Douceline de Digne
Sainte Douceline de Digne, née dans la ville du même nom (Alpes de Haute Provence) en 1214, morte à Marseille (Bouches du Rhône) en 1274, est une sainte de l’Église catholique romaine.
Douceline de Digne | |
Naissance | 1224 Digne-les-Bains |
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Décès | 1er septembre 1274 Marseille |
Ordre religieux | Ordre de Sainte-Claire Béguinage de Roubaud |
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Biographie
modifierDouceline naît à Digne, puis grandit à Barjols. D’une famille bourgeoise pieuse (saint Hugues de Digne est son frère), elle se consacre aux aumônes et au soutien des pauvres, à la suite de sa mère. Elle prend le voile de béguine en revenant d’un séjour au couvent des clarisses de Digne.
Vers 1240, une communauté de béguines joachimites (les dames de Roubaud) se crée autour d’elle, à l’extérieur de la ville d’Hyères : les dames provençales désireuses de se consacrer à Dieu y suivent son exemple. Elles font vœu de chasteté, ou de virginité, sans cependant s’imposer une règle commune, et se consacrent aux pauvres et aux malades. Douceline de Digne s’impose de plus un vœu de pauvreté, et d’obéissance. Elle s’inflige des pénitences : porter à même la chair une peau de porc, vêtement rustique qu'elle ne retirait jamais et qui finit par imprégner son corps. Quand on lui retira de force cet "habit" la peau de la mystique fut arrachée avec. Jugeant sans doute l'effort insuffisant, Douceline choisit aussi de porter une ceinture d'épines qui lui perçait profondément le flanc. Il est écrit que des vers étaient visibles au creux des blessures purulentes. Sœur du Franciscain (cordeliers) Hugues de Digne (ou Hugues de Barjols, mort en 1256) qui prêcha devant Louis IX en 1254 (cf. Chroniques de Joinville).
En dehors de ces pénitences, elle passe beaucoup de temps en prière, et entre souvent en extase. Elle meurt le 1er septembre 1274. L’évêque d’Orange prononce son panégyrique.
Depuis 1275, la dépouille de Douceline repose dans l’église marseillaise des franciscains, à côté de son frère Hugues. Sa grande vertu conduisit à sa béatification.
Elle est la patronne des hyérois.
Par testament, saint Louis d’Anjou, évêque franciscain de Toulouse, mort à 23 ans à Brignoles en 1297, demande à être inhumé auprès des deux spirituels : Hugues et Douceline.
Le tombeau de sainte Douceline aurait été le siège de nombreux "miracles".
Sa vie nous est connue par un manuscrit ("La Vida de la benaurada sancta Doucelina") rédigé en occitan en 1297 par Philippine de Porcelet, une disciple du béguinage originaire d'Arles.
Il y a une église Sainte-Douceline à Hyères (ouverte le 10 mai 1970).
Nota
modifierDans Le Coq et l'Arlequin (1918), Jean Cocteau écrit : "Bien sensible. - La musique jetait sainte Douceline dans des extases extraordinaires. Un jour, à la promenade : "Comme ce bouvreuil chante bien ! " dit-elle, et elle s'évanouit. "
Fait-il suite à ses nombreuses critiques de la musique qui lui était contemporaine, au debussysme, au wagnérisme, à la "musique dans quoi on nage" (Nietzsche), et fait l'éloge de la simplicité incarnée dans ce bouvreuil qui ravit la pieuse, sur un ton quelque peu ironique ? Ou bien veut-il montrer la sensibilité de Douceline qui préfère se munir d'inconscience face au chant disgracieux ? Il dit lui même tôt dans son ouvrage, "le rossignol chante mal".
Notes et références
modifierVoir aussi
modifierBibliographie
modifier- Études
- Ernest Renan, Histoire littéraire de la France, t. 29, 1885, p. 526-546
- (it) A. Sisto, Figure del primo francescanesimo in Provenza. Ugo e Douceline di Digne, 1971.
- Carla Carozzi, « Une béguine joachimite. Douceline, sœur d’Hugues de Digne », dans Cahiers de Fanjeaux, t. 10, 1975, Franciscains d’oc. Les Spirituels ca. 1280-1324, p. 169-201.
- Carla Carozzi, « Douceline et les autres », dans Cahiers de Fanjeaux, t. 11, 1976, "La religion populaire en Languedoc du XIIIe siècle à la moitié du XIVe siècle", p. 251-267.
- Claude Thoumyre, Douceline d'Hyères et son frère le bienheureux Hugues de Digne, Paris, 1977.
- (de) Kurt Ruh, Geschichte der abendländischen Mystik, II, 497ff, 5 Bde. Beck, München 1990-1999
- Marie-Rose Bonnet, « Douceline et le Christ ou la fenêtre ouverte », dans Par la fenestre : Études de littérature et de civilisation médiévales [en ligne]. Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, 2003 [lire en ligne]
- Vie de sainte Douceline -éditions et traductions
- Abbé J.-H. Albanès, "La Vie de sainte Douceline, fondatrice des Béguines de Marseille, composée au treizième siècle en langue provençale. Publiée pour la première fois, avec la traduction en français et une introduction critique et historique, Marseille, Camoin, 1879 [lire en ligne]
- La vie de Sainte Douceline. Texte provençal du XIIe siècle, traduction et notes par R. Grout, Paris, 1927 (Ars et Fides, 8). Traduction reprise avec introduction dans: R. Nelli et R. Lavaud (ed.) Les Troubadours, II, L’œuvre poétique, Desclée de Brouwer, Bibliothèque européenne, Paris, 2000 (2) p. 966-1025.
- Vie de sainte Douceline, traduction du provençal, présentation et notes par Geneviève Brunel-Lobrichon, dans Danielle Régnier-Bohler (dir.), Voix de femmes au Moyen Âge, savoir, mystique, poésie, amour, sorcellerie, XIIe – XVe siècle, Paris, Robert Laffont, 2006, p. 283-370.
- (en) The life of Saint Douceline, a Beguine of Provence traduction de Kathleen Garay et Madeleine Jeay, Woodbridge, 2001.
- Régine Pernoud, Les Saints au Moyen Âge - La sainteté d’hier est-elle pour aujourd’hui ?, Paris, Plon, , 367 p. (ISBN 2-259-01186-1), p. 163-170
Liens externes
modifier- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Ressources relatives à la religion :
- Reproduction du manuscrit de l'école des Chartes
- Extrait d'une traduction anglaise de La Vie de Sainte Douceline par Etienne Camoin
- Visite de l'église Saint Louis à Hyères, avec photo de la chapelle Sainte Douceline