la seule. En 1937, il est le premier porteur de pantalons à fuseaux aérodynamiques dans ses chaussures créées par le tailleur à Megève Armand Allard[3]. La méthode française, ouvrant les pistes à la vitesse maîtrisée, et les victoires d'Émile Allais en 1937 et 1938 sont popularisées par les films de Marcel Ichac.

Premier médaillé français en ski alpin, Émile Allais réalise un triplé au championnat du monde en 1937 à Chamonix et reste une légende, qui a, jusqu'à l'âge de 90 ans, continué à skier et descendre, avec la même passion, les pistes de Megève ou de Courchevel[4],[5]. Depuis sa mort, le collège public de Megève a changé son nom en hommage passant de Collège de Rochebrune en Collège Émile Allais.

Biographie

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Emile Allais et Christl Cranz aux championnats du monde en 1937.

Ses parents tenaient une boulangerie[6] au début des années 1920, à une époque où un skieur était rare à Megève. La première paire de skis qu'il voit est celle de son oncle Hilaire Morand, guide-skieur pour les touristes, qui l'avait rapportée de Russie et qu'il accompagne comme porteur, ce dernier l'encourageant à skier[7]. Sa première paire de ski est faite par un menuisier du village (dans du bois récupéré de la boulangerie familiale) et selon Émile Allais, il se fabrique lui-même à l'âge de sept-huit ans les courroies pour tenir les chaussures en copiant ce que faisaient d'autres jeunes, mais les skis étaient impossibles à diriger. Il a alors l'idée d'utiliser les charnières d'un vieux placard qu'il lie avec des fils de fer pour créer ses premières fixations[8].

Lors de l'hiver 1926-1927, il accompagne comme porteur de sacs les premiers clients du nouvel hôtel du Mont d'Arbois que la baronne de Rothschild venait d'ouvrir[9]. C'est un moniteur autrichien, Otto Lantschner, engagé par la baronne qui lui apprend la technique pour tourner et à la fin de la saison, lors de la course des moniteurs autrichiens de la station, il termine second à la Côte 2000[7].

En 1933, il part à Clermont pour son service militaire dans les chasseurs alpins et sert dans les skieurs-éclaireurs ce qui lui permet de pratiquer le ski pendant tout l'hiver. Il se casse une jambe ce qui aura pour conséquence de la raccourcir un peu (3 cm). Beaucoup plus tard, lors d'un slalom, il se casse l'autre jambe ce qui donne l'occasion au médecin de mettre les deux jambes à la même longueur.

Repéré par la fédération de ski, il fait sa première course internationale aux championnats du monde de ski alpin 1934 à Saint-Moritz, mais sort de la piste et termine 35e en descente, 29e en slalom et 27e au combiné. Il obtient sa première médaille en 1935, en terminant deuxième lors de la descente et du combiné des championnats du monde de ski alpin de Mürren, puis aux Jeux olympiques de Garmisch-Partenkirchen où il termine troisième. Sur le podium, il refusera de faire le salut nazi. C'est à ces jeux, qu'il repère un skieur autrichien, Toni Seelos, qui n'utilise pas la même technique que les autres, celle du parallélisme des skis, mais qui semble être supérieure au stem sur les premières piste damées : pour déclencher le virage, Selos utilise une rotation du haut du corps avec amorce de ruade (« rotation-ruade »). En , le talent d'Émile Allais explose aux championnats du monde de Chamonix où il remporte les trois médailles d'or[10].

Il est à l'origine de la première méthode française de ski publiée à la fin de 1937 en collaboration avec Paul Gignoux[11].

La même année l'École nationale du ski français (future École nationale de ski et d'alpinisme) voit le jour sous l'égide du ministre des Loisirs et des Sports Léo Lagrange. C'est le départ de l'enseignement du ski à la française et la fin de la suprématie autrichienne. En , Émile Allais devient moniteur diplômé avec la médaille numéro 1[12] ou numéro 2, selon une autre source[13].

Au début de la guerre 1939-1945, il est mobilisé comme chasseur alpin dans le Bataillon de haute montagne de Chamonix[14]. En 1940, avec Étienne Livacic, il effectue la première descente à ski de l’arête Nord du Dôme du Goûter. Après l'armistice, il devient directeur technique de l'École nationale de ski et d'alpinisme qui commence à former les premières générations de moniteurs de ski. Il participe à la Libération et s'engage dans le Bataillon du Mont Blanc.

Après la Seconde Guerre mondiale, Émile Allais part découvrir d'autres horizons en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Il part former les équipes nationales de ski au Chili, les équipes canadiennes de ski pour les Jeux olympiques d'hiver de 1948 à Saint-Moritz et américaines pour ceux de 1952 à Oslo. Il participe dans ces pays à la création de nombreuses stations, dont Portillo au Chili, Squaw Valley, en Californie, puis à Sun Valley dans l'Idaho et d'où il rapporte l'anorak de ski matelassé ainsi qu'une machine à chenillette qu'il détourne pour en faire une dameuse[15].

Il partage son temps entre le Chili et la Californie, où il découvre les techniques américaines, avant de venir s'installer à Courchevel où il a l'impression de revenir au Moyen Âge avec des pistes non damées. Il fait utiliser une chenille, mais pour réaliser les premiers damages acceptables il fait souder des gros tonneaux, ce qui n'est pas probant, avant d'essayer des taquets[16].

Dans les années 1960, il met son expérience au service des stations françaises comme Courchevel, où il crée le métier de pisteur secouriste, Flaine, Vars et La Plagne.

Il participe également au développement de nombreux modèles de skis, introduit en France les premiers skis métalliques, mis au point par l'ingénieur américain Howard Head (en), vers lesquels Rossignol se tournera pour fabriquer les célèbres Allais 60, qui équipèrent Jean Vuarnet, médaillé olympique aux JO de 1960[16]. C'est lui qui aura l'honneur d'inaugurer les Championnats du Monde de Ski (FIS) à Portillo au Chili en 1966.

Il participe à des compétitions de ski jusqu'à ses 100 ans, âge qu'il atteint en 2012, quelques mois avant sa mort.

Il meurt le à l'hôpital de Sallanches où il était admis depuis une semaine à la suite d'un malaise[16].

Ses exploits sont à plusieurs reprises cités dans l'autobiographie de Frison-Roche, Le Versant du soleil[17], notamment dans le 15e chapitre.

Palmarès

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Jeux olympiques

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Épreuve / Édition Combiné
JO 1936
  Garmisch-Partenkirchen
  Bronze

Championnats du monde

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Épreuve / Édition Descente Slalom Combiné
Mondiaux 1934
  Saint-Moritz
27e 27e 29e
Mondiaux 1935
  Mürren
  Argent 7e   Argent
Mondiaux 1936
  Innsbruck
7e 6e 8e
Mondiaux 1937
  Chamonix
  Or   Or   Or
Mondiaux 1938
  Engelberg
  Argent   Argent   Or
Mondiaux 1939
  Zakopane
Non-partant[18]

Arlberg-Kandahar

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Épreuve / Édition Descente Slalom Combiné
1935
  Mürren
  17e 8e
1936
  Sankt-Anton
  4e  
1937
  Mürren
     

Honneurs et récompenses

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Vie privée

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Une aventure lui est prêtée durant la guerre avec l'actrice Corinne Luchaire[19]. Sa première femme Georgette est morte en 1970. Il a une seconde épouse, Mireille, et deux enfants versés dans le même sport, Karen Allais-Pallandre, ancien membre de l'équipe de France de ski alpin et Kathleen, ancienne skieuse de freestyle qui participa aux JO de 2002 à l'épreuve de bosses de ski acrobatique[20].

Publications

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  • Émile Allais et Paul Gignoux, Ski français, B. Arthaud éditeur, Grenoble, 1937
  • Gilles Chappaz, Allais, la légende d'Émile, Éditions Guerin, Chamonix, 2007, (ISBN 978-2352210245)
  • Marc Turrel et Macarena Velasco (textes), Guy Wenborne (photographies), El Ski en Chile, Éditions Huerquehue, Santiago du Chili, 2005.

Notes et références

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  1. « Émile Allais n'est plus », sur lequipe.fr, (consulté le )
  2. (en-US) Douglas Martin, « Émile Allais, Hailed as the Father of Modern Skiing, Dies at 100 », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  3. Annie Barbaccia, « Le ski français perd Émile Allais », sur Le Figaro,
  4. « VIDEO. Emile Allais, première star du ski alpin français, s'est éteint à 100 ans », sur Franceinfo, (consulté le )
  5. « Les 100 ans d'Emile Allais » (consulté le )
  6. Ils la transforment dans les années 1920 en un hôtel, le Beau Site, plus accessible à une clientèle familiale que le palace du Mont d'Arbois.
  7. a et b Philippe Révil et Raphaël Helle, Les pionniers de l'or blanc, Glénat, , p. 16
  8. « Émile Allais - L'homme qui a inventé le ski », sur Le Point,
  9. Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Stations de Ski 2013, Petit Futé, , p. 92
  10. François Boulet, Les Alpes françaises, 1940-1944. Des montagnes-refuges aux montagnes-maquis, Presses Franciliennes, , p. 81
  11. Olivier Hoibian, Les alpinistes en France 1870-1950, editions l'harmattan (réimpr. 2001), p. 269
  12. Yves Morales, Une histoire culturelle des sports d'hiver. Le Jura français des origines aux années 1930, L'Harmattan, , p. 377
  13. [PDF] [1] Revue Jeunesse et Montagne N°247, décembre 2012, page 13. Sur le site Jeunesse-et-montagne.org.
  14. Annick Besnard, De Joinville à l'Olympisme. Rôle des armées dans le mouvement sportif français, Éditions Revue EP.S, , p. 97
  15. Philippe Révil et Raphaël Helle, Les pionniers de l'or blanc, Glénat, , p. 21
  16. a b et c « Emile Allais, le père du ski français, est mort », sur Le Monde,
  17. Le Versant du soleil sur Google Livres
  18. Il se blesse lors de la séance d'entraînement et ne peut pas prendre part à l'épreuve.
  19. Cédric Meletta, Jean Luchaire : L'enfant perdu des années sombres, Perrin, , 432 p. (ISBN 978-2-262-04231-8, lire en ligne)
  20. (en) « Emile Allais », sur The Daily Telegraph,

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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