Dry January

campagne d'incitation à l'abstinence alcoolique

Dry January (littéralement janvier sec), ou « janvier sobre », « mois sans alcool », est une campagne de santé publique incitant à l'abstinence de consommation de boisson alcoolisée après la soirée du jour de l'an et durant tout le mois de janvier.

Logo britannique de l'opération Dry January.

Originaire du Royaume-Uni, elle se diffuse progressivement dans le reste des pays occidentaux à la fin des années 2010 et au début des années 2020 par l'intermédiaire des réseaux sociaux et des associations de lutte contre le cancer et pour la prévention de l'alcoolisme.

En France, l'opération n'est portée que par les acteurs associatifs, en l'absence de tout soutien institutionnel.

Histoire

modifier

En 1942, le gouvernement finlandais réalise une campagne appelée « Sober January », dans le cadre de son effort de guerre[1]. La première campagne de « Dry January » est organisé par Alcohol Concern (en) en [2],[3]. Selon l'organisateur, plus de 17 000 Britanniques participe à cette première campagne[4]. L'expression « Dry January » est enregistrée en tant que marque par Alcohol Concern en [5]. Une étude de l'Université du Sussex réalisée en 2014 auprès de 900 participants montre que, six mois après , 72 % avaient « réduit les épisodes de consommation nocive d'alcool », et 4 % ne buvaient toujours pas[6],[7].

Alcohol Concern s'associé l'année suivante pour la campagne de à Public Health England [8].

En France

modifier

Selon Santé publique France, 41 000 décès peuvent être imputés, chaque année, à la consommation d'alcool en France[9],[10]. Selon l’Institut national du cancer, l’alcool est la deuxième cause évitable de mortalité par cancer, avec 28 000 nouveaux cas annuellement en France[11]. Mais selon le monde de l’addictologie, les « lobbys de l’alcool » font obstacle à la mise en place d’une véritable politique publique sur le sujet[10]. Les pouvoirs publics refuse de s'engager sur cette opération, qui n'est portée que par des associations[10].

À partir de , une campagne similaire, sous l'appellation « Défi de janvier », est lancée en France par des associations comme la Société française d'alcoologie, l'Association Addictions France, la Fédération française d'addictologie, la Ligue nationale contre le cancer et la Fédération addiction[12]. L'action ne reçoit pas le soutien des pouvoirs publics[13], dans un contexte d'opposition forte de l'industrie viticole[14],[15], de lobbies[16], du ministre de l'Agriculture[17],[18] et même du président de la République, Emmanuel Macron[19].

Pour le médecin addictologue Michel Reynaud, « le danger principal d’un Dry January pour la viticulture, c’est qu’il dénormalise la consommation d’alcool et que les gens se rendent compte qu’on peut être bien sans systématiquement boire »[17]. Un peu plus de 10 % de la population française indique tenter l'expérience du « défi de janvier » en 2021[12], 24 % en 2022[20].

Autres pays francophones

modifier

Dans les autres pays francophones, des sites existent aussi pour aider les citoyens à se passer d'alcool durant le mois de janvier, pour la Suisse et le Canada, et pendant le mois de février pour la Belgique, avec ce que les Belges appellent avec humour la « tournée minérale »[réf. nécessaire].

Effets du Dry January

modifier

La campagne britannique permet d'étudier les effets du Dry January sur plusieurs millions de personnes. Ainsi, la santé générale des individus s'améliore, mais aussi le sommeil ou encore la peau. Des pertes de poids sont également observées[21].

Alternatives à l'alcool

modifier

Le dry-january permet de populariser différentes alternatives sans alcool comme la ginger beer[22], le kéfir, la kombucha, des boissons désalcoolisées.

De nombreuses marques de boissons profitent de cette campagne pour surfer sur la tendance du nolow (ou no/low, no/low alcoholic drink, boissons sans alcool ou avec peu d'alcool) et proposer une alternative aux boissons alcoolisées[23],[24].

Références

modifier
  1. (en) « ”Raitis tammikuu” (1942) oli tehokas propagandahyökkäys », sur viestijat.fi (consulté le ).
  2. (en) « All about Dry January 2014 », sur Mhealthylifestylemag.com (consulté le ).
  3. (en) « Government unveils first 'Dry January' marketing campaign », sur Marketingmagazine.co.uk (consulté le ).
  4. (en) « Abstinence after the boozing. Can you make it a dry January? », The Times (consulté le ).
  5. (en) « Trademark information for DRY JANUARY from CTM - by Markify », sur Trademark.markify.com (consulté le ).
  6. (en) Richard O. de Visser, Emily Robinson et Rod Bond, « Voluntary temporary abstinence from alcohol during “Dry January” and subsequent alcohol use », Health Psychology, vol. 35, no 3,‎ , p. 281–289 (ISSN 1930-7810 et 0278-6133, DOI 10.1037/hea0000297, lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) « 'Dry January' linked to drinking less in long term », sur BBC News (consulté le ).
  8. (en) « Festive Drinkers Urged To Try 'Dry January' » [archive du ], sur LBC (consulté le ).
  9. Charles Delouche-Bertolasi, « Désigné personnalité de l’année 2022 par «la Revue du vin de France», Macron a le rosé aux joues »  , Libération, (consulté le ).
  10. a b et c « Le Dry January de plus en plus en vogue, malgré l’absence de soutien des pouvoirs publics », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Alcool - Réduire les risques de cancer », sur www.e-cancer.fr (consulté le )
  12. a et b Charles Delouche-Bertolasi, « Mois sans alcool : le Dry January pose une picole à la France »  , Libération, (consulté le ).
  13. « Le « mois sans alcool » reprend, toujours sans aides publiques », Le Monde,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  14. « Mois sans alcool - Les Français ne doivent pas passer le mois de janvier à sec ! », sur elusduvin.org, (consulté le ).
  15. Pascale Santi et Stéphane Horel, « « Dry January », malgré le veto de l’Élysée », Le Monde,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  16. Tiphaine de Rocquigny, « Le Dry January face aux lobbies - Ép. 2/3 - Le prix de nos bonnes résolutions »  , sur France Culture, (consulté le ).
  17. a et b Charles Delouche-Bertolasi, « Dry January : la prévention boit la tasse », Libération,‎ (lire en ligne  ).
  18. Pascale Santi, « Les associations s'emparent du défi du janvier sec », Le Monde,‎ (lire en ligne  ).
  19. Anaïs Condomines, « «Dry January» à la française : Macron a-t-il cédé aux lobbys du vin ? »  , Libération, (consulté le ).
  20. Véronique Julia, « "Dry January" : 24% des Français s'y essaient ! »  , sur France inter, (consulté le ).
  21. Myriam Libert, « Dry January ou mois sans alcool : allez-vous relever le défi ? »  , sur France 3 Normandie, (consulté le ).
  22. Jean-Loup Delmas, « Dry January : Comment la ginger beer a sauvé les soiffards pendant le mois sans alcool »  , (consulté le ).
  23. « "Nolow": le boom des vins et spiritueux sans alcool », sur RMC Conso (consulté le )
  24. AFP, « Boissons sans alcool: une demande qui décolle », sur Sciences et Avenir, (consulté le )

Voir aussi

modifier

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier